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RABAN MAUR, Rhabanu* Maurus, ou Ma-ynentius, savant moine, né d'une bonne famille à Mayence 776, + 85(J> étudia d'abord à l'abbaye de Fulde, puis à Saint-Martin de Tours, sous Alcuin; reçut les ordres 814; ouvrit à Fulde une école qui devint célèbre et compta Gotts-chalk parmi ses élèves, devint abbé de Fulde 822, puis archev. de Mayence; fut le premier à dénoncer son ancien moine Gottschalk et le plus ardent à le poursuivre, l'accusant d'avoir dit que Dieu avait prédestiné les méchants au péché, ad peccatum, tandis que celui-ci, qui ne déguisa jamais ses sentiments, avait dit que Dieu les avait prédestinés à la perdition, ad in-teritum, mais non au péché. Après avoir compromis Hincmar dans la lutte, il refusa d'intervenir pour l'aider k sortir d'embarras, soit qu'il eût peur de cette levée de boucliers, soit qu'il ne sût pas lui-même quel parti prendre, et qu'il ne fût ni assez philosophe, ni assez théologien pour voir clair dans cette question. Homme plutôt pratique, il réprima beaucoup d'abus, intervint comme conciliateur entre Louis-le-Déb. et ses fils, fit des règlements et se distingua par sa charité lors de la famine de 850. Il a laissé 51 ouvrages de théologie, de morale, de philologie, chronologie, lettres, etc. Ses OEu-vresont été publiées k Cologne, 3 vol. f°. Parmi ses poésies on distingue le Vent Creator.
RABAUT lo Paul, né à Bédarienx le 29 janvier 1718, fils d'un marchand de draps, servit souvent et fort jeune de guide aux prédicanls du désert, devint proposant k 17 ans, et fut nommé pasteur de Nîmes à 20 ans. En 1739 il épousa Magdeleine Gaydan, mais ces jeunes époux comprirent bien vite qu'ils devaient s'imposer une douloureuse séparation. Rabaut n'était pas à la hauteur de sa tâche; il n'avait pour ainsi dire pas fait d'études, et il se décida d'aller passer 3 ans au séminaire de Lausanne, d'où il revint en 1743 avec un certificat signé
Court et Polier de Bottens. Dès son retour \t fut entouré d'une grande considération et fut nommé président, ou modérateur de plusieurs synodes. Il prêchait fréquemment dans les bois ou les carrières des environs de Nîmes, et se faisait facilement entendre de 10,000 personnes. Il recommandait aux siens l'ordre et la soumis* sion, et intervint énergiquement contre les foules exaspérées qui voulaient délivrer le pasteur Désubas. Sa tête fut mise k prix. Le 30 janv. 1752 il fut arrêté par des dragons, avec son jeune ami Bénézet; le lieutenant craignant, avec sa petite troupe, de ne pouvoir garder ses deux prisonniers, en relâcha un, Rabaut, sans se douter que ce fût lui. La même année, 19 sept. 1752, le courageux pasteur, sortant d'une de ses re- I traites, s'avança seul sur une route par laquelle devait passer le ministre de la guerre, marquis Paulmy d'Argenson; il l'aborda, se nomma et lui remit un placet pour le roi. D'Argenson qui d'un mot pouvait le faire arrêter, juger et même pendre sans forme de procès, se découvrit avec respect devant cet héroïsme, et promit de remettre le mémoire: en tout cas cette pièce a été retrouvée dans les archives de l'État. La femme j de Rabaut erra elle-même pendant deux ans avec sa mère infirme et ses deux fils, et résista aux suggestions de l'Intendant qui à plusieurs reprises essaya de se servir d'elle et de ses craintes pour obtenir l'éloignement de son mari. En février 1758 il impose les mains au désert k 7 candidats venus de Lausanne. Plus tard, la même année, à 3 autres; 8 à 10,000 fidèles sont réunis et chantent des Psaumes; une patrouille de 15 hommes arrivent, renvoient l'assemblée ! qui se disperse, et tirent dans le tas, tuant femmes et enfants, quoiqu'on ne lenr ait opposé aucune résistance. Quelques jeunes gens seulement, armés de pierres, protègent la retraite des fugitifs, et ce simple fait est exploité contre eux comme une résistance à l'autorité. Rabaut, tout en les blâmant, cherche à les excnser auprès du gouverneur de la province; mais son mémoire, très sobre, très modéré, amène contre lui un redoublement de poursuites; il doit plus que jamais errer dans les bois et se cacher dans des trous ou dans des cavernes. En même temps il envoie ses deux aînés au séminaire de Lausanne. Le jeune pasteur Rochette ayant été arrêté près de Caussade, et livré au parlement de Toulouse, ainsi que les 3 gentilshommes verriers, Rabaut remue ciel et terre en leur faveur. Il adresse une supplique à M®« Adélaïde; on ignore si elle lui parvint; il écrit au duc de Richelieu, au duc de Fitz-James; il écrit même à J.-J. Rousseau, qui lui répond assez sèchement que le devoir des chrétiens est d'obéir aux lois des princes. Les martyrs furent exécutés le 26 février 1762. Peu de semaines après, les ea-pitouls de Toulouse condamnaient l'innocent 'Galas et Rabaut intervenait à son tour en publiant la Calomnie confondue, qui fut lacérée et brûlée par la main du bourreau, sur la place du palais. Ce nouvel écrit irrita tellement la cour que l'on conçut les craintes les plus vives pour la sécurité de Rabaut, et que de toutes parts, Danemark, Hollande, Lausanne, Genève, on lui offrit un asile et des moyens d'existence, mais il refusa toutes ces offres. Il continua pendant plusieurs années encore cette vie de dévouement, d'agitations, de privations, de dangers, de fatigues et d'émotions. Depuis 1765 il était secondé par son fils aîné, Rabaut-Saint-Étienne, mais à la longue cela ne suffit plus, et en 1785 11 obtint du consistoire de Nîmes un congé illimité, avec conservation de son traitement. Vers la même époque, sa femme ayant hérité un fonds de sa mère, il se fit construire une maison et ses paroissiens lui vinrent en aide pour assurer cette retraite à sa vieillesse. La rut; où est située cette demeure, aujourd'hui donnée aux orphelines protestantes du Gard, continue de porter le nom populaire de rue de M. Paul, quoique la municipalité lui ait donné le nom officiel de rue Grétry. Rabaut ne vit pas avec plaisir ses fils se lancer dans la politique, mais il sut apprécier leur attitude dans les Conseils du pays, et il dut bénir Dieu le jour où il reçut la lettre de l'un d'eux, qui se terminait par ces mots: Le président de l'Assemblée nationale est à vos pieds. En 1792, la liberté religieuse ayant été proclamée, le Consistoire loua l'église des frères prêcheurs, ou dominicains; Rabaut prononça la prière de dédicace et lut le Cantique de Siméon; il avait 74 ans, 54 ans de ministère. Ces beaux jours durèrent peu: la Terreur vint, Rabaut fut traîné en prison, transporté sur un âne à la citadelle, outragé par la populace, jusqu'au moment où la mort de Robespierre le rendit à la liberté. Mais il était infirme, et seul: sa femme était morte, Saint-Étienne avait péri sur l'échafaud; Pommier était enfermé à la Conciergerie: son 3™® fils, Rabaut-Dnpuis ou Rabaut jeune, négociant, était dans l'exil, ayant émigré sous la Terreur. Le vieillard, dans sa maison déserte, mit ordre à ses affaires, se recueillit et f le jeudi 25 sept. 1794 à 4 h. du soir. Dévoué jusqu'à la mort, il avait rendu par son tact non moins que par son zèle, de précieux services à l'Église; il avait une éloquence sans éclat, mais douce et pénétrante. Ses vues particulières sur le chiliasme et sur l'épiscopat se perdaient dans l'ensemble de son activité et ne lui furent reprochées par personne. Ses restes reposent dans le sous-sol de la cave de la maison qu'il habitait. Il fut inhumé sans bruit. En 1863 le pasteur Borrel fit placer deux plaques commémoratives, l'une dans la cave, l'autre dans la chambre mortuaire. En 1882 des fouilles ont remis au jour le squelette, et en 1883 le Consistoire de Nîmes a décidé de le recouvrir d'une pierre tombale, v. Borrel, C. Co-querel, L. Bridel, Ch. Dardier, etc.
2° Rabaut-Saint-Étienne, fils du précédent, né à Nîmes 1743, étudia à Lausanne et fut nommé pasteur de Nîmes à son retour 1765. Il avait aussi étudié le droit. Membre de l'Assemblée Constituante en 1789, et bientôt son président, il demanda et fit décréter, non la tolérance, mais la liberté et l'égalité de tous les cultes, et se fit remarquer par son talent oratoire. Il se prononça contre la mise en jugement de Louis XVI, et vota pour la détention provisoire et le sursis; il vota contre la mort du roi. Membre de la Commission girondine qui surveillait les actes du tribunal révolutionnaire, il tomba avec les Girondins et porta sa tête sur l'échafaud 5 déc. 1793. Sa veuve se tua dans son désespoir. On a de lui un roman: Le triomphe de la Tolérance, Londres 1779, réiinpr. 1820 à Paris sous le titre: Le vieux Cévenol; un Précis de l'hist. de la révolution française 1791, et des Lettres à Bailly sur l'hist. primit. de la Grèce, 1787.
3° Jacques-Antoine Rabaut-Pommier, fr. du précédent, né 24 oct. 1744 à Nîmes, fut comme lui pasteur et membre de la Convention. Il vota la mort du roi, mais il supportait impatiemment le joug de la Montagne, et il fut un des 73 députés qui furent incarcérés par Robespierre et délivrés par sa mort. Il renonça à sa place de pasteur à Paris et entra au service de l'Etat; sous-préfet au Vigan. Exilé en 1815 par les Bourbons comme régicide, il put rentrer en 1818. Il connaissait la vaccine depuis 1784; on ignore pour quels motifs il n'en donna connaissance qu'à peu de personnes, f 1820 à Paris. Auteur d'un Annuaire ecclés. à l'usage des égl. réf. Paris 1807.
4<> Rabaut-Dupuis, fr, des deux précédents, négociant, banni comme fédéraliste, nommé au Conseil des anciens, puis 1799 au Corps législatif, qu'il présida 1802, lors du vote sur le consulat à vie. f 1808.
RABBIN, Rabbinisme. Le mot rab signifie grand, chef, maître; avec la suffixe t, mon, il signifie mon tnaitre, et a fini par prendre une signification générale, comme le mot français monsieur. Dans ce sens il s'appliquait chez les Juifs à toute personne capable d'enseigner ou d'expliquer la loi. Les Juifs distinguaient entre Rab, Rabbi et Rabboni, sans qu'on puisse préciser la différence, ni fixer la date où elle a commencé à se faire sentir. Jésus est appelé 12 fois rabbin, et deux fois Rabboni. Jean-Baptiste est salué de ce nom, et le Sauveur reproche aux notables de son temps de rechercher cette qualification. Il est probable qu'elle datait du retour de l'exil. La vie nationale des Juifs, si souvent menacée, ne tenait pour ainsi dire plus qu'à la connaissance et à l'observation de la loi, puissante barrière qui les séparait des autres peuples. Ce fut leur forteresse, et en l'absence des prophètes, avec une sacrificature qui n'avait pas touj. la conscience de sa mission, il fallait que des hommes de bonne volonté s'appliquassent à faire pénétrer dans le peuple jusqu'aux moindres détails de la loi. Les prêtres s'en chargèrent d'abord, Esdras en tête, mais peu à peu les laïques s'y mirent aussi, touj. plus nombreux; ils lisaient le texte, ils le commentaient, ils le développaient, et comme les masses comprennent mieux les choses concrètes que les abstractions, il arriva ce qui arrive toujours, que la loi fut peu à peu modifiée par le commentaire, et finalement presque oubliée pour ne laisser plus subsister que la tradition et les gloses des rabbins. Ces gloses, d'abord verbales, se fixèrent à leur tour par l'écriture et formèrent à la longue le Talmud. q. v. Il en résulta une théologie spéciale, presque une morale à part, qu'on désigne sous le nom de rabbinisme et qui se caractérise par des subtilités dogmatiques et par la minutie de ses prescriptions, non moins que par l'abandon des grands principes de la loi. La première période des rabbins bibliques, inaugurée par Esdras, finit avec Simon-le-Juste. A partir de ce moment, et déjà sous les Macchabées le règne de la lettre commence à se faire sentir; il s'accentue dans la rivalité des pharisiens et des sadducéens, et le Seigneur se heurte à un monde qui lave le dehors de la coupe et des plats, qui avale le chameau et qui coule le moucheron. Une foule de médiocrités ignorantes aspirent aux fonctions et au titre de rabbin; il y a cependant quelques hommes supérieurs, Hillel et Schammaï sous Hérode: Hillel qui interprète la loi dans un esprit de largeur, Schammaï qui s'en tient rigoureusement à la lettre et prépare le zélotisme. Hillel est à la fois le grand-père et le maître de Gamaliel aux pieds de qui Paul reçut ses leçons. La ruine de Jérusalem ajouta à l'autorité des rabbins, et ils fondèrent à Jamnia une école et un sanhédrin à la tête duquel brilla le second Gamaliel, le digne petit-fils du premier. Le nom de rabbin, qui jusqu'à ce moment était porté indistinctement par à peu près toutes les personnes instruites dans la loi, commença à prendre une signification plus précise, et il fut décerné par les écoles à ceux qui le méritaient par un examen. Mais les temps malheureux qui suivirent amenèrent du relâchement dans la rigueur des conditions imposées, et l'on dut accepter pour rabbins dans de petites congrégations des hommes sachant lire la loi dans l'original et en expliquer le sens au besoin. Le rabbin était ordinairement consacré dans la synagogue où il était placé sur un siège élevé; on lui remettait une clef comme emblème de son pouvoir de lier et de délier, et souvent un livre comme symbole de son enseignement. Aujourd'hui que les États se sont chargés en plusieurs lieux de l'entretien du culte judaïque, ils se réservent aussi de fixer, comme pour les autres cultes, les conditions à remplir pour les fonctions de rabbin.
RABULAS, év. d'Édesse. + 436. D'abonl disciple de Théodore de Mopsueste, vota en 431 à Éphèse avec les év. d'Antioche, mais il se laissa 432 entraîner par Cyrille d'Alexandrie à prendre parti dans le conflit nestorien, et il se prononça énergiquement contre Nestorius, Diodore de Tarse et Théod. de Mopsueste; il renvoya tous ceux de ses maîtres ou lecteurs qui lui parurent pencher vers les idées orientales, et il favorisa par là, sans le vouloir, la fondation d'une école rivale à Nisibis. Il eut pour successeur Ibas, qui appartenait au parti opposé. On a sous son nom une collection de vieux canons de l'Égl. syrienne.
RACOVIE, ou Rakoiv, petite ville de Pologne, palatinat de Sendomir, fondée 1569 par un réformé, Jean Sieminsky, dont le fils Jacques passa aux unitaires 1600 et fit de la ville le quartier général de l'unitarisme polonais avec synodes et écoles. En 1638, pour plaire aux jésuites, Wladislas IV fit fermer l'école, et la petite ville ne fut bientôt plus qu'un pauvre village. — Le Catéchisme dit de Racovie parut en 1605 en polonais. C'est le résumé de la doctrine so-cinienne. Il fut composé par Val. Schmalz, Jérôme Mescorzowsky et Vœlkel, d'après les notes de F. Socin. Une édition allemande fut dédiée
1608 à l'univ. de Wittenberg, et une latine
1609 à Jacques 1er d'Angleterre.
RADBERT, v. Paschase.
RADEGONDE, née 519 fille de Bertaire, roi
de Turinge, païenne de naissance. Faite prisonnière fort jeune par les Francs, elle plut à Clo-thaire 1er qui la fit élever dans le christianisme et la contraignit de l'épouser 538. Mais 6 ans après, 545, le roi lui ayant enlevé son frère par une mort violente pour s'emparer de ses États. Radegonde demanda et obtint de se séparer de lui et de se retirer dans un couvent. Elle prit le voile des mains de Médard à Noyon, et se rendit à Poitiers où elle fonda un couvent de femmes, retraite pour les filles de sénateurs. Elle en rédigea elle-même la règle, qui porte l'empreinte d'une piété profonde et éclairée. Elle réussit à retenir le poète italien, Venance For-tunat, qui devint év. de Poitiers, ainsi que quelques autres savants sous la direction desquels elle étudia les pères grecs et latins, donnant ainsi un bon exemple au clergé. La vie était aussi agréable qu9honorable au monastère, et Aug. Thierry en a fait le plus charmant récit. f 587. Canonisée. Vie par Fortunat.
RADER, Matthieu, savant jésuite, né 1561 à Jeichingen, Tyrol, prof, de rhétorique à Augs-bourg, f 1634 à Munich; auteur d'une Vie de Canisius et de plus, écrits sur l'état religieux de la Bavière.
RADEWIN, Florence, né vers 1350 à Ley-derdam, Hollande, étudia à Prague, et renonça à son canonicat d'Utrecht pour se joindre aux Frères de la vie commune. Il succéda à Groote comme chef de cette confrérie, et en est considéré comme le second fondateur. Il établit de nouvelles maisons de chanoines réguliers à Windesheim près Zwoll, et à Deventer. f vers 1400. Vie par Thomas à Kempis.
RAIKES, Robert, né 1735 à Glocester, imprimeur, rédacteur d'un journal populaire qui lui assura une modeste fortune. Il s'occupa des malheureux, et spécialement des prisonniers, dont il chercha à adoucir la situation. Il fonda aussi en 4784, en faveur des enfants des fabriques et des vagabonds, qu'il appelait de petits sauvages, des écoles qui eurent un grand succès, et qui peu à peu devinrent Tontine de cette institution connue sous le nom d'Ecoles du Dimanche. De 1786 à 1800 un Comité dépensa plus de 100.000 fr. pour le traitement des maîtres et maîtresses chargés de ces écoles, chacun recevant un shelling par dimanche, 1 fr. 25. L'œuvre s'est dès lors modifiée et développée; des moniteurs et des monitrices volontaires ont remplacé les agents salariés, l'école ne dure plus guère qu'une heure, et généralement la leçon ne porte que sur l'enseignement de la Bible. Rai-kes f 1811. Une statue lui a été élevée à Londres en 1880.
RAINERIO Sarehoni, de Plaisance, après avoir été cathare, rentra dans l'Égl. de Rome, se fit dominicain, puis inquisiteur et se montra le plus acharné persécuteur de ses anciens frères. En 1252 il échappa à un complot préparé contre lui, mais Uberto Pallavicini, protecteur des cathares, l'obligea à quitter Milan, + 1259. Il a écrit pour l'Inquisition une Notice (Summa) sur les cathares et les léonistes, qui est une source de renseignements utile à consulter. Les éditions postérieures à celle de Dartène et Durand, renferment beaucoup d'additions et ont moins de valeur.
RAMBACH, J.-J., né 24 févr. 1693 à Halle, fils d'un pauvre menuisier, renonça d'abord aux études pour pouvoir aider son père, mais un accident l'ayant rendu impropre aux travaux manuels, il reprit avec joie la carrière qu'il avait cru devoir abandonner, aida Michaëlis dans la publication de la Bible hébr. de Halle, visita ensuite Iéna, et après quelques années de professorat à Halle, passa à Giessen comme prof, et surintendant, 1731. f avril 1735. Il appartenait à la partie modérée du piétisme. Sa prédication était onctueuse et pratique. Il a composé plusieurs cantiques estimés, et publié un recueil pour l'égl. de Darmstadt. On a de lui un livre d'Herméneutique biblique, un Manuel du catéchiste et des Commentaires qui ont paru après sa mort.
RAMEAUX, v. Semaine sainte.
RAMUS, ou Pierre de la Ramée, né vers 1515 à Cuth près de Soissons, d'une famille noble, mais ruinée, réussit après deux essais infructueux à entrer à l'école de îfavarre comme domestique d'un jeune noble, profita de l'occasion pour s'instruire et fit de grands progrès. II montra dès le commencement de ses travaux la même hostilité contre Aristote, qui avait déjà caractérisé Campanella et Giord. Bruno. 11 voyait l'inutilité et le danger de la dialectique, la nécessité de leur substituer un ensemble de raisonnements plus d'accord avec le bon sens. Ce fut déjà l'objet de sa i™ thèse en 1536, puis de deux ouvrages qu'il publia en 1543. Mais les péripatétitiens étaient nombreux et influents; ils jetèrent les hauts cris, l'agitation fut excessive, l'intrigue s'en mêla et pénétra dans les académies et jusque dans les conseils du roi. Finalement le droit d'enseigner lui fut retiré et il quitta Paris. Mais par la protection du cardinal de Lorraine, la sentence fut annulée, et Ra-mus, qui s'était fait à l'étranger une brillante réputation, fut nommé par François I** en 1545, principal du collège de Presles où il enseigna la rhétorique et les mathématiques. En 1551 il passa au collège de France comme prof, d'éloquence et de philosophie. Le col loque de Polssy l'intéressa vivement; il se préoccupa des questions religieuses et finit par se convertir au protestantisme; mais il perdit du même coup ses protecteurs et il dut de nouveau quitter la France. Il visita Strasbourg, Bâle, Zurich, Genève et Heidelberg. Il ne fut pas autorisé à en -seigner dans l'acad. naissante de Genève, et l'on a plusieurs lettres de Bèze à ce sujet; on en était encore à la philos, péripatéticienne. Il fut mieux reçu en Allemagne, et enseigna à Heidelberg avec succès. Il refusa divers appels, à Bologne, Cracovie, Weissenbourg, et crut en 1571 pouvoir rentrer en France, croyant les troubles religieux apaisés. Il reprit ses leçons, par une faveur spéciale de la cour, qui lui conserva son titre et son traitement. Trahi par son collègue Charpentier, il fut assassiné le 26 août 1572, pendant les massacres de la Saint-Barthé-lemy; il fut précipité de sa fenêtre et son corps jeté à la Seine. Sa logique brille par la clarté, la simplicité et le bon sens; comme plus tard Bacon, il demande que les sciences soient étudiées par l'observation. Il réclame de même pour la religion nne intelligence saine et naturelle de la Bible et l'abandon des arguties sco-(astiques, v. Waddington, Ramus, sa vie, ses écrits et ses opinions, Paris 1855. Son principal ouvrage, posthume, est: Comment. de relig. christianâ, 1576. Il a aussi propose quelques réformes orthographiques, dont plusieurs ont été adoptées (entre autres le j et le v).
RANCÉ, Dominique-Armand-Jean LeBouthil-lier, abbé (de), né à Paris 9 janv. 1626, fils du conseiller et secrétaire de Marie de Médicis, et filleul de Richelieu, hérita à 10 ans d'un frère aîné et devint du même coup chanoine de Notre-Dame, abbé commanda taire de la Trappe, prieur de Boulogne et propriétaire de plusieurs autres bénéfices. Il fit de bonnes études, publia à 12 ans une édition d'Anacréon avec traduction et notes, et se mit à la théologie. Avec ses 20 mille livres de revenus ecclésiastiques, il mena une vie facile et joyeuse. En 1651 il fut ordonné prêtre, en 1654 nommé docteur en théologie. Premier aumônier de Gaston d'Orléans, il refusa l'évêché de Léon, parce qu'il comptait sur l'archevêché de Tours que son oncle lui réservait. Mais au retour d'un voyage, grimpant par une échelle dans la chambre de Mme de Montbazon, qu'il aimait et dont il ignorait la mort, il vit sa tête dans un plateau. Ce fut pour lui un coup de foudre. Déjà sa position était gâtée à la cour par suite de l'attitude qu'il avait prise en 1655 à l'assemblée du clergé de France. Il résolut de renoncer au monde, se démit de tous ses bénéfices, ne se réserva que la Trappe, et s'y retira en 1664 après deux voyages à Rome et après avoir prononcé ses vœux, décidé d'y faire observer la règle la plus stricte. Il y f 1700 après 36 ans de réclusion sur la paille et la cendre. On a de lui: La Règle de saint Benoit, trad. et expliquée, 1689; Sainteté et devoirs de la Vie monastique 1683. Règlements pour l'abbaye de la Trappe, 1701. — Vie, par Châteaubriand, 1844.
RANTERS, les turbulents, les zélateurs exagérés; nom anglais donné par les presbytériens modérés à deux sectes, l'une du temps de Crom-well, qui professait un radicalisme mystique un peu outré; l'autre, vers 1820, dans le York-shire, qui se sépara des méthodistes et célébrait son culte avec des cris bruyants.
RAPHAËL, Santi du nom de son père (forme adoucie Sanzio), né le vendredi saint de 1483 à Urbino, d'une famille de campagnards devenus artistes, reçut ses premières leçons de son père, orfèvre et peintre médiocre, mais qui avait de l'école et du goût. Son père étant + 1494, son oncle l'envoya 1495 à Pérouse chez Va-nucci le Pérugin, où il eut d'abord à broyer les couleurs, puis à copier les dessins du maître.
Le Baptême du Christ, de la chapelle Siitine, est le plus ancien que l'on connaisse; puis le Sauveur remettant les clefs à Pierre. L'élève copie un peu les défauts du maître, mais il ne tarde pas à s'affranchir, et c'est le maître qui se modèlera sur l'élève. Après avoir travaillé aux fresques du Cambio (la Bourse) de Pérouse, où s'entassèrent.pêle-mêle Léonidas et la Transfiguration, Horatius Coclès et les Vendeurs chassés du temple, il fit un court séjour à Urbino, et visita Sienne et Milan. Il avait 20 ans quand il peignit le Mariage de la Vierge, le chef-dœuvre de sa jeunesse. Enfin il arrive à Florence 1505, et il y trouve l'idéal qu'il a rêvé, qui l'inspire, et qui met le sceau à son talent. La Madone du grand-duc et la Vierge à la chaise sont deux tableaux typiques, dont l'un relève du Pérugin et l'autre rivalise avec Michel-Ange En 1508 son oncle, le card. Bramante, le fait venir à Rome, où Jules II le comble d'honneur* et de travaux. Là l'ensemble de ses compositions tient du prodige. Ce sont les Stances, les Loges, des cartons pour tapisseries; grand noiu-bre de sujets bibliques; l'Accord de la théol avec la philosophie, l'École d'Athènes, la Dispute du saint sacrement, la mort d*Ananias, etc Son dernier tableau, la Transfiguration, est aussi son œuvre la plus parfaite: il était destiné au card. Jules de Médicis. Il f à Rome 1520, le vendredi saint, âgé de 37 ans, épuisé par les plaisirs et la volupté. Il légua sa fortune à sw élèves. Ses Madones, et en particulier sa Vierge sixtine, suffisaient à le placer au premier rang des peintres. Ses portraits lui ont fait une seconde réputation par l'art avec lequel il savait trouver sous le masque la physionomie et la vraie ressemblance de ses modèles, Jules IL Léon X, etc. Fondateur de l'école romaine qui résumait les autres écoles, il fut un peintre aimable, sympathique, séraphique, mystique et grandiose, peut-être aussi parfait que Michel-Ange dans les détails; mieux en cour et mieux servi que son rival, il fut moins grand comme homme, moins universel comme génie, et moins complet comme artiste.
RAPIN-THOYR AS, néà Castres 1661, neveu* Pélisson, avocat, puis militaire, protestant, dut quitter la France lors de la révocation de ledit de Nantes, passa en Angleterre et en Hollande, accompagna Guill. d'Orange en Angleterre, fut aide-de-camp du gén. Douglas, prit part au siège de Limerick, fit l'éducation dit duc de Portland, et + 1725 à Wesel. Auteur d'une Hisl d'Angleterre estimée.
RASCHI, v. Jarchi.
RASCOLNIKS, ou les dissidents, nom collectif donné par leurs adversaires à tous ceux qui refusèrent, en Russie, de se ranger à la reforme liturgique de Nicon. Ils s'appelaient eux-môme» les Starotcierzki (vieux croyants), ou Pratooêlawnûje (orthodoxes), reprochant à Ni-con d'avoir altéré le texte des symboles et des anciens conciles, d'avoir changé la manière de faire le signe de la croix, d'avoir modifié l'ordre de la procession de Pâques, d'invoquer le mauvais esprit, etc. Ils se divisaient d'ailleurs en plusieurs sectes: celle des Philippons, fondée par le paysan Philippe Pustowiât vers 1700, ne voulant ni prêtres, ni communion, ni serment, ni service militaire, sobres, inofTensifs, nombreux en Lithuanie et en Gallicie; les Pomoré-niens, qui ne veulent pas dè prêtres et ne reconnaissent pas les cérémonies accomplies par des prêtres; pour entrer chez eux il faut se faire rebaptiser; ils ne se servent pas d'argent et refusent toute relation avec les autres sectes, qui leur paraissent uu peu entachées de l'esprit de l'antéchrist; les Théodosiens, qui n'ont point de prêtres, mais beaucoup de cérémonies; ils se sont bâtis 1771 près de Moscou un couvent et un hôpital. S'étant trouvés dès le début mêlés à des troubles politiques, ils furent persécutés, mais Pierre-le-Grand les laissa tranquilles, les obligeant seulement à porter un morceau d'étoffe rouge sur leurs vêtements. Depuis 1760 ils sont complètement libres; on les trouve dans la Petite Russie, chez les Cosaques, le long de l'Oural, et jusqu'en Sibérie; par leur nombre ils exercent une assez grande influence. Ils sont plusieurs millions.
RASTENBOURG, petite ville de Prusse; il s y tint en 1530 un synode ob l'anabaptiste Pierre Zenker, de Dantzig, exposa ses vues; un colloque s'y réunit en 1531 pour les discuter, Poliander et d'autres défendant contre Zenker la doctrine luthérienne. Le duc Albert y assista et se prononça contre les anabaptistes, qui furent en conséquence bannis du pays.
RATHERIUS, né vers 890, près de Liège, d'une famille noble, oblat et moine du couvent de Lobach, intrigant, ambitieux, maladroit, et qui ne réussit à rien. Il se lia avec Hilduin, cousin du roi Hugues d'Italie, et Hugues lui donna, non sans quelques difficultés, l'évêché de Vérone, 931. Ratherius ne pardonna pas à Hugues ses hésitations et se tourna contre lui quand Arnold de Bavière envahit ses États. Mais Arnold fut vaincu et R. perdit son évêché. Il profita de son emprisonnement à Pavie pour écrire ses Prœloquia en 6 livres. Relâché en 939 il revint en France et en Belgique, recouvra et perdit de nouveau son évêché, fut nommé év. de Liège, ne fut considéré nulle part, et f 25 avril 974 chez le comte de Namur.
RATHMANN, Hermann, né 1585 à Lubeck, pasteur à Dantzig, f 30 juin 1628. Sa tendance mystique le mit en opposition avec son collègue Jean Corvin et les autres orthodoxes luthériens.
Il ne voyait dans la Bible qu'un instrument historique et une lettre morte, aussi longtemps qu'elle n'était pas vivifiée par l'esprit; il est probable qu'il exagérait sa pensée parce que ses adversaires allaient trop loin de leur côté en faisant de la Bible une puissance agissant par elle-même et comme le véhicule du salut.
RATIONALISME, un de ces grands mots vagues, qui, suivant l'application qu'on en fait, et dans l'ardeur des luttes, perdent leur sens étymologique et leur signification primitive, et finissent par n'avoir plus qu'une portée conventionnelle. Personne n'admet que dans les choses de la religion, l'homme doive renoncer à faire usage de son intelligence, et les croyants les plus fervents, les orthodoxes les plus convaincus, les mystiques même les plus exaltés, prétendent se servir de leur raison pour justifier soit leurs doctrines, soit la position qu'ils ont prise. C'est par la raison qu'ils reconnaissent l'autorité de la révélation, qu'ils en déduisent les faits et les vérités révélées, qu'ils réfutent les attaques dirigées contre le christianisme, qu'ils comparent et contrôlent le sens de passages en apparence contradictoires. C'est la raison elle-même qui sert à marquer les limites qu'elle doit s'imposer, et même en se limitant elle ne cesse pas d'être la raison. Dans ce sens tout homme raisonnable pourrait se dire rationaliste. Mais dans le langage thèologique, tel qu'il est né de la polémique, ce mot désigne presque exclusivement la tendance qui subordonne les choses révélées à leur acceptation par la raison ou la conscience humaine, et dans ce sens c'est la négation de la révélation. Il y a des nuances dans le rationalisme, parce que l'esprit n'est jamais entièrement logique, mais son dernier mot c'est le rejet du surnaturel. L'arianisme, le sabellianisme, le nestorianisme, le socinianisme, le déisme, l'uni tarisme, sont des formes différentes de la même disposition qui voudrait tout expliquer et qui rejette tout ce qui ne se comprend pas. Historiquement le rationalisme a touj. existé. On le reprochait déjà aux disciples d'Aristote. Kant le distinguait aussi soigneusement du naturalisme que du su-pranaturalisme. Les déistes anglais les premiers, Herbert, Hobbes, Bolingbroke, Morgan, lui donnèrent une certaine consistance. La France en fit un instrument de guerre contre le despotisme et les superstitions romaines, et tandis que le catholicisme versait dans l'incrédulité et l'impiété, l'Église réformée, tout en revendiquant les droits de la raison, continuait de rester attachée à la Bible et à la vérité chrétienne. Le contraste entre Voltaire et Rousseau est caractéristique. En Allemagne le rationalisme a été surtout systématique, mais il n'a pénétré dans l'école que lorsque déjà il avait tari les sources de la vie religieuse; tour à tour élégant, philosophique, profond, haineux, ou grossièrement naïf, il a provoqué par ses excès une réaction dont les Néander et les Tholuck ont été les premiers interprètes, et si Strauss en a été le dernier mot sérieux, c'est qu'après lui il n'y avait plus qu'à choisir entre le christianisme et l'irréligion, et l'Allemagne a choisi la bonne part, qui seule peut lui donner la force de résister aux fâcheux éléments qu'elle renferme. Au commencement de ce siècle le rationalisme n'existait en réalité qu'à l'état latent, comme un fait, comme un instinct; peu à peu il s'est épanoui, mais en conservant encore des formes religieuses et le respect des Écritures. Ses principaux représentants, en France surtout, gardent encore la Bible pour base et point de départ, l'exégèse seule étant en question. Dès lors ce rationalisme modéré a été battu en brèche et la foi en la Bible s'est effondrée sous les attaques de la critique moderne, représentée surtout par M. Edm. Schérer, dont l'impitoyable logique, après avoir commencé par le Père céleste, a roulé jusqu'à notre père l'Abime. De nombreux théologiens s'y sont ralliés, et le mal est devenu si évident, si grand, les Églises en ont tellement souffert, que les synodes ont été obligés de prendre quelques mesures pour y remédier. L'État n'a que rarement ratifié ces mesures, mais l'Église apprendra à s'en passer.
RATISBONNE, Castra regina, vieille cité romaine de Bavière. Importante station desCuldee, elle devint sous Boniface un évêché chrétien; son premier év. fut Gaubald 739. Le monastère de Saint-Emmeran servit longtemps de résidence à l'évêque, qui cumulait la dignité épiscopale avec celle d'abbé, et qui devint prince d'empire quand R. fut un moment capitale de la Bavière. Prise par les Français en 1800, elle fut érigée en archevêché 1805, avec Dalberg pour titulaire, archev. prince-primat de l'Égl. cathol. d'Allemagne. Cédée à la Bavière en 1810, R. redevint simple évêché et Dalberg reçut en compensation le titre de grand-duc de Francfort. Parmi les derniers titulaires de ce siège épisco-pal, on remarque surtout Sailer. — On appelle Ligue de R. l'alliance formée le 6 juill. 1524 entre les princes cathol. pour s'opposer aux progrès de la Réforme; les États protestants y répondirent, février 1526, par la Ligue de Tor-gau. — L'Intérim de R., resté à l'état de projet, et qui, remis à l'emp. avec le préavis favorable de Luther, devait servir de base à des négociations, fut élaboré par Bucer, retravaillé par quelques théologiens cathol. et protestants, et accepté par Joachim II et le landgrave Philippe, févr. 1540. Un premier colloque eut lieu à R. en nov. 1540; il avait été convoqué d'abord à Spire, à Haguenau, puis à Worms, et déplacé pour cause de maladies contagieuses. Les débats ne s'ouvrirent sérieusement qu'en avril 1541, sous la présidence de Granvelle et de l'électeur palatin Frédéric. Mélanchthon, Bucer el Pisto-rius représentaient la Réforme; Eck et Gropper de Cologne, et Pflugk de Meissen, le catholicisme. La conférence faillit échouer sur la question de l'Église, les protestants n'acceptant pas l'autorité des conciles, les catholiques trouvant que les conciles, sans le pape, ce n'était pas assez. Elle échoua complètement sur la question de la Cène, une main étrangère ayant ajouté au projet le mot de transsubstantiation, qui n'était pas dans le texte primitif. Les négociations cessèrent le 22 mai, et l'empereur décida le 29 juillet qu'un concile serait convoqué dans les 18 mois, et que jusqu'à ce moment l'on s'en tiendrait de part et d'autre au traité de Nuremberg. En janvier 1546, nouveau colloque; les catholiques se refusent à toute concession, et rendent par là impossible la réalisation du désir de l'empereur, qui aurait voulu voir les protestants se faire représenter au concile. En 1601 3m© conférence, provoquée par Maximilien de Bavière, pour décider la conversion de Neubourç au catholicisme, 1614; v. Reihing.
RATRAM, appelé aussi Bertram, moine de Corbie, du 9®e siècle, n'est guère connu que par sa science et sa prodigieuse activité littéraire, qui se déploya surtout entre 830 et 868. Versé dans la patristique, il intervint dans la plupart des controverses de son temps. Ami de Gottschalk, il défendit la doctrine augustinienne dans un écrit composé 850 sur la demande de Charles-le-Chauve, De prœdestinatione Dei; il écrivit aussi contre Hincmar de Reims en faveur de Gottschalk, dans la discussion sur la Trtiwi deitas. Mais c'est principalement sur la question de la transsubstantiation qu'il intervint, et contre Paschase Radbert; en réponse à Charles-le-Ch. il établit que ce que le fidèle reçoit dans la Cène, c'est le corps et le sang de Christ, en mystère et en vérité, mais non en réalité matérielle; le changement ne se fait que par la foi, et l'union avec Christ est réelle, complète, mais spirituelle. Son écrit fit d'abord sensation, mais il fut bientôt oublié, et du temps de Bérenger on l'attribuait à Scot Erigène: le conc. de Ver-celli 1050 le fit brûler. Fisher, év. de Roches-ter, l'invoqua 1526 comme exposant la foi catholique, et il fut souvent réimprimé. Les protestants l'invoquèrent aussi en leur faveur, et avec plus de raison. Les censeurs du conc. de Trente le mirent à l'index,' 1559.
RATZENBERGER, Matthieu, médecin, né 1501 à Wangen, Wurtemberg, étudia 1517 à Wittenberg où il se lia avec Luther. En 1525 il était médecin de la ville de Brandebourg, passa au service de la princesse Élisabeth, à laquelle il fit lire les écrits de Luther, et occupa successivement quelques autres places. Ses connaissances théologiques lui assurèrent une grande influence en plusieurs occasions- Luther mourant le nomma tuteur de ses enfants. Après la guerre de Smalcalde, il se retira à Nordhausen, puis à Erfurt où il f 3 janv. 1559. Auteur d'une Hist. de Luther, utile aussi pour la connaissance de l'époque, et appréciée par Seckendorf.
RAUTENSTRAUCH, Fr.-Étienne, né 1734 en Bohême, moine bénédictin, prof, de philos, et de théol. à Braunau, dès 1773 directeur de la faculté de théol. et membre de la commission des études à Prague, fut nommé conseiller à Vienne en 1774, et f 1785 à Erlau, Hongrie. Partisan des réformes joséphines il eut beaucoup à souffrir de la part des jésuites. Il publia une Synopse du droit ecclés. Vienne 1778, et des Instructions pour toutes les facultés de théol. de l'empire.
RAVENNE, fondée sur l'Adriatique par une colonie de Thessaliens, devenue romaine 234 av. C., et résidence impériale 404 ap. C. Elle n'acquiert d'importance qu'à ce moment, quand Honorius s'y établit et fait de l'évêque un métropolitain. En 510 elle devient la capitale d'un exarchat, et ses métropolitains entrent en lutte avec Rome. Maur est excommunié, mais à son tour il excommunie le pape; le conflit vient devant l'emp. Constant 666, qui déclare Ra-venne indépendant de toute juridiction supérieure. La lutte dura deux siècles et ne finit que sous l'archev. Jean, excommunié par Nicolas I«r, un moment soutenu, puis abandonné par l'emp. Louis, et finalement condamné par un synode de Rome, à se rendre tous les ans une fois auprès du pape pour lui rendre hommage, et à ne consacrer que des évêques agréés par lui. — Outre le conc. de 419 qui eut à décider entre les papes Boniface et Eulalius, il s'est tenu à Ra-venne 25 conciles, dont le plus important fut celui de 877 qui stipula entre autres que le métropolitain, trois mois après son élection, et les évêques 5 mois après, devaient aller à Rome solliciter leur confirmation; à défaut de quoi l'élection était nulle de droit, l'élu était excommunié de fait, et son nom publiquement affiché.
RAYMOND lo Non natu* (qui n'est pas né), ainsi surnommé du fait qu'il dut le jour à une opération césarienne. De la famille des Sarrois il vint au monde 1200 à Postello, Catalogne, et entra dans l'ordre de la Merci, dont il fut nommé 1230 procurateur général. Il fit plusieurs voyages de Rome en Afrique, pour racheter des prisonniers, et manquant d'argent il finit par se vendre lui-même et profita de sa captivité pour prêcher la foi chrétienne. Son maître, ne pouvant lui imposer silence, lui fit mettre à la bouche une serrure en fer. Grégoire IX éleva le fidèle prisonnier à la charge du cardinal-diacre, f 1240, peu après son élargissement. Canonisé.
2* Pennaforte, v. cet art.
3° Martin, dominicain espagnol, directeur depuis 1250 des 8 collèges que les rois de Cas-tille et d'Arragon avaient fondés dans autant de couvents dominicains, pour l'étude des langues orientales en vue des missions. Il travailla aussi directement lui-même comme missionnaire, notamment à Tunis, f après 1286. Auteur d'un écrit Pugio fidei, contre les maures et les juifs.
4° Lulle, v. Lulle.
5o Sébonde, Sabunde, ou Sabiende, espagnol de naissance, professait à Toulouse vers 1430 la médecine, peut-être aussi la philos, et la théologie. f vers 1432. Son principal ouvrage est le Liber naturœ, ou Theologia naturalis, impr. Strasbourg 1496 et très estimé de Montaigne qui lui consacre un chapitre dans ses Essais, et cherche à établir son orthodoxie. L'idée-mère de ce livre, c'est qu'il y a deux sources de connaissances, la nature et la révélation, cette dernière destinée à compléter et à redresser la première, mais n'étant pas en contradiction avec elle. Il part de là et commence par le monde inorganique. Le minéral est; le végétal est et vit; l'animal est, vit et sent; enfin l'homme est, vit, sent et pense. A chacun de ces faits de l'être quelque chose correspond dans la nature; à chacun des sens il y a des manifestations spéciales qui les mettent en mouvement, la vue pour l'œil, le son pour l'oreille; de même pour la pensée, il y a l'être moral, ordonnateur, créateur, gouverneur et juge, Dieu. Mais la conscience dit à l'homme que ce Dieu est bon, et la doctrine du Sauveur en découle. Le Père est le Verbe actif, le Fils le Verbe passif, le Saint-Esprit le Verbe impersonnel. On a encore de Sébonde des Dialogues sur la nature de l'homme. Le chartreux Dorland en a publié une édition, fort augmentée, sous le titre de Viola animœ, Cologne 1499; et Amos Comenius une édition plus abrégée, sous le titre de Oculus fidei, Amsterdam 1661.
RAYNALD, Odoric, oratorien, né à Trévise 1595, f 12 janv. 1671, continuateur des Annales de Baronius.
RÉALISME, v. Nominaux.
RECOGNITIONS, v. Clémentines.
RÉCOLLETS, membre des congrégations de stricte observance dans plusieurs ordres religieux, franciscains, augustins, capucins. Ils s'établirent d'abord à Nevers 1592 par les soins du duc Louis de Gonzague. Leur nom vient de recollecti, les recueillis, parce qu'ils n'admettaient que des personnes vivant dans le recueillement. Il y avait aussi des congrégations de femmes sous ce nom.
RECTEUR, titre donné chez les catholiques: 1° au principal d'un collège de jésuites; 2° au père abbé d'un couvent ou d'une fondation; 3° au curé principal d'une église; l'Égl. épisco-pale d'Angleterre l'emploie aussi dans ce sens.
RÉDEMPTORISTES, v. Liguori.
RÉFORMATION, nom historique du grand mouvement religieux qui, préparé par les sectes du moyen âge et réclamé par les peuples, les docteurs, les conciles et les princes, finit par éclater au 16®* siècle, presque simultanément sur plusieurs points de l'Europe, ayant pour objectif le retour à l'Église primitive, pour autorité la Bible, et pour doctrine principale la justification par la foi, par conséquent la suppression des abus sans nombre engendrés par la théorie des œuvres surérogatoires, indulgences, purgatoire, culte des saints, etc. C'est en Allemagne que le mouvement se produisit avec le plus de vigueur et d'intensité, parce que c'est là que les abus s'étaient étalés avec le plus d'impudence, et Luther en fut le champion le plus illustre. Depuis que le christianisme avait été dénaturé sous l'influence du paganisme renaissant, c.-à-d. depuis qu'il était devenu religion d'État et que l'ancienne capitale de l'empire s'était donné pour tâche de conserver ses positions dans le monde renouvelé, l'ambition et l'ignorance aidant, chaque siècle avait vu se produire de nouveaux dogmes, de nouvelles prétentions et de nouveaux abus, appuyés sur de fausses décrétâtes et des textes falsifiés. L'opposition ne cessa pas un instant; elle se produisit sous les noms les plus divers de pauli-ciens, cathares, albigeois, etc., de sorte que jamais non plus il n'y eut de prescription. Au 45m* siècle l'opposition devint plus vive et plus savante. L'Italie eut Savonarole, l'Angleterre Wicleff, la Bohême Jean Huss et Jérôme de Prague. Plusieurs conciles furent convoqués pour réformer l'Église, mais ils n'osèrent pas toucher à la source du mal, à la papauté, et ils ne firent rien, ni à Constance, ni à Bâle. Les empereurs échouèrent également, et Léon croyait pouvoir achever tranquillement sa belle cathédrale de Saint-Pierre de Rome, quand tout à coup retentit la voix éclatante et sonore du moine de Wittenberg. Il n'attaquait qu'un seul abus, mais, comme dans un édifice où tout se tient, tout croula à la fois. Ce qui se passait en Allemagne se passait presque au même moment en d'autres lieux; le fruit était mûr et il tombait. Zwingle en Suisse, Calvin à Genève, Lefèvre et Briçonnet en France, Tyndal en Angleterre, les frères Peterson en Suède, Johannes en Danemark, les Spinola en Italie, d'humbles marchands en Espagne, levaient presque à la même heure l'étendard de la Réforme et des réformes, et si l'œuvre fut quelquefois compromise, soit par des adhésions comme celle de Henri VIII, soit par des persécutions comme celle de Philippe II, elle n'en resta pas moins vivante et triomphante, pour le bonheur des peuples qui la reçurent. La renaissance et la découverte de l'imprimerie favorisèrent la Réformation en lui fournissant la littérature dont elle avait besoin, et en lui permettant de se faire connaître par la multiplicité de ses écrits. De son côté la Réforme sauva la renaissance de ses propres excès, et en lui donnant une base religieuse l'empêcha de retourner au paganisme et à la vieille mythologie qui la ravissait et menaçait de l'étouffer. Comme protestation, le protestantisme a eu quelque chose de négatif, il a repoussé ce qu'il ne croyait pas; mais comme reconstitution & l'Église primitive, il s'est dès l'abord, et partout, produit comme ayant une foi positive, et l'une des premières préoccupations des théologiens dans les divers pays a été de rédiger la foi de l'Église sous la forme de Confessions de foi, Constitution, Ordonnances, etct Ce qui frappe dans ces Confessions de foi c'est leur indépendance les unes des autres quant aux points secondaires et leur accord sur les points essentiels de la foi chrétienne, divinité de Jésus-Christ, nécessité de la rédemption,, salut par la foi, autorité de l'Écriture sainte, etc. L'Égl. anglicane est celle qui a conservé dans ses forme* le plus de rapports avec le catholicisme; puis vient l'Égl. luthérienne, dont la manière d'envisager les sacrements prête à de faciles exagérations. Les Égl. réformées ont plus entièrement rompu avec les traditions, et elles semblent par là-même plus exposées à l'invasion du rationalisme, mais en réalité elles n'en ont pas plus souffert que les autres, et l'exemple de l'Écos!* prouve que l'école de Calvin n'est pas nécessairement vouée aux révolutions de doctrine. Pour les détails, v. les articles spéciaux, et les innombrables ouvrages consacrés à cette portion de l'hist. ecclésiastique: Hist. de la Réf. par Merle d'Aubigné; en France par MM. Haa#, Puaux, Borrel, Dardier, Douen, Arnaud, D* Félice, Paumier, Herminjard.
REFUGE, Réfugiés. Ce titre comprend d'une manière générale tous les protestants français qui durent émigrer à cause de la Révocation de l'édit de Nantes et des mesures qui précédèrent et suivirent cet acte d'une politique insensee. On a calculé que de 1662 à 1752 il n'y eut pas moins de 300,000 personnes condamnées à quitter leur pays, et ce chiffre est certainement au-dessous de la réalité. Ces émigrés furent reçus a bras ouverts partout où ils allèrent chercher un refuge, mais particulièrement dans le Brandebourg; dès 1672 ils se bâtissaient uue église à Berlin; ils fondèrent le Collège français, l'Académie des Nobles, celle des Chevaliers; ils introduisirent de nombreuses industries, et les noms d'Ancillon, Basnage, Abbadie, Beausobre, Lenfant, Lamotte-Fouqué, jetèrent du lustre sur le développement littéraire et scientifique du pays qui ne devait pas tarder à devenir la Prusse. Il y eut aussi des réfugiés dans d'autres parties de l'Allemagne. Beaucoup se fixèrent en Hollande, et l'on cite avec honneur les noms de Rivet, Du Moulin, Claude, Dubosc, Saurin, Jurieu, Basnage, Martin, Superville, Benoît, Chauffepié, Bay le, etc. En Suisse tous les cantons se disputèrent l'honneur de les recevoir, sans se laisser arrêter par les menaces du gouvernement français. Abauzit vint à Genève, où ses coreligionnaires de France avaient donné à l'horlogerie une impulsion nouvelle. Court fondait à Lausanne un séminaire qui devait fournir des pasteurs et des martyrs aux églises du désert. Le Danemark, la Suède, l'Angleterre ouvraient leurs portes aux proscrits. Les États-Unis ne pouvaient rester en arrière, et le Refuge leur a fourni trois présidents. La Guyane hollandaise, Surinam, le Cap de Bonne Espérance favorisèrent de même l'immigration, soit en payant les frais de voyage des réfugiés, soit en leur donnant des terres, soit en les exemptant d'impôts pour un temps déterminé. En partant ils emportaient leur langue avec eux; presque partout ils ont conservé le culte en français, et leurs colonies parlent encore français aujourd'hui; placés en dehors du courant académique ils n'ont peut-être pas suivi tous les progrès de leur langue, et l'on a pu plaisanter sur le style réfugié de leurs écrivains, mais ce qu'on fera moins facilement ce sera de calculer le tort immense que cette émigration a fait à la France, non seulement en l'appauvrissant, mais encore en enrichissant et en fortifiant les nations plus hospitalières. Des sommes considérables, des ouvriers honnêtes et laborieux, des patrons intelligents, des employés fidèles, d'habiles médecins sortirent du pays. Vauban même, dans un Mémoire à Lonvois, se plaignit d'une mesure nuisible pour la marine et pour l'armée. V. Weiss, Hist. des réfugiés, Paris 1853.
RÉGALE: faculté d'un seigneur de repourvoir un bénéfice vacant, d'en percevoir les revenus pendant la vacance et d'exercer tous les droits de propriétaire. Ce droit, tout féodal, était dans la nature des choses et ressortait presque toujours de l'origine même des fondations ou bénéfices. Il fut cependant toujours contesté, surtout quant à la repourvue, par l'Église qui se regardait comme seul propriétaire légitime de tout ce qui touchait à son administration. De là en Allemagne les luttes qui finirent par le traité de Worms. De là en France les luttes de Philipp^e-le-Bel contre Boniface VIII, et celles de Louis XIV contre Innocent IX et Alexandre VIII. L'Égl. gallicane en 1682 le maintint comme une de ses immunités. De là encore en Angleterre les luttes relatives au patronage, q. v.
RÉGINON, né vers la fin du 9** siècle, d'une bonne famille des environs de Spire; il était abbé de Prum en 892. Illégalement évincé 899, il se retira dans le couvent de Saint-Maximin près de Trêves et fut nommé administrateur du couvent de Saint-Martin, f 9*5. On lui doit une Chronique, espèce d'hist. universelle, qui va de J.-C. à l'époque de Charles Martel; le livre II va jusqu'en 907; un auteur inconnu l'a continuée jusqu'en 967; publ. Mayence 1521. A la demande de Ratbod il a composé aussi un recueil de Canons, Libri II de eccles. disciplinis et relig. christtand, publ. par Baluze. D'autres ouvrages de lui sont perdus.
RÉGIONNAIRES, employés, diacres, notaires, avocats, préposés à chacune des 7 régions dans lesquelles l'ancienne Rome ecclésiastique était divisée.
RÉGIS, Jean-François, né 31 janv. 1597 d'une famille noble à Foncouverte, évêché de Nar-bonne. jésuite, distingué par sa piété et son dévouement; il se montra plein de zèle pendant la peste de Toulouse, comme dans sa mission en Languedoc, f 1640. Canonisé par Clément XII.
RÉGIUS (royal, ou Leroy), Urbain, né 1490 sur les bords du lac de Constance, étudia à Lindau, puis à Fribourg où il se lia d'amitié avec Eck. Après un court séjour à Bâle, il vint à Ingolstadt où il fut nommé prof, d'éloquence et de poésie, et chercha à gagner à l'université des hommes de mérite, entre autres Eck, auprès de qui il ne réussit pas. L'emp. Maximilien le nomma son poète. Un travail sur la Dignité sacerdotale lui valut 1519 une place de vicaire épiscopal, et 1520 de prédicateur à Augsbourg, en remplacement d'OEcolampade. Mais il avait commencé à lire les livres de Wittenberg; il sentait le besoin d'une réforme et les persécutions auxquelles il fut en butte hâtèrent sa résolution. En 1522 il est prédicateur évangélique à l'égl. Sainte-Anne d'Augsbourg. Il se maria, travailla avec autant de succès que de zèle, assista 1530 à la diète d'Augsbourg, où Ernest-Ie-Confesseur le choisit pour pasteur-surintendant de Brunswick, et lui voua une affection telle qu'il disait qu'il aimerait mieux perdre un œil que son Urbain. En 1537 il est à Smalcalde, en 1540 à Haguenau. + 23 mai 1541. Il a laissé 97 ouvrages, presque tous de théologie, entre autres deux Corpus doctrinœ, un grand et un petit catéchisme. Vie, par son fils Ernest.
RÉGUIS, un des prédicateurs les plus puissants et les plus évangéliques de la chaire catholique française, et qui peut être mis à côté de Bridaine. On n'a presque aucun détail sur sa vie. On sait seulement qu'il fut curé dans le diocèse d'Auxerre, puis dans celui de Gap;
quelques-uns ajoutent dans celui de Lisieux. Il travailla dans la 2®e moitié du 18®« siècle. Doué de mes talents, il aurait pu briguer une situation plus élevée, mais il se contenta de distribuer modestement le pain de vie à son troupeau, et il passa comme inaperçu au milieu des scandales et des troubles de son époque. Ses sermons, presque toujours improvisés, n'étaient écrits qu'après avoir été prêchés. Il s'en est fait de nombreuses éditions, sous le titre de La Voix du Pasteur; la ire date de 4766; l'une des dernières est de M. Ramu de Genève, légèrement modifiée. On lui doit aussi une Étude sur les Psaumes, malheureusement perdue.
REGULA, martyr, femme de Félix 8° q. v.
REICHENAU, riche et savante abbaye de bénédictins, fondée vers 725 par Pirmin, dans une île fertile et riante de la partie occidentale du lac de Constance. Grâce à des donations considérables, elle atteignit bientôt une splendeur telle que nulle autre ne pouvait, du moins en Allemagne, rivaliser avec elle. Elle fut successivement rattachée à Constance, Saint-Gall et Bâle. En 1032 l'abbé Bernon essaya de revendiquer pour elle une entière indépendance; invoquant des titres qu'il faisait remonter à Othon III, il réclama le droit d'officier en dal-matique et en sandales et de conférer les ordres, mais malgré le consentement de Jean XIX, il ne fut jamais autorisé à le faire. Ses écoles, son séminaire, ses bijoux, ses reliques, sa bibliothèque enfin, que des moines copistes enrichissaient chaque année, ajoutaient à sa célébrité. Ses abbés étaient princes de l'empire. En 1538 elle fut réunie au dioc. de Constance. En 1799 elle fut sécularisée, et en 1802 cédée au duché de Bade, moins ses propriétés situées en Argovie et Thur-govie. L'Église de Sainte-Marie, bâtie 804. renferme entre autres le tombeau de Charles-le-Gros f 888.
REIHING, Jacques, né 1579 à Augsbourg, étudia à Ingolstadt au collège des jésuites, et entra dans l'ordre h la suite d'un vœu fait pendant une maladie. Successivement prof, de philos. et de théol. à Ingolstadt, docteur en théol., prêtre à Dillingen, il fut appelé à la cour du comte palatin Wolfgang - Guill. de Neubourg, qui penchait vers le catholicisme et qui finit par abjurer, 23 mai 1614. Reihing justifia cet acte dans plusieurs écrits et travailla avec ardeur contre la Réformation. Cependant plus tard, à la suite d'une étude sérieuse des Écritures, il s'enfuit à Stuttgard 1621 où il se fit examiner par Osiander et fut admis au séminaire de Tubingue; le 23 nov. il fil sa profession publique comme protestant. Le discours qu'il prononça à cette occasion fut violemment attaqué, et il se défendit avec force dans sa thèse professorale sur la vraie Église de Christ. Marié en 1622. En 1625, surintendant du séminaire. En 1526 il écrivit une spirituelle réfutation de son livre de 1617 sur le catholicisme, f 5 mai 1628. Les attaques des jésuites le poursuivirent jusqu'après sa mort.
REIMAR, Hermann-Samuel, surnommé le Fragmentiste. Né 22 déc. 1694 à Hambourg, il y fit ses premières études, passa à Iéna 1714, puis 1716 à Wittenberg, où il fut nommé prof, adjoint de philos. De 1719-1722 il visita h Hollande et l'Angleterre, fut nommé en 1723 recteur à Wismar, et en 1728 prof, d'hébreu et de langues orientales à Hambourg, où il t 1<* mars 1768. Auteur de plusieurs écrits sur la religion naturelle, l'instinct chez les animaux, les langues, etc., il s'est fait surtout une réputation, bien inattendue, par ses célèbres Fragments de WolfenbUttel, q. v. Son fils Albert-Henri, médecin, introduisit la vaccine à Hambourg.
REIMS, Remi, ou Durocortorum, vieil évêché de France, dont les origines se perdent dans la légende. On nomme Sixte comme son premier évêque, vers 300, mais on ne sait rien de lui, pas plus que de son prétendu successeur Sinice, qu'une tradition du 9®« siècle fait venir de Rome. Au 4®e siècle Reims est déjà un archevêché, la métropole de la Gaule belgique, avec dix suffragants. Mais on n'entre définitivement dans l'histoire qu'avec saint Remi qui le jour de No'él 496 baptisa Clovis dans sa cathédrale, auj. l'église Saint-Remi. Sous les Mérovingiens Reims appartenait à l'Austrasie. elle passa à la Neustrie lors du partage de l'empire après Charlemagne. A Wulfar 806-816 succéda Ebbon 816-845, au lieu de Gislemar qui avait été nommé, mais qui ne put être confirmé, à cause de sa grossière ignorance. Puis vint Hincmar 845-882, qui acheva la cathédrale, et qui défendit l'indépendance de l'Égl. gallicane contre Xi-colas et Adrien II. Avec lui commencent les revendications de Reims à la primatie des Gaules, et les inventions se multiplient pour les justifier. On découvre que si Rome a été fondée par Romulus, Reims l'a été par son frère Re-mus, et qu'elle a droit ainsi au second rang dans l'Église. Mais c'est depuis 1179 seulement que le droit des archev. de Reims est incontesté, de couronner les rois de France, comme premier siège du royaume. Au 40®« siècle deux compétiteurs se disputent la place, Artold et Hugues de Vermandois, ce dernier sous prétexte que sa famille s'est emparée de Reims au 9m« siècle. De nouvelles rivalités éclatent peu après entre Arnolphe et Gerbert qui, tous les deux, occupent le siège l'un après l'autre. Louis IV donne aux titulaires le titre de comtes, Louis VII en fait des ducs. Parmi les archev. qui ont brillé d'une manière quelconque à la téte de ce diocèse, il fant ajouter aux précédents 1* noms de Foulques, Turpin, Adalbéron, le cardinal de Lorraine, Maurice Le Tellier, et récemment Thomas Gousset. Quelques synodes ont été tenus à Reims au moyen âge, mais peu importants; le seul un peu considérable, celui de 1148 présidé par Eugène IV, en présence de Bernard de Clairvaux, eut à s'occuper de Guy de Brès, Éon, Gilbert de la Porée et de leur doctrine. Flodoard + 966 a écrit une Hist. de Tégl. de Reims. La cathédrale, commencée en 1212, est magnifique, ainsi que l'égl. de Saint-Remi. Patrie de Lasalle, fondateur des écoles de la doctr. chrétienne.
REINECCIUS lo Jacques, né 1572 à Salzwe-del, étudia à Wittenberg, et fut successivement pasteur à Tangermunde, Berlin el Hambourg, où on lui remit en outre la direction du nouveau gymnase, f 28 juin 1613. Auteur d'écrits de polémique et d'édification. — 2° Christian, est plus connu. Prof, libre à Leipzig, et en 1721 recteur du gymnase de Weissenfels. + 1752. Il fitréimpr. 1718 l'excellente Concordance allem., hébr. et grecque de la Bible, de Fréd. Lankisch, et travailla à une nouvelle édition portative des Septante, à une dite du texte hébreu, et à une polyglote en plusieurs in-folio, dont l'A. T. seul parut avant sa mort.
REINHARD, François-Wolkmar, né 12 mars 1753 à Vohenstrauss, Sulzbach, était fils du pasteur. Il suivit le gymnase de Ratisbonne et se rendit en 1777 à Wittenberg pour y faire sa théologie. Il se fit connaître en 1777 par une dissertation sur l'Autorité de la version d'Alexandrie, et se mit à donner des cours libres de philos. et de philologie, tout en travaillant pour obtenir ses grades. En 1782 il fut nommé prof, de théol., en 1784 aumônier du château et prédicateur de l'université. Enfin en 1792 il fut appelé à Dresde comme prédicateur de la cour et conseiller ecclésiastique, f 6 sept 1812. Marié deux fois il n'a cependant pas laissé d'enfants. Trop encensé de son vivant, il a été trop vite oublié. Excellent administrateur, il était aussi prédicateur éloquent, et n'a pas laissé moins de 51 vol. de sermons, très soignés dans la forme; plus de 5 vol. de morale et une Dogmatique assez faible, où il flotte entre la révélation et la raison. Il était cependant supranaturaliste et prêchait la justification par la foi.
REINHOLD, Léonard, né 1758 à Vienne, élevé d'abord chez les jésuites, les abandonna pour aller étudier à Leipzig chez Platner, puis à Weimar, où il épousa la fille de Wieland. Il publia en 1786 des Lettres sur la philos, de Kant, qui commencèrent sa réputation, et en 1787 il fut nommé prof, de philos, à Iéna; puis en 1794 à Kiel, où il f 1823. Il trouvait le système de Kant incomplet, et aurait voulu le faire précéder d'une analyse de la conscience; il finit par l'abandonner, adopta tour à tour les idées de Fichte, de Bardili et de Jacobi, et renonça à tout système en voyant dans l'abus des mots la source de tous les malentendus. Parmi ses nombreux écrits on remarque: Nouvelle théorie de la faculté représentative, 1789. Moyens de remédier aux malentendus en philos. 1790. Lettre à Lavater et à Fichte sur la croyance en Dieu, 1799.
RELAND, Adrien, né 17 juill. 1676, fils du pasteur de Ryp, près d'Alkmar, Hollande, étudia à Amsterdam et se distingua surtout dans la philol., les antiquités classiques et les langues orientales. En 1699 il fut nommé prof, à Harderwyck et en 1701 à Utrecht. f 5 févr. 1718 de la petite vérole. Ses nombreux ouvrages sont surtout remarquables par l'érudition dont ils font preuve. Les plus importants sont: La Palestine illustrée par les anciens monuments, les Antiquités sacrées des Hébreux, Situation du Paradis terrestre, la Mer Rouge, le Mont Garizim, Ophir, l'Arc de Titus, le Manuel de l'étudiant (traduit de l'arabe), des Mélanges rabbiniques, de la Religion musulmane, etc.
RELIGION. L'étymologie de ce mot, qui touche à tout dans l'histoire ecclésiastique, est incertaine: Cicéron la trouve dans le mot relegere, relire, étudier avec soin tout ce qui regarde le culte; Lactance dans le mot religare, rattacher, réunir, réconcilier l'homme avec Dieu. On n'est également pas d'accord sur la définition de l'idée qu'il exprime; les uns en font un fait purement historique, d'autres une affaire de volonté, de conscience ou de sentiment. Cette incertitude est d'autant plus étrange que la religion elle-même est de tous les temps, de tous les pays, et de toutes les formes de civilisation; mais elle s'explique par le caractère vaste et complexe de la chose à définir, qui s'adresse à l'homme tout entier, à toutes ses facultés, à tous ses besoins, à toutes ses aspirations. Pour être exacte et vraie, la définition devra donc être simple et sommaire, ne pas s'embarrasser des détails et s'en tenir à ce qui est l'essentiel et comme le fond commun de ces nombreuses manifestations qui par les chemins les plus divers poussent l'homme à se détacher des choses visibles en cherchant Celui qui est invisible, le Dieu connu ou le Dieu inconnu. L'Écriture a peut-être résumé la question dans son ensemble, quand elle dit que celui qui vient à Dieu doit croire que Dieu est, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent, Hébr. 11,6. Conscient ou inconscient, tout homme religieux possède ce minimum de foi, qui lui suffit s'il n'a pas d'autres lumières, qui lui sert de point de départ s'il aspire à des choses plus hautes. Dans la pratique l'homme a le sentiment instinctif d'un devoir à remplir vis-à-vis de l'Être supérieur qui domine sa vie; il a la conscience de sa responsabilité; il désire devenir meilleur. C'est à la fois peu et beaucoup, et le N. T. nous ouvre sous ce rapport des horizons que la théologie n'a peut-être pas suffisamment explorés, quand il nous montre Dieu ne s'étant jamais laissé sans témoignage, se laissant toucher et trouver, même en tâtonnant; ayant pour agréables ceux qui le craignent et qui s'adonnent à la justice; s'inté-ressant à Naaman et à la veuve de Sarepta, Act. 14, 17.17, 27. 10. 35. Luc 4, 26. 27. Sans aller aussi loin que M. Quatrefages qui fait de la religion le trait distinctif qui sépare l'homme de l'animal, on est fondé à dire que l'homme seul est religieux, et que tous les hommes le sont, plus ou moins, même ceux qui affectent de haïr la religion, car on ne hait que ce à quoi Ton croit; même les indifférents, car il arrive touj. des moments où leur indifférence disparaît, où quelque notion de foi s'éveille, dans leur cœur ou dans leur conscience. Les manifestations seules, ou les formes de la foi peuvent varier, et ont en fait varié chez tous les peuples. L'impossibilité où nous sommes de saisir ou de comprendre Dieu dans sa grandeur, dans son immensité, dans sa spiritualité, a amené des conceptions différentes, qui se sont traduites dans le polythéisme, le panthéisme, le fétichisme, le naturisme et les anthropomorphis-mes. Une science nouvelle, jeune encore, s'est appliquée â rechercher dans l'histoire, les littératures, les climats et les civilisations, le développement successif, sinon progressif de la conscience religieuse chez les hommes. Elle s'appelle l'Histoire des religions, et sous ce rapport elle a sa raison d'être, pour autant qu'elle s'occupe du classement et de la filiation des religions; elle a même servi la vérité en ce sens qu'elle a fait bonne justice des niaiseries qui, au siècle dernier surtout, croyaient pouvoir expliquer toutes les religions en les représentant comme l'exploitation de la crédulité humaine par des hommes habiles et rusés, comme une invention des prêtres pour dominer les populations et s'enrichir à leurs dépens. Mais elle n'en a pas moins fait fausse route en ce que, faisant abstraction de toute révélation directe de Dieu à l'homme, elle part de l'idée que c'est l'homme seul qui s'est mis à chercher Dieu et qui, de tâtonnements en tâtonnements, a passé d'une religion à une autre, s'élevant peu à peu, de degré en degré, et procédant de la conception la plus grossière à un système plus sage, plus logique et mieux ordonné. On pourrait admettre dans certaines limites ce passage d'un état inférieur à un état supérieur; philosophiquement la chose est possible. Mais en réalité et dans la pratique on n'a jamais vu un peuple s'élever par ses propres forces vers une religion plus spirituelle et plus vraie; c'est plutôt le contraire que l'on a vu, des peuples (même le peuple juif et des peuples chrétiens) retomber dans un culte matériel aussitôt qu'ils abandonnaient la vérité révélée. L'exemple du judaïsme est frappant comme spécimen de la disposition naturelle de l'homme à reculer plutôt qu'à progresser dans les questions religieuses, et depuis que le Christ est venu établir le culte en esprit et en vérité, l'histoire de l'Église est là tout entière pour prouver que l'homme sans Dieu, abandonné à ses lumières et à ses instincts, marche en arrière et non pas en avant. On peut voir aussi que le vrai progrès se trouve partout dans la proportion où l'Evangile est franchement accepté et pratiqué. En dehors de la révélation on a pu faire l'histoire des religions; on a passé ensuite à l'avenir des religions, et l'on a fait un dernier pas en essayant d'esquisser les religions de l'avenir; on escompte déjà la mort du christianisme, et l'on offre à choix les cultes qui le remplaceront. Peut-on croire que ce sera au profit de l'humanité?
Il est étrange que le mot de guerre puisse s'unir à celui de religion; mais le fait n'est que trop constant. Il y a eu les guerres des païens, puis des musulmans contre les chrétiens, celles des chrétiens contre les hérétiques, celles des catholiques contre les protestants, d'autres encore. Les principales sont les croisades en Orient, les croisades au sud de l'Europe, et la guerre de Trente ans. v. les diff. articles.
RELIQUES, du latin reliquiœ, les restes, ce qui reste; peut se dire d'une manière générale de tout objet laissé après elle par une personne quelconque, aimée ou célèbre; mais on l'entend habituellement, dans un sens religieux, des choses qui ont appartenu à un martyr ou témoin de la vérité, fragments de son corps, vêtements, ou tout autre objet à son usage. L'Égl. primitive n'a rien connu de semblable; elle regardait trop aux choses d'en haut pour s'attarder aux choses terrestres; la résurrection du Sauveur, son prochain retour, le triomphe de la foi, l'empêchaient de s'attacher à la poussière qui passe. La translation du corps d'Ignace à Antioche, 107, est la plus ancienne allusion qu'on puisse trouver au culte des reliques, et encore même en supposant le fait authentique, n'y a-t-il là qu'un simple acte de respect pour une dépouille humaine. Les cendres de Poly-carpe religieusement conservées, 169, et autour desquelles on se réunissait à chaque anniversaire pour célébrer le culte, sont un fait mieux constaté, mais qui ne prouve rien de plus qu'un pieux souvenir donné à un fidèle confesseur. H faut descendre jusqu'au 3me siècle pour trouver les premiers vestiges d'un culte plus oo moins superstitieux rendn à des restes de martyrs, et les Constitutions apostoliques essaient de le justifier contre les opposants, en rappelant que Joseph baisa le corps de son père Jacob, et que les os d'Élisée ressuscitèrent un mort, Gen. 60, 1. 2 Rois 13, 21. L'hist. de Lucilla et les protestations de saint Antoine montrent combien, sur cette pente, la superstition fit de rapides progrès, et si Athanase ne cessa de la combattre, d autres comme Eusèbe de Césarée, Grégoire de Naziance, Épiphanes, Chrysostome, Jérôme, Ambroise, Augustin la favorisèrent, non dans ses excès ou ses abus, mais cependant avec l'arrière-pensée qu'il pouvait bien y avoir dans ces précieux débris quelque vertu magique et surnaturelle. Les pèlerinages en Terre sainte et les spéculations des moines qui trouvaient dans la vente des reliques une ressource facile et assurée, imprimèrent à ce commerce une impulsion extravagante, au point qu'une réaction se fit, mais elle n'arrêta rien. Toutes les églises voulaient avoir leurs reliques, et Théodoret va jusqu'à dire que Dieu, dans sa bonté, compensait de cette manière pour les païens convertis, ce qu'ils perdaient en abandonnant leurs dieux et le culte des héros. On eut des visions et des songes qui révélaient les bons endroits où l'on trouverait des restes; on eut des miracles pour en démontrer l'authenticité. Au siècle on admet généralement que l'impér. Hélènea trouvé la vraie croix à la suite d'une vision 326, légende dont les premières traces datent de la fin du 4m« siècle. Au 6™^ Grégoire de Tours s'enthousiasme pour ce nouveau culte, qui doit plaire aux peuplades germaniques de l'ouest, et le 2J conc. de Nicée 787 décide qu'il y aura des reliques dans chaque église, sous chaque autel. Charlemagne 803 ressuscite un capitulaire de 742 qui adjoint des reliques à chaque corps d'armée. Pour établir l'authenticité de ces objets, on leur demande de faire des miracles; le conc. de Sarragosse 502 en appelle aussi au Jugement de Dieu, à l'épreuve du feu; d'autres demandent en outre que le corps ne sente pas la corruption et n'exhale aucune odeur désagréable. Dans la période carlovingienne, quelques docteurs, Claude de Turin, Agobert de Lyon, protestent, mais c'est la voix qui crie dans le désert. Les croisades développent le mal outre mesure; chaque pèlerin prétend avoir rapporté une foule de souvenirs sacrés, et dans des conditions ridicules; on oublie que le Seigneur est monté au ciel, et l'on montre de ses dents, de ses cheveux, son nombril: on a du lait de la Vierge, des langes, des peignes. Le 4e de Latran essaie en vain d'arrêter ce débordement en décidant qu'aucune relique ne comptera avant d'avoir été approuvée par le pape; elles se vendent, et les plus bizarres, à des prix fous. Le même objet, robe, doigt, bras, tête ou corps, se reproduit à plusieurs exemplaires; cela n'importe pas, chaque possesseur, couvent ou autre, prouvera que son exemplaire est le seul vrai et que seul il fait des miracles. On lui fera une châsse précieuse, ou un beau reliquaire, à moins encore qu'on ne l'encastre dans la maçonnerie de l'autel. Calvin, dans son traité des Reliques, a déjà fait justice de cette fièvre où la fraude le dispute à la crédulité; mais il ne savait pas encore tout, car une nouvelle invasion de reliques, la plus nombreuse, eut lieu depuis 4578, lorsque, le 31 mai, l'etfondrement d'une rue ramena l'attention sur les catacombes que l'on avait complètement oubliées pendant le moyen âge. Ce fut une nouvelle carrière à exploiter, et dans cette immense nécropole on ne pouvait manquer de trouver les corps de beaucoup de martyrs. En vain les esprits sérieux faisaient observer que la chose était impossible; que déjà sous Pascal l«r 817 les corps de plus de 2300 martyrs avaient été exhumés et déposés dans l'égl. de San Prassede, à Rome même; et que l'archev. Otgar, de Mayence, ayant demandé qu'on lui envoyât le corps d'un martyr, Grégoire IV f 844 lui avait fait répondre qu'il n'y en avait plus, et que tous ceux qui étaient dans les catacombes en avaient été retirés et distribués aux égl. de la ville et ailleurs. Mais l'occasion était trop bonne pour qu'on se payât de pareilles raisons, et le catholicisme, dans sa lutte contre la Réforme, ne pouvait pas négliger le moyen nouveau qui s'offrait à lui de réchauffer le zèle de ses églises. On fouilla, et tous les ossements que l'on déterra furent déclarés corps de martyrs. Sur une tombe on trouvait l'inscription D. M. (Aux dieux mânes), on la traduisait par Divins martyrs; ailleurs B. M. (Bene merem, qui a bien mérité), on en faisait Beatus Martyr, heureux martyr, et ainsi de suite. Tous les ustensiles que l'on découvrait près du corps étaient transformés en symboles de foi ou en instruments de supplice. La fraude se pratiqua sur une grande échelle, et on se mit à vendre des cadavres de toute provenance. La congrégation des rites décida le 10 avril 1668, de ne reconnaître et de ne recommander comme saints que les corps tirés des catacombes, dont le caractère de martyr serait constaté par une palme ou par un vase à recevoir le sang. Mais les bénédictins, et à leur tête Mabillon, prouvèrent que la palme était, même chez les païens, en usage sur les tombeaux, de sorte que Benoît XIV se rabattit sur le seul vase à sang comme constatation du martyre. Cela même était une preuve plus qu'incertaine, car l'antiquité ne dit rien de ces vases ou fioles destinés à recevoir le sang, et beaucoup de ces vases figuraient au chevet de tout petits enfants qui évidemment n'avaient pas été martyrisés; en outre la plupart de ces symboles appartenaient à des tombes de l'époque de Constantin, et l'on sait qu'il n'y eut pas de martyrs à Rome sous cet empereur. Enfin l'analyse chimique a démontré qu'il n'y a dans ces vases aucun résidu animal, mais seulement des dépôts minéraux, des oxyhydrates de fer, et point de sang. Cela n'a pas empêché Pie IX, le 10 déc. 1863, de remettre en vigueur la déclaration du
10 avril 1668. L'Église catholique enseigne que le prêtre qui célèbre le saint mystère sur de fausses reliques commet un grand péché; les prêtres consciencieux doivent être bien embarrassés et souvent bien inquiets.
REMBRANDT, Paul-Hermansz, né 15 juin 1606 ou 1608, fils d'un meunier, fut l'un des plus grands peintres de la Hollande, en même temps qu'un habile graveur. Avare et sans ordre il se laissa mettre en faillite, et s'éteignit dans la misère et l'obscurité, f 8 oct. 1669. Il a traité beaucoup de sujets bibliques, la Présentation dans le temple, Susanne au bain, To-bie, la Sainte famille, le Samaritain miséricordieux, le Repas d'Emmalls, Samson, Jésus et la femme adultère, la Bénédiction de Jacob, etc.
REMEDIUS, v. Remi.
REMI, Remigius, ou Remedius, 1° né à Laon 437 d'une noble famille romaine, était déjà à 22 ans archev. de Reims, f 13 janv. 533, à 96 ans. Il est surtout connu par l'influence qu'il exerça sur Clovis; il le baptisa 496 après la victoire remportée à Tolbiac sur les Allemans;
11 l'intéressa à la conversion des païens et des ariens, et provoqua la réunion du premier concile franc à Orléans 511, qui s'occupa de questions disciplinaires. Il obtint pour l'Église de riches dotations, et fonda l'évéché de Laon. Sa vie, comme déjà sa naissance, a été l'objet de nombreuses légendes; celle de la sainte Ampoule, q. v. est la plus connue. Hincmar, qui le premier la raconta, est probablement aussi l'auteur d'une lettre que le pape Hormisdas aurait écrite à Remi en le nommant primat des Gaules. On ne possède de l'archev. de Reims que 4 lettres. Un comment, sur les épitres de Paul, publ. sous son nom par Villapand, appartient plutôt à un autre Remi, év. d'Auxerre. Vie par Grégoire de Tours, Vorigny, etc.
2° archev. de Rouen, + 771; frère utérin de Pepin-le-Bref, à ce que l'on croit.
3° év. de Coire, 800-820, connu par les lettres qu'Alcuin lui adressa. On lui a faussement attribué un fragment d'un recueil de Décrétales, qu'on a reconnu être un extrait des Décrétales d'Isidore.
4° courtisan de Lothaire, il succéda 852 à Amoio. comme archev. de Lyon, f 875. Il inclinait du côté de Gottschalk dans la question de la prédestination, et après la sentence défavorable du synode de Quercy 849, il écrivit son livre des Trois Lettres, répondant ainsi à Hinc mar de Reims, à une lettre de Pardulus de Laon adressée à Amolo de Lyon, et à une lettre de Ra-ban Maur à Noting de Vérone. Il publia en même temps un Traité sur l'élection. Sur une question de ce genre, où les difficultés sont dans les nuances, il prenait position entre Hincmar et Gottschalk.
REMINISCERE, le 2<* dimanche du Carême, q. v. Il est ainsi nommé des premiers mots de l'Introït de la messe: Reminiscere, Domine, Souviens-toi, ô Éternel, Ps. 25, 6. On l'appelle aussi quelquefois le dim. de la Transfiguration.
REMONTRANTS, v. Arminius.
RENAISSANCE, restauration des lettres et du goût, relèvement de la culture générale, réveil de l'intelligence et des études après un long sommeil. L'histoire compte plusieurs moments où il semble que l'humanité soit sortie d'un tombeau, le siècle de Périclès, celui d'Auguste, le règne de Charlemagne; mais on réserve spécialement ce nom pour la fin du 15me et le commencement du 16me siècle, pour l'époque comprise entre la prise de Constantinople par les Turcs et l'avènement de la Réforme. Après avoir servi la cause de la civilisation contre les barbares et celle de l'Évangile contre les païens, le clergé s'était endormi dans la quiétude d'une position acquise, sans autre souci que d'accroi-tre ses revenus et sa puissance. Riche, il vou* lait jouir et se corrompit. Omnipotent, il devint tyrannique. Mais pour pouvoir dominer en paix, il lui fallait endormir les âmes et il y travailla de toute son énergie et par tous les moyens. Il se réserva pour lui-même, pour ses écoles, pour ses couvents, le monopole de l'instruction; nobles et manants étaient dispensés de savoir lire et de comprendre. Et encore, dans le clergé lui-même, que de nuances! Et quelle science que celle de ces moines qui détruisaient les vieux parchemins, les grattant, les lavant pour en effacer les classiques et remplacer la belle latinité par le latin de l'office, des pères ou des psaumes. Les croisades, qui auraient dû réveiller l'Europe, avaient été confisquées au profit de la papauté. Tout dormait, ou si par hasard un astre venait à briller au milieu de cette profonde nuit, il ne faisait que passer comme un météore, et ne servait qu'à constater l'épaisseur des ténèbres. C'était le bon vieux temps pour les barons et les châtelaines, pour les nobles et pour le haut clergé. Pour le peuple c'était la misère et l'ignorance; et quant aux couvents, placés hors du monde, ils avaient leur état civil à eux; personne ne s'occupait de savoir qui l'on arrêtait, qui ft>n enfermait, qui l'on jetait dans les oubliettes, qui l'on torturait.
On pouvait y souffrir et y mourir; on pouvait même y naître sans que le monde s'en aperçût: Na*ci, pati, mori, c'était bien la devise du moyen âge et celle des couvents. Tout cela sentait le renfermé, le moisi. Mais pourtant ce n'était pas la mort. A de rares intervalles une agitation se produisait qui trahissait la vie. Sans parler des sectes qui ne cessèrent jamais de protester par leur existence même contre le régime de plomb qui pesait sur l'Église, quelques hommes surgissaient dont la voix puissante annonçait des temps meilleurs: Wiclef, Savonarola, Jean Huss. On les persécutait, on les brûlait; cela même entretenait une certaine vie. Et les conciles où d'importantes queslions se débattaient, où les grands docteurs faisaient entendre de grandes vérités, contribuaient également à maintenir ouverte la porte du progrès et empêchaient la prescription d'accomplir son œuvre de mort.
Mais tout à coup, et lorsque les circonstances semblaient le moins favorables à cette résurrection de la conscience et de l'esprit humain, la grande voix descendit du ciel: Lazare, sors dehors! Les ossements desséchés de la vision se rassemblèrent; il y eut comme un frémissement universel. L'Italie, la France, l'Espigne, l'Allemagne renaissaient à la vie. Le secours, le remède était venu de là où on l'aurait le moins attendu, de la pauvre Byzance, succombant sous le poids de ses puériles disputes. Constantinople était tombée entre les mains des Turcs 1453. Ce malheur, depuis longtemps attendu, eut pour conséquence immédiate l'expulsion des savants grecs, qui se rendirent en Italie emportant avec eux leurs trésors littéraires, leurs richesses classiques, leurs manuscrits, l'antiquité dévoilée. Pour vivre ils travaillèrent, ils donnèrent des leçons, des cours, des conférences; les Paléologues révélèrent aux savants italiens un monde qu'ils ne connaissaient pas, le monde ancien, que l'on croyait vieux quaud il était au contraire la vraie jeunesse de l'art et de la littérature. Ce fut comme un coup de théâtre, un éblonissement. Vers la même époque les rois de France, cédant à leur habitude maladive de faire la guerre à l'Italie, avaient envoyé là leurs armées, sous Charles VIII, Louis XII, en attendant François I«r; les Français se trouvèrent présents à cette renaissance; avec leur merveilleuse facilité d'adaptation, ils s'en approprièrent le génie, en même temps que leur présence en Italie concourait à initier deux langues et deux civilisations l'une à l'autre et à élargir leurs horizons comme histoire, littérature, géographie, beaux-arts, même comme politique et religion. Pour les Français il y avait une étude à faire, et ils la faisaient; ils apprenaient à connaître, non seulement Fornoue, mais les républiques italiennes, Florence et les Médicis, Home et les papes, une riche nature pleine de parfums et une architecture qui les sortait du gothique. Les grands peintres et les grands sculpteurs se préparaient; Brunelleschi, les avait devancés en élevant à Florence Sainte-Marie des Fleurs, et il leur avait ouvert la marche dans la carrière du grand art. Par un bonheur vraiment providentiel (car les bonnes choses arrivent ensemble, dit-on, comme les mauvaises; il y a des veines), Gutenberg venait d'inventer i'imprimerie, l'art de fixer pour toujours et de répandre eu tous lieux ces précieux manuscrits apportés de Constantinople, et ce qu'on trouverait d'autres manuscrits de valeur dans les couvents de l'Occident et de la Grèce; tout le monde put se mettre à étudier, et les vieillards retournèrent aux écoles, leurs gros livres sous le bras, pour entendre les leçons des illustres maîtres chassés par les Turcs; les femmes et les enfants s'en mêlèrent; les imprimeurs et les libraires tinrent à honneur d'être aussi des savants, et non de simples industriels ou des marchands. En même temps on perfectionnait le télescope qui faisait connaître le ciel, et Christophe Colomb découvrait l'Amérique et donnait à l'Europe un nouveau monde sur lequel allaient se précipiter les savants, les chevaliers d'industrie, les coureurs d'aventures, les missionnaires et les chercheurs d'or. Riche végétation, faune inconnue, populations étranges, placers de métaux précieux, il y avait là tout ce qu'il fallait pour aiguiser les convoitises bonnes ou mauvaises, et pour ajouter à la soif de connaître qui s'était emparée de l'Europe à cette époque. Tout contribuait ainsi. le passé et le présent, le monde antique et le nouveau monde, à surmener les esprits et à les élever au-dessus des vulgarités dont ils s'étaient nourris jusqu'alors; c'était une révolution, l'on s'acheminait vers les temps nouveaux, et le clergé lui-même se laissait entraîner par l'enthousiasme que lui inspiraient les chefs-d'œuvre des poètes grecs. Un évêque donnait une fête en l'honneur du dieu Pan. Un pape bénissait l'Église au nom des dieux éternels. La réaction contre le moyen âge était complète, sans frein, sans direction, et la société risquait, sous prétexte d'humanisme, de retomber dans le paganisme, si elle n'avait été retenue sur cette pente dangereuse par une autre révolution, plus salutaire encore, issue de la Renaissance même et qui devait la sauver de ses propres excès, la Réformation.
En effet, parmi les premiers ouvrages sortis des presses de Gutenberg, se trouvait la Bible; de nombreux exemplaires s'en répandirent rapidement; le clergé, les couvents, les peintres qui s'en inspiraient, se la procurèrent; on la lut, on l'étudia, et les âmes sérieuses firent cette découverte qu'il n'était pas nécessaire de renoncer au christianisme, si l'on voulait cesser d'être catholique. Le malaise qu'ils éprouvaient dans leur Église tenait, non au christianisme lui-même, mais aux éléments étrangers que l'Église s'était assimilés; et dès lors, tout en résistant à l'entraînement irréfléchi d'une Renaissance qui les aurait ramenés aux dieux de l'Olympe, saluant avec joie les lumières nouvelles qu'elle leur apportait, il les firent servir à une connaissance et à une intelligence meilleure du christianisme, que l'Église avait compromis dans sa doctrine, dans sa morale et dans son influence.
RENAN, Ernest, né 27 févr. 1823àTréguier, Côtes du Nord, étudia la théol. cathol. et les langues orientales. En 1856 il fut reçu membre de l'Acad. des Inscriptions, fut chargé en 1860 d'un voyage en Syrie, qui eut surtout pour résultat une connaissance plus sérieuse de la Phénicie, fut en 1862 nommé prof, d'hébreu au Collège de France, mais perdit cette place parce que dès sa 1™ leçon il crut pouvoir en changer le programme et en profiter pour exposer, non l'hébreu, mais ses idées sur la Bible et le christianisme; la République la lui rendit en 1871. Nommé sénateur en 1878 et membre de l'Académie, avec un discours de réception très vif et très spirituel de M. Mézières. Auteur de: Hist. génér. des langues sémitiques, Études d'hist. religieuse, Origine du langage, Essais de morale, Averrhoès, il doit sa réputation principalement à sa Vie de Jésus, dont le style, les descriptions et l'originalité firent le succès, et aux volumes qui suivirent: Saint-Paul, les Apôtres, Origines du Christianisme, Marc-Aurèle, l'Antéchrist, etc. Il a fait de la théologie et de la critique en amateur, de la littérature en artiste, et de la religion en sceptique.
RENATO. ou René, Camille, sicilien, converti au protestantisme, né de nouveau (de là son nom sous lequel il est seul connu), dut fuir 1542 et vint dans la Valteline, où il gagna sa vie en donnant des leçons. Grand remueur d'idées, il se fit à Chiavenna des partisans et entra en conflit avec son pasteur, le savant Mainardi. Il voyait l'essence du christianisme dans la nouvelle naissance et n'admettait aucune action objective de la mort de Christ; les sacrements n'étaient que des symboles; l'âme n'était immortelle que par la foi. Le conflit éclata en 1547. Un synode réuni à Coire, et des préavis de Bâle et de Zurich donnèrent raison à Mainardi; Renato se sépara avec quelques anabaptistes, et fut excommunié en 1550. Il entra en relations avec L. Socin, et l'arrivée de quelques réfugiés italiens lui permit de végéter encore quelque temps, mais en 1571 ils furent bannis el excommuniés par le synode des Grisons. Renato a fait un poème sur Servet. La date de sa mort est inconnue.
RENAUDOT, Eusèbe, petit-fils du médecin de ce nom, né à Paris 20 juill. 1646, étudia chez les jésuites et chez les oratoriens, fut consacré abbé sans jamais revêtir de fonctions, entra à l'Acad. française 1689, devint membre de l'Académie des Inscriptions et de l'Acad. de Florence, accompagna le cardinal de Noailles an conclave de 1700 à Rome, où il fut reçu avec distinction, et f 1 septembre 1720. Il possédait une riche biblioth. et de nombreux mss. orientaux. Un peu vaniteux et caustique, il s'était fait des ennemis. Ses principaux ouvrages sont: une Collection de liturgies orientales, avec 4 dissertations, 1716; Perpétuité de la foi catholique touchant l'Eucharistie, etc. 1711-1713; Hist. des patriarches jacobites d'Alexandrie, 1713. Ane. relations des Indes et de la Chine, de deux voyageurs mahom. qui y allèrent au 9®* siècle, 1718. Il avait aussi écrit, 1697, une critique du Dictionn. de Bayle, qui l'engagea dans une vive discussion.
RENÉ, v. Renato.
RENÉE, Renata, seconde fille de Louis Xll et d'Anne de Bretagne, née 25 oct. 1310, reçut une éducation distinguée. Sans être belle elle était agréable, ses manières étaient élégantes et affables, elle parlait parfaitement l'italien et était versée dans les classiques grecs et latins. On la maria 30 juill. 1527 avec Hercule 11 d'Esté, qui en 1529 devint aussi duc de Fer-rare et de Modène. Par ses talents et par sa grâce elle groupa autour d'elle les hommes les plus distingués et sa cour devint une des plu> brillantes de l'Italie. Mais ce qui mettait le comble aux précieuses qualités de la duchesse, c'est rattachement qu'elle professait pour les doctrines de la Réforme, que la sœur de François et sa gouvernante, M®* de Soubise, lui avaient fait connaître avant son départ pour l'Italie. Elle donna un asile à Clément Marot, qu'elle fit son secrétaire, reçut avec honneur Calvin et du Tillet, et compta parmi les familiers de sa maison des membres considérables du clergé italien qui appelaient de leurs vœux une réforme de l'Église, Contarini, Sadolet, Bembo. Calvin passa à sa cour quelques mois de 1535, sous le nom de Charles d'Espeville, et amena à la foi plusieurs personnes notables de son entourage. Mais le duc, lié vis-à-vis du pape, s'opposa à ce mouvement, fit partir Calvin et ses disciples, et finit, d'accord avec son neveu Henri II de France, par faire enfermer 1554 la duchesse elle-même dans la château d'Esté, où elle pas» quelques mois jusqu'à ce qu'elle se décida d'as sister à la messe; deux de ses filles furent mises au couvent. Elle promit à son mari, qoi t 3 oct. 1559, de rompre tout rapport arec Calvin, mais celui-ci la releva d'un engagement pris dans des circonstances qui lui étaient sa liberté- Veuve, elle continua de favoriser la Réforme; elle gouverna le duché jusqu'au retour de son fils Alphonse, mais celui-ci trompa les espérances qu'elle avait fondées sur lui, et après une rencontre avec Pie IV il donna à sa mère le choix entre l'exil et l'abjuration. Elle se rendit en France. Tante de François II, et belle-mère de François de Lorraine, duc de Guise, elle se montra la protectrice avouée des protestants, dont la condition s'améliora depuis la mort de François II, 1560. Elle choisit F. More) de Genève pour son chapelain et conducteur spirituel, et se fixa à Montargis. Bienveillante pour tons, secourable aux affligés, sévère dans ses mœurs et exigeant de son entourage une conduite honorable, s'appliquant à maintenir la paix entre les partis, elle échappa aux massacres de la Saint-Barthélemy, et f 12 juin 1575 honorée de tous, et après avoir formellement demandé que ses funérailles fussent faites conformément à la simplicité calviniste, v. Jules Bonnet. Herminjard, Catteau. Mac Crie.
RENI, Guido, ou le Guide, né 15J5 à Bologne, f 1642, élève des Carrache, fut protégé par Paul V qui le fit venir à Rome, et par Pie V qui le combla de faveurs. Il eut dans le Caravage un rival haineux et jaloux, et dans le jeu une passion funeste qui le ruina. Il finit dans les dettes et la misère. Auteur de plusieurs tableaux d'église, d'un beau coloris: le Crucifiement de Pierre, le martyre d'André (au Vatican) ont des effets hardis, violents; plusieurs Madeleine, l'Annonciation, et un Jésus couronné d'épines ont plus de douceur, mais une idéalisation un peu efféminée.
RÉORDINATION, renouvellement de l'ordination, quand on a lieu de croire que la première n'est pas valable, soit qu'elle ait été faite par un officiant non autorisé, soit qu'elle n*ait pas été faite dans la forme prescrite. Suivant les cas, on recommence toute la cérémonie, ou l'on se borne à compléter ou à rectifier ce qui a manqué à la première.
REPENTANCE, v. Pénitence.
RÉPONS, partie de l'office liturgique dans plusieurs églises, antienne redoublée; tantôt c'est le clerc, tantôt c'est l'église, ou le chœur, qui répond au prêtre, qui répète, ou qui confirme ses paroles.
REQUIEM, la Messe des Morts, ou des Ames; elle tire son nom des mots souvent répétés de la messe proprement dite: Requiem œternam doua ei$, Domine; ô Dieu, donne leur un repos éternel. On y chante le Dies irœ au lieu du Gloria. Au lieu de l'Évangile du jour, on lit des passages appropriés à la circonstance, et le lté, missa est est remplacé par le Requieseant in pâte. Les officiants s'approchent ensuite du cercueil, et pendant que l'un offre l'encens, l'autre récite le Libéra nos, le Pater et une prière d'absolution. Le costume du clergé est noir. Le rituel peut souvent être modifié, surtout pour la musique; l'orgue, l'orchestre et les chœurs sont mis à contribution pour de riches ou d'illustres morts, et de vrais oratorios, sous le nom de Requiem ont été composés dans des cas spéciaux, par des maîtres comme Mozart, Cheru-bini, Jomelli. Quelquefois le service du Requiem se répète le le 7®«, le 30^ jour, et au bout de l'an. Dans l'Égl. grecque il porte le nom de Pannychis, sorte de vigile ou de veillée, et se compose de lectures, de chants et de prières: il se célébré à volonté dans la maison, sur la tombe, ou dans l'église.
RÉSERVATION mentale, réserve ou restriction que fait dans sa pensée un homme qui affirme une chose, vraie moyennant cette réserve, mais que son interlocuteur doit nécessairement comprendre dans un sens tout différent, parce qu'il ne se doute pas de la réserve qu'on y met. On peut aussi affirmer une chose en riant, comme si c'était une plaisanterie, et soutenir ensuite, suivant la circonstance, ou qu'on l'a dite, parce que c'est vrai, ou qu'on l'a dite seulement en plaisantant, ce qui est vrai aussi. Ananias et Saphira offrent l'exemple d'une réservation mentale. Les jésuites dans leur morale, l'autorisent comme licite, vu que selon eux il n'y a pas là un mensonge proprement dit en paroles, mais seulement en intention et en réalité; c'est une des choses qui ont fourni à Pascal une de ses plus vigoureuses objurgations. Ce raffinement du mensonge est le chef-d'œuvre du système.
RESERVES (Cas), v. Cas.
RÉSIDENCE. Il va de soi que ceux qui ont charge d'âmes résident dans l'endroit même où ils doivent exercer leur ministère. Cependant, si naturel que cela paraisse, c'est un des points sur lesquels se sont de tout temps produites les infractions les plus nombreuses et les plus invétérées. La réunion de plusieurs bénéfices en une seule main rendait déjà la résidence impossible en mainte paroisse ou abbaye. Mais l'isolement, les désagréments inhérents à certains postes, une grande fortune et le désir d'en jouir, l'amour du monde, le besoin d'une activité autre que la cure d'âme, des relations de famille, d'autres motifs encore, ont souvent poussé les titulaires d'un bénéfice à se faire remplacer par des vicaires et à ne pas remplir eux-mêmes leurs fonctions. Déjà les conciles d'Are-late 314, Nicée 325, Antioche 341, s'en plaignaient et prenaient des mesures pour remédier à ce désordre. Mais les contraventions n'en ont pas moins persisté, et du 14me au 15®* siècle elles ont atteint les proportions d'un véritable scandale ecclésiastique et donné lieu à un mécontentement général, soit de la part des peuples, soit de la part des princes. Le conc. de Trente a jugé la chose assez grave pour s'en occuper dans sa 6m« et dans sa 23^ session, et pour établir « de nouveau » des peines contre les pasteurs qui ne résident pas. Il leur accorde « deux mois, trois tout au plus » chaque année, pour s'absenter, et « que cela n'arrive que pour quelque sujet juste et raisonnable, » avec permission écrite de leur supérieur, et à charge de se faire remplacer par un vicaire capable, auquel ils assigneront un salaire convenable et suffisant. En cas de contravention, ils seront privés des revenus de leur place. Les absences ne pourront avoir lieu à l'époque des grandes fêtes. Des exceptions sont faites pour les cas de pressante nécessité, d'utilité manifeste de l'Église ou de l'État, ou à l'occasion de quelque emploi ou • fonction dans l'État, attachée aux évêchés mêmes. » Dès lors les abus ont sensiblement diminué, quoiqu'ils n'aient pas entièrement disparu, et auj. grâce à la facilité des communications, le titulaire peut résider, tout en faisant momentanément les courtes absences qu'il juge nécessaires. Dans la règle, c'est à l'État qu'il doit demander la permission de s'absenter, s'il a besoin d'un congé de plus d'un mois dans l'année. La question ne s'est guère posée dans les égl. protestantes. L'Égl. anglicane seule, avec ses évêques, au 16™ et dans une partie du I7m<> siècle, a vu se perpétuer les abus de non-résidence qui avaient marqué le moyen âge.
RÉSIGNATION d'un bénéfice. Un titulaire peut résigner sa charge, soit d'une manière tacite, par le fait qu'il aura commis un acte qui le délie complètement, tel que mariage, changement de religion, acceptation d'un bénéfice incompatible; soit directement, formellement, par l'envoi de sa démission, auquel cas il faut que l'autorité compétente, l'évêque ou le pape, examine si les motifs allégués sont valables et suffisants.
RESTITUTION, v. Édit. 9<>.
RETTBERG, Fréd.-GuilL, né à Celle 21 août 1805, étudia à Gôttingue et à Berlin, fut en 1838 nommé docteur et prof, de théol. à Marbourg. t 7 avril 1849. Auteur d'une Hist. ecclés. de l'Allemagne, très appréciée, surtout pour les temps antérieurs à Charlemagne; d'une étude sur Cyprien, d'un travail sur la doctrine du salut d'après l'Évangile, et de plusieurs petits écrits et dissertations.
RETTIG, Henri - Chrétien-Michel, né 1795 à Giessen, appelé en 1833 comme prof, de théol. à Zurich, où il f 24 mars 1836. Il se fit connaître en 1832, à Giessen où il enseignait, par son livre: La libre Église protestante, ou les Principes de constitution ecclés. d'après l'Évangile. S'appuyant sur Lambert d'Avignon, il demande que l'Église soit libre et indépendante de l'État, et que les ecclésiastiques ne soient liés par aucun symbole. Il rejette le baptême des enfants et réduit à fort peu de chose le caractère sacerdotal, qui selon lui n'existe réellement que dans la fonction.
RETZ (de). Trois cardinaux, archev. de Paris, de ce nom: 1° Pierre deGondi, né à Lyon 1553, d'origine italienne, protégé de Catherine de Médicis, grand aumônier d'Élisabeth d'Autriche, femme de Charles IX, f 1616. — 2° son neveu, Henri. — 3° son petit-neveu Jean-François-Paul de Gondi, né 1614 à Montmirail, fils de Philippe-Emmanuel, commandant des galères du roi. Par une jeunesse licencieuse il espérait se soustraire à la carrière ecclésiastique à laquelle sa famille le destinait, mais il fut obligé de s'y mettre, étudia la théol. sous Vincent de Paul, se distingua comme prédicateur, fut nommé docteur en théol. en 1643 à la Sorbonne, et devint coadjuteur de son oncle, puis archev. de Paris. Ambitieux, mais sans une véritable portée politique, libéral, intrigant, brouillon, spirituel, généreux, if se rendit populaire, prit parti contre Mazarin et contre les jésuites, déchaîna la Fronde, sans toutefois s'engager avec l'Espagne, se rapprocha d'Anne d'Autriche, ce qui lui valut le chapeau de cardinal. Mais après le rétablissement de l'ordre 1652, il fut arrêté, sans que le peuple fit rien pour le délivrer; enfermé à Vincennes, puis à Nantes, il réussit à s'évader et se rendit successivement en Espagne, à Rome et à Bruxelles. Après la mort de Mazarin il put rentrer en France, mais en renonçant à l'archevêché de Paris; il reçut en échange l'abbaye de Saint-Denis, renonça à la politique, paya ses dettes, et se retira à Saint-Mihiel en Lorraine, où il écrivit ses Mémoires. La fin de sa vie fut régulière et tranquille, f 24 août 1679.
REUCHLIN, Jean (de), né à Pforzheim le 22 févr. ou le 28 déc. 1455; fils d'un messager au service des dominicains. Il étudia à Pforzheim, et fut bientôt, à cause de sa belle voix, attaché à la chapelle du margrave Charles de Baden-Durlach. En 1470 il se rendit à l'univ. de Fribourg, et accompagna en 1473 le prince Frédéric de Baden & Paris, où il se mit à l'étude du grec. Il vint ensuite à Bâle, et reçut, d'nn Grec réfugié, Kontoblakos, des leçons qui furent décisives pour son avenir. C'est là qu'il publia son premier ouvrage, BrevUoquus, petit dictionnaire latin. Nommé maître ès philosophie, il commença en 1477 des lectures sur la langue et la littérature grecques, mais la faculté ne les voyant pas d'un bon œil, il repartit pour Paris* où il gagna sa vie en copiant des classiques grecs, Homère, Socrate, Aristote. Il étudia en-snite le droit à Orléans, où il prit le grade de bachelier, et publia en 1678 une grammaire grecque, Micropaedia. A Poitiers enfin il devint licencié en droit, et muni de tous ces titres il revint à Tubingue comme avocat et prof, de grec. L'université le nomma docteur en droit.
comte de Wurtemberg, Eberhard im Bart, se l'attache comme secrétaire et l'emmène avec lui à Rome. Au retour il se lie à Florence avec le platonicien Ficin et avec le cabaliste Pic de la Mirandole, qui le gagnent à leur philosophie, à leur mysticisme et à leur goût pour les sciences occultes. C'est à Rome que l'humaniste Her-molas Barbarus, donna à Reuchlin, dont le nom signifie petite fumée, le nom de guerre de Kapnion qui en est la traduction grecque. Grâce à la protection d'Éberhard, R. fut nommé comte palatin et fut un moment mêlé à diverses négociations, mais les études restèrent toujours pour lui au premier plan. A Linz, à la cour de l'empereur, il apprit l'hébreu d'un savant juif, Jacob ben Jehiel Loens, et non content du sens littéral il chercha dans les écrits sacrés un sens mystique, qui aboutit à la publication de son De verbo mirifico, Bâle 1494. Il écrivit aussi un traité sur l'état présent des juifs, 1505; une petite Gramm. hébraïque, dont il était très fier, 1506; un livre sur l'Art cabalistique 1517, etc. Pendant un exil à Heidelberg, il écrivit quelques comédies, entre autres une, Sergius, contre les moines, et des leçons sur l'Art de prêcher. Mais il avait signalé des erreurs dans la Vulgate, et il n'en fallait pas davantage pour le rendre suspect d'hérésie et pour préparer les orages qui le menaçaient. La situation des juifs en Allemagne était précaire. Deux juifs convertis, Karben et PfefTerkorn, obtinrent de Maximilien que les livres juifs fussent livrés et détruits, 1509; ils avaient pour eux l'arche v. et les dominicains de Cologne, mais le prince-archev. de Mayence, Uriel de Gemmin-gen, plus éclairé, s'opposa à cette exécution sommaire, et il fut secondé par Reuchlin. Hochstraten. prieur des dominicains et inquisiteur, profita de ce prétexte pour attaquer violemment Reuchlin dans son Handspiegel; celui-ci riposta avec non moins de violence par le Augenspiegel; Léon X appelé à trancher la question, et ne voulant se brouiller ni avec las dominicains, ni avec les humanistes, fit des réponses dilatoires, mais qui en réalité donnaient raison à Reuchlin. Hutten publia même à cette occasion son poème latin le Triomphe de Kapnion. Toutefois, ennuyé de ces luttes qui l'empêchaient de travailler, Reuchlin quitta Stuttgard 1513, se remit à l'enseignement de l'hébreu et du grec à Ingolstadt 1519, revint à Stuttgard en 1521, et il était sur le point d'accepter une nouvelle vocation àTubingue, lorsqu'il f 30 juin 1522. Un peu anxieux il avait appris à craindre l'Église et l'Inquisition, et il évita de se compromettre dans le grand mouvement de la Réforme. C'est lui cependant qui engagea son neveu Mélanchthon à se rendre à Wittenberg.
REUSCH, François-Henri, né 4 déc. 1825 à Brilon, Westphalie, étudia à Bonn, Tubingue et Munich; prit ses grades théologiques à Munster et reçut les ordres à Cologne en 1849. Répétiteur en 1854, puis prof, d'exégèse à la faculté de théol. catholique de Bonn depuis 1861, il fut suspendu en 1871 par l'archev. de Cologne et excommunié en 1872, à cause de son opposition au dogme de l'infaillibilité. Un des principaux chefs du parti vieux-catholique. Auteur de Comment, sur Baruc et Tobie, d'une Introd. à l'A. T., d'une étude appréciée sur la Bible et la Nature, ou les récits de Moïse et les résultats de la science contemporaine, etc. Il publie depuis 1866 une Revue de théologie.
REUSS, deux petites principautés allemandes, arrosées par l'Elsteret la Saale. L'Évangile y fut introduit sous Henri I<*r, et la plus vieille église date de 974. La Réforme eut de la peine à s'y établir; cependant vers 1552, sous Henri Y de Plauen, une Constitution et des Ordonnances ecclésiastiques réglaient déjà le nouvel ordre de choses. La famille des princes de Reuss se rallia au mouvement religieux dès le commencement du 18me siècle; des réunions se tenaient dans leurs palais, qui accordaient aux fidèles une large et cordiale hospitalité. La première femme de Zinzendorf, Erdmuthe-Dorothée, était une Reuss, et fut la vraie mère de Herrnhut et du peuple de Dieu. Plusieurs membres de la famille se rattachèrent à la colonie d'Ebersdorf, fondée 1733. La comtesse Bénigne-Marie, sœur de la comtesse de Zinzendorf, 1695-1751, et d'autres encore, s'y joignirent et se distinguèrent par leurs écrits, leurs cantiques et leurs fondations pieuses.
REUSS, Édouard-Guill.-Eugène, né à Strasbourg, 18 juillet 1804, fit ses études classiques à Strasbourg, visita GOttingue, Halle et Paris, et revint en 1829 dans sa ville natale où il se fixa définitivement, s'occupant surtout d'études bibliques et orientales. Prof, extraordinaire en 1833, ordinaire en 1836, il passa en 1838 à la faculté de théologie. Il a écrit en allemand, et surtout en français. Ses principaux ouvrages sont une Hist. du Canon du N. T., une Hist. du Canon des saintes Écritures dans l'Égl. chrétienne, une Hist. de la théol. chrét. au siècle apostolique 1852, plusieurs fois réimprim.; la réimpression des Œuvres de Calvin (avec Baum et Kunitz) faisant suite au Corpus Refor-matorum; une BibliothecaNov. Test.;une étude sur les Variantes du N. T.; de nombreux articles dans diverses Revues de théol. à Strasbourg, Iéna, etc.; enfin une Nouvelle version de la Bible, avec Commentaire. Plusieurs de ces ouvrages ont une grande importance et lui assignent une place considérable parmi les théologiens français.
RÉVEIL, expression qui dans le sens religieux est empruntée à Ésaïe 60, i. Éph. 5, 14. L'âme endormie dans l'indifférence ou le péché, se réveille sous une influence extérieure ou intérieure; une lecture, une prédication, un appel, une épreuve la ramène à la conscience de sa valeur et de ses intérêts; elle rentre en elle-même, elle reconnaît des torts, des illusions, des vanités, des péchés, une corruption qu'elle ne soupçonnait pas auparavant; elle a des besoins nouveaux, elle se détourne des citernes crevassées, et elle se convertit à Celui qui est la vérité et la vie. Il y a des réveils individuels, parfois aussi des réveils collectifs. Des communautés entières, des nations même peuvent à certains moments sortir de leur léthargie spirituelle et comprendre que leur manière d'être les conduit directement à leur ruine et à leur perdition. De grandes catastrophes, des épidémies, des guerres malheureuses servent quelquefois à réveiller les nations; d'autres fois aussi l'excès du mal, du matérialisme, de l'irréligion, suffit à amener une réaction salutaire. Presque toujours l'initiative d'un ou de quelques hommes préside à ce mouvement, et c'est leur ardeur et leur piété, plus que leur talent, qui décide du succès de leurs appels et de leur prédication. Il y a eu réveil à Florence au temps de Savonarola. La Réforme a été un grand réveil. L'Allemagne sous Spener, l'Angleterre sous les deux Wesley, se sont réveillées du sommeil d'une orthodoxie morte et traditionnelle. Au commencement de ce siècle, après le règne de l'incrédulité couronné par la révolution et par les guerres de l'empire, le sentiment religieux s'est réveillé dans presque tous les pays du continent, en Angleterre et en Amérique, et il s'est manifesté par un redoublement de zèle missionnaire, par une littérature biblique plus saine, par la fondation de nombreuses écoles du Dimanche, d'Unions chrétiennes, de Sociétés religieuses, et par le rapprochement des diverses Églises et dénominations sur le terrain de la foi qui leur est commune. On a désigné sous le nom anglais de Revivais, qui n'est que la traduction du mot Réveil, les grands mouvements qui ont eu lieu, en Angleterre et en Amérique surtout, sous l'influence de puissants prédicateurs, tels que Wesley, Whitefield, Jonathan Edwards, et qui ont fini par avoir une espèce de règle et d'organisation, qui rappelle de loin, et en bien, les Exercices spirituels d'Ignace de Loyola. Ceux qui ne comprennent pas la vie religieuse et les transports de l'amour chrétien, n'y ont vu qu'une excitation maladive et un phénomène de la nature des névroses. Il est possible que quelquefois le réveil se soit compliqué d'éléments étrangers, mais il est en lui-même la manifestation de l'homme nouveau, qui passe des ténèbres à la lumière, v. Discours de Finney, trad. par A. Bost. Il est possible que parfois il se joigne quelque chose de factice à une oeuvre d'ailleurs spirituelle; c'est ce qu'on a reproché aux wesleyens, et plus récemment à l'Armée du Salut; l'ivraie se mêle quelquefois au bon grain; mais aussi longtemps qu'on n'aura pas une œuvre pure de tout mélange, il vaudra mieux accepter les inconvénients avec les avantages que de rester dans le sommeil et dans la mort.
REVOCATUS, v. Perpetua.
RHAGIUS, v. Ragius.
RHABAN MAUR, v. Raban.
RHEIMS, v. Reims.
RHEINWALD, Georges-Fréd.-Henri, né!80î à Scharnhausen près Stuttgard, prof, de théol. à Berlin, puis à Bonn; entra plus tard à Berlin dans l'administration des cultes, f 1849. Auteur d'un Comment, sur les Philippiens; d'une Ar-chéol. chrétienne; éditeur de quelques réimpressions théol., et l'un des fondateurs de la Gazette ecclés. de Berlin.
RHEMOBOTH, Jérôme, Lettre à Eustoche, mentionne sous ce nom une espèce de moines, assez nombreux en Syrie et en Palestine, indépendants de toute règle, associés ordinairement par deux ou trois, vivant du travail de leurs mains, et fréquemment en contestation les uns avec les autres. Cassien mentionne en Egypte, l'existence de moines analogues sous le nom de Sarabaïtes.
RHÉTIE (Confession de foi de la). A l'occasion des difficultés soulevées dans la Valteline par les réfugiés italiens, v. Renato, le synode des Grisons décida que des ordonnances ecclésias-ques et une Confession de foi seraient rédigées pour le pays. La Confession fut lue et adoptée en automne 1552, puis en avril 1553 transmise par Comander à Bullinger pour approbation, et enfin acceptée et signée en synode avec les autres ordonnances. Quelques Italiens seulement, et à leur tête Vergerio, hésitèrent d'abord, mais finirent par se décider. La partie polémiqué de cette Confession vise surtout les Italiens.
RHODES, v. Dict. de la Bible. Le christianisme y fut apporté au 4®* siècle, par la volonté des empereurs, et n'y remplaça que lentement et difficilement le culte païen. Son célèbre colosse, représentant Apollon ou le Soleil, construit 300-288 av. C. fut renversé par un tremblement de terre 232 ou 222 av. C. Les chevaliers de Saint-Jean arrachèrent File aux empereurs grecs 1309 et s'y établirent sous le nom de Chevaliers de Rhodes. Soliman II les en chassa après un siège célèbre 1522, et Char-les-Quint leur donna l'Ile de Malte, dont ils prirent le nom sous lequel ils sont connus aujourd'hui.
RIBADENEIRA (Pierre de), né 1 nov. 1527 à Tolède, envoyé pour son éducation à Rome, où Loyola l'admit 1540 dans son ordre qui venait à peine d'être fondé. Il étudia ensuite à Paris 1542, à Padoue 1545, et fut nommé prof, de rhétorique à Palerme 1549. Il concourut à la fondation du collège germanique, dont il fut nommé directeur en 1559, travailla à l'organisation de l'ordre en Belgique, fut provincial pour la Toscane, assistant du général, et finit à cause de sa santé ébranlée, par retourner en Espagne, où il f 1 oct. 1611. C'est lui qui a commencé la Biblioth. des écrivains de la Soc. de Jésus, continuée par Alegambe et Nathan Sotwel.
RICCI lo Matthias, né 6 oct. 1552 à Macerata, Marche d'Ancône, et voué à la prêtrise; il entra 1571 dans l'ordre des jésuites, fut envoyé en Chine 1578, et obtint 1583 du gouvernement de Canton la permission de s'établir à Tschao-King-Fu; il finit même par y bâtir une église. II écrivit un catéchisme, et pour flatter les Chinois il fit une carte du monde dans laquelle la Chine brillait par son immensité, dépassant en grandeur tout le reste de la terre. Il réussit en 1600, après avoir échoué en 1595, à pénétrer jusqu'à Pékin, déguisé en mandarin, et se fit des amis avec de petits cadeaux, montres, images, etc. Par ses connaissances mathématiques il gagna la confiance du roi; ses talents en musique et en peinture lui furent également utiles. Mais quant à l'œuvre missionnaire, il la compromit en donnant le christianisme comme la restauration de la doctrine de Confucius altérée et oubliée. Il tolérait les sacrifices offerts à Confucius et aux ancêtres, et ce christianisme dénaturé n'aboutit à rien. Il a laissé 15 livres en chinois, f 11 mai 1610.
2° Ricci, Laurent, 18me général des jésuites, né à Florence le 9 sept. 1703, élu en 1758 après avoir déjà rempli diverses fonctions à Sienne et à Rome, envenima sous Pombal les rapports déjà si tendus entre l'ordre et le Portugal, s'opposa au débarquement des jésuites chassés de Portugal et d'Espagne, et assista à la suppression de l'ordre par Clément XIV. Il fut conduit au château Saint-Ange le 21 sept. 1773 et y passa deux ans, accablé des plus mauvais traitements. f 29 nov. 1775, en protestant de son innocence et de l'innocence de l'ordre. Le pape lui ayant demandé quelques réformes, qui auraient pu sauver les jésuites, il s'y refusa obstinément et répondit: Stn< ut sunt, aut non tint. Il ne sentait pas la nécessité d'une réforme, et d'ailleurs il aurait été sans force pour l'exécuter.
3° Scipion Ricci, petit-neveu de Laurent, év. de Pistoie, né 9 janv. 1741 à Florence, étudia chez les bénédictins, et fut nommé chanoine et auditeur de la nonciature. Il favorisa les réformes de Léopold et de Joseph, et les fit agréer par le synode de Pistoie, mais elles furent rejetées par le conc. de Florence 1787 et annulées par Pie VI. Partisan des décrets de l'Assemblée Constituante et de l'occupation française, il fut emprisonné par le pape 1799. Pie VII l'amena 1805 à se rétracter, mais il n'en reste pas moins un martyr de la liberté de conscience, f 27 janv. 1810. Vie par Potter.
RICCIARELLI, Daniel, plus connu sous le nom de Le Volterran, du nom de sa ville natale, Vol terra. Né 1509, + 4567. Peintre et sculpteur, le plus célèbre des disciples et amis de Michel-Ange, parfait comme dessin, admirable dans les raccourcis, moins brillant coloriste. Il a travaillé pour Paul III, Marguerite d'Autriche, Catherine de Médicis. Sa descente de croix est un chef-d'œuvre. On remarque aussi la Mise au Tombeau, Marie auprès du cadavre de son fils, la Sainte Famille, le Massacre des Innocents, David et Goliath, etc.
RICETTO, Antonio, de Vicence, allait avec-quelques amis, partir pour la D.ilmatie, quand leur barque fut arrêtée à Capo d'Istria, et eux retenus comme suspects, et conduits à Venise. Ils étaient protestants. Bucella se rétracta. Ri-cetto résista à toutes les séductions, même aux prières de son jeune fils, et le 17 févr. 1565 il fut condamné à mort. Le capitaine Chiaramonte lui offrit par une phrase équivoque l'occasion de se sauver encore, mais il refusa de s'y prêter, et quand le gondolier qui allait le noyer lui demanda s'il ne craignait pas la mort, il répondit: Je fuis la mort éternelle. Six jours après, son ami Francesco Sega, qui avait profité de l'équivoque, allait le rejoindre, encouragé par Spi-nola, 23 févr. 1565.
RICHARD lo de Saint Victor, écossais de naissance; successeur de Hugues dans la direction de l'école de Saint-Victor, Paris, il pencha plus encore vers le mysticisme et chercha même, le premier, à réduire le* mysticisme en un système scientifique. Ses nombreux ouvrages l'avaient fait surnommer le Grand Contemplateur. Il donnait à la mystique le nom allégorique de Benjamin, et a écrit sous ce titre un: Benj. major , ou l'Arche mystique, et un Benj. minor, ou Préparation de l'âme à la contemplation; en outre quelques traités sur la Trinité, l'Incarnation du Verbe, la différence entre le péché mortel et le péché véniel, l'Instruction de l'homme intérieur, etc. Il était grand ami de Bernard de Clairvaux. f 1173.
2° R. l'Ange, on l'Anglais (Anglicus), docteur de l'univ. de Bologne au 12me siècle, a rédigé des Notes pour le Décret de Gratien, et des Gloses sur les décrétâtes des papes.
3o év. de Ghichester, f 1253; canonisé.
4o Richard Simon, v. Simon.
RICHELIEU, cardinal Armand-J. dn Plessis, né 1585 à Paris, s'était déjà fait connaître comme controversiste, quand Louis XIII le choisit pour premier ministre. Évêque de Luron depuis 1607, et aumônier de Marie de Médicis 1615, il écrivit: Principaux points de la foi cathol. contre la Lettre des 4 ministres de Charenton, et l'Instruction du chrétien. Cependant une fois aux affaires il ne fit plus guère de la religion qu'une question politique, et s'il s'occupa quelquefois de convertir des notabilités huguenotes, ce fut plutôt en amateur et pour s'entretenir la main. « Autres, disait-il, sont les intérêts de l'État, et autres les intérêts du salut de nos âmes. » Il disait encore: « Les diverses créances ne nous rendent pas de divers États; divisés en foi, nous vivons sous un prince au service duquel nul catholique n'est si aveugle d'estimer, en matière d'État, un Espagnol meilleur qu'un Français huguenot. » Mais ces beaux principes ne l'empêchaient pas d'offrir de l'argent aux ministres, de convertir La Trémouille en trois jours et de faire le siège de La Rochelle. Ce qu'il rêvait avant tout, c'était l'unité du royaume. Il aurait voulu même réunir les deux Églises, et il s'en préoccupa sérieusement. Après la prise de La Rochelle 28 oct. 1628, et la paix d'Alais avec Rohan 27 juin 1629, il publia (14 juillet) l'édit de grâce de Nîmes, qui, respectant la liberté de conscience et l'égalité des citoyens des différents cultes, mettait fin à l'existence des huguenots comme parti politique, et les livrait au bon vouloir du gouvernement. Il fit d'ailleurs respecter cet édit aussi longtemps qu'il vécut, et s'il y eut encore des persécutions, elles furent toutes locales ou cléricales. Il prit parti pour Gustave-Adolphe contre l'Espagne et l'Autriche, et pria le nonce de ne pas s'inquiéter pour la sûreté de sa conscience. Il sépara touj. le temporel du spirituel, et protégea la religion sans abandonner aucun des droits et des privilèges du monarque. L'Égl. catholique est loin de l'avoir canonisé, et le protestantisme doit à sa politique plus de reconnaissance qu'on ne l'a cru longtemps, ce qui ne l'absout pas des cruautés que lui a dictées la raison d'Etat, ni d'avoir cru « que sa robe rouge de cardinal pouvait tout couvrir. » f 4 déc. 1642.
RICHER lo bénédictin du couvent de Saint-Remi, Reims, vers l'an 1000; auteur de 4 livres sur l'Hist. de France 884-995, et d'Annales 995-998. — 2° Edmond, né 1560 à Chaource près Langres, Aube, d'une famille très modeste, étudia à Paris où il devint en 1590 docteur et prof, de théol., en 1594 directeur du collège do cardinal Lemoine, en 1606 syndic de la faculté de théologie, f 28 nov. 1631. Zélé gallican, et mettant les conciles au-dessus du pape, il ent beaucoup à souffrir pour ses convictions, fat destitué, emprisonné, et ne dut qu'à l'intervention de la faculté de n'être pas conduit à Rome. On a de lui une édition de Gerson 1607, une Apologie de ce travail, dirigée contre Bellar-min; un traité De ecrlesiaet. et polit. pote$tate 1611, publié à l'instigation du président du parlement. Il s'était aussi opposé à la soutenance de thèses en faveur de l'infaillibilité papale.
RICHTER lo Jean-Panl, 1763-1825, célèbre philos, et écrivain. On cite en particulier de lui un traité sur l'Immortalité de l'âme. —2o Émile-Louis, né 15 fév. 1808, avocat et docteur en droit, à Leipzig depuis 1829, en 1838 à Marbourg, appelé à Berlin en 1846 comme prof., entra comme conseil an ministère des cultes en 1859, et f 8 mai 1864. S'est occupé surtout du droit canon dans ses livres et ses journaux, et a pris une part active aux discussions d'organisation ecclés. dans le sens d'une Union positive, telle que Nitzsch la voulait. — 3o Jean-Henri, directeur de la maison des missions de Barmen, né H déc. 1799 à Belleben, comté de Mansfeld, fit la campagne de 1813 comme volontaire et commença ensuite sa théol. à Halle. Outre ses rapports missionnaires, il a pnblié avec son frère un Comment, de la Bible, très estimé, f 5 avril 1847.
RICULF, archev. de Mayence, successeur de Lulle, 787-813, ajouta à son diocèse celui de Buraberg.
RIDLEY lo Nicolas, né 1500 dans le Nor-thumberland, étudia à Paris, Cambridge et Louvain. Savant, éloquent, il était évêque catholique de Londres au moment de la Réforme, et suivit Cranmer dans ce grand mouvement religieux. Après avoir été sous Henri VUI év. de Rochester. puis de Worcester sous Édouard VI, il fut arrêté avec Latimer de Londres sous Ma-rie-la-Sanglante, et tous les deux traînés à Oxford et brûlés 16 oct. 1555. Il mourut avec calme et courage. — 2o Glocester, ainsi nommé parce qu'il naquit 1702 en mer sur le vaisseau de ce nom. Il entra d'abord au théâtre, et joua la tragédie. Puis il se voua à l'Église et devint un prédicateur distingué, f 1774. Auteur d'une Vie de l'év. Ridley, Essai sur le card. Pôle, le poème de Psyché, etc.
RIEGER lo George-Conrad, né 7 mars 1687 à Cannstadt, fils d'un conseiller, fat d'abord répétiteur à Tubingue, puis pasteur à Urach et à Stuttgard. f 16 avril 1743. Prédicateur distingué, il appartenait à l'école du réveil piétiste, et a laissé des sermons et de nombreux ouvrages d'édification. — 2° Charles-Henri, son fils, né à Stuttgard 16 juin 1726, chapelain du roi, conseiller consistorial, auteur de sermons et de méditations très évangéliques, un peu dans l'esprit de Bengel. f 15 janv. 1791. — 9o Made-laine-Sybille, née 1707 à Maulbronn, femme d'un frère du précédent, poète distinguée et couronnée; auteur de plusieurs cantiques estimés. f 1786.
RIEGGER lo Paul-Joseph (de), prof, de droit canon à Vienne en 1753, combattit l'ultramon-tanisme au nom des droits de l'État. Né 29 juin 1705 à Fribourg, + 8 déc. 1775 à Vienne. — 2° Son fils Joseph-Antoine-Étienne, né 13 févr. 1742 à Innsbruck, publiait à 16 ans une étude littéraire sur Térence et Plaute; prof, de droit à Fribourg, il soutint que les gouvernements peuvent faire payer l'impôt au clergé et aux biens ecclésiastiques, ce qui lui valut un appel à Prague 1778, puis à Vienne 1782. Il retourna il Prague comme conseiller du gouvernement, mais les circonstances le servirent mal et il tomba dans la pauvreté, f 5 août 1795. Il était zélé partisan des réformes de l'emp. Joseph.
RIEHM, Édouard-Ch.-Aug., né 29 déc. 1830 à Diersbourg, Bade, chapelain militaire à Matin-heim, prof, à Heidelberg, puis à Halle qui lui donna le titre de docteur en théol. Auteur de plusieurs dissertations, traités et comment sur l'A. et le N. T., et depuis 1865 l'un des rédacteurs des Studien und Kritiken.
RIENZI, ou Rienzo (Cola ou Nicolas-Laurent di), né 1313 à Rome, fils d'un pauvre cabaretier et d'une blanchisseuse, reçut une éducation secondée par de grands talents naturels et se complut de bonne heure dans l'étude des classiques romains, surtout de Tite-Live et de Salluste, qui enflammèrent, son patriotisme et son imagination. II rêva de rendre à Rome son ancienne grandeur, et d'en faire la maîtresse du monde, en groupant autour d'elle toutes les républiques de l'Italie. Notaire de la ville, il fit partie d'une députation chargée en 1343 de se rendre auprès de Clément VI à Avignon pour le prier de revenir à Rome. A cette occasion il se lia avec Pétrarque d'une étroite amitié. Son éloquence le fit remarquer; le pape le nomma notaire apostolique, et de retour à Rome, Rienzi fit connaître ses projets et son plan qui furent accueillis avec enthousiasme par le peuple. Le 20 mai 1347 il proclama la nouvelle constitution, se rendit en procession solennelle au château Saint-Ange, puis au Capitole, et annonça l'avènement d'une nouvelle ère. Il prit, ou reçut les titres de tribun et de libérateur, avec un pouvoir dictatorial, dont il usa d'une manière excessive. Il chassa les barons et les sénateurs, fit la guerre aux bandits, mit à mort leurs principaux chefs, nomma des ambassadeurs, et vit plusieurs villes se soumettre à lui. Quelques puissances étrangères parurent même le reconnaître pour un souverain. Mais son orgueil lui fut funeste. Le 15 août il se fit couronner de la septuple couronne. Il affecta de se baigner dans la baignoire de Constantin. Il invita Charles IV et Louis de Bavière à se présenter devant son tribunal, et après avoir été odieux, il devint ridicule. Les nobles marchèrent contre lui, et le peuple, las de sa tyrannie et de ses gaspillages, refusa de le défendre. Le 15 déc. il se réfugia au château Saint-Ange, mais il n'y put tenir et il quitta Rome en janvier 1348. Il se rendit d'abord dans les environs de Naples, mêlant la politique aux rêveries mystiques, s'affilia aux spirituels du mont Majella, pratiqua l'ascétisme, prêta l'oreille aux prétendues révélations du frère Angelo, et tout à coup, en 1350, se rendit à Prague auprès de l'emp. Charles IV, à qui il se donna pour un fils naturel de son grand-père Henri VII. Bien reçu d'abord, mais surveillé, il finit par être livré à Clément VI d'Avignon. Le successeur de celui-ci, Innocent VI, comprend la valeur de Rienzi et le parti qu'on en peut tirer; il le garde quelque temps comme prisonnier, mais en lui laissant une liberté relative et sans le gêner, ni dans ses études, ni dans sa correspondance. A la fin pour essayer de calmer les Romains mécontents, et pour profiter de la popularité de Rienzi, il le leur envoya comme sénateur et comme son délégué, mais sous la direction de son légat Al -bornoz. Rienzi resta quelque temps à Pérouse, el ce ne fut que le 1®r août 1354 qu'il se décida à entrer dans Rome. Il fut reçu avec enthousiasme, mais cela dura peu. Il combattit avec une sage énergie les abus et les brigands, fit trancher la tête à Montréal, chef de ces derniers, mais s'aliéna la population par des exécutions sommaires et par des procédés tyran-niques. Il périt clans une émeute le 8 oct. 1354 au moment où il allait s'enfuir. Singulier mélange de despotisme et d'aspirations libérales, de courage et de lâcheté. Son corps fut mutilé et brûlé. V. le roman de Lytton. Vie par Du-jardin, Ducerceau, etc.
RIMINI, ville fortifiée des anciens États de l'Église, donnée aux papes par Pépin. Elle est célèbre par le conc. de 359, où l'arianisme fut d'abord condamné, mais où sous la pression de l'emp. Valens, les orthodoxes se laissèrent entraîner à signer une formule qui rappelait celle du 3»* de Sirmium, et donnait ainsi gain de cause aux ariens. — Patrie de la belle et malheureuse Françoise de Rimini, chantée par Dante.
RINCK, Melchior, anabaptiste, d'abord pasteur à Hersfeld 1523, puis dans les environs d'Eisenach, où il se lia avec Munzer et devint son disciple. En 1524 il prit part à la guerre des paysans, échappa à la bataille de Franken-hausen, et regarda sa délivrance comme un appel de Dieu à continuer l'œuvre de Munzer. Après avoir erré quelcpie temps en Suisse, il revint en Hesse et en Thuringe, où son éloquence lui procura de grands succès. Les théologiens de Marbourg essayèrent en vain de le ramener à la foi de l'Église. Menacé par Philippe de Hesse, il s'enfiiit, se rendit dans la Frise orientale, où il rebaptisa plus de 300 personnes. Chassé de là, plusieurs fois emprisonné, il réussit à s'évader, passa en Saxe, revint en Hesse, et périt, à ce que l'on croit, dans l'affaire de Munster 1536.
RINGWALDT, Barthélémy, né 1530 à Francfort s. l'Oder, f 1598 à Langenberg, bon prédicateur, mais plus connu par ses cantiques et par quelques ouvrages d'édification, entre autres par un drame Spéculum Mundi, où il montre comment de tout temps les pasteurs fidèles ont été persécutés. Il attendait la fin du monde pour 1684.
RINKART, ou Rinckart, Martin, né à Eilen-bourg 23 avril 1586. fils d'un tonnelier, étudia à Leipzig la théol. et la musique, et après avoir occupé différents postes comme pasteur, finit par être nommé archidiacre dans sa ville natale, où il f 8 déc. 1649. Homme pieux, il eut tour à tour à souffrir de la guerre, de la peste et de la famine. On lui doit plusieurs beaux cantiques, entre autres Nun danket aile Gott, inspiré par Écclésiastiq. 50, 24-26; une tragédie sur Munster, Monetarium Seditiosum, et quelques ouvrages d'édification.
RIST, Jean, né 8 mars 1607 à Ottensee, Hols-tein, où son père, d'une famille patricienne, était pasteur. Il étudia la théol., les mathématiques et la médecine, à Rostock, Utrecht, Leyde et Leipzig, accepta une place de précepteur, et fut en 1635 nommé pasteur à Wedel, puis conseiller ecclésiastique. Couronné pour ses poésies 1644, il fut anobli par l'empereur et nommé palatin. Membre de plusieurs sociétés utiles, dans lesquelles il était appelé le Vaillant, il fonda en 1656 l'ordre du Cygne de l'Elbe, f 31 août 1667. Marié deux fois il laissait 5 enfants de sa première femme. On lui a reproché de l'orgueil, mais c'était celui de son temps, celui d'un homme qui connaît sa valeur; il était fidèle et zélé dans son ministère et les épreuves ne lui manquèrent pas. On a de lui un grand nombre de poésies, entre autres 658 cantiques, les uns très bons, plusieurs un peu délayés. Mis en musique par des compositeurs connus, ils étaient chantés dans beaucoup d'églises, mais il ne les fit pas chanter dans la sienne.
RITSCHL lo Georges-Ch.-Benjamin, né à
Erfurt 1 nov. 1783, f à Berlin 18 juin 1858, avait étudié à Iéna. Il occupa différents postes à Berlin et fut en 1827 nommé évéque et surintendant de la Pomèranie; il donna sa démission en 1854. Il resta jusqu'à la fin conseiller honoraire du Consist. supérieur. — 2* Albert, son fils, né 25 mars 1822. après de bonnes études, s'établit à Bonn en 1846 et ne tarda pas à y être nommé professeur; en 1864 il fut appelé à Gôttingue. Un moment disciple de l'école de Tubingue, il s'en sépara de bonne heure. Auteur de plusieurs ouvrages exégétiques, historiques et dogmatiques: l'Evang. de Luc, celui de Mar-cion, les Vieux catholiques, la doctrine de la Justification, etc.
RITTER, Érasme, bavarois, appelé 1522 â Schaffhouse comme prédicateur pour combattre Hofmeister, finit par se joindre lui-même à la Réforme et travailla à l'établir. U épousa la sœur de l'abbé de Tous-les-Saints, qui de son côté épousa une religieuse. Très décidé zwin-glien, il entra en conflit avec son collègue Bnr-gauer, et dans l'intérêt de la paix on les renvoya tous les deux. Il se tourna vers Berne: dès lors ses traces disparaissent.
RITUALISME, v. Pusey.
RITUEL, livre indiquant les formes à suivra pour les cérémonies. Assez longtemps une certaine latitude a régné sur ce point dans les divers pays, mais le conc. de Trente ayant exprimé le vœu que la plus grande uniformité possible présidât au culte et aux prières liturgiques. Paul V fit composer le Rituel Romain, fornk* des anciens rituels, et le publia en juin 1614. n traite des sacrements, des processions, etc. h* bref qui l'introduit le recommande à toutes les églises, mais ce n'est que peu à peu qu'il remplaça en France le rituel gallican. Benoît XIV en publia une nouvelle édition, augmentée et améliorée.
RIVET, André, né 1573 à Saint-Maixent, Poitou; élevé à Niort, La Rochelle et Orthez: consacré en 1595, pasteur à Thouars jusqu'en 1620 et chapelain de Claude de la Trémoille: délégué à cinq synodes; prof, de théol. à Leyde 1620 à 1632, enfin directeur du collège d'Orange et de l'École illustre à Breda, où il f janv. 4651. Marié 1590 avec Suzanne Oiseau, dont il eut 4 fils et 3 filles; remarié 1621 avec Marie Du Moulin, sœur de Pierre et veuve du capitaine des Guyots. Calviniste strict et rigide, il a laisse de nombreux ouvrages de controverse, de polémique, de dogmatique et de critique sacrée; il n'a pas toujours sû éviter les personnalités blessantes, qui étaient dans les mœurs du temps. Il a combattu surtout l'école de Saumur, Amy-raut et l'universalisme hypothétique. Délégué au synode de Dordrecht, il n'a pu s'y rendre, Louis XIV l'ayant défendu sous peine de mort.
ROBE (La sainte). La robe sans couture sur laquelle les soldats jetèrent le sort, Jean 19, 23. était nne espèce de tunique, tissée d'une seule pièce. Plusieurs égl. catholiques prétendent la posséder, Trêves, Argenteuil, le Latran; il y en a en outre de nombreux morceaux en divers lieux, San Salvador, etc., car les chrétiens ont fait ce que les soldats païens n'ont pas osé faire; ils l'ont déchirée. Enfin une tradition dit qu'elle est encore à Jérusalem, par conséquent sous la protection des Turcs. La plus célèbre de toutes est celle de Trêves, qui fut exposée en 1844, qui donna lieu k un redoublement d'audace et de zèle ultramontain, et qui provoqua par réaction les protestations de Ronge et la formation de l'Égl. catholique allemande. Cette robe n'est pas une tunique, mais une chasuble; elleauneou deux légendes, plusieurs fables et une histoire. L'histoire date de 1132; la robe a été donnée en 1121 k l'église de Saint-Nicolas k Trêves par l'archev. Brunon; elle avait été trouvée par Jean 1er. Sa première exposition eut lieu *>n 1512. Mais déjà vers le H me siècle les légendes se formaient peu k peu, et sans beaucoup d'égards pour la vraisemblance historique. L étoffé aurait été filée par la vierge Marie, tissée >ur le mont des Oliviers par l'imper. Hélène, et la robe portée par l'enfant Jésus et grandissant avec lui. Après sa crucifixion Hérode la donna, tachée de sang à un Juif qui, ayant inutilement essayé de la laver, finit par la jeter k la mer. Longtemps après elle fut retrouvée par un pèlerin, mais saisi d'une terreur respectueuse, il la rejeta de nouveau à la mer. Une baleine l'avala. Un pécheur prit la baleine et vendit la robe au roi de Trêves Orendel qui, en la portant, devint invulnérable et reçut le surnom de frère-gris; il lavait payée 30 pièces d'argent, etc. Une autre legeude dit que Pila te mit cette robe quand il parut devant Constantin pour se justifier, et qu'il aurait été absous si Véronique n'avait pas dévoilé la ruse. Vers la fin du 18^6 siècle la robe n'étant plus en sûreté à Trêves fut transférée à Ehrenbreitenstein, puis plus avant encore en Allemagne; elle a été réintégrée en 1810. Bile mesure l^ôS; elle est de couleur brune; on n'est pas d'accord sur l'étoffe dont elle est faite. — On montre aussi à Trêves le manteau de pourpre; il est renfermé dans une caisse, mais celui qui l'ouvre devient aussitôt aveugle. Ces objets ont été donnés par l'impér. Hélène au patriarche Agritius, d'Antioche, qui n'a jamais existé.
ROBERT lo de Champagne, ou de Citeaux, v. Cisterciens. — 2° R. d'Arbrissel, v. Fonte-vrault. — 3° R. Malchetius, d'Auxerre ( Altissio-dorensis), chanoine et prieur du couvent des Prémontrés de cette ville, f 1212; auteur d'une Chronique embrassant l'histoire universelle jusqu'en 1211. — 4° R. Capiton, v. Grosse-Tête. — 5* v. Sorbonne. — 6<> Robert de la Marck, v. Marck.
ROBINSON lo John, le véritable fondateur du congrégationalisme, v. Browne, et Indépendants. Banni de Norwich en 1608 à cause du caractère puritain de sa prédication, il se retira k Amsterdam avec ses adhérents, puis 1610 k Leyde où il f 1 mars 1625. Outre ses Essais on remarque parmi ses nombreux ouvrages son: Apologie juste et nécessaire de quelques chrétiens dédaigneusement appelés Brownistes; latin 1619, anglais 1625.
2o Edward, fils d'un prédicateur congréga-tionaliste, né 10 avril 1794 à Southington. Con-necticut, fut d'abord destiné au commerce, mais se mit plus tard aux études 1812-1816, et cultiva spécialement le droit, les mathém. et les langues anciennes, qu'il finit par enseigner lui-même dès 1816. Chargé k Andover de surveiller une édition de l'Iliade, il se décida à y étudier la théol. et i) le fit avec un tel succès qu'en 1823 le prof. Moses Stuart le choisit pour son adjoint aux chaires d'hébreu et de littérature. En 1826 il fit un voyage en Europe, visita Paris, Halle et Berlin, et épousa la fille du prof, et conseiller Jacob de Halle, écrivain distinguée connue sous le pseudonyme de Talvi, formé des initiales de son nom Thérèse-Albertine-Louise-Von Jacob. En 1830, de retour à Andover, il fut nomme bibliothécaire et prof, de littérature biblique. De 1833 à 1836 il se retira à Boston, la faiblesse de sa santé lui commandant le repos. Nommé en 1837 prof, à New-York, il accepta pourvu qu'on lui permit d'aller passer 3 ou 4 ans en Palestine. Il visita en même temps la presqu'île de Sinaï, de juin 1837 k oct. 1838, avec le missionnaire Éli Smith. Son voyage dura jusqu'en 1841, et rentré k Berlin où il avait laissé sa famille, il en publia les résultats sous le titre de Biblical Researches of Palestina, k la fois en anglais et en allemand (trad. par sa femme). Ce travail lui valut la médaille d'or de la Soc. royale de géographie de Londres, le titre de Dr en théol. de Halle, celui de Dr en droit des collèges de Yale et de New-Haven, et fit époque dans le domaine de la géogr. biblique. Il y ajouta en 1847 une importante étude sur la Topographie de Jérusalem. Un second voyage en 1852 eut pour résultat ses INouvelles Recherches. II avait entrepris un ouvrage plus considérable, La Géogr. physique de la Terre Sainte; il ne put en achever que la 1 re partie, Londres 1865. Malade et souffrant des yeux il se rendit en 1862 à Berlin pour consulter un oculiste célèbre, mais il n'éprouva aucun soulagement et revint à New-York, où il f 27 janv. 1863. Il avait publié plusieurs autres ouvrages, soit originaux, soit trad. de l'allemand: Dictionn. grec-anglais du N. T.; Gramm. grecque du N. T., de Winer; Wahl, Clavis N. T.; Buttmann, Gramm. grecque; Gesenius, Dict. hébr.-latin. II avait aussi fondé en 1831 la revue The biblical Reper-tory, qui se fondit en 1851 avec la Biblioth. sacra d'Edwards et Park. C'était une nature distinguée, énergique, en même temps que bienveillante et pieuse. Ses travaux ont donné le signal à d'autres recherches; et s'ils ont été dépassés ou rectifiés sur quelques points, ils ont marqué un grand et décisif progrès.
ROCH, né vers 1295 ou 1300 à Montpellier, donna son bien aux pauvres et partit à 20 ans pour l'Italie comme pèlerin. Il y trouva la peste qui y faisait des ravages et soigna les pestiférés. Atteint lui-même par le fléau, il se cacha dans une solitude pour ne pas communiquer la contagion, et il allait succomber quand il fut découvert par le chien d'un seigneur voisin, nommé Gothard, qui le soigna et le guérit. De retour dans son pays qui était en guerre, il fut pris pour un espion et jeté en prison, + 1327. Canonisé à Constance et devenu patron des pestiférés, il a eu sa légende; on l'a fait naître d'une famille royale; il aurait été tertiaire des franciscains et cardinal. Montpellier, Turin, Venise possèdent de ses reliques.
ROCHELLE, v. La Rochelle.
ROCHET, sorte de surplis camail des évêques, des abbés et quelquefois des chanoines; ordinairement en toile fine, garnie de dentelle à jour et plissée.
ROCK, Jean-Fréd.. né 5 nov. 1678, fils d'un pasteur des environs de Goppingue, il apprit l'état de sellier, et en faisant son tour d'Allemagne à Halle et à Berlin il fut converti, et se mit à tenir des réunions. Un édit de 1707 interdit ces assemblées de culte, et il émigra dans la Wetterau où il trouva de l'occupation comme sellier, et devint avec Gruber le chef des séparatistes. A partir de 1714 il s'unit à la secte des Inspirés des fr. Pott, qu'il avait d'abord combattus, et il en devint un des membres les plus actifs et les plus dévoués jusqu'à sa f 1749, prêchant, écrivant et voyageant pour la cause. Il eut longtemps de bonnes relations avec Zinzendorf et les fr. de Herrnhut.
ROCKYZAN, ou Rokyzan, un des chefs du parti des calixtins, docteur en théologie, prédicateur de la cathédrale de Prague, doué de grands talents, pieux mais ambitieux; en 1427 il avait la surintendance générale des égl. de son parti, et il aspirait à l'archevêché. Son influence obtint du conc. de Bâle 1434 certaines concessions qu'il estimait suffisantes., les Compactata q. v., mais dont les taborites refusèrent de se contenter. Élu archev. de Prague par les États de l'empire, mais non confirmé par le pape, il essaya de réunir de nouveau l'Égl. de Bohême avec l'Égl. grecque, et des négociations furent ouvertes dès 1450, mais la prise de Constantinople par les Turcs 1453 empêcha de donner suite à ce projet. Il n'en resta pas moins toujours hostile à la papauté, mais sans pouvoir se décider à une rupture officielle et complète; vers la fin même il se déclara entièrement contre les taborites et incita Podiebrad à sévir contre eux. La persécution fut atroce; le neveu de Rockyzan, Grégoire, fut mis à la torture, an point qu'on le croyait mort; il fut relâché à la prière de son oncle et vécut jusqu'en 1474. Roc kyzan dès lors alla s'éloignant toujours plus des Frères et mourut dans le désespoir, 1473.
RODIGAST, Samuel, auteur du cantique Was Gott thut, das ist wohlgethan, et grand ami de Spener; né 19 oct. 1649 à Grôben près Iéna. recteur de gymnase à Berlin, f 18 mars 1708.
ROEHR, Jean-Fréd., né 30 juill. 1777, fils d'un tailleur de Rossbach près Naumbourg, montra de bonne heure de l'aptitude et reçut quelques leçons d'un pasteur. Un héritage lui permit de se vouer à l'étude, et en 1796 il se rendit à Leipzig. Après avoir été pasteur à Pforta et à Ostrau. près Zeitz, il fut nommé en 1820 premier pasteur, conseiller ecclésiastique, surintendant et prédicateur de la cour à Wei-mar. f 15 juin 1848. Il fut un des représentants principaux du vieux rationalisme, et le défendit contre le piétisme, contre l'orthodoxie, et contre la nouvelle théologie de Daub, Mar-heineke, Schleiermacher, Hase, etc. Il se fit connaître surtout par ses attaques contre Rein-hard 1801, et plus tard par sa polémique avec Hase. Ses principaux ouvrages sont ses Lettre* sur le Rationalisme; Principes du protestantisme, Manuel d'anthropologie, Palestine, Vie de Luther, et de nombreux et bons sermons. Sa dogmatique était étroite, incomplète; elle est auj. délaissée, mais son caractère, ses talents et sa droiture l'ont fait aimer et respecter.
ROGATE, le 5*e dim. après Pâques, d'après l'Évangile du jour: Demandez (rogate), et il vou& sera donné, Jean 16, 23.
ROGATIONS (de rogare, demander), fête correspondant aux Ambarvales des Romains, fondée pour demander à Dieu de bonnes moissons; elle se célèbre par des processions dans les champs 3 jours avant l'Ascension. V. Mamert 1°.
ROHAN, Henri (duc de), né 21 août 1579 en Bretagne; prince de Léon, élevé dans le protestantisme, bon militaire, auteur de Mémoires très remarquables et de quelques écrits sur la politique et sur l'art de la guerre, s'attacha à Henri IV, qui le fit duc et pair 1603; gendre de Sully 1605. Après la mort d'Henri IV il fat placé à la tête du parti protestant et soutint 3 guerres contre Louis XHI, justifiées par le manque de parole des princes et de Richelieu qui refusaient d'observer les édits et les traités. Retiré à Venise après l'édit d'Alais, il reprit cependant du service pour le compte de la France, comme chef des Ligues grises dans la Valteline, 1636, servit sous Bernard de Saxe-Weimar, fut blessé à Rheinfelden, et + 28 févr. 1638. Enterré dans la cathédrale de Genève.
ROI. Plusieurs souverains ont reçu de l'Église catholique des titres d'honneur en échange de services rendus. Ainsi le roi de Portugal a été déclaré très fidèle, fidelissimu$y par Benoit XIV; les rois de France, depuis Louis XI, portent le titre de très chrétiens; ceux d'Espagne ont largement gagné celui de très catholiques; ceux de Hongrie, celui de majesté apostolique, etc.
ROLLAND-LAPORTE, v. Laporte 2°.
ROLLE, Jean-Henri, célèbre compositeur de chants d'église, né 23 déc. 1718, + 29 déc. 1785; organiste à Magdebourg; auteur de plusieurs Oratorios: La Mort d'Abel, Satil, Abraham en Morija, etc.
ROLLENHAGEN, Georges, né à Bernau 22 avril 1542, étudia à Wittenberg, et occupa différents postes comme précepteur, pasteur et directeur de collège. Il fut nommé en 1573 prédicateur de l'égl. de Saint-Nicolas à Magdebourg, et recteur en 1575. f 18 mai 1609. Presque toujours maladif, il conserva jusqu'à la fin sa bonne humeur. On a de lui des poésies gracieuses et pleines de sens, mais il est connu surtout par un livre didactico-satyrique, qui parut en 1595 sous un pseudonyme, espèce d'imitation de la Batrachomyomachie d'Homère et de Rei-necke der Fuchs, le Froschmeuseler, où les animaux parlent, expriment leur opinion sur la Réforme en faisant la part belle à Luther (Elbmarx), et donnent de sages conseils aux protestants en les mettant en garde contre la manie des disputes théologiques.
ROMAIN (saint) 1° diacre et exorciste de l'égl. de Césarée en Palestine, présent à Antioche pendant les persécutions de Dioclétien, encouragea les chrétiens à la résistance, et fut jeté en prison après avoir eu la langue coupée, févr. 303. L'année d'après beaucoup de prisonniers furent relâchés en l'honneur des 20 ans de règne de Dioclétien, mais lui-même fut retenu et mis à mort, 18 nov. 304. Eusèbe raconte sur lui de nombreuses légendes. — 2° soldat dans les légions romaines, assista au martyre de saint Laurent, fut converti par la vue de son courage héroïque, et fut à son tour martyrisé 258. — 3° apôtre du Jura; il avait été élevé dans un couvent de Lyon avec son fr. Lupicinus, qui l'assista dans son ministère. D'abord sur les bords du lac de Bienne, puis à Saint-Claude (Condate) et à Leucone ils fondèrent des églises et des couvents, vivant eux-mêmes de la vie la plus austère, f 460, Lupicinus vers 480. — — 4° év. de Rouen 626, issu, dit-on. des rois de France; quelques auteurs le placent beaucoup plus tard, vers 1080, et lui attribuent l'honneur d'avoir, par un signe de croix, délivré le pays d'un dragon monstre. — 5° pape 897; son nom était Gallesin, de Galezza, son lieu natal; il ne régna que 10 mois; il est omis par quelques auteurs. — 6° François de Saint -Romain, né à Burgos, Espagne, s'était établi à Anvers. En 1540 il se rendit pour affaires à Brème, où il entendit la prédication de Jacob Spreng, ancien moine augustin. Converti, il écrivit à ses amis d'Anvers, et leur fit part de son désir de retourner en Espagne, pour évangéliser sa patrie. Ils l'engagèrent par de belles promesses à revenir à Anvers; mais à peine arrivé il fut arraché de son cheval, et jeté en prison pieds et poings liés. On trouva sur lui des écrits de Luther, de Mélanchthon, d'Œcolampade. Il passa 8 mois dans un cachot souterrain, puis fut relâché et s'en alla à Ratisbonne auprès de Charles-Quint. Il fut remis en prison et emmené en Italie, de là en Afrique, enfin à Valladolid où on le remit aux mains des inquisiteurs. C'est tout dire; il fut brûlé vif, 1544.
— Chant romain, v. Grégorien.
ROMANE (Langue). Les traductions de la Bible dans les différentes langues issues du roman, sont nombreuses. Pour les versions françaises, v. Traductions. En italien nous citerons les trad. partielles ou complètes de Voragine f 1298, Malherbi, Venise 1417; Bruccioli, 1530-1532; Teofilo, Genève 1560; Diodati, Genève 1607; Martini, Florence 1776. En espagnol: Enzinas, Anvers 1543; Perez, Venise 1556; Reyna, Bâle 1569. En portugais: Ferreirad'Al-meida, Amsterdam 1712; Pereira de Figuei-redo, Lisbonne 1784. Dans les Grisons, la Bible a été trad. en romanche, au 16me siècle par Bif-frun, au 17®« par Gritti, au 18®* par Vulpio et Dorta de Vulpera. V. Reus, Hist. du N. T.
ROME, v. Dict. de la Bible. — C'est l'importance politique de cette métropole du monde, qui en a fait peu à peu la capitale de la chrétienté, et si l'ambition de quelques-uns de ses évêques les a poussés à rechercher un pouvoir temporel et une primauté terrestre, d'autres, au moyen âge surtout, ont fait servir leur puissance à favoriser la propagation du christianisme et à défendre la foi contre le paganisme et l'incrédulité. Comme les couvents, Rome a eu ses bons et ses mauvais côtés, et si dans le principe elle a représenté les temps nouveaux contre l'esprit ancien, elle a fini malheureusement par devenir elle-même la réaction par opposition au progrès; elle n'a plus compris son rôle et en a abandonné la gloire à d'autres. Elle a lutté contre les conciles réformateurs, elle a condamné la Réforme; son concile de Trente n'a été qu'un palliatif, et par celui du Vatican elle a brûlé ses vaisseaux et rompu officiellement avec la société moderne. Son histoire n'en est pas moins celle de l'Égl. chrétienne pendant plusieurs siècles; elle se confond en partie avec celle des papes, des théologiens, des conciles, des ordres religieux et des empereurs, et nous devons renvoyer aux articles spéciaux pour éviter des répétitions inutiles. V, Catacombes, Catholicisme, etc.
ROMUALD, né à Ravenne vers 950, appartenait à une riche famille. Sa jeunesse fut dissipée et son éducation presque nulle. A l'âge de 20 ans il se décida, pour expier un meurtre commis par son père, à passer 40 jours dans un couvent. Un frère lui fit avoir une apparition d'Apollinaire, qui détermina sa vocation monacale. Il se fit d'abord bénédictin, puis ermite; un ami, saint Marin, lui apprit à réciter chaque jour tout le psautier avec force flagellations. Il habita tour à tour les environs de Venise, Perpignan, le mont Cassin, voyageant nu-pieds. Son père ayant aussi embrassé la vie monacale, mais ayant voulu y renoncer, 982, Romuald le battit jusqu'à ce qu'il reprît le froc. Il fonde de nombreux couvents dans les environs de Ravenne; la foule s'attache à lui comme à un saint; Otton III le visite l'an 1000; à la tête de quelques Allemands il ramène les habitants de Tivoli à l'obéissance à l'empereur. Il fonde en Istrie de nouveaux couvents, puis tout à coup se met en route avec 24 disciples pour aller évangéliser la Hongrie; mais les forces lui manquent pour la vocation missionnaire et il est obligé de revenir. En 1018 il réunit de nouveau 5 solitaires sur les pentes abruptes des Apennins, au Campus Maldoli (Camaldules), près d'Arezzo. et les soumet à une règle sévère, puis d'autres en 1022 â Saxoferato, où il reçoit la visite d'Henri II. Enfin il f à Val de Castro 18 juin 1027. Son œuvre de Maldoli, la plus humble, fut la seule qui lui survécut. V. Camaldules. vie a été écrite par son disciple P. Da-mien.
RONGE, Jean, né 16 oct. 1813 à Bischofs-wald, Silésie, d'une famille de paysans propriétaires. Il fit sa théol. à Breslau de 1837 à 1839, et pour n'être point à charge à ses parents, il accepta une place de chapelain à Grottkau. Mais déjà alors ses tendances libérales et quelques manifestations d'indépendance indisposèrent ses supérieurs qui le renvoyèrent, 1843. Il fit un court séjour chez le comte de Reichen-bach, puis vint à LaurahUtte, Silésie supérieure, où il vécut en donnant des leçons. C'est de là qu'il écrivit le l«r oct. 1844, sa fameuse Lettre à Pév. Arnoldi de Trêves, contre l'exposition de la prétendue robe de N. S., et contre la recrudescence d'ultramontanisme qui en fut le résultat. Déclamatoire, sans aucun sentiment religieux, et même sans véritable érudition, cette lettre obtint un immense succès, parce qu'elle répondait à la conscience publique et aux sentiments du pays. 11 reprochait à l'évêque de tromper sciemment le peuple, et conviait la nation entière, ecclés. et laïques, à protester contre cette honteuse exploitation, indigne de notre siècle. Déjà le 19 oct. Czerski lui répondait en jetant les bases de l'Égl. allemande-catholique-apostolique, et de toutes parts des églises se fondèrent sur ce principe. Excommunié, Ronge se mit à parcourir l'Allemagne et son voyage fut une suite de triomphes. Il écrivit quelques antres lettres encore, mais la première avait tout dit, il ne pouvait que se répéter, et il n'avait ni assez de vie, ni assez de talent pour rajeunir des choses anciennes. Après un colloque tenn à Leipzig, mars 1845, la division se mit dans le parti, et la personnalité de Ronge n'était pas de nature à amener une conciliation. Le mouvement s'arrêta, les congrégations existantes continuèrent de subsister, mais il n'y eut plus de progrès, et les événements de 1848 rejetèrent la question religieuse à l'arrière-plan. Ronge se jeta dans la politique, il siégea au parlement préparatoire et prit place à l'extrême gauche; en juin il signa la protestation contre le choix d'un lieutenant de l'empire, et dut en 1849 prendre le chemin de Londres. De retour en 1861 il s'établit à Francfort, d'où il rayonna pour fonder quelques églises, à Gratz, Pesth, etc. En 1867 il commença la publication d'un journal pour ses adhérents, mais à travers une phraséologie obscure il est difficile d'y reconnaître une doctrine positive. II parut à Munich en sept. 1871 au synode des Vieux-catholiques, mais y resta presque inaperçu, comme un homme passé de mode et trop plein de lui-même.
ROOS lo Magnus-Fréd., né 6 sept. 1727 i Sulz sur le Neckar, étudia à Tubingue, et après avoir desservi plusieurs petites églises, il fut en 1784 nommé prélat d'Anhausen, ce qui lui donna le droit de siéger dans l'assemblée représentative du pays; il fut même en 1787 nommé membre de la Commission exécutire, f 19 mars 1803. Auteur fécond et estimable, de la tendance religieuse de Bengel et d'OEtinger, sans grande profondeur, ni originalité, il a écrit quelques commentaires populaires, des traités apologétiques, des études sur Daniel et l'Apocalypse, une Vie de Jésus, des sermons un essai sur l'état des âmes après la mort, etc. — 2o Jean-Fréd. son fils, né 1759, f doyen de Marbach 1828, auteur d'une Hist. de la Réform. 1788, et d'une Hist. de l'Égl., utiles pour leur temps, mais sans importance particulière.
ROSA, Salvator, né 1615 à l'Arenella près
Naples, partisan de Masaniello 4647, écrivain satirique et peintre célèbre, protégé par les Médicis* f 1673 à Rome. Auteur de plusieurs tableaux religieux: Thomas mettant son doigt dans les plaies du Sauveur, Jonas à Ninive, la Pythonisse d'Endor, etc.
ROSAIRE, cordon garni de grains ou de perles, de deux grosseurs différentes, et terminé par une croix. Ces grains se comptent par 15 dizaines, chaque dizième étant plus gros que les autres. On Pa appelé aussi le Psautier de Marie, parce qu'il pouvait servir à la récitation d'autant d'Ave qu'il y a de psaumes. C'est un moyen de compter sans se tromper le nombre de Pater et d'Ave que l'on a récités, les petits grains étant destinés à Y Ave, les plus gros au Pater. Il se distingue du chapelet ordinaire en ce que ce dernier est plus petit, ne comptant que 50 grains, aussi divisés par dizaines. L'usage en remonte au 13«»e siècle, et on en a attribué rinventiou à Dominique lui-même, mais à tort. Il est établi que les bouddhistes connaissaient de vieille date ce procédé pour compter les prières, et ce sont vraisemblablement les croisés qui l'ont apporté de l'Orient en Europe; les dominicains se sont contentés de le naturaliser en l'adaptant aux dévotions chrétiennes. On mentionne cependant déjà* sous le nom de bel-tides, un cordon de ce genre dont il aurait été question au conc. de Celchyt 816, sous la présidence de l'archev. de Cantorbéry, mais la chose n'est pas claire.
ROSALIE, la sainte des Siciliens. Fille du comte de Quisquina et Rosis, qui se disait descendant de Charlemagne, elle vécut isolée et vouée à la piété sur le mont Quisquina, puis dans une grotte du montPelegrino, sur Palerme, et f vers 1170. Son corps découvert en 1624 fit cesser la peste; de là la vénération des Siciliens pour sa mémoire, et le culte que les Palermi-tains lui rendent en juillet, dans leur cathédrale qui lui est consacrée.
ROSCELIN, ou Ruzelin, le principal représentant du nominalisme, q. v. Sa vie est peu connue. Né en Bretagne, il fut nommé chanoine et prof, de théol. à Compiègne. Condamné par le conc. de Soissons 1092, à la requête de Jean de Telese, qui devint cardinal-év. de Tuscoli, et par l'influence d'Anselme, il se retira en Angleterre; mais Anselme ayant été nommé archev. de Cantorbéry, Roscelin qui avait écrit contre lui son livre De fide trinitatis, revint en France où on le retrouve prof, à Loches, en Bretagne, où il compta Abélard parmi ses auditeurs; puis chanoine à Tours, et à Besançon. Abélard et lui s'accusèrent tour à tour d'hérésie. La date de sa mort est inconnue; il atteignit un âge avancé.
ROSE 1° jeune fille de \ iterbe, tertiaire des franciscains, demeurait en ermite dans la maison de ses parents et prêchait dans les rues la repentance aux habitants de Yiterbe. f 1252 à l'âge de 18 ans. — 2° de Lima, née 1586, patronne du Pérou; elle fut empêchée par un miracle d'entrer dans un couvent de dominicains; elle se contenta d'en être tertiaire. Élevée dans l'aisance, elle tomba dans la pauvreté, se fit servante, et finit par se construire elle-même une cellule dans le jardin de ses parents; elle y vécut dans des pénitences ininterrompues, f 1618 à 31 ans. respectée pour sa piété. Canonisée 1671. — 3° Guillaume, év. de Senlis, ligueur acharné, prédicateur de Henri IU, fit l'éloge de Jacques Clément. Banni par Henri IV, il obtint son rappel et continua ses prédications d'ènergumène. f 1602. Auteur d'un livre sur la juste autorité d'une républ. chrét. contre les rois impies, Paris, 1590.
— La Rose d'or est un témoignage d'honneur que les papes accordent à des princes qu'ils veulent récompenser pour des services rendus, ou qu'ils espèrent décider à leur en rendre. Elle est consacrée le dimanche de Laetare, qui à cause de cela est aussi appelé le dimanche de la Rose: elle est aspergée d'eau bénite, parfumée d'encens et placée dans un coffret plein de baume et de plantes odoriférantes. D'après la prière de consécration, celte rose représente Christ; l'or, l'encens et le baume figurent sa divinité, son corps et son âme. L'usage en remonte au llnie siècle. Pie II a donné la rose d or à la ville de Sienne; Grégoire XVI à la cathédrale de Saint-Marc. Léon X l'avait donnée à l'électeur Fréd.-le-Sage pour en obtenir des mesures répressives contre Luther. La dernière rose d'or connue, celle qui a fait le plus de bruit, a été donnée par Pie IX à la reine Isabelle d'Espagne.
ROSE-CROIX, secte mystérieuse d'illuminés, rêvant un ordre de choses meilleur pour l'Église et pour l'humanité et mêlant à ses théories des emprunts faits à la magie et à l'alchimie. Ils se donnaient pour chef un gentilhomme de Rosen-kreuz (Rose-Croix) né 1378, f 1484, qui, après avoir parcouru la Terre sainte, l'Arabie, l'Égypte et le Maroc pour y étudier les sciences occultes, se serait établi en Espagne, puis définitivement en Allemagne pour y propager ses doctrines et pour y répandre les bienfaits de ses découvertes. Là il aurait fondé l'ordre qui porte son nom et il aurait révélé à ses adeptes de merveilleux secrets, entre autres celui de faire de l'or, de se toujours bien porter et de vivre longtemps. Les membres de l'ordre s'engageaient en revanche à mener une vie honnête, à soigner gratuitement les malades, à garder le secret de l'association pendant cent ans, à ne pas divulguer le lieu de leur sépulture, et à se réunir une fois par an dans la maison du maître, dite du Saint-Esprit. Ils avaient pour devise les lettres R-C, et professaient la religion du Christ, avec 2 sacrements. Le tombeau du fondateur, dont la description semble empruntée aux contes des Mille et une nuits, aurait été découvert 120 ans après sa mort, donc vers 1604. Toute cette histoire pourrait bien n'être qu'une œuvre d'imagination, et la première trace qu'on en trouve est un ouvrage anonyme paru 1614 à Cassel: Fama fraternitatis, réimprimé 1615 avec un supplément: Confessio soc. R. C. Enfin en 1616 parurent les «Noceschymiques» de Christian Ro-senkreutz, sorte de biographie pleine de détails fantastiques. Arnold et Herder ont établi que l'auteur de ces trois documents était Jean - Va-lentin-Andreâ, qui serait ainsi le véritable fondateur de la secte, et qui aurait eu l'idée de lui donner une origine plus ancienne et quelque peu merveilleuse. Il s'en suivit toute une littérature, et parmi les opposants on remarqua surtout des théologiens et des médecins. L'anglais Robert Fludd, le médecin Maier, Sperber et quelques autres prirent parti pour la nouvelle secte, qu'on rattachait aux cabalistes et aux théosophes, mais sous leurs différents noms d'Immortels, d'Invisibles, d'Illuminés, les Rose-Croix ne dépassèrent jamais en nombre le chiffre que ce genre de rêveries atteindra toujours et à toutes les époques. Auj. il n'en existe plus, et le nom seul s'est conservé dans un des grades de la franc-maçonnerie.
ROSENMULLER lo Jean-Georges, né 18 déc. 1736 près de Hildburghausen, fils d'un tisserand, maître d'école, fut d'abord pasteur en plusieurs paroisses, puis prof, de théol. k Erlangen en 1773, prof., pasteur et surintendant k Giessen en 1783, à Leipzig en 1785, et enfin prélat et doyen de la faculté à Meissen, où il f 14 mars 1815. Aimable et pieux représentant du vieux rationalisme, il a composé plus de 100 ouvrages, dont les plus connus sont: Scho-lia sur le N. T., des sermons, et quelques livres d'édification; il a aussi écrit pour la jeunesse. — 2o Ernest-Fréd.-Charles, son fils, né 10 déc. 1768 à Hessberg, étudia et professa k Leipzig, où il fut nommé en 1793 biblioth. de l'université, prof, d'arabe en 1796, prof, de langues orientales en 1813, f 17 sept. 1835. Non moins fécond que son père, modeste et bienveillant, doué d'un grand sens critique et d'une solide érudition, il a publié des ouvrages qui ont encore de la valeur aujourd'hui. On remarque surtout ses Scholia sur l'A. T., un Manuel sur les Antiquités bibliques, un Manuel sur la littérature de la critique et de l'exégèse biblique, plusieurs travaux sur la langue arabe, et quelques réimpressions des ouvrages de son père.
ROSENROTH, Chrétien, baron Knorr (de) 1637-1689, connu comme poète chrétien, par son Nouvel Hélicon, était conseiller et chancelier à Sulzbach. Il a publié aussi la Cabale dévoilée (denudata) qui jeta un jour nouveau snr la cabalistique juive.
ROSKOFF, Georges-Gustave, théol. libéral, né 30 août 1814 à Pressbourg, d'abord précepteur, puis en 1839 étudiant à Halle. De 1841-1814 à Vienne où il s'établit. En 1850 il est nommé prof, de théol. pour l'A. T., en 1864 membre du Conseil impérial d'instruction publique, en 1869 conseiller d'État. Heidelberg en 1852 l'avait nommé Dr en théologie. Auteur de Lettres sur les Antiq. hébraïques, la Légende de Samson, l'Histoire du diable, etc.
ROSSI lo (J.-B. de), né 22 déc. 1698 à Vol-teggio en Ligurie, élevé par la marquise Sforza Cambiaso à Gênes; il acheva ses études à Rome et fut ordonné prêtre 8 mars 1721. Chanoine à Sainte-Marie, il eut du succès comme prédicateur, mais s'occupa surtout des hôpitaux, de* malades et spécialement des phtisiques, f à Rome sur un grabat 23 mai 1762; béatifié 1860. canonisé 1881. — 2o Jean-Bernard (de), né 1742, Dr en théol., prof, de langues orientales à Parme, publia en 1772 un livre sur la langue parlée en Palestine à l'époque de Jésus: il est aussi connu par la comparaison intelligente qu'il a faite des mss. hébreux de la Bible. — 3o Giovanni-Battista, né à Rome 23 févr. 1822, élevé au Collège Romain, où il commença les études archéologiques qui ont fait de lui l'une des grandes autorités contemporaines pour l'archéologie chrétienne. Ses premiers travaux ont paru dans le Bollettino de Rome, dans celui de Naples, et dans le Sjricilegium solesmense de Pitras. Mais ce qui a fait surtout sa réputation, ce sont ses recherches et ses découvertes sur les vieilles inscriptions chrétiennes, et notamment ses travaux sur les catacombes. Elles sont consignées dans ses Inscriptiones christ, urbis Ro-mœ, VII sœc. antiquiores, et dans la Roma Sot-teranea christ. 1864. Il a été nommé prof, à l'Académie pontificale d'archéologie, et a longtemps publié le Bulletin de ses recherches.
ROSWEYDT, Herbert, jésuite, né 22 janv. 1569 à Utrecht, f 5 oct. 1629 à Anvers. Entrv dans l'ordre en 1589, il étudia, puis professa b philos, et la théol. à Douai, ensuite k Anvers: prononça ses vœux définitifs en 1600, mais abandonna bientôt la vie active pour se consacrer à des travaux littéraires. Il s'occupa surtout de la vie des saints et se montra un collectionneur aussi ardent que dépourvu de tonte critique. On a de lui les Fastes des saints, 1607, que les bollandistes ont refait; les Vies des Saints, ou la Forêt (sylva) des ermites d'Égypte et de Palestine, 1619; la Vie des saintes vierges, 1626, la Vie des pères 1615; une étude sar
Thomas a Kempis, etc. Enfin il a publié les œuvres de Paulin de Nola, avec Notes, 1622.
ROSWITA, v. Hroswita.
ROTE romaine, sorte de cour de justice et de tribunal d'appel dépendant de la cour de Rome, et chargée du contentieux pour les États cathol. de l'Europe. Elle fut créée par Jean XXII, 1326, et reconstituée par Sixte IV 1483, qui la composa de 12 prélats, dont 2 k la nomination de l'Espagne, 1 de la France, 1 de l'Allemagne, et 8 de l'Italie (savoir Rome 3, Bologne, Ferrare, Venise, Milan, et Florence ou Pérouse, chacune!). Elle pouvait aussi juger en première instance, dans les États de l'Église, les causes qui dépassaient 500 scudi. Le nom de rote, rota, roue, vient soit de la forme de la salle de marbre où elle tient ses séances, soit d'un bâtiment en rotonde qui s'élevait jadis sur l'emplacement actuel. Lesjuges, ou auditeurs, siègent en costume violet; chacun a sa table particulière et 4 secrétaires, ou notaires. Le président porte le nom de doyen de la rote.
ROTHAD, év. deSoissons, ayant destitué un prêtre pour cause d'immoralité, fut à son tour suspendu comme incapable par son métropolitain, Hincmar de Reims, sentence qui fut confirmée par le conc. de Soissons, 861. Il en appela au pape Nicolas, qui déclara le concile non valable. Un second concile de Soissons 862 ayant maintenu la décision du premier, le pape cita Rothad et Hincmar à comparaître. Le roi et le clergé protestèrent; Hincmar refusa d'obéir, on essaya même jusqu'en 864 d'empêcher Rothad de se rendre à Rome, mais il finit par y arriver. Nicolas le revêtit lui-même des vêtements épiscopaux et lui fit dire la messe. Les év. français en appelaient à la collection de Denys, Nicolas pour la l™ fois aux décrétales du faux Isidore, prétendant que l'on devait, les métropolitains surtout, une obéissance entière au pape; Hincmar d'ailleurs l'avait jurée en recevant le pallium, 848. En 865 le légat Arse-nius rétablit officiellement Rothad dans ses fonctions. Comme les prétentions de Nicolas étaient à l'avantage des ecclésiastiques inférieurs, elles ne trouvèrent pas d'abord beaucoup de résistance, mais le conflit éclata sous son successeur Adrien, 867.
ROTHAN, ou Roothaan, Rottenhaan (Jean-Philippe de), né à Amsterdam 23 nov. 1785, entra en Russie dans l'ordre des jésuites 1807, et lorsqu'il fut supprimé 1817, se retira à Brigue, Valais. En 1823 il est appelé comme prof, au collège de François de Paula, à Turin, où il exerce une grande influence sur toutes les couches de la population et se pose ouvertement en champion des jésuites. L'influence de Pie VIII et du secrétaire d'État Albani le firent élire général en 1829. Son énergie et son acti-tivité donnèrent à l'ordre une vigoureuse impulsion. Il créa 8 nouvelles provinces: Turin, Venise, Lyon, Toulouse, en Autriche (moins la Gallicie), en Belgique, en Hollande et au Mary-land. f 8 mai 1853. Cet homme habile avait offert, pour le cas où la liberté d'enseignement serait restreinte dans les univ. d'Allemagne, de reconnaître l'Église protestante comme Église sœur de la catholique.
ROTHE lo ou Roth, Jean, riche marchand d'Amsterdam, au 17«e siècle, appartenait à la secte des spiritualistes. Disciple de Kuhlmann, il fut repoussé par les labadistes 1672, à cause de ses prophéties de malheur contre sa patrie. Étant revenu à La Haye 1676, il fut jeté en prison et il y passa 15 années, f vers 1695.
2° Jean-André, né à Lissa 12 mai 1688, étudia à Leipzig; candidat au saint ministère; fit en 1717 à GSrlitz la connaissance de Zinzendorf, qui l'appela en 1722 comme pasteur de son église de Berthelsdorf, Haute-Lusace. Savant et éloquent, simple et profond, il s'associa de cœur aux idées du comte, et fut de 1723 à 1737 un instrument de bénédiction pour l'égl. de Herrnhut, dont il accueillit les premiers fondateurs, et à laquelle il donna en août 1729 Y Acte notarié, qui exposait par devant notaire la doctrine et la discipline de la communauté, à la fois morave et luthérienne. Mais il n'était pas de taille à rester longtemps à la hauteur de ce réveil tout spirituel; les Frères lui parurent aller trop loin dans leur esprit d'indépendance, et il profita de la présence de Steinhofer, 1731, pour donner sa démission de pasteur de Herrnhut et demander qu'il fût nommé à sa place. La chose n'aboutit pas à cause du refus du gouvernement saxon. Rothe quitta son poste de Berthelsdorf 1737, toujours en froid avec les Frères, et f à Bunzlau 6 juillet 1758. Auteur de plusieurs cantiques estimés et de quelques ouvrages de théologie.
3o Richard, né 28 janv. 1799 à Posen, étudia àStettin et àBreslau, en 1817 àHeidelberg, où il entendit Schwarz, Daub et Creuzer, dont la direction d'esprit correspondait à sa propre tendance mystique. En 1819 il vint à Berlin, où il goûta surtout Néander, moins Schleier-macher et Hegel, auxquels il préféra toujours Schelling. Il subit aussi la pieuse influence du baron de Kottwitz et de son cercle, et ces sentiments furent fortifiés par le séjour qu'il fit en 1820 au séminaire de Wittenberg, où se trouvait une élite de jeunes étudiants craignant Dieu, entre autres Stier. Consacré en 1823, il épousa Louise de Brttck, et partit comme chapelain d'ambassade pour Rome, où il se lia d'amitié avec Bunsen. De 1828 à 1837 il est prof, au séminaire de Wittenberg, et publie son premier grand ouvrage: Les origines de l'Égl.
chrétienne et de sa Constitution, avec un supplément sur l'authenticité des Lettres d'Ignace. Il y montre la nécessité historique du développement de l'Égl. catholique et de l'épiscopat, après la destruction de Jérusalem, comme centre de résistance contre le judaïsme, et comme point de départ de l'organisation de l'Égl. chrétienne. Il émet aussi l'idée que l'Église, comme institution propre avec son caractère religieux indépendant, doit finir tôt ou tard par se résoudre et se fondre dans la grande communion de l'État, à mesure que celui-ci se pénétrera davantage de l'idée morale du christianisme. Laissant ainsi le côté mystique et dogmatique, Rothe met donc au premier plan le côté moral de la religion, mais sans rien abandonner de sa foi au supranaturalisme, a laquelle il est resté fidèle jusqu'à la fin. En 1837 il vint à Heidelberg, comme prof, et directeur du nouveau séminaire ecclésiastique. De 1845 à 1848 parut son grand ouvrage: Theolog. Ethik., la morale théologique, l'un des plus importants qui eussent paru depuis Schleiermacher, par la profondeur de la pensée, la rigueur de la méthode et la hardiesse des déductions. C'est toute une philosophie chrétienne, qui embrasse avec la morale l'ensemble de la théol. et de la cosmologie, les questions de Dieu, de l'homme, du péché, de la rédemption, des anges, de l'Église. Il vint à Bonn en 1849, après avoir refusé divers appels de Halle, Breslau etc., mais retourna à Heidelberg en 1854 comme successeur d'Ullmann nommé prélat, et intervint activement dans les luttes politico-ecclésiastiques qui éclatèrent vers cette époque. Membre du synode général en 1855, puis en 1861 membre extraordinaire du Consistoire supérieur du duché, il concourut pour une grande part à faire adopter la nouvelle Constitution ecclés., basée sur le principe de la représentation de l'Église. Il ne croit pas que l'indifférence, ou même l'hostilité apparente des masses pour le christianisme, soit réelle; il y voit la suite d'un malentendu; il croit à un christianisme latent, qui se manifestera quand l'Église tiendra un langage plus approprié aux besoins du siècle. Il a fondé avec Schenkel et d'autres l'Association protestante, dont il fournit lui-même le programme, f 20 août 1867. Il a laissé qnelques autres travaux, surtout dogmatiques: sur la Bible et l'inspiration, sur Rom. 5, 12-21; des Sermons, une Dogmatique, des Aphorismes, etc. Plusieurs ont été publiés après sa mort, par Schenkel, Bleek, Rippold, Trumpelmann. v. Godet, Colani, Astié.
ROTHMANN, Bernt, né près de Munster, de parents pauvres, réussit cependant à faire quelques études, devint maître d'école, et finit, après un séjour à Mayence, par entrer dans les ordres 1524. En 1529 il fut nommé chapelain de l'égl. de Saint-Maurice, faubourg de Munster, et il ne tarda pas à prêcher la Réforme. Déjà le vendredi saint de 1531, sous l'influence de sa parole, ses adhérents préludèrent, à propos des images, aux scènes tumultueuses qui devaient éclater plus tard. Il visita en cachette Wittenberg, Spire et Strasbourg, pour s'inspirer auprès des Réformateurs. De retour en juillet, il reprit ses prédications, mais sur les plaintes du chapitre les chaires lui furent interdites dans le diocèse. Il trouva cependant un terrain favorable à Munster même, et obtint un tel succès que l'év. Franz de Waldeck dut accepter une conférence publique, à la suite de laquelle 6 églises furent réservées pour le culte évangélique. Les anabaptistes ayant fait de Munster leur quartier général, il les combattit d'abord, mais finit par se joindre à eux, et perdit la vie dans l'affaire du 24 juin 1536.
ROUEN. Les plus vieilles légendes rattachent cet évêché à Victricius, q. v. Mais ce n'est qu'en 577 qu'on arrive à l'histoire. Dans un concile tenu à Paris, le roi Chilpéric demanda la destitution de l'év. Prétextât, comme coupable de révolte et d'autres méfaits. Sur le refus du concile, la roi bannit Prétextât et le relégna dans une île des côtes de Normandie, mais à la longue le clergé l'emporta. Plusieurs autres conciles furent tenus dans cette ville, mais ils n'ont aucune importance, s'étant bornés pour la plupart à confirmer ou à enregistrer les actes des conc. de Rome ou de Paris. Celui de 1214 rappela l'interdiction de la Fête des Fous, promulguée à Paris, mais la Fête des Anes continua d'être célébrée. La Réforme trouva à Rouen un terrain favorable, et malgré de violentes persécutions, une quantité de prêtres et de laïques se convertirent, 1531. En 1557 une église est fondée; elle a pour pasteur De la Jonchée, et en 1560 Marlorat, qui réussit, par la considération qui s'attachait à son caractère, à mettre fin, momentanément, aux divisions qui déchiraient la ville. En 1561 l'église compte 10,000 âmes, avec 4 pasteurs et 2 anciens; à défaut d'un temple, ils se réunissent dans une vieille tour. Le 25 janv. 1562, synode provincial. Quand éclata la guerre civile, les protestants s'emparèrent de la ville, 15 et 16 avril 1562, ils la fortifièrent, la gouvernèrent en république, et le 3 mai les images furent déchirées. En vain le duc d'Aumale en fit le siège du 27 mai au 12 juin; Antoine de Bourbon, père d'Henri IV, y fut blessé à mort. Enfin le 29 sept. Henri IV arriva lui-même, et le 26 oct. la ville était prise et pillée. Le protestantisme, qui perdit ses principaux chefs, entre autres Marlorat, ne s'y releva que lentement. Un synode y fat tenu en 1663, présidé par Du Bosc. C'est aujourd'hui un important chef-lieu de Consistoire.
ROUSSEAU, Jean-Jacques, né 28 juin 1742 à Genève, f 3 juin 1778 dans le parc d'Ermenonville, appartient à l'hist. ecclés. par la Confession de foi du Vicaire savoyard 1762, par sa Lettre à Christophe de Beaumont, archev. de Paris, et par ses Lettres de la Montagne, adressées au Conseil de Genève. Son Contrat social, l'Émile et la Nouvelle Héloïse renferment également des pages où il professe avec ardeur des opinions religieuses qui tranchent avec la foi de l'Église, comme elles tranchaient avec le matérialisme et l'incrédulité de son temps. Né protestant, il se fit catholique à 16 ans sous l'influence de Mad. de Warens, et revint en 1754 à la religion de sa patrie et de ses pères, mais il ne fut guère un peu pratiquant que pendant son séjour à Motiers-Travers, Neuchâtel, 1762-1765. Malgré la crudité de ses Confessions, il reste beaucoup de points obscurs dans sa vie; on ne sait pas s'il fut marié avec Thérèse Le-vasseur, il n'est pas sûr qu'il ait eu des enfants et qu'il les ait mis aux Enfants trouvés; sa mort môme reste une énigme, et les travaux de Rau-nier ne suffisent pas à établir qu'il y ait eu suicide. Tout a été dit sur son talent, la magie de son style, les travers de son caractère, son orgueil, sa misanthropie. Nous avons à relever ici seulement le côté de ses écrits par lequel il touche à la religion. Il était déiste, et déiste courageux et convaincu, dans un temps où ce n'était plus la mode de croire. Il faisait de la foi en Dieu l'une des bases de la société; on sait avec quelle énergie Robespierre, qui s'inspirait du Contrat social, insista pour que les deux dogmes spiritualistes de l'Etre suprême et de l'Immortalité de l'âme fussent proclamés par la république. Rousseau croyait l'homme bon, ce qui faussa presque tous ses raisonnements sur la politique et sur l'éducation, lui causa à lui-même d'amères déceptions, et l'aveugla sur ses propres défauts en l'empêchant de voir la source du mal. La civilisation, l'étude, les sciences et les arts, en un mot une vie artificielle opposée au développement naturel de l'individu, étaient selon lui la cause de la corruption des mœurs. N'ayant pas la notion du péché, il n'a pas davantage celle de la rédemption, et Jésus-Christ n'est pas pour lui un Sauveur, mais il en parle avec un respect sympathique et presque enthousiaste, qui prouve combien chez lui la logique est subordonnée au sentiment. Le Vicaire savoyard n'est sans doute qu'une page brillante ajoutée à tant d'autres écrits sur la religion naturelle; c'est un livre de raison, d'émotions et d'imagination, mais c'était une manifestation hardie et même généreuse en un moment où le catholicisme de la cour et des petits abbés n'avait d'autre contrepoids qu'une philosophie matérialiste. Rousseau ne se rangeait ni dans un camp, ni dans l'autre; il restait seul, exposé aux coups des deux armées, et il est impossible de ne pas reconnaître un accent de sincérité dans l'enthousiasme avec lequel il parle du grand livre de la nature, et aussi de la majesté des Écritures. Il était sur la voie, et l'on a tout lieu de croire, s'il était sincère, qu'il se rapprocha plus tard de la vérité révélée et du Fils de l'homme, venu pour expier et guérir nos erreurs (v. Gaberel).
ROUSSEL lo Gérard (Rufus). Né vers 1480 à Vaquerie, près d'Amiens, il remplit des fonctions ecclésiastiques dans le diocèse de Reims, puis vint à Paris où, sous Lefèvre d'Étaples, il étudia avec zèle les humanités; parmi ses condisciples se trouvait Farel. Bientôt accusé d'hérésie, ainsi que plusieurs de ses amis, il s'enfuit auprès de Briçonnet de Meaux, puis avec Lefèvre, à Strasbourg, où Capiton leur donna l'hospitalité. Rappelé par François en 1526, il fut nommé en 1527 chapelain de Marguerite, mariée au roi de Navarre, et en 1530 abbé de Clairac. Il vint en 1533 à Paris pour y prêcher la foi évangélique; il prêcha le carême au Louvre en présence de Marguerite. On finit par lui iuterdire la prédication, mais comme il conti -nuait d'enseigner en particulier, il fut mis en prison avec Courault. Cependant il fut relâché et retourna dans le Béarn, la faculté ayant déclaré que les propositions qu'on lui reprochait n'avaient que l'apparence de l'hérésie. En 1536 Marguerite lui donna l'évêché d'Oloron en Béarn; il y introduisit de nombreuses réformes, la diffusion de bons livres, la messe en langue vulgaire, la communion sous les 2 espèces, prêchant lui-même 2 ou 3 fois par jour; il publia un catéchisme, ou explication du Symbole, des
10 Commandements et de Notre Père, avec une exhortation pour les visites d'églises, qui furent condamnés par la Sorbonne comme hérétiques.
11 n'abjura pas le catholicisme, mais il était pleinement d'accord avec Calvin sur la doctrine; il voulait t nettoyer la maison, l'appuyer, mais non pas la détruire. > Au printemps de 1550, comme il prêchait à Mauléon contre l'exagération du culte des saints, une foule fanatisée envahit la chaire, la démolit et frappa le prédicateur avec tant de violence, qu'il ne tarda pas à succomber à ses blessures.
2o Napoléon R., né à Sauve, Gard, étudia à Genève, et fut successivement suffragant à Rouen, pasteur à Saint-Étienne, à Marseille 1835-1838, à Alger; évangéliste à Paris, Lyon, le Limousin où il fonda plusieurs églises. Rédacteur pendant quelque temps de l'Espérance, il s'est fiait connaître par une foule de publications de tous genres, embrassant les sujets les plus divers, apologétique, dogmatique, édification, controverse, livres pour les enfants. Sa fécondité était immense et l'a peut-être empêché d'approfondir les questions. Ses petits traités étaient comme autant de flèches acérées, et si on lui a reproché la vivacité de sa controverse, on ne peut nier qu'elle ait produit de l'effet. Sa prédication était également incisive, sérieuse et pittoresque. Il quitta Lyon en 1863, abandonna le ministère en 1867, et maladif, souffrant, fatigué, se retira à Genève où il f 8 juin 1878, ayant continué presque jusqu'à la fin de suivre le culte à la chapelle de l'Oratoire, avec laquelle il sympathisait par le cœur plus que par la doctrine qu'il trouvait trop calviniste.
ROW, un des prof, les plus distingués du collège de Perth, Ecosse, avait été d'abord légat du pape dans ce pays, avec mission de combattre les protestants. Converti à la suite de sérieuses conversations avec Knox, il abjura le papisme. Il fut chargé d'enseigner le grec et l'hébreu à Perth. Vers 1530.
ROYAARDS, Hermann-Jean. né 3 oct. 1794 à Utrecht, fils d'un prof, de théol., fut nommé docteur en théol. en 1818, pasteur à Meerbeck en 1819, revint en 1823 comme prof, à Utrecht, enseigna la théol. historique et la morale chrétienne, et finit par succéder à son père. Auteur de plusieurs ouvrages en latin et en hollandais: la 2i*e aux Corinthiens, Daniel, Hist. de la Réforme à Utrecht, Chrestomathie patristi-que, etc. f 2 janv. 1854.
RUARUS, Martin, né 1589 à Krempe, étudia à Altdorf, où il devint socinien, fut nommé recteur du collège de Racovie, vécut à Dantzig 1631-1643 et f 1657 à Straszin. Il avait pris part en 1645 au colloque de Thorn. Il a laissé des Lettres et des Notes sur le catéchisme de Racovie.
RUBENS, Pierre-Paul, célèbre peintre flamand, né 29 juin 1577 à Siegen, Nassau, d'une famille noble; vécut surtout à Anvers, et f 30 mai 1640, de la goutte, après avoir été le favori de bien des têtes couronnées: l'archiduc Albert, Marie de Médicis, l'infante Isabelle, Jacques l™, Philippe IV, etc. Supérieur dans tous les genres, il a excellé surtout dans les sujets religieux, quoiqu'il en ait un peu compromis la sainte et noble grandeur par un réalisme trop flamand. Parmi ses meilleurs tableaux, on remarque: Sainte-Hélène au pied de la croix, Marie portée et adorée par les anges, le Christ à la paille, Jésus sur la croix, plusieurs Descentes de croix, l'Assomption, le Jugement dernier, etc. Les principaux sont à Rome et à Anvers; d'autres à Munich, Pétersbourg, Paris, Vienne, Madrid, Dresde, etc. Il était aussi architecte et a fait les plans de plusieurs autels. Ses œuvres atteignent presque le chiffre de 3,000, dont environ 1500 ont été reproduites par la gravure; il est vrai qu'il se faisait aider par ses élèves et qu'il se contentait souvent de mettre la dernière main et sa signature à leur travail.
RUCHAT, Abraham, né 15 sept. 4678 à Grandcour, Vaud, consacré à Lausanne 1701, voyagea en Allemagne et Hollande, fut pasteur à Aubonne, puis à Rolle; enfin prof, de belles-lettres et principal à Lausanne 1721, et en 1733 pasteur et prof, de théologie. Son goût le portait surtout vers l'histoire, et il réussit à se procurer de nombreux documents. Dès 1707 il avait projeté une Hist. générale de la Suisse; il débuta par un Abrégé de l'hist. ecclés. du Pavs de Vaud, et publia à Genève 1727 et 1728 la première partie de son Hist. de la réformation en Suisse, très exacte et très modérée, un peu passionnée sur les points controversés. On lui a reproché sa servilité envers Berne; il parait cependant qu'il ne fut pas encore assez servile, car les seigneurs ne permirent pas que la seconde partie fût publiée. Légué à la biblioth. publique de la ville de Berne, le mss. ne fut enfin publié que dans l'édition complète de Vul-liemin, Lausanne 1835-1838, 7 vol. 8o. On a aussi de lui une Gramm. hébraïque, et un Examen de l'Origénisme. f 29 sept. 1750 par suite d'un accident.
RUCKERT lo Frédéric, poète et orientaliste célèbre, né 16 mai 1788 à Schweinfurt, établi à Iéna comme prof, de belles-lettres en 1811, visita Rome en 1817, puis se maria et se fixa à Cobourg. En 1826 il fut appelé à Erlangen, et en 1841 à Berlin, comme prof, de languesorien-taies, avec le titre de conseiller intime. En 1849 il se retira dans sa terre de Neuses, près Cobourg, où il f 13 janv. 1866. Il a mis en vers Es. 40-46, et les petits prophètes, sauf Jonas. Il a aussi publié une vie de Jésus, harmonie des Évangiles.
2o Léopold-Emmanuel, né 1797 à Grosshen-nersdorf, près Hermhut, fut en 1825 prof, et sous-directeur au collège de sa ville natale, en 1840 à Zittau. C'est à cette époque qu'il publia ses Comment, sur les Romains, Galates, Corinthiens, Éphésiens, qui fondèrent sa réputation. En 1836 Copenhague lui décerna le titre de docteur. En 1844 l'univ. de Iéna l'appela * remplacer Baumgarten-Crusius, et peu de professeurs ont su comme lui exercer sur leurs élèves une bonne et saine influence. Il enseignait l'exégèse et la dogmatique. Il fut nommé conseiller ecclésiastique, et reçut en 1869 pour son jubilé la croix d'or épiscopale. C'est à Iéna qu'il publia sa Théologie, un livre sur les sacrements,» un sur la Cène, un sur l'Église, un sor le Rationalisme, etc. Il se donnait pour rationaliste, mais il conserva toujours l'empreinte des souvenirs de Herrnhut, resta avec les moraves dans des rapports affectueux, et tint lui-même à
Iéna pendant de longues années des réunions de missions le dimanche après-midi, sans se laisser décourager par le petit nombre de ses auditeurs. Il appartenait en réalité à l'école de Kant et de Fichte, et rationaliste de nom9 il resta chrétien de cœur.
RUDELBACH, André-Gottlob, né 29 sept. 1792 à Copenhague; un des représentants les plus absolus du luthéranisme, il combattit l'union dans ses écrits, ses prédications et ses journaux; et réclama pour l'Église plus d'indépendance et une constitution presbytérienne et synodale. Il a publié de nombreux ouvrages, entre autres une étude sur Savonarole et son temps, et une réfutation de la Néologie sous toutes ses formes. Même dans ses livres d'édification sa tendance confessionnelle est mise en relief, ainsi que l'importance qu'il attache aux sacrements. En 1829 il vint à Glanchau, Saxe, comme pasteur surintendant. En 1844 il retourna à Copenhague à l'occasion du mouvement catholique allemand, et professa à l'université. Enfin en 1848 il fut nommé pasteur à Slagel-see, où il f 3 mars 1862. 11 avait fondé un journal avec Guerike; à sa mort Delitzsch le remplaça.
RUDINGER, Esrom, né 19 mai 1523 à Bam-l>erg, étudia k Leipzig, logea chez Camerarius dont il élevait les enfants, et dont il épousa la fille ainée 1548; de 1549 à 1557 il fut recteur k Zwickau, vint ensuite à Wittenberg comme professeur, fut nommé recteur en 1562, doyen de la faculté eu 1570. Sa femme étant morte en 1558, il se remaria. S'étant prononcé sur la Cène dans le sens de l'égl. réformée, il dut quitter Wittenberg. Arrêté à Torgau, et sommé de changer d'opinion, il s'enfuit à Berlin, Bâle, Heidelberg, et finit par ouvrir une école près de Brtinn sous les auspices des Moraves, où il composa un Comment, en 5 vol. sur les Psaumes. Après la mort de sa seconde femme, il vint à Nuremberg, où il f 1591 (ou à Altdorf). Il a écrit quelques ouvrages, mais d'une importance secondaire; le plus intéressant traite des Fr. moraves, de leur orthodoxie, et de leurs petites églises.
RUDOLF (Rodolphe) lo moine du couvent de Fulda, f 865. Disciple de Raban Maur, il continua les Annales de Fulda 838 à 863, écrivit nne vie de Lioba, abbesse de Bischofsheim et aide de Boniface; une petite Hist. de Saxe, et une vie de Raban.—2<> R. d'Ems, f vers 1250, auteur d'une chronique du monde, mise en vers pour Conrad IV, presque le seul écrit du moyen âge, qui fasse connaître aux laïques l'hist. de l'A. T.
RUFIN lo ministre de Théodose 1er et d'Ar-cadius, né vers 350 en Aquitaine, ordonna le massacre de Thessalonique 390, fit périr Tatien, préfet du prétoire, dont il prit la charge, et allait être associé au trône par Arcadius, quand les troupes de Stilicon le massacrèrent pour se venger de ses cruautés et de sa tyrannie, 395.
2° R. Tyrannius, ou Toranius, ou d'Aquilèe, né 345 à Julia Concordia près d'Aquilèe, entra au couvent avant d'avoir été baptisé et ne reçut le baptême qu'en 372. En 374 il partit pour l'Orient, où Jérôme l'avait précédé d'une année, et pendant que celui-ci se fixait en Syrie, il se rendit dans les déserts de l'Égypte. Il habita aussi Alexandrie, où il se lia avec Didyme, Macaire. Sérapion, ainsi qu'avec le futur jeune évêque Théophile. Ces amis le gagnèrent à la théol. d'Origène. En 380 il vint à Jérusalem, où il rencontra sainte Mélanie, l'ancienne, qui avait alors 48 ans, et ils se vouèrent ensemble à la vie monacale et aux exercices ascétiques* En 394 il fut ordonné prêtre par Jean de Jérusalem, qui était aussi origéniste. Son ami Jérôme s'étant prononcé contre Origène à l'instigation d'Epiphanes, les deux amis se brouillèrent, et quoique Isidore, envoyé par Théophile, eût en apparence calmé les esprits, Rufin repartit pour Rome avec Mélanie, et s'établit 399 k Aquilée. Là il traduisit, mais très librement, en l'abrégeant et en y faisant une suite, l'Hist. ecclés. d'Eusèbe, ainsi qu'une Vie des pères, ou Hist. eremitica, de Patronius (ou de saint Jérôme); une Exposition du Symbole des Apôtres, où figure pour la première fois la Descente aux enfers. A Rome il avait déjà traduit l'apologie d'Origène, par Pamphile et Eusèbe de Césarée, et le livre des Principes d'Origène. Il alla jusqu'à mettre dans l'introduction à ce dernier ouvrage une ancienne approbation donnée par Jérôme, procédé qui froissa naturellement celui qui en était la victime, et Rufin, au lieu de réparer sa faute répondit aux reproches de Jérôme par ses Invectivœ en 2 livres. Devant l'invasion des Goths sous Alaric 408, il s'enfuit à Rome, et de là, avec Mélanie, en Sicile où il f 410. Sans grande portée théologique, il a rendu des services en faisant connaître à l'occident la science alexandrine. On lui doit de nombreuses Homélies d'Origène, et surtout les Récognitions clémentines.
RUGEN, île de la mer Baltique, appartenant auj. à la Prusse, ancienne Poméranie, première patrie des Rugiens qui fondèrent plus tard le Rugiland. Cette île fut longtemps la métropole et la citadelle du culte de Hertha (Erde, la terrant matrem de Tacite, Germanie 40). Là se trouvait, à Arcona, l'idole de Swantewit, dans un sanctuaire séparé du temple par un rideau en tapisserie; elle avait 4 têtes. Il y avait encore l'idole de Rugiwit, dont la tête avait 7 faces et une immense barbe qui logeait des hirondelles; Perewit, qui avait 5 têtes, et Perenutz qui en avait 4, et une sur la poitrine. Pour mettre fin aux déprédations de ces pirates, Louis-le-Gerrnanique sortit contre eux, tua leur roi et s'empara de l'île, 844. Les moines de Corbie entreprirent de l'évangéliser, mais pendant longtemps ils ne purent obtenir que des succès partiels, apparents et momentanés. Ce que la force des armes avait obtenu se reperdait aussitôt que la résistance était redevenue possible, et quand toute la Pomèranie était gagnée, Rugen seule maintenait encore les vieilles traditions. Enfin vers 1157 Waldemar 1er, roi de Danemark, entreprit une campagne énergique contre les restes du paganisme dans ces contrées, et en 1169 l'île entière tomba entre ses mains. Les idoles furent taillées en pièces, et les morceaux brûlés ou transportés à Copenhague. Les temples furent, les uns livrés aux flammes, les autres consacrés au culte chrétien, et Axel, ou Absalon, l'évêque de Rôskilde, l'ami du roi, tut chargé de l'administration religieuse de l'île que, pour sa bonne part, il avait aidé à conquérir. Le belliqueux èvêque fit d'abord mettre en liberté les prisonniers chrétiens; il baptisa d'un jour 900 habitants, fit venir des prêtres de Pomèranie, et en peu de temps on compta dans l'île 12 églises. En 1171 le roi dut céder au duc de Saxe la moitié de l'île pour la part qu'il avait prise â la conquête, et en 1177 le pape l'incorpora au diocèse de Schwerin. Elle revint plus tard au Danemark, puis en 1325 à la Pomèranie dont elle partagea les destinées religieuses.
RUGIENS, peuplade germanique, de la race des Suèves, originaire de Rugen. Ils apparaissent au S^e siècle, commandés par Attila, et fondent au nord du Danube un royaume comprenant sous le nom de Rugiland, l'Autriche et la Moravie, qui détruit par Odoacre 487, devint vers 500 l'asile des Hérules, et en 518 celui des Lombards. Le nom de Rugiland disparut.
RUINART, Thierry, né 10 juin 1657 â Reims, d'une bonne famille, entra en 1674 chez les bénédictins de Saint-Maur à l'abbaye de Saint-Fa-ron, Meaux, prononça ses vœux en 1675, et fut envoyé en 1677 à Saint-Pierre de Corbie pour y poursuivre ses travaux sous la direction de Mabillon. Sa vie n'eut d'autres épisodes que 2 voyages, en Alsace et en Champagne, f 27 sept. 1709 à Paris, abbaye d'Hautvilliers. II fut le collaborateur de Mabillon. On lui doit en outre, en latin, les Actes des premiers martyrs, très utilisé pour les sources, 1689; une Hist. de la persécution vandale 1694; une édition des Œuvres de Grégoire de Tours, 1699: un abrégé de la vie de Mabillon, 1709; une Apologie de la mission de saint Maur, où il cherche à établir que le fondateur de la congrégation est identique avec le Maur, ami de Benoît de Nursie; son Itinéraire en Alsace, les Œuvres posthumes de Mabillon, etc.
RULMANN, Merswin (Meerschwein, marsouin?) membre important de la Société des Amis de Dieu. Riche marchand de Strasbourg, il renonça au monde en 1347, d'accord avec sa femme, et s'attacha à Nicolas de BAle, le c grand ami de Dieu ». Il acheta un vieux couvent de sa ville, le fit restaurer et le donna aux johan-nites: c'est la • maison d'un grand prix >, dont il est souvent parlé dans l'hist. des Amis de Dieu. Il y f 1382. Auteur du: Livre des 9 rochers, et de: Les 4 années de sa vie recommencée.
RUMOLD, au 8®e siècle, f vers 775; év. de Dublin et de Malines: la légende le fait apôtre et martyr dans cette dernière ville. Connu par une Biogr. de l'abbé Theodorich Leodensis, du lime siècle.
RUPERT lo l'apôtre de la Bavière; venu d'Irlande, selon les uns, membre de la famille royale franque, selon d'autres, et frère de Trudpert, il visita d'abord les tombeaux des apôtres à Rome, et fut nommé par Childebert IL év. de Worms, où il travailla quelque temp* avec succès; bon pour les pauvres, il étail sévère contre les vices de son époque et se fit des ennemis surtout parmi les riches. Il fut chassé à coups de fouet, et se rendit 696 auprès de Théodo n, duc de Bavière, dont la femme Régi-natradis, était chrétienne. Le duc se convertit, et son exemple fut suivi par les grands de sa cour et par une quantité de ses sujets. Il descendit ensuite le Danube, et les chroniques de Salzbourg le font arriver jusqu'à cette ville, peut-être dans l'intérêt d'une rivalité de juridiction avec Passau. A son retour il vint au Wal-lersee, où il éleva une église. Il se chercha dans les couvents de France de bous collaborateurs, et ramena entre autres Chunobald et Gisilar. Sur les ruines de Juvartum, ancienne colonie chrétienne détruite par les Hérules, il construisit un couvent et bâtit une égl. dédiée à Fa p. Pierre; ce fut l'origine de l'évêché de Salzbourg. II fit venir de Worms des moines pour son couvent d'hommes, et mit à la tête du couvent de femmes sa nièce Ehrentrudis. Puis il reprit ses voyages, prêchant l'Évangile là où il n'avait pas encore pénétré, surtout dans la Norique, à OeU tring, à Ratisbonne, fondant des églises et laissant partout des collaborateurs.En voyant approcher sa fin, il réunit ses disciples, désigna Vita-lis pour son successeur, et mourut en paix le jour de Pâques, à Worms ou à Salzbourg, on ne sait en quelle année.
2o R. de Deutz, moine du oouvent de Saint -Laurent à Liège, où il trouva en l'abbé Béranger un modèle des vertus ascétiques, et dans son successeur Heribrand un maître ès sciences distingué. Il fut ordonné prêtre en 1100. Il combattit la doctrine de Guill. de Champeaux et d'Anselme de Laon, qui soutenaient que Dieu avait voulu la chute et le péché, tandis qu'il était lui-même infralapsaire à la manière d'Augustin quant à la prédestination; il se fit par là des ennemis acharnés, et se rendit 1113, sous la protection de l'archev. Frédéric de Cologne, an couvent de Siegbourg dont l'abbé Cuno était son ami. Il eut plusieurs discussions publiques, à Liège et Châlons, mais naturellement sans résultat; demeura à Liège jusqu'en 1119, et fut en 1120 nommé abbé de Deutz, où il 14 mars 1130. Enthousiaste et mystique, penseur profond, fécond écrivain, il a laissé de nombreux Comment, sur l'A. et le N. T., entre autres sur le Cantique de Salomon, où il voit une hymne à la Vierge; sur Job, les Petits prophètes, saint Jean, l'Apocalypse, la vision d'Ezéchiel 1,10; les livres des Rois, au point de vue typique, etc. Il a aussi écrit des traités de dogmatique et d'édification. Bellarmin lui reproche d'avoir nié la transsubstantiation.
RURIK, v. Russie.
RUSSIE. Cet immense empire, formé de races diverses, et dans lequel il ne se parle pas moins de 30 langues, a eu, suivant les siècles, des frontières qui onl beaucoup varié, puisqu'il fut un temps où il comprenait encore les contrées du Danube, et que c'est à une date relativement récente qu'il s'est agrandi sur les bords de la Baltique. Pour les anciens, ils n'en connaissaient guère que la Sarmatie et la Scythie. Puis, dans les premiers siècles de l'emp. romain, les Slaves vinrent s'établir entre l'Adriatique et la Baltique, et envahirent peu à peu tout le pays. L'invasion des barbares amena successivement les Goths, puis en 376 les Huns; plus tard les Alains, les Bulgares, les Chazares. Au 6m« siècle apparaissent les villes de Novogorod et de Kiew, et les Lèches, établis dans les plaines arrosées par le Dniéper, reçoivent le nom de Po-lanes. Leur religion est celle des autres tribus de la même souche; ils ont un dieu bon, Swan-towit, et un dieu noir, ou méchant, Tscherni-bog; puis quelques autres dieux inférieurs. Leurs temples sont des bosquets et des autels sur les hauteurs; les seigneurs et les anciens du peuple sont leurs seuls prêtres; ils ont des sorciers; leur culte consiste en sacrifices, quelquefois humains. Une vieille légende attribue à l'ap. André la première évangélisation de ce pays, et même l'épiscopat; il est possible qu'il ait parcouru les contrées situées sur les rives de la mer Noire. Tertullien compte déjà des chrétiens parmi les Sarmates, vers l'an 200. Les Goths sous Ulphilas, vers 376, connaissent le christianisme. De nombreux martyrs succombèrent dans la Chersonèse, sous la persécution de Valérien, vers 260; on parle même de plus de 250 évêques ou pasteurs; mais des siècles se passent sans apporter aucun fait nouveau à l'histoire de la religion en Russie. En 720 Skira débaptisé), fils du roi de Suède Ynguar, chef des redoutables Varègues, ou Warâgers, pirates nordmans, envahit la Russie centrale et se fixe à Novogorod; son nom fait supposer que le christianisme comptait alors quelques adhérents, mais on ne sait rien de plus. Enfin vers 860 trois frères de la famille Ross, ou Rttss, appelés par le peuple, qui aimait encore mieux les Warâgers que ses propres boyards, viennent s'établir à Novogorod. Snio et Truwor meurent bientôt, et Rurik reste seul chef de la nouvelle Russie, et fonde un État durable. Ses successeurs étendent leurs conquêtes, s'avancent vers le midi et se présentent avec une flotille de 200 canots jusqu'aux portes de Constantinople. Un miracle sauva la ville; d'après la légende, Photius fit apporter sur le rivage « le vêtement très réel » de la Vierge, et il en résulta une tempête qui engloutit ou dispersa les canots des barbares. De retour chez eux en petit nombre, les chefs russes demandèrent à Constantinople la paix, le baptême et des missionnaires pour les instruire. Rurik f 879 remit les rênes du gouvernement à Oleg, ou Olaf, son parent, pendant la minorité de son fils Igor. Oleg, politique habile. étendit les limites de son empire, prit Smolensk, et s'empara de Kiew, dont les deux chefs, Askold et Dir, chrétiens, furent mis à mort; le peuple les honora bientôt comme les deux premiers martyrs russes. Oleg fit de Kiew sa capitale; Igor, devenu majeur, épousa 903 la jeune Olga, q. v. Oleg f 912 et Igor f 945 restèrent païens, et ne firent rien pour l'Église, qui cependant se développa sans eux; en 925 il y a une cathédrale à Kiew, et un traité conclu en 945 porte cette clause qu'il ne pourra être violé par aucun russe, baptisé ou non baptisé; et ailleurs: que chacun prêtera serment selon sa foi; ce qui prouve qu'il y avait des chrétiens russes, et que le gouvernement, quoique païen, était tolérant. Le fils d'Olga, Swà-toslav, resta païen, malgré les sollicitations de sa mère, et le christianisme trouva longtemps à la cour une hostilité qui devint de plus en plus entreprenante. Swàtoslav f 972, laissant 3 fils, qui se disputèrent le trône pendant 8 ans. A la fin Wladimir fit assassiner ses deux frères et resta seul maître. Ambitieux et cruel, il restaura le culte, les temples et les dieux païens, et multiplia les sacrifices humains. En 983 il avait désigné comme victime un jeune warâ-ger; le père, qui était chrétien, protesta et résista; le peuple fanatisé massacra le père et l'enfant, Théodore et Ivan, qui furent bientôt après honorés comme de saints martyrs. Mais le christianisme gagnait les peuples voisins, et Wladimir ne pouvait fermer les yeux à ses progrès. Les mahométans, le pape, des missionnaires juifs avaient essayé de le convertir; un philosophe grec, chrétien, réussit mieux. Le monarque ébranlé demanda seulement un peu de temps pour réfléchir, ou pour préparer son entourage à un changement de religion. En 988 il se fit baptiser à Cherson, sous le nom de Basile Wassilii, et épousa la princesse Anne, sœur de l'emp. Basile II. De retour à Kiew, il fit baptiser tout son peuple, à commencer par les grands, et les idoles furent brisées ou jetées au Dnieper. On procéda sans retard à l'organisation d'une Église russe, sur le modèle de l'Égl. grecque, et en s'attachant à la forme extérieure du culte plus qu'à la doctrine; on fonda des établissements d'éducation, et la Bible fut reconnue comme règle de foi; on se servit de la version de Cyrille, en slavon oriental, qui était encore intelligible pour le peuple russe, comme le prouvent les annales de Nestor, rédigées 1108 dans le même dialecte. D'après le Livre des degrés (Stufenbuch), le patr. de Constantinople envoya 988 à Kiew, comme métropolitain, un prêtre syrien nommé Michel qui parcourut tout le pays, évangélisant, baptisant, construisant des églises et des écoles, et qui fut remplacé à sa f 992 par un grec, Léontias, qui montra aussi beaucoup de zèle. On nomme encore à Novogorod l'év. Joachim, qui travailla avec succès 992-1030, avec l'aide de son disciple Ephraïm, chargé de l'enseignement. Wladimir partagea ses États entre ses 12 fils, encore de son vivant, et si ce partage donna lieu à de sanglantes divisions, il servit cependant la cause du christianisme en fixant les populations et en enlevant à l'idolâtrie ses dernières chances. Wladimir f 1015. Son ingrat neveu, Swâtopolk, dit le Scélérat, monta sur le trône en faisant périr plusieurs fils de son oncle, mais en 1019 il fut battu par Jaroslav, fils de Wladimir, qui régna jusqu'en 1054, et servit la cause chrétienne par des lois, des règlements ecclésiastiques, des écoles, et par une direction utile imprimée à l'activité des couvents, qui traduisirent beaucoup d'ouvrages grecs, notamment des pères. Il restait sans doute encore quelques tribus païennes, mais l'Égl. russe était formée; elle était libre vis-à-vis de Rome, Iaroslav montra qu'elle était indépendante de Constantinople, en nommant de sa propre autorité Luc Schidâta év. de Novogorod 1036, et Hilarion métropolitain de Kiew 1051. La domination mongole 1225-1480 n'exerça presque pas d'influence sur la situation de l'Église; mais la prise de Kiew par les Lithuaniens 1320 eut pour effet de transporter à Moscou le siège métropolitain, centre de l'Égl. russe, qui relevait de Constantinople. Et comme, depuis la conversion de Jagelloo, la Lithuanie devint catholique, ils établirent à Kiew en 1415 un métropolitain de leur confession. En 1596, sous la domination polonaise de Sigismond, III, et sous l'influence du jésuite Pos-sevin, on négocia au synode de Brzesk la réunion de cette partie de l'Égl. russe avec Rome. Déjà en 1439, au concile de Florence-Ferrare, Isidore de Moscou s'était laissé gagner à l'idée de l'union, ce qui lui avait valu à Rome le chapeau de cardinal et le litre de légat, mais à Moscou sa déposition par le synode, la prison et l'exil; + à Rome 1463. Le synode déclara relever non de Rome, mais de Constantinople, lien qui devait à son tour se relâcher peu à peu et finalement se briseh En 1589 Jérémie II de Constantinople consacra Job comme métropolitain de Moscou et comme patriarche indépendant de l'Égl. russe, mais en réservant toujours au patr. de Constantinople le droit de confirmation; ce droit même se perdit le siècle suivant, et il ne resta plus au siège de Constantinople qu'une primauté d'honneur. Mogilas, Nikon, et indirectement Cyrille Lucar, concoururent à donner à l'Égl. russe une organisation ecclésiastique et une espèce d'unité, qui se maintint malgré le schisme des rascolnicks et d'une foule d'autres sectes plus petites, qui n'ont cessé d'éclore comme autant de manifestations spiritualistes et de protestations de la conscience individuelle, mais qui en général ont peu duré. Le siège patriarcal est inoccupé depuis 1702; Pierre-le-Grand en confia les attributions à l'éparcbat de Rinizan, et finit par les donner au saint synode dont il se réservait la nomination. Le patr. de Constantinople reconnut ce nouveau changement et donna au synode le titre de patriarcal. Le tzar était le président réel du synode. Catherine II mit le comble à ce régime de césaropapisme en mettant à la charge de l'État l'administration des biens ecclésiastiques et l'entretien du clergé. Dès lors tout fut mis en œuvre pour que l'Égl. gréco-russe fat entièrement et réellement une Église nationale, celle de tous les citoyens. Nicolas en particulier, en molestant les dissidents, en exigeant que les enfants issus de mariages mixtes fussent élevés dans la religion russe, en interdisant la conversion de ses sujets à un autre culte, en récompensant au contraire les dissidents qui passaient à la religion de l'État, a été conséquent avec son principe; et le prince Gortscha-koff, le 14 juill. 1871 à Friedrichshafen, en opposant à l'Alliance évangélique un*e fin de non-recevoir n'a fait que tirer les conclusions d'une situation donnée. Mais il faut reconnaître aussi que, dans la pratique, le gouvernement de l'Église par l'État a eu quelques bons côtés; il a empêché la formation d'une hiérarchie trop puissante, et favorisé l'établissement d'écoles et de séminaires. Sous ce rapport Alexandre a rendu de vrais services; il a même provoqué en 1813 à Pétersbourg la création d'une Soc. biblique, malheureusement dissoute en 1826. Le 18m« siècle a compté dans Pépiscopat quelques hommes distingués: Propokowicz, l'ami de Pierre-le-Grand, auteur d'une Dogmatique, f 1736; Platon, métropolitain de Moscou, auteur d'un excellent Catéchisme, f 1812; Théo-phylacte, archimandrite de Moscou, auteur d'un Manuel dogmatique paru en 1773; Philarète enfin, dont le Catéchisme de l'Égl. orientale orthodoxe a encore été approuvé par le synode de 1866. — L'empire est divisé en 52 éparchies ou provinces, et celles-ci en diocèses, dont 24 ont à leur tête des archevêques, les autres des évêques. Kiew, Pétersbourg, Novogorod, Kasan et Tobolsk sont des sièges métropolitains. Le bas clergé est marié; en général il est peu instruit, peu religieux et peu considéré. Les couvents sont riches et mondains; il y en a environ 600; le plus considérable est celui de Troitskoje, à 50 kilom. de Moscou. La population a des instincts religieux et professe un grand respect pour ses prêtres, popes, diacres et autres, mais elle est assez indifférente, ou ignorante, quant à la doctrine; elle tient surtout au culte, aux saints et aux sacrements. La vie chrétienne est mieux comprise des sectes, sans être cependant tout à fait absente de l'Égl. officielle. Les grecs-unis de quelques provinces, de Pologne surtout, qui, au nombre d'environ 2 millions, avaient consenti vers 1596 à se placer sous la juridiction nominale du pape, tout en conservant leur discipline, leur culte et leurs usages, sont rentrés peu à peu dans l'Égl. russe; Catherine II les traita durement, en ne leur laissant que l'évêché de Polocz; Paul et Alexandre furent plus tolérants et leur donnèrent 6 évêchés, mais Nicolas, qui aimait les situations nettes, mit fin par l'ukase du 5 juillet 1839 à l'anomalie de cette Église qui était catholique et grecque en même temps. La protestation de Grégoire XVI, du 22 sept. 1839 resta sans écho, v. Grecs.
Le nombre des catholiques russes est de 3 à 4 millions; on les trouve surtout en Pologne; leur autorité centrale est le collège ecclésiastique de Pétersbourg, présidé par l'archev. de Mohi-lew. Les jésuites, bannis de partout et supprimés par Clément XIV, trouvèrent un asile auprès de Catherine, qui ne voyait en eux qu'une puissance ennemie de la papauté; mais leur prosélytisme acharné, et surtout leur ambition d'accaparer tout l'enseignement, éveillèrent de légitimes susceptibilités; leurs collèges furent fermés en 1816, et eux-mêmes bannis en 1820.
L'insurrection polonaise en 1863 porta un coup fatal à l'Égl. catholique, et le 28 nov. 1864 une quantité de couvents furent sécularisés, le clergé consigné dans ses paroisses, et les contrevenants envoyés en Sibérie. Les protestations de Pie IX n'aboutirent qu'à la rupture des relations diplomatiques entre les deux Églises. — Les protestants, en grande majorité luthériens, se trouvent surtout dans les anciennes provinces suédoises: en Finlande, plus d'un million et demi, avec un archev. à Abo, un évêque à Borgo, une université à Helsingfors; en Courlande, Livonie et Esthonie, aussi un million et demi, gouvernés par des consistoires et des surintendants, avec une université à Dorpat. Malgré les traités et les garanties, ces provinces ont eu beaucoup à souffrir vers 1830 des tendances du gouvernement à soumettre toutes les consciences au culte officiel; des lois oppressives facilitaient le passage du protestantisme à l'orthodoxie russe, en empêchant tout mouvement en sens contraire, et l'appât d'avantages matériels a provoqué en peu d'années la désertion d'environ 40 mille paysans, qui ont passé à l'Égl. grecque. Il y aussi des communautés protestantes dans les environs de Saratow, en Bessarabie, en Georgie, en Crimée, en Sibérie, et daus la plupart des grandes villes. Les moraves, ou hern-houtes, ont des stations en Livonie, en Cour-lande, et à Sarepta depuis 1765; les mennonites, ou anabaptistes, ont cultivé les steppes de la Moloschna, où ils comptent 70 établissements, avec 1700 âmes; la menace du service militaire en a cependant décidé un certain nombre à émi-grer et à se rendre en Amérique. Enfin les juifs, dont la position varie beaucoup suivant les provinces qu'ils habitent et suivant la nature de leurs rapports avec la population. Leur commerce, leurs bénéfices et la propagande russe contribuent trop souvent à provoquer contre eux des insurrections populaires d'un caractère sauvage, ou des persécutions légales plus injustifiables encore.
RUYSBROOK, Jean, surnommé le docteur extatique, le plus illustre des mystiques hollandais. Né 1293 dans le petit village de Ruys-brook, entre Bruxelles et Hall, il fut élevé par un parent, Jean Hincart, chanoine augustin, et devint en 1317 vicaire de Sainte-Gudule. Il se distingua par ses talents, son zèle et sa charité, et entretint des relations intimes avec les cercles mystiques de la vallée du Rhin, les Amis de Dieu et Nicolas de Bâle. A 60 ans il donna sa démission et se retira dans le couvent de Grônendal, dont il fut nommé prieur, et où il f 2 févr. 1381. On lui attribua des miracles, même de son vivant. Ses principaux disciples furent Gérard Groot et Guill. Jordaens. Il a écrit de nombreux ouvrages en flamand; presque tous furent traduits en latin par ses disciples, et quelques-uns en allemand: Les ornements des noces spirituelles, Le miroir du salut éternel, Comment, sur le tabernacle de l'Alliance, Des 4 tentations subtiles, Des 7 degrés de l'amour, De la vraie contemplation, etc.
RYSWICK, Hermann (de), hollandais, condamné par l'inquisiteur Hoogstraten et brûlé 1512 à La Haye, sous prétexte d'idées manichéennes, comme ayant nié l'immortalité de l'âme et affirmé l'éternité du monde; il soutenait aussi que la Bible est un recueil de fables et que Jésus fut un séducteur.