W

 

WAGNER. Georges, d'Emmeringen, Bavière, s'était donné, suivant l'usage du temps, un nom latin: Carpentarius. On ne sait rien sur sa conversion, mais son zèle pour Christ, le fit jeter en prison à Munich au commencement de 1527. Après des essais infructueux pour le faire abjurer, ses juges lui envoyèrent le 18 février deux bourreaux, qui l'emmenèrent sur la place publique. Deux cordeliers l'assistaient. Arrivé à l'hôtel de ville Wagner maintint encore une fois, devant tous, les thèses qu'il avait soutenues (le prêtre ne peut pardonner les péchés, Dieu n'habite pas dans l'hostie, le baptême d'eau ne sauve pas, etc.). Plusieurs personnes, entre autres le prêtre Conrad Schritter essayèrent une dernière fois de le persuader d'abjurer; il leur répondit de la manière la plus édifiante. Quelques personnes émues lui demandèrent de donner avant sa mort une preuve de sa foi. « Vous reconnaîtrez ma foi à ceci, dit-il, c'est que tant que j'aurai un souffle de vie, je confesserai le nom du Seigneur Jésus. > Du milieu des flammes qui l'entouraient, on put en effet l'entendre distinctement proclamer le nom de Jésus. C'était le 18 févr. 1527.

 

WALA, v. Adalard.

 

WALAFRIED Strabon (il s'appelait lui-même Strabus. le louche), né au commencement du 9m* siècle, anglo-saxon ou originaire du Haut-Rhin, élevé d'abord à Reichenau ou à Saint-Gai], plus tard à Fulde sous Raban Maur, était en 842 abbé de Reichenau, et f 849 dans un voyage à la cour de Charles-le-Chauve entrepris pour Louis-le-Germanique. 11 appartient à cette pléïade d'hommes distingués de la renaissance chrétienne qui fleurit sous l'influence de Charlemagne. Son principal ouvrage est la Glosa or-dinaria, souvent réimpr. avec les notes de Nicolas de Lyre; c'est le texte latin de la Bible, avec des extraits des pères en marge, comme exégèse; puis une Archéologie ecclésiastique, une vie de Saint-Gall, une étude sur la ruine de Jérusalem, des poésies latines, etc. Édition compl. par Migne, 1852.

 

WAHL, Chrétien-Abraham, né 1 nov. 1773 à Dresde, pasteur à Schneeberg, Oschatz et depuis 1835 conseiller consistorial à Dresde, + 30 nov. 1855. Auteur d'une Introd. histor. aux livres de la Bible, de Conseils aux parents et instituteurs; de quelques dissertations philologiques H surtout d'un dictionnaire grec-latin, Clavis N. Test, philologica, souvent réimpr. et très estimé.

2° Samuel-Fr.-Gunther, né 2 févr. 1760 près d'Erfurt, recteur à BUckebourg, prof, de langues orientales à Halle, f 29 juin 1834. Auteur de plusieurs ouvrages sur l'Asie et les langues orientales, Dictionn. etc.

 

WALCH lo Jean-Georges, né 17 juin 1693 â Meiningen, fils du surintendant, étudia à Leipzig, et après avoir publié quelques ouvrages de philologie, fut nommé à Iéna, d'abord prof, de philos, et de littérature, puis prof, de théol. 1724; en 1726 il fut promu docteur, en 1754 membre du conseil ecclésiastique, f 13 janv. 1775. Gendre de Fr. Buddée, il prit son parti dans sa controverse antiwolfienne. Il a énormément écrit, et son professorat de plus de 50 ans a porté de bons fruits. On lui doit un Dictionnaire de philos., une Introduction à la philos., l'hist. du N. T. dans les 4 premiers siècles, une Introd. aux controverses religieuses des égl. protestantes, une Biblioth. théologique, une Biblioth. patristique, avec catalogue des livres publiés dans les différentes branches de la théol.; enfin et surtout une édition compl. des Œuvres de Luther, en 24 vol., qui, bien dépassée auj., n'en fut pas moins un travail très remarquable pour son temps, aussi exact et aussi complet que le permettaient les circonstances.

2o Chrétien-Guill.-François, 2™« fils du précédent, né 25 déc. 1726 à Iéna, enseigna l'hist.T l'algèbre et la philos, dans sa vie natale, et entreprit en 1747, avec son frère plus jeune, un voyage d'études en Hollande, France, Suisse et Italie. En 1750 il fut nommé prof, de philos, à Iéna, en 1753 à Gôttingue, où il fut en 1757, chargé de la théologie. Il était membre de la Soc. des sciences historiques, f 10 mars 1784. Luthérien orthodoxe, comme son père, il a cependant plutôt considéré la théol. comme une science que comme une puissance morale, et s'il lui a rendu des services c'est moins par la nouveauté ou la profondeur de ses vues, que par sa méthode rigoureuse et par l'exactitude de ses recherches. On lui doit entre autres une Hist. des papes romains, des Antiquités, une Hist. de la canonisation de Charlemagne, une Hist. desconcilps, une Hist. des hérésies, schismes et controverses; un Examen critique des sources de l'hist. eccl., des Recherches sur l'usage de l'Écrit, sainte parmi les chrétiens des 4 premiers siècles, etc.

3o Jean-Ernest-Emmanuel, frère aîné du précédent, né 30 août 1725, l'accompagna dans ses voyages, et fut plutôt littérateur, philologue et minéralogiste, quoiqu'il fût aussi théologien. Prof, d'éloquence et de poésie à Iéna, f 1 déc.

1778. On a de lui des travaux sur les persécutions des chrétiens en Espagne, sous Néron, puis sous Dioctétien; etjjuelques dissertations: sur le dieu de l'ile de Malte (ou Mélite), Acte 28, 6., sur la foi des enfants dans le sein de leur mère, sur les anciens symboles, etc.

 

WALDENSTROEM, P., le rénovateur du piétisme suédois, né en 1838, consacré en 1863, nommé 1864 à Uméa maître de religion, de grec et de latin, puis à Gefle entre Stockholm et Upsal. Disciple et ami d'Olaf Rosenius, un des promoteurs les plus influents et les plus vénérés du réveil, il fut son successeur dans l'œuvre de l'évangèlisation de la Suède, fonda des sociétés de missions par centaines, toute une légion d'associations ou confréries Missionnaires, fit élever de nombreux oratoires, créa une foule de conventicules, à la téte desquels il plaça des évangélistes, colporteurs et prédicateurs laïques; fit imprimer des traités et les répandit en grand nombre, envoya des missionnaires jusque dans les colonies du royaume, et publia 3 journaux, dont l'un, IePiétiste, compta bientôt jusqu'à 25,000 abonnés. Pour rendre PÉvangile plus abordable, il le débarrassa de ce qu'il appelait les t ronces théologiques, » et secoua le joug des symboles officiels. Par une réaction exagérée contre l'orthodoxie morte, il alla peut-être un peu loin, et se fit accuser de socinianisme et d'antinomianisme.Il demandait aussi la séparation de l'Église et de l'État, pour écarter les communiants indignes et les pasteurs mercenaires. Un congrèspiétiste réuni lel6août 1876 et comptant plus de 600 membres, demanda au roi la revision de la loi ecclésiastique, démarche appuyée par plus de 25,000 signatures, mais le synode général d'octobre 1878 préavisa négativement, et en 1879 le consist. ou chapitre d'Upsal a définitivement condamné W. et censuré sa doctrine. Son œuvre n'en continue pas moins et a pris une extension nouvelle.

 

WALDHAUSEN, Conrad (de), né autrichien, moine augustin, prédicateur à Vienne 1345-1360, curé à Leitmeritz, puis à Prague; un des précurseurs de Jean Huss, ennemi des ordres mendiants, représente à la fois l'opposition aux dogmes traditionnels, la réaction de la piété contre le formalisme, et la protestation de la conscience contre l'immoralité du clergé. Ses adhérents étaient si nombreux qu'il dut souvent prêcher sur la place publique à Prague, f 8 déc. 1369.

 

WALFROI, ou Valfroie, ou Ouftay: en latin Wilfiaïcus, saint peu connu, du 6®® siècle, originaire de Lombardie, diacre, qui après s'être développé sous saint Yriez, abbé du Limousin, et prenant Martin de Tours pour modèle, vint s'établir dans le diocèse de Trêves, a environ 8 lieues de Sedan, se bâtit un petit ermitage pour y vivre solitaire, et finit par élever ,une colonne au haut de laquelle il se tenait debout, pieds nus, l'hiver comme l'été; sa barbe ne formait quelquefois qu'un énorme glaçon. On dit que cette grande vertu toucha les païens des environs et les convertit. Il mourut dans la communauté de son couvent. L'ermitage de Saint-Walfroi existe encore, mais sous la forme d'nne petite auberge, sur la hauteur, non loin des ruines d'Orval, avec une vue magnifique. Fête 21 octobre.

 

WALPURGIS, Walpurga, ou WaUmrga, d'une famille noble anglaise, sœur de Willibald et de Wunebald, et nièce de Winfrid (Boni-face), suivit ses frères, avec quelques religieuses, pour répondre à l'appel de son oncle, et travailler à l'évangèlisation de la Thuringe. Elle y vécut dans le couvent de Bischofsheim, puis dans celui de Heidenheim fondé pour hommes et femmes par Wunebald, et à la mort de celui-ci, elle lui succéda comme supérieure. Elle f vers 777. Au milieu du siècle ses ossements furent transférés par l'év. Otkar dans l'égl. d'Eichstaedt; on en donna des morceaux à divers couvents. Son sternum en particulier, l'os de la poitrine, donné aux nonnes de Mon-heim, laissait et laisse encore perler une huile merveilleuse qui guérit bien des maladies. Elle fut canonisée un mai, grand jour de fête pour l'Allemagne païenne, ce qui contribua beaucoup à sa popularité. Les légendes se multiplièrent, et son culte se répandit en Allemagne, France, Pays-Bas, Angleterre, etc. On lui attribua de l'efficacité contre la morsure des chiens. On alla jusqu'à dire qu'elle avait fait un voyage missionnaire avec lesap. Philippe et Jacques; et comme on suspecta sa chasteté, elle prit un morceau de bois bien sec, le planta en terre, et il produisit aussitôt des feuilles. On n'a pas le droit de la rendre responsable de pareilles insanités. Il est également improbable qu'elle ait accompagné ses frères en Terre Sainte. On la désigne souvent sous le nom de Nonne de Heidenheim.

 

WALKER, un des auxiliaires de Brown, q. v. Il finit par l'emporter dans les rivalités qui éclatèrent entre eux, se montra conséquent jusqu'au bout dans son opposition à l'Église établie, et ne ce?sa de poursuivre le retour au christianisme primitif. Ses sectateurs reçurent le nom de Walkeristes.

 

WALTER, Ferdinand, juriste catholique, né 30 nov. 1794 à Wetzlar, élevé à Cologne, fit la guerre d'indépendance avec un régiment de cosaques du Don, étudia le droit à Heidelberg et fut nommé prof, à Bonn où il se distingua par l'élégance et la clarté de son enseignement. En 1848 il fit partie de l'assemblée nationale de

Prusse, où il défendit avec fermeté, mais sans déclamations violentes les droits de l'Égl. catholique. Auteur d'un Manuel du droit eccles. de toutes les confessions chrétiennes, qui a obtenu plus de 40 éditions, et d'un travail très remarquable sur les traditions et les sources (Fontes juris) du droit ecclésiastique.

 

WALTHER lo ou Gautier de Saint-Victor, v. Gautier. —2° W. von der Vogelweide, troubadour ou minnesânger allemand, né en Fran-conie vers 1170 d'une famille noble mais pauvre, vécut de ses chants et chanta ses protecteurs; il alla en Autriche de château en château, de cour en cour, et f 1230 paisiblement à Wurzbourg. Catholique pieux, il n'en flétrit pas moins les vices de son temps et les excès de l'Église; il a parfois des accents prophétiques. Parfois aussi on peut le trouver déiste et libre penseur.

 

WALTON, Bryan, né 1600 à Cleveland, docteur en théol. 1639, év. de Chester 1660, f 1661 à Londres. Orientaliste distingué, très attaché aux pères et aux traditions de l'Église, homme de science, d'un jugement sain, il a publié en 1654 une Introd. à l'étude des langues orientales, mais son principal ouvrage est l'édition delà Bible polyglotte, dite d'Angleterre, ou de Londres. 1657, 6 vol. in-fol.; elle renferme l'hébreu, le samaritain, le caldéen, la Vulgate de Clément VIII, les Septante, et quelques parties en éthiopien, arabe et persan. Walton a eu pour collaborateurs plusieurs autres savants.

 

WANDELBERT, belge, ou plutôt allemand (d'après Tri thème), né 813, moine de l'abbaye de Prtiin, diocèse de Trêves, écrivit en vers et en prose, à la demande et sous la direction de Marquart, son abbé; à 35 ans il n'était que diacre; on ignore s'il reçut la prêtrise. + 870. Parmi les ouvrages qu'il a laissés, on remarque une Vie de Saint Goar, un peu légendaire, d'après d'anciens documents; le Martyrologe, en vers latins, presque tous hexamètres, donnant pour chaque jour de l'année l'histoire du saint ou des saints du jour, 360 pièces, avec quelques préfaces et épîtres dédicatoires, à Lothaire etc.; un Hexameron, ou les 6 jours de la Création, avec des explications mystiques, et quelques autres poésies.

 

WARBURTON, William, né 24 déc. 1698 à Newark, d'abord avocat, puis en 1723 théologien, diacre, successivement recteur de Gryesly, de Brand-Broughton, chapelain du prince de Galles et du roi Georges II, prédicateur à Lin-colns Inn, chanoine de Durham, docteur, doyen de Bristol, et enfin 1760 év. de Glocester où il f 7 juin 1779. Connu surtout par sa controverse contre les déistes et les dissidents. Il défendit l'union de l'Égl. et de l'État en marquant leurs limites respectives, mais en maintenant la liberté religieuse pour les dissidents. Il combattit surtout Bolingbroke, Lowth, Middleton, et défendit l'Essai de son ami Pope contre ses aggresseurâ. Sa réputation date de son premier ouvrage: Alliance entre l'Égl. et l'État 1736; mais le second, de 1737, est beaucoup plus important; il cherche à prouver la divinité de la législation mosaïque en s'appuyant des principes du déisme, et il trouve un argument dans le fait même que la doctrine de l'immortalité n'y est pas enseignée. Voltaire le combla d elo ges, mais Warburton repoussa ces louanges équivoques en prouvant que Voltaire l'avait mal compris et mal cité, et en corrigeant aussi quelques erreurs de fait qu'il avait lui-même commises. Il développa son système dans plusieurs éditions siftcessives. dans sa Vindication, dan> ses Remarks et dans quelques Sermons sur les principes de la relig. naturelle et de la relig. révélée. Son livre intitulé Julien tend à établir la vérité de la révélation d'après le fait, mentionné par Ammien Marcellin, du feu qui sortit de terre pour empêcher, sous Julien, la reconstruction du temple de Jérusalem. Warburton regarde le livre de Job comme un poème écrit après le retour de l'exil.

 

WARD 1° Marie, originaire de Graveline, commencement du 17roe siècle; fondatrice d'une Association de demoiselles anglaises pour l'éducation de la jeunesse, Urbain VIII supprima la Société 1630, Clément IX l'autorisa de nouveau 1703. La Société se compose de 3 classes: nobles, bourgeoises, servautes; elle s'occupe aussi des malades. Ni vœux perpétuels, ni claustration.

2° Seth W., prélat anglican, né 1617 à Bun-tingford, prof, d'astronomie à Oxford, recteur à Saint-Laurent de Londres, év. d'Exeter, puis de Salisbury 1667, chancelier de l'ordre de la Jarretière 1671, f 1689 àKnightsbridge. Auteur d'un Essai sur les attributs de Dieu et sur rira-mortalité de l'âme, de Sermons, et d'une Dissertation sur la philos, de Hobbes.

 

WARDLAW, Ralph, né 22 déc. 1779 à Dal-keith, Écosse, arrière-petit-fils d'Erskine, un des fondateurs de l'Égl. de la sécession, étudia à Glascow et à Selkirk, se joignit aux congre-gationalistes, et fut successivement pasteur à Perth et Dumfries, puis directeur du séminaire de Glascow. + 17 déc. 1853. En 1814 il avait publié quelques Discours sur le socinianisme; en 1816 un écrit contre l'unitarisme lui valut le doctorat du collège de Yale, Connecticut. Puis parurent des traités et des discours sur le baptême des enfants, l'assurance du salut, la doctrine de l'expiation, le sabbat, la morale chrétienne, le péché originel, les miracles, etc. Sa Théol. systématique, en 3 vol. ne parut qu'après sa mort; c'est un ouvrage de valeur. Il a aussi composé des cantiques. Président de l'Association volontaire des églises, il a touj. défendu le système volontaire, notamment contre Chal-mers, jusqu'au moment où celui-ci se sépara de l'Épi, établie.

 

WARHAM, William, le dernier, ou si Ton compte Cranmer. l'avant-dernier archev. catholique de Cantorbéry, nommé et canoniquement établi par le pape. Né à Okeley, Hampshire, d'une bonne famille, il fit ses études à Winchester et à Oxford, s'appliqua surtout au droit, fut avocat de la cour des Arches, puis modérateur de l'école de législation civile à Oxford; en 4493 il fut envoyé avec Poynings à la cour de Bourgogne pour demander l'extradition de Warfceck. Dès lors son avancement fut rapide; il fut nommé garde des sceaux, lord grand chancelier, év. de Londres, et en 1504 archev. de Cantorbéry, et en même temps chancelier d'Oxford. Très en honneur sous Henri VII, il baissa sous Henri VIII et fut relégué au second plan par Wolsey. C'était un vrai prince de l'Église, actif travailleur, ami d'Érasme et des humanistes, mais conservateur à outrance et opposé à toute réforme. Il lui fut dur, en 1532, de devoir, au nom du clergé, présenter l'acte qui plaçait les évêques sous la suprématie royale, + 23 août 1532, laissant à peine de quoi pourvoir à ses funérailles. Sa biblioth. fut partagée entre Oxford et Winchester. Parmi ses papiers on trouva une protestation notariée, datée de 1531. contre tous les projets de réforme, avec une adhésion sans réserve aux décisions du saint-siège. Il avait en 1515 donné sa démission de lord chancelier; lorsqu'après la chute de Wolsey cette place lui fut de nouveau offerte, il la refusa.

 

WARNEFRIED, v. Paul go.

 

WARTBOURG (lechâteau de la). A une demi-lieue d'Eisenach, dans le grand-duché de Saxe-Weimar, la Wartbourg, comme on dit familièrement dans le pays, s'élève depuis plus de 800 ans au sommet d'une montagne boisée. De la forte position qu'elle occupe, elle plane sur les forêts et les vallées d'alentour et semble commander au loin à de vastes territoires. Mais la grâce majestueuse du paysage ne saurait distraire personne de l'éloquence des souvenirs. Là tout parle, tout a une âme. Avec son sceptre poétique et son diadème chevaleresque, religieux, historique, légendaire même, la Wartbourg est plus encore que « le palladium » de la Thuringe, elle est un monument national par excellence. L'Allemagne entière l'admire et le vénère, cet édifice tant de fois séculaire. Ce n'est pas pour le seul charme pittoresque des lieux que des milliers de touristes de toutes opinions et de toutes croyances gravissent joyeux, en toute saison, les pentes parfois rudes qui conduisent au parapet et au pont-levis du château. Le rôle de la Wartbourg a commencé presque avec son origine. Un jour que le comte Louis de Thuringe, deuxième du nom, s'était laissé emporter loin de sa suite par l'ardeur de la chasse, il suivit si longtemps la piste d'une bête fauve qu'il parvint jusqu'aux environs d'Eisenach et n'hésita pas à s'engager dans la montagne. Fatigué enfin d'une poursuite vaine, il se laissa gagner par l'attrait du paysage. « Attends, montagne — s'écria-1-il — je ferai de toi un château-fort » (Warte, Berg, du sollst mir eine Burg werden). Et ces deux mots unis, Wartburg. auraient servi de baptême au donjon. Cela se passait en 1067.

Depuis cette époque, la Wartbourg a marqué toujours dans les annales de la contrée et plus d'une fois dans celles du monde. Pendant la féodalité, c'étaient les comtes et les landgraves de Thuringe, Louis-le-Barbu, Louis-le-Ferré, Louis-le-Doux, Louis-le-Saint qui faisaient retentir le manoir du bruit de leurs aventures et du renom de leurs exploits, tandis que la pieuse Élisabeth de Hongrie, sacrifiant tout aux œuvres de charité, devint l'ange béni de son époux, de sa famille, des pauvres. Avant même le mariage d'Elisabeth, la poésie, au commencement du treizième siècle, s'était assise au foyer du landgrave Hermann; une célèbre lutte poétique s'engageait en 1207 entre les principaux trouvères allemands, soit minnetoenger, Wolfram d'Eschenbach, Walther de Vogelweide, Henri d'Ofterdingen, d'autres encore, qui aux yeux de la postérité ont rendu la Wartbourg inséparable de leurs chants.

Avec la Renaissance et les temps modernes, le château de sainte Élisabeth a vu ses hautes murailles et ses tours briller d'un nouvel éclat. On sait que Luther, à son retour de Worms, fut arrêté, par ordre de Frédéric-le-Sage, conduit à la Wartbourg par mesure de précaution, et soustrait ainsi aux tentatives de ses ennemis; on n'ignore pas davantage que, pendant le séjour qu'il dut faire dans ce « Pathmos, » dans cette région t de l'air et des oiseaux, » les travaux formidables auxquels il se livra décidèrent de son avenir et du triomphe final de sa cause. Luther habita la maison dite des Chevaliers, dans la première cour du château. On y voit encore sa cellule, avec des objets qui lui ont appartenu ou qui le rappellent, et dans le voisinage de cette cellule, diverses inscriptions, curiosités et peintures consacrées à son souvenir et à celui des Réformateurs.

La religion, l'histoire et l'art n'ont donc pas cessé de se donner rendez-vous sur les hauteurs d'Eisenach. Mais plus ou moins abandonnée par suite de différentes circonstances et inhabitée pendant un certain temps, la belle demeure des landgraves aurait pu tomber dans un regrettable état de dégradation, si elle n'avait été restaurée an moment opportun. Cette restauration, qu'on peut regarder aujourd'hui comme achevée, est due à l'heureuse et vigilante initiative du grand duc régnant Charles-Alexandre. Bien qu'il soit d'une extrême difficulté de reconstituer un édifice selon son plan primitif, dans son vrai style et sa couleur locale, rien n'a manqué au succès du travail entrepris. Les conditions les plus délicates ont été remplies en vérité, et des artistes tels que M. l'architecte de Ritgen et feu M. le commandant B. d'Amswald ont excellemment secondé les vues et le goût exprcé du souverain. Nous ne connaissons pas de château de style roman qui représente plus fidèlement le caractère de l'époque jusque dans les moindres détails du symbolisme, des chapiteaux, des colonnes, des peintures murales, des plafonds, des fenêtres, de l'ameublement, de l'ornementation. La tour et les appartements des landgraves, la grande salle des fêtes, la salle des troubadours, la galerie de sainte Élisabeth qui ouvre sur la chapelle où prêcha Luther, toutes ces consciencieuses rénovations dans l'esprit du passé sont des «fuvres qu'on ne saurait assez apprécier et qui garderont une place d'honneur dans l'histoire de l'art au 49»" siècle. Chose curieuse, c'est a l'occasion du 8me jubilé séculaire de la Wart-bourg qu'en 1867, l'illustre Liszt, natif lui aussi de Hongrie, donnait pour la première fois devant la Cour et de nombreux invités l'oratorio que lui a inspiré l'histoire de sainte Élisabeth (le Hongrie et de Thuringe. — V. pour plus de détails, les deux beaux volumes de M. Édouard Humbert, Le Château de Wartbourg, et: Dans la Forêt de Thuringe, Genève. Paris. Leipzig. 1862; et en allemand, H. von Ritgen, Der Fûh-rer aufder Wartburg, Leipzig. 1868; Schwerdt und Ziegler, Thûringer Fùhrer. Hildburghau-sen, 1866.

 

WATERLAND, Daniel, apologète de l'Égl. anglicane, né 1683 dans le comté de Lincoln, chapelain de Georges 1er, chanoine de Windsor, vicaire de Twickenham, archidiacre de Middle-sex, f 4 janv. 1742. Ses écrits, presque tous de circonstance, sont consacrés à la défense des vérités evangéliques, et notamment de la Trinité; il voulait même interdire aux ariens de signer les 39 articles.

 

WATERLANDERS, parti d'anabaptistes néerlandais, d'une tendance plus large, vers le milieu du 16"" siècle, qui par la suite s'unirent à Schedmaker, à Franeker, et à ceux qui furent repoussés 1557 par les Mennonites rigides.

 

WATSON lo Richard, né 1737 dans le West-moreland, élève de Cambridge, prof, de mathématiques, de chimie, et de théologie, occupa divers postes comme pasteur, et fut nommé en 1782 év. de Landaff; se retira en 1789 à la campagne où il fit de l'agriculture, f 1816. Défenseur de l'orthodoxie, il appartenait en politique à l'opposition. Auteur d'une Apologie de la Bible, en réponse à Th. Paine, de quelques sermons et mandements, et d'un recueil de traités empruntés à des théol. anglais, même à des dissidents. Il a écrit également sur la chimie, et en politique il a pris parti pour les Irlandais et pour l'émancipation des catholiques. Son Autobiographie montre un homme qui sait s'apprécier.

2° Richard, né 1781, destiné aux travaux manuels, est déjà â 15 ans prédicateur itinérant dans le comté de Lincoln; il est ensuite employé par les méthodistes à Wakefield et à Hull. et en 1816 à Londres, où il finit par être nommé secrétaire de la Soc. des missions. Il était distingué comme orateur, et a beaucoup fait, avec Wilberforce et d'autres, pour l'émancipation des esclaves, f 8 janv. 1833. Son défout d'éducation première se reconnaît dans son style, qui est lourd; mais il a des pensées originales et sa polémique est très convenable. Son principal ouvrage est un manuel de dogmatique: Theological Instituas, en 3 vol.; il a aussi écrit une Défense de la mission wesleyenne aux Indes, une Vie de Wesley, un Catéchisme (adopté par la conférence), des Remarques sur ÏEtemal Sonskip du Christ, et un Dictionn. biblique et théolog. Ouvrage posthume: Explic. pratique du N. T.

 

WATT, Joachim (de), plus connu sous le nom de Vadiantu, né à Saint-Gall 30 déc. 1484 d'une noble famille de marchands, fit de bonnes études sous un maître ultra-sévère, et se dédommagea à Vienne 1502 en se lançant dans la vie d'étudiants. Un ami de son père l'arrêta sur cette pente dangereuse, et il sut se remettre au travail. Virgile lui servit longtemps d'oreiller. Il cultiva les lettres et les mathématiques, fut en 1514 couronné poète par Maximilien, et après un court professorat en Carinthie, revint à Vienne, fit son droit, et en 1516 il est professeur de belles-lettres, chancelier et recteur de l'université. Il se mit ensuite à la médecine et à la géographie, et finit par revenir à Saint-Gall 1518. Nommé aussitôt médecin de la ville, il eut à combattre une peste terrible. Son heureux caractère, ses talents, son dévouement, lui ouvrirent les portes des Conseils, et depuis 1526 il fut 9 fois nommé bourgmestre. Il fut jusqu'à la fin l'âme du gouvernement. C'est lui qui introduisit la Réforme à Saint-Gall. Encore à Vienne, il avait écrit sur la primauté du pape. Ami de Zwingle, de Glaréan, de Tschudi, il entrevoyait les temps nouveaux, sans pressentir la crise, et il ne pensait pas rien précipiter en donnant des leçons publiques sur le livre des Actes, et en favorisant l'arrivée de prédicateurs attachés aux idées évangéliques.

La Réforme se faisait lentement, doucement, dans les mœurs, dans les idées, dans la doctrine; la loi ne venait qu'après, pour sanctionner ce qui existait déjà, Kessler expliquait la ép. de saint Jean dans une salle; ces méditations, en 1525, durent se continuer en plein air. Le Conseil, qui les interdit d'abord, se décida à les autoriser pour les dimanches et les jours de féte, en stipulant qu'elles auraient lieu à 5 h. du matin dans l'égl. Saint-Laurent. Bientôt on cessa de lire la messe; les images disparurent peu à peu; les couvents furent l'objet de mesures administratives qui, au bout de quelques années, amenèrent leur suppression. L'abbé du couvent de Saint-Gall, par quelques imprudences politiques, irrita les habitants, et le Conseil fit disparaître en 1530 les images du couvent. La Réforme était faite, sans qu'on puisse lui assigner un jour ou une date précise. En 1525 les anabaptistes avaient essayé de propager leurs idées; ils avaient à leur tête Gre-bel. de Zurich, dont Vadian avait épousé la sœur. Vadian partageait leurs vues sur le baptême des enfants, mais non les idées antisociales; il fit prendre contre eux des mesures énergiques. Aussi apprécié au dehors que dans sa ville natale, Vadian fut souvent chargé de missions délicates; il assista aux principaux colloques, à Zurich, Baden, Berne, Saint-Gall, et les présida ordinairement. En 1536 il se retira des affaires et rentra dans la vie privée, pratiquant la médecine et consacrant ses loisirs à composer des traités de théologie. Il avait épousé Martha Grebel, dont il n'eut qu'une fille, Dorothée, qui épousa un Zoflikofer et en eut plusieurs enfants, f 6 avril 1551. Il légua à la ville ses livres, beaucoup d'autographes, et des manuscrits; ce fut le commencement de la bibliothèque qui porte son nom, Vadiana. Il a publié un Comment, de Pomponius Mêla, un Épitome des 3 parties du monde, des Aphorismes sur l'Eucharistie, quelques écrits sur la vraie humanité du corps de Christ. Il a en outre laissé des Chroniques, et divers mss. de théol. dont plusieurs ont de la valeur. Vie par Kessler, en latin.

 

WATTEVILLE (baron Frédéric de); originaire de Berne; ami de Zinzendorf, dont il avait fait la connaissance à Halle vers 1713 ou 1714, et avec lequel il se lia surtout en 1715 pour l'évangélisation des païens. Après un séjour de quelques années à Paris, il vintàBertholdsdorf, 1722. prit une part active à la fondation et à l'organisation de la communauté de Herrnhut, où il finit par s'établir, où il passa ses dernières années, exerçant une bonne influence et une action pacificatrice dans les moments difficiles, f 1772. Auteur de plus, beaux cantiques.— Son fils adoptif Jean de W. devint gendre du comte 1746. f 1788.

 

WATTS, Isaac, né 17 juill. 1674, fils d'un humble maître d'école de Southhampton, qui avait été souvent emprisonné pour cause de non-conformisme. Enfant précoce il étudiait le latin à 4 ans, et faisait des vers à 7. Depuis 1690 il suivit les cours de l'académie dissidente de Newington, Londres, et depuis 1694 retourna à la maison paternelle. Comme il se plaignait du mauvais chant d'église en Angleterre, son père lui suggéra l'idée d'essayer de faire mieux; il essaya et réussit; il passe auj, pour le meilleur compositeur de cantiques spirituels de l'Angleterre. Il a composé des hymnes en anglais et en latin. Après un préceptorat de 2 ans et une suffragance temporaire, il fut nommé pasteur de l'égl. non-conformiste de Marc Lane, Londres, 1702-1712, mais il dut donner sa démission, touj. souffrant des suites d'une maladie mal guérie, et il passa les 36 dernières années de sa vie à Abney-Park, dans la pieuse famille de son ami sir Thomas Ab-ney, un des aldermen de Londres, f 25 nov. 1748. Il a laissé des Heures lyriques, en latin, un peu ampoulées; hymnes et cantiques spirituels; les Psaumes de David, imités dans le langage et au point de vue du X. T.; des cantiques chrétiens pour les enfants; 2 catéchismes, 3 vol. de sermons; une Logique, des Essais philos.; quelques travaux géograph. et astronomiques, etc. On l'a accusé à tort d'aria-nisme. Son influence chrétienne a été grande, et sa mémoire est encore en bénédiction. Vie par Johnson, Milner, Palmer, etc.

 

WAZO, Walther, ou Gautier, év. de Liège, 1042-1048, né vers 975 d'une famille obscure, commença chez Notker par une espèce de domesticité, mais s'éleva peu à peu par son zèle à profiter des occasions de s'instruire; il devint chapelain et maître à" l'école de Liège. Doyen du chapitre en 1017 il irrita par ses rigueurs l'év. Durand, et plus tard Reginhard, et il ne fallut rien moins que la protection de l'emp. Conrad pour lui sauver la vie. On le respectait, mais on ne l'aimait pas, et l'empereur lui-même, qui en avait fait son chapelain, n'osa pas, en 1031 le nommer au siège de Mayence, comme il en avait eu l'intention. De retour à Liège en 1031, comme doyen et archidiacre, il devint promptement populaire, fut élu évêque à l'unanimité par les Liégeois et agréé par Henri III qui aurait cependant préféré donner cette place à un de ses amis. Wazo entra plusieurs fois en conflit avec Henri, à qui il dénia entre autres le droit de déposer Grégoire VI. Par ses principes sur les rapports de l'Égl. avec le pouvoir temporel, il était un vrai prédécesseur d'Hildebrand. Il refusa d'intervenir dans la malheureuse campagne contre les Frisons, et Henri le lui ayant reproché comme une trahison, il s'humilia quoique innocent et se soumit à payer une amende, faiblesse qu'il déplora toute sa vie. Il resta touj. fidèle à l'empereur, s'occupa avec zèle des écoles, et de l'éducation du clergé, mena une vie exemplaire, combattit la simonie, et préavisa dans une lettre à l'év. de Châlons, contre la peine de mort appliquée aux hérétiques. Après avoir encore aidé son ami Poppon de Stavelo dans la réforme de son abbaye de Saint-Védaste, près d'Arras, il f 8 juill. i048.

 

WEGSCHEIDER, Jul.-Aug.-Louis, né 1771 à Kubblingen, Brunswick, étudia à Helmstaedt sous Henke, fut précepteur dans une bonne famille de négociants de Hambourg, continua en même temps ses études de théol. et de philos, (d'après Kant), et se mit à écrire. Pendant ces 10 années 1795-1805 il publia une Étude sur les moralistes stoïciens et leurs principes comparés à ceux de Kant, et une suite de sermons sur les principes de philos, religieuse. Une dissertation sur les mystères des Grecs lui valut 1805 un appel comme répétiteur de théol. à Gôttingue; une introd. à l'Évangile de Jean 1806 lui mérita le titre de docteur et un appel comme prof, à Rinteln. Cette université ayant été supprimée en 1810 il vint à Halle, et avec son ami et parent Gesenius, avec Knapp et d'autres savants théologiens, il contribua à donner à cette université récemment reconstituée, une réputation de rationalisme scientifique qui dura jusqu'en 1830; dénoncé alors par la Gazette évang. de Hengstenberg, cet enseignement fut l'objet d'une enquête, qui aboutit, non à la destitution des principaux inculpés, mais à un blâme sévère du gouvernement, 21 déc. 1830. Dès ce moment le crédit de l'école rationaliste, déjà menacé par les leçons de Tholuck et d'Ull-mann, alla en déclinant; et quand en 1839 Julius Mu lier fut chargé de la dogmatique, Wegscheider ne compta plus qu'un petit nombre d'auditeurs, f 27 janv. 1849. Son principal ouvrage, qui en était à sa 8">e édition en 1844, a pour titre Institutions* theol. christ. dogmaticœ; c'est avant tout une compilation, dédiée aux « pieuses mânes de Luther, » et où Henke et Ammon ont été mis à contribution. Le rationalisme en est aussi pauvre que naïf; l'auteur rejette d'entrée toute idée de suprana-turalisme, il nie toute révélation de Dieu et ne voit dans l'A. et le N. T. que des mythes destiné à cacher des vérités naturelles. Steiger et d'autres lui ont répondu dès son apparition. Nommons encore parmi les écrits de W. son Comment, sur la lre ép. à Timothée; il en défend contre Schleiermacher l'authenticité. On lui doit aussi la publication de 13 Lettres inédites de Mélanchthon.

 

WEIGEL, Valentin, né 1533 à Grossenhayn,

Saxe, où son père était pasteur, fit ses études â Leipzig et Wittenberg, ftit consacré le 16 nov. 1567, et nommé pasteur à Zschoppau, où il f

10 juin 1588. Mystique, théosophe, alchimiste,

11 exerça fidèlement son paisible et béni ministère, sans que personne ait soupçonné les erreurs ou les divagations de sa foi, d'autant moins qu'il avait signé la Formule de concorde. Après sa mort seulement, son chantre Wei-kert fit circuler en mss. quelques exemplaires des écrits laissés par le pasteur, ce qui amena sa révocation; puis des amis les publièrent sous différents pseudonymes. On retrouve chez Wei-gel l'influence de Paracelse, des néoplatoniciens, de Tauler, de la Théol. german.,de maître Eckhart, etc.; partout une forte nuance de panthéisme. Ses principaux ouvrages roulent sur la manière de comprendre l'Écriture; la Vie éternelle, la Théologie, les Évang. des dimanches et des fêtes, la Prière, la Théol. mystique, le Connais-toi toi-même. Il se livre tout entier dans le titre d'un de ses écrits: Comment, dans près de la moitié de l'Europe, il n'y a point de chaire, soit à l'église, soit dans les écoles, qui ne soit occupée soit par un faux prophète, soit par un faux chrétien.

 

WEITHAUPT, v. Illuminés 2*.

 

WEITBRECHT, Jean-Jacq., né 29 avril 1802 à Schorndorf, Wurtemberg, ressentit de bonne heure l'influence de la grâce divine et entra 1826 comme élève dans la maison des missioos de Bâle. Mis au service de la Soc. des missions anglicanes, il fut appelé en 1831 au poste de Burdwan, Indes orientales, où il resta toute sa vie. Caractère sociable, actif, adroit, le premier dans les études, il l'était aussi pour les ouvrages manuels. Il se consacra à la prédication parmi les indigènes, tout en s'occupant avec affection du petit groupe d'Anglais qui se trouvaient sur la station. Il fonda des écoles, établit un orphelinat pour les jeunes filles dont les parents étaient morts du choléra, construisit une église dont la flèche dirigée vers le ciel habituai les indigènes à regarder en haut. Il fit de Pongs voyages d'évangélisation, tendit une main fraternelle à tous les disciples de Christ, pratiqua l'alliance évangélique avant qu'elle fût organisée en Europe, plaida dans sa patrie et ailleurs la cause des missions et f 1852 victime de son zèle; son dernier sermon avait pour texte: Viens, Seigneur Jésus, viens! Il a écrit en anglais Missions in Bengal. Sa veuve a publié sa Vie et un volume de sermons. Il a laissé un fils, et une fille mariée au Dr Christ -lieb de Bonn.

 

WEISZIECKER, Ch.-Henri (de), né 11 dec. 1822 à OEhringen, Wurtemberg, pasteur 1848 et chapelain de la cour 1851 à Stuttgard, prof, de théol. à Tubingue 1861, comme successeur de Baur, a rendu des services à la critique du JN\ T. et à la théol. biblique. On a de lui des Études sur l'ép. des Barnabas (qu'il place peu après l'an 70), Recherches sur l'hist. évangélique (il admet un Évang. primitif, dont Marc serait la plus fidèle reproduction); 4"*® jubilé de l'univ. de Tubingue, etc.

 

WENCESLAS, v. Wenzeslas.

 

WENDELIN, ou IVandalin, 1° saint légendaire très douteux, fort en honneur sur les confins de la Suisse et de l'Allemagne, comme efficace contre les épizooties. Les bollandistes en font un prince écossais qui serait venu tout jeune sur le continent pour se vouer à la vie solitaire et se serait fixé comme ermite, près de Trêves; il se serait établi ensuite comme bercer à Saint-Wendel, et serait mort supérieur de l'abbaye bénédictine de Tholey.

2° Wandalin, Marc-Fréd., né 1584, fils du pasteur de Sandhagen, près Heidelberg, élève de Toussain, Pareus, etc., fit l'éducation des jeunes princes, et devint recteur de Zerbst 1611. t 1652. Auteur de plusieurs écrits de dogmatique réformée, encore auj. estimés, entre autres Compendium christ, theohgiœ, Systema ma-jus, Eœercitationes, et surtout Collatio doctri-nœ refoi*m. et lutheranorum9 très important pour la symbolique.

 

WENDES, ou Vendes, Vénètes, parents des Vandales; grande division de la famille slave, qui se subdivisait elle-même en une multitude de petites bandes, ou tribus indépendantes. On les trouvait sur les bords de la Baltique, entre l'Elbe et l'Oder, comprenant la Poméranie et le Brandebourg, mais s'avançant au sud par la Bohême et la Moravie, jusqu'en Styrie, en Serbie, en Illyrie et dans la Vénétie. Leurs principales villes étaient Wineta et Réthré. Leur grand dieu était Swantewit de l'île de Rugen. Idolâtres, et très attachés à leur idolâtrie, ils étaient en outre très difficiles à évangéliser à cause de leur fractionnement en nombreuses peuplades. Soumis par les Lombards et les Avares ils ne réussirent à secouer leur joug qu'en acceptant celui des Francs vers 744, mais ce fut aussi la fin de leur existence comme nation. Boniface avait eu l'idée de leur faire connaître l'Évangile, mais d'après un plan tout nouveau, non pas en leur envoyant des missionnaires, mais en leur faisant des prisonniers et en les transplantant comme colons dans des pays chrétiens. Pépin se prêta à un essai de ce genre, mais qui n'eut pas de suites. Charlema-gne et Louis le-Débonnaire multiplièrent les évêchés le long de la Weser et de l'Aller, et jusqu'à l'embouchure de l'Elbe, et les succès obtenus sur les Saxons permirent de travailler plus efficacement sur les Wendes. Mais les assauts des Normands, pillant et dévastant l'Allemagne, menacèrent l'œuvre d'une entière destruction, jusqu'au moment où Henri-l'Oiseleur, 919-936, opposa une digue au fléau. La lutte recommença sous Othon-le-Grand, et ne cessa que lorsque la ville de Réthré eut été détruite, avec son temple idolâtre et son idole Radegast d'or pur. Mais les Wendes n'étaient soumis que là où le soldat germain les tenait en respect; dès qu'ils le pouvaient ils se révoltaient de nouveau. Enfin, sous l'administration ferme et paternelle de Hermann Billung, avec des évêchés à Mecklembourg, Meissen, Mersebourg, Zeits, et un archevêché à Magde-bourg, sans qu'on exerçât sur personne une contrainte religieuse, la paix sembla devoir s'établir; ce ne fut cependant encore qu'une trêve; deux siècles de luttes allaient suivre. La mort d'Othon, celle d'Hermann, la même année 973, remit tout en question; les insurrections se succédèrent jusqu'en 11^5 avec des alternatives diverses. Sous Lothaire II la position des W. était si désespérée que, pour échapper à une ruine complète, il ne leur restait plus qu'à embrasser la foi chrétienne. C'est ce qu'ils firent; heureusement Vicelin et Dittmar compensèrent par la piété et la persuasion ce flue les procédés brutaux de la guerre et de la politique avaient mis de faux et de défectueux dans la conversion de ces peuples. Vers 1170 le christianisme pouvait pnsser pour généralement accepté.

 

WENZESLAS, duc de Bohême, surnommé le Saint; petit-fils des premiers ducs baptisés par Méthodius, Boriwoï et Ludmilla; fils de Wratislav et de la païenne Drahomire. Son père étant mort 925, la pieuse Ludmilla se chargea d'élever Wenzeslas, et Drahomire s'empara du cadet Boleslav, pour en faire un païen. Elle envoya des gens pour étrangler sa bel le-mère, 927, et tout ce que celle-ci put obtenir fut d'avoir la tête tranchée comme les martyrs. Dès lors les persécutions commencèrent, les chrétiens furent assassinés et les temples détruits. Pour amener la paix les grands du pays partagèrent le royaume en deux parties, une pour chaque frère. Prague échut à Wenzeslas. Lorsque Othon-le-Grand monta sur le trône 936, il convoqua les princes à Worms, reconstitua l'unité de la Bohême et donna la couronne à Wenzeslas. Boleslav se vengea en faisant assassiner son frère au moment où celui-ci venait lui rendre visite à Bunzlau 938. Le souvenir de W. resta précieux aux chrétiens de Bohême, et bientôt le meurtrier repentant, pour expier son crime en quelque mesure, fit baptiser son plus jeune fils, et l'envoya dans un couvent où il prit le nom de Christannus, ou Christianus; c'est peut-être lui qui a écrit la vie de Ludmilla.

 

WERENFELS lo Pierre, né 1627 à Liestall, pasteur, prof, etantistès à Bâle, f 1703. Antenr de plusieurs dissertations en latin, sur le premier et le second Adam, les Traditions de l'Égl. romaine, la mort et le sang de Christ, le Mystère d'iniquité, les Vaudois, etc.

2<> Samuel, son fils, né 1 mars 1657 à Bâle, visita les universités suisses, fut nommé prof, de grec à Bâle, puis après quelques voyages en Hollande et dans le nord de l'Allemagne, prof, de rhétorique; en 1696 docteur en théol., prof, de dogmatique et de polémique, en 1703 prof, de l'Ancien, en 1711 prof, du N.-T. et pasteur de l'égl. française. En 1704 il avait refusé un appel de l'université de Franeker. Il était membre de la Soc. des sciences de Berlin, et de la Soc. de Londres pour la propagation du christianisme. f 1 juin 1740. Avec Ostervald et Alph. Turretin il représentait une sorte de théologie intermédiaire qui, en protestant contre une orthodoxie desséchante, ouvrait la porte à un fâcheux latitudinarisme. Il n'était pas taillé pour la lutte, et donna sa démission de professeur pour n'avoir pas à se prononcer dans le conflit soulevé à l'occasion de Wettstein. Nature fine et d'un caractère élevé, il a cherché à procurer la paix entre les confessions, et il croyait y réussir en enlevant aux dogmes leurs angles et leur tranchant. Il expliquait l'Écriture avec simplicité, sans s'attarder aux énigmes subtiles et aux puérilités allégoriques. Il craignait que ceux qui consultent la Bible ne le fissent souvent avec un parti pris d'avance d'y trouver ce qu'ils cherchaient, et on lui doit ce distique:

Hie liber est in quo quœrit sua dogmata qufeque,

Invenit atque iterum dogm&ta quisque sua.

Sans avoir une bien grande portée, ses ouvrages, empreints d'une vraie piété ont de la valeur; on cite surtout ses sermons des Vérités importantes de la religion, une étude sur le système cartésien, et un certain nombre d'opuscules latins sur des sujets de théol., de philos, et de philologie.

 

WERKMEISTER, Benoît-Marie, de son vrai nom Léonard, né 22 oct. 1745 à FUssen, All-gau, de parents peu aisés, entra chez les bénédictins où il prononça ses vœux, étudia la théol., fut ordonné prêtre en 1769 et chargé de diverses fonctions à Neresheim et à Freysing, prof., bibliothécaire, etc. Il appartenait à la tendance libérale qui fut illustrée par Febronius et par Wessenberg. Le duc Charles de Wurtemberg le prit pour son chapelain 1784, mais les ducs suivants le renvoyèrent, et le pauvre homme déjà malade fut plusieurs années dans une position voisine de la misère. Ce fut le prince Frédéric, bien que protestant, qui le releva, en lui procurant une retraite à Steinbach, 1796; en 1807 il fut nommé au Conseil des cultes pour les catholiques, puis au Collège de censure, en 1816 à la direction des écoles, et en 1817 décoré. Il f 16 juillet 1823 en paisible vieillesse. Auteur de nombreux ouvrages et opuscules, contre les vœux indélébiles, contre le célibat forcé, contre l'indissolubilité du mariage, sur la réforme du clergé, pour la messe en langue vulgaire, contre les prétentions de l'Église, contre le culte superstitieux de Marie et des saints; directions sur les écoles, étude sur Pestalozzi, Discours, etc.

 

WERNER loZacharie-Fréd.-Louis, né 18 nov. 1768 à Kônigsberg, fils d'un prof, d'histoire et d'éloquence et d'une mère intelligente, spirituelle, mais exaltée, étudia le droit et la philos, sous Kant, fut employé dans les bureaux de l'administration prussienne à Berlin et à Varsovie, se fit recevoir franc-maçon; se jeta dans le mysticisme, se mit à voyager, se lia avec les principales sommités littéraires, mena une vie de débauche, et se rendit à Rome, où il se fit catholique 19 avril 1811. En 1805 il s'était déjà divorcé de sa troisième femme. Il continua de vivre dans les plus honteux désordres, quitta Rome en 1813, vint étudier la théol. à Aschaf-fenburg, et reçut en 1814 l'ordination à Vienne, où il fut quelque temps, pendant le congrès, un des prédicateurs à la mode. Après un voyage en Podolie il revint à Vienne, entra chez les rédemptoristes, les quitta bientôt pour se remettre à prêcher, et f Î8 janv. 1823. II est connu surtout par ses poésies, ses Confessions 1801 empreintes de mysticisme, et quelques tragédies: la Croix à la mer Baltique, Luther, Attila, le 24 février.

2° Gustave-Albert, pasteur wurtembergeois, né 12 mars 1809 à Zwiefalten, élève de Tubingue, dut donner sa démission en 1841 comme suspect de ne pas adhérer entièrement à la Confession d'Augsbourg. Il se mit dès lors à voyager, prêchant partout où on le lui demandait, et il réveilla de nombreuses paroisses. Naturellement les autorités constituées s'en inquiétèrent, et le 31 mars 1851 le titre même de candidat lèi fut retiré, ce qui coupa court à ses prédications publiques. Il se décida à tenir de lieu en lieu des assemblées privées, et il obtint de grands succès, malgré les épithètes de fanatique et de swedenborgien dont on essaya de le flétrir. Préoccupé des besoins sociaux de notre époque, il avait ouvert déjà en 1840, à Reutlingen où son père était receveur, une maison de refuge, qui bientôt se développa et compta des ramifications industrielles et agricoles très importantes. C'était un petit monde dans lequel la question sociale était résolue par le dévouement et la bonne volonté des chrétiens qui en avaient accepté la direction. Werner était le père de cette famille; les uns lui devaient le salât de leur âme, les autres la vie et le relèvement matériel; tons travaillaient. Il avait fondé aussi des jardins d'enfants. Ses ennemis crièrent an communisme, au renversement de l'ordre social, de la famille et de la propriété. Mais on n'hésita pas, même en plein parlement, à rendre à son caractère le témoignage le plus honorable, au point que lorsque la catastrophe financière de 1865 menaça aussi les œuvres de Werner, qui n'avaient aucune comptabilité régulière (mais qui n'avaienl point de passif), les gouvernements de Stuttgard et de Francfort autorisèrent la reconstitution de la Société Werner et l'émission d'actions, en lui imposant seulement un conseil de surveillance. L'œuvre prospéra et s'étendit, les industries se multiplièrent, et depuis 1866 une Société du sou, fondée par des demoiselles, lui apporta un appui matériel considérable. Le 12 mars 1884 le 75m* anniversaire de sa naissance et le 50me de son entrée dans le ministère actif ont été célébrés dans la contrée avec une sympathie générale; la ville de Reutlingen lui a conféré la bourgeoisie d'honneur, le minisire de l'Intérieur lui a envoyé ses félicitations, et plusieurs milliers de chanteurs ont exécuté des chœurs sous ses fenêtres.

Auteur de quelques sermons, et d'un petit journal, Le Messager de la Paix; il a réimprimé avec Hofacker quelques écrits de Swedenborg.

 

WERTHEIM (Bible de), v. Schmidt lo.

 

WESEL, Jean (de), un des précurseurs de la Réforme, né au commencement du 15me siècle, à Oberwesel; jeunesse inconnue. En 1445 il est maître de philos, à Erfurt, en 1446 docteur en théol. et jouissant d'une certaine influence. Vice-recteur, en 1458, il fut appelé en 1460 comme prédicateur k Mayence, et vint à Worms en 1462. Nominaliste en philos., réformateur en religion, il fut exposé à diverses vexations de la part de l'év. de Worms, Reinhardt de Sic-kingen, cependant peu rigoureux orthodoxe, et sous prétexte de paradoxes extraits de ses sermons, une enquête fut ordonnée contre lui et s'ouvrit à Mayence le 4 février 1479. Elle fut menée par les inquisiteurs de Cologne et quelques théologiens de Heidelberg. Il fut constaté qu'il était nominaliste, qu'il avait eu des rapports avec les frères de Bohême, qu'il faisait procéder le Saint-Esprit du Père seul, qu'il rejetait la tradition, qu'il n'attachait pas d'importance à la transsubstantiation, qu'il condamnait les indulgences, le célibat et le monachis-me, qu'il mettait sur le même rang les évéq. et les prêtres, etc. Enfermé dans la prison du couvent, et soumis à une vraie torture morale, le pauvre vieillard, qui se tenait à peine, rétracta tout ce qu'on voulut; ses ouvrages furent brûlés et lui-même, par grâce, condamné à une prison perpétuelle dans le couvent des augustins; il y f 1481. Il n'avait pas d'idées bien claires sur le péché et la grâce. En revanche il tenait fermement à la Bible comme autorité, et à l'Église comme assemblée des croyants unis par une même foi et une même vie. Presque tous ses écrits sont perdus.

 

WESLEY lo Samuel, né 1662 àPreston, ministre anglican, aumônier sur un vaisseau de guerre, pasteur à Londres, dénonça les tendances catholiques de Jacques II. + 1735. Auteur de plusieurs ouvrages en vers, et d'un bon Comment. latin sur Job.

2o John, né 17 juin 1703, vieux style, à Ep-worth où son père était pasteur anglican. Avec son fr. Charles il fonda la Soc. méthodiste, q. v. Chrétiennement élevés, c'est cependant à Oxford seulement que leur piété se développa et prit un caractère pratique et actif. En 1729 ils se mirent à étudier le N. T. grec; parmi les jeunes gens qui se joignirent à eux, on cite Morgan, Kirkham, puis 2 ou 3 de leurs élèves. Ils se mirent à visiter les malades et les prisonniers. En 1735 Whitefield, qui avait 18 ans, fut également reçu dans ce petit cercle, qui comptait alors 14 membres. La même année, en octobre, appelé comme chapelain par les directeurs d'une colonie en Georgie, il s'embarqua pour l'Amérique, emmenant avec lui son frère, M. Ingham, et le jeune Delamotte, fils d'un négociant de Londres. Il espérait pouvoir évan-géliser les Indiens, mais il ne put entrer en relations avec eux, et les colons eux-mêmes, peu satisfaits de sa prédication vivante, lui suscitèrent des difficultés de tous genres. Ils revinrent donc en Angleterre, Charles en 1737 et John en 1738, Ils avaient appris à connaître les moraves dont la piété calme avait produit sur eux une vive impression. Dès son retour à Londres John se lia avec le pasteur morave Bohler; il puisa dans sa société une vie nouvelle, et en retira la conviction que c'est seulement du 24 mai 1738 que datait réellement sa conversion. Bientôt après il fit un voyage à Herrnhut, puis revint et commença le cours de ses prédications d'appel partout où il put se faire entendre; il comptait quelquefois jusqu'à 20,000 auditeurs. En 1739 il ouvrit à Bristol sa première chapelle méthodiste. En 1740 ses relations avec les moraves cessèrent, et la congrégation qu'il avait fondée à Fetterlane fut dissoute. Le méthodisme s'organisait en société unie. Il se sépara aussi de Whitefield, trop calviniste pour lui. En juin 1744 l'association des prédicateurs libres tint sa 1« conférence à Londres. Wesley voulait maintenir l'union avec l'Égl. établie, et il demanda aux évêques l'ordination pour ses ministres et des missionnaires. Sur leur refus il s'adressa à un évêque grec, momentanément en séjour à Londres; puis comprenant que l'évêque et le pasteur n'étaient à l'origine qu'une même fonction, il se décida à consacrer lui-même ses envoyés, entre autres Th. Cook, 1784. C'était la rupture avec la haute Église. En 1785 il se mit au bénéfice de l'Acte de tolérance de 1689, ce qui le constituait franchement et officiellement en secte dissidente. Il f 2 mars 1791. Vie par Matth. Lelièvre; Ch. de Rémusat; Punshon, etc.

3o Son fr. Charles, né 18 déc. 1708, élève d'Oxford en 1726, groupa le premier quelques amis en une société fraternelle qu'on appela méthodiste. Il accompagna John en Amérique et fut pendant 17 ans son aide dans ses voyages missionnaires. Marié, il partagea depuis 1756 son temps entre Londres et Bristol, mais ne voulut pas que ses paroisses se séparassent de l'Égl. établie. Depuis 1771 jusqu'à sa f 1788 il se fixa à Londres, pasteur de City-Road. Poète distingué, il a donné à son église le Wesleyan Hymn Book, qui contient 627 cantiques de sa composition. Vie, par Th. Jackson.

 

WESSEL, Jean, surnommé Gansfort du nom d'un ancien domaine de sa famille, né 1400 ou 1420 à Groningue, fut élevé par une parente pieuse, Odilia Clantes, qui l'envoya à l'école à Zwoll, où il connut les Fr. de la vie commune, entre autres Th. a Kempis. De là il vint à Cologne, où il apprit le grec et l'hébreu, et où il commença à rédiger sa Grande mer, recueil où il notait tout ce qu'il apprenait d'intéressant et qui lui servit plus tard pour la composition de ses propres ouvrages. Il étudia Platon avec délices. Appelé comme prof, à Heidelberg par l'électeur palatin, il aima mieux aller se perfectionner à Louvain, puis à Paris où d'après Har-denberg il passa 16 ans. C'était l'époque, des luttes ardentes; il se mit résolument du côté des nominaux. Il se lia là avec des hommes éminents, le cardinal Bessarion, Reuchlin, Agri-cola. De Paris il se rendit à Rome, mais il en fut vite fatigué. En 1475 il est à Bâle, ville qu'il avait déjà visitée en 1442 lors du concile, avec le cardinal délia Rovere. Il passe à Heidelberg. mais il ne peut obtenir le titre de docteur en théol., parce qu'il n'a pas reçu les ordres. Ses talents de discussion lui ont mérité d'être surnommé le Maître des contradictions. Mais l'âge venait, et fatigué de controverses il finit par rentrer à Groningue; il trouve un asile dans un couvent de femmes; faible et malade il s'y fait soigner, en même temps qu'il échappe aux tracasseries que lui vaudraient ses tendances réformatrices, et qui vont atteindre son quasi-homo-nyme J. de Wesel. Il ne s'occupe plus des choses religieuses qu'au point de vue pratique; des amis enthousiastes font cercle autour de lui et l'appellent la lumière du monde. Il regarde l'Écriture Sainte comme la seule source de la vérité; il ne veut connaître autre chose que Jésus-Christ crucifié, et il annonce comme inévitable une prochaine réformation de l'Église, f 4 oct. 1489; enterré datis la chapelle du couvent. Parmi les réformateurs, c'est à Méianchthon qu'on peut le mieux le comparer. Plusieurs de ses ouvrages ont été brûlés. Parmi cenx qui ont échappé au feu, on cite surtout la collection intitulée Farrago (mélanges, compilation) re-rum theoL uberritna, impr. 1521; elle renferme des traités sur la bonne Providence de Dieu, sur le mystère et les effets de l'Incarnation et de la passion du Sauveur, sur les pouvoirs de l'Église, le Sacrement de la Pénitence, la communion des Saints, des lettres sur les Indulgences; une nouvelle édition, Groningue 1614, renferme en outre une dissertation sur l'Eucharistie.

 

WESSENBERG, Henri-Ch.-Ignace (baron de), un des plus nohles représentants du catholicisme libéral contemporain. Né 4 nov. 1774 à Dresde (quelques-uns disent à Fribourg en Bris-gau), il appartenait à une famille autrichienne distinguée; son père était ambassadeur en Saxe, son frère Philippe devait représenter l'Autriche au congrès de Vienne et devenir ministre des affaires étrangères en 1848. Lui-même, destiné au sacerdoce, fut pourvu de bonne heure de riches prébendes. Après avoir commencé ses études chez les ex-jésuites du Saint-Sauveur à Augsbourg, il les continua 1792 à Dillingen où Sailer exerça sur lui une influence heureuse et décisive; en 1795, après le départ de Sailer, il se rendit à Wurzbourg où il entendit Oberthur et Seiffart, et enfin 1796-1798 à Vienne, où il fut reçu docteur en théologie. Il était alors plutôt un bel esprit qu'un esprit sérieux, et il s'occupait volontiers de tout, histoire, littérature, philosophie, droit, religion, sans s'attacher spécialement à rien. Mais l'év. de Dalberg, qui l'avait connu à Wurzbourg, savait qu'on pouvait compter sur lui. Il l'appela en 1801 à Constance comme son coadjuteur, et put dès l'année suivante, en reconnaissance des services rendus au diocèse lui en abandonner toute la direction avec le titre de vicaire général. Son activité fut immense et porta sur toutes les branches, instruction du clergé, réformes scolaires, chant, conférences pastorales, bibliothèques, séminaires, etc. Pie VU lui-même rendit hommage à ce zèle apostolique et désintéressé. Mais Wes-senberg, qui travaillait à réformer le clergé, devenait peu à peu suspect de vouloir aussi réformer la religion; il parlait de diminuer le nombre des fêtes; il ne tenait ni aux processions. ni aux pèlerinages, ni aux confréries; il introduisait dans le culte le chant en allemand et publiait une liturgie allemande; il recommandait la prédication et le catéchisme. Les dénonciations contre lui se multiplièrent, et malgré la protection de Dalberg on les enregistrait à Rome, on en faisait un dossier, que le nonce papal en Suisse Testaferrata, se plaisait à grossir au fur et à mesure. Dalberg ayant demandé pour son coadjuteur la survivance, cum spe succedendi, et la cour badoise Payant appuyé, Rome ne répondit pas, mais à peine Dalberg fut-il mort 1817, qu'elle refusa, malgré les instances du chapitre, de ratifier cette élection. Le long catalogue des motifs qu'elle fit valoir pour justifier son refus *st peut-être le plus bel éloge et la plus belle biographie de cet homme remarquable. VVessenberg partit aussitôt pour Rome pour tenter de se justifier, mais Consalvi exigea de lui qu'il se soumît purement et simplement, ce qu'il refusa de faire. Il demanda seulement et il obtint 17 mai 1818, qu'on lui donnât l'énu-mération des fautes qu'on lui reprochait, et de retour dans le grand duché, il communiqua cette pièce au gouvernement, qui lui promit aide et protection, et au public qui mûrit ses réflexions en silence. Nommé 1819 membre de la Chambre badoise, et plusieurs fois réélu, il donna sa démission en 1833, et se retira à Constance pour y travailler et s'y reposer en paix au milieu de ses amis. C'est lui qui en 1838 décida le prince Napoléon à quitter la Suisse, f 6 août 1860 et enterré dans la cathédrale. Nature à la fois douce et forte, d'une activité extrême et qui n'avait rien de fiévreux, il est resté lui-même jusqu'au bout, sans se laisser gagner par les promesses, ni effrayer par les menaces. Il a beaucoup écrit; ses principaux ouvrages sont: Les grands Conciles du 15™ et du 16™ siècle, 4 vol. Constance 1840; l'Éducation primaire du peuple, Zurich 1814; l'Esprit du siècle, Zurich 1801; la Réforme des Univ. allemandes, Constance 1833; les Images chrétiennes, 2 vol. 1826-1828; Dieu et le monde, leurs rapports, 2 vol. Heidelberg 1857; Poésies, 7 vol. Stuttgard, 1834-1854, etc.

 

WESSOBRUNN, abbaye de bénédictins de la haute Bavière, fondée d'après la légende par les 3 frères Landfroi, Waldram et Éliland; d'après l'histoire, par le duc Thassilon II. Elle a produit quelques savants distingués, et a brillé comme école d'un certain talent au moyen âge. Sécularisée au commencement de ce siècle, elle est devenue la propriété du prof. Sepp. Parmi ses mss. transportés à Munich, on a trouvé une Prière, qui date du 8™ siècle, rédigée dans le plus ancien allemand connu; elle se divise en deux parties, l'une en vers, l'autre en prose. C'est une curiosité littéraire et philologique, mais qui ne jette pas un grand jour sur la théologie de l'époque, v. Grimm.

 

WESTEN, Thomas (de), né 1682 à Dront-heim, étudia la médecine et, après la mort de son père, la théologie. Ses études finies, il fut nommé à divers postes plus onéreux que rémunérés; il était pasteur à Drontheim en 1716 quand le collège de la mission danoise le nomma vicaire général pour la Laponie et le nord de la Finlande. Il se consacra entièrement à cette œuvre, fit plusieurs voyages chez les Lapons, en ramena quelques jeunes gens qu'il élevait chez lui, et malgré le mauvais vouloir de l'évêque et de son fils le recteur, il put établir à poste fixe quelques missionnaires et quelques instituteurs dans ces contrées déshéritées, dont il était l'apôtre. Épuisé de bonne heure par un travail incessant, il revint en mai 1723, consacra ses dernières forces à écrire les souvenirs de ses missions, et à recommander son œuvre à ses successeurs, + 9 avril 1727.

 

WESTMINSTER (monastère de l'ouest), abbaye célèbre, dont la chapelle est devenue la sépulture des rois et des grands hommes de l'Angleterre. Elle est surtout connue dans l'hist. ecclés. par la Commission de théologiens qui y fut convoquée en 1643 par le Long parlement dans le but de mettre un terme aux dissensions religieuses. Le moyen était mal choisi. L'assemblée se composait de 150 ecclésiastiques et laïques anglais, auxquels s'étaient joints 5 ecclésiastiques et 3 délégués laïques écossais. Le roi Charles ayant interdit aux évêques de son parti d'y assister, 22 juin 1643, l'Assemblée se constitua sans eux et s'ouvrit le 1" juillet par un discours du D** Twisse, son président, en présence des deux Chambres. Après avoir tenu serment de ne rien voter qui ne fût conforme à la Parole de Dieu, les membres du synode se mirent à l'œuvre; ils siégèrent pendant plus de 6 ans et tinrent 1163 séances. La majorité penchait vers le calvinisme et le presbytérianisme, puisque les purs épiscopaux avaient déserté le terrain. Le résultat de leurs travaux fut une Confession de foi, un grand et un petit Catéchisme, et un Recueil de directions pour le culte, sans formulaires liturgiques. Ratifiés avec peu de changements par les Chambres, ces travaux reçurent force de loi; mais bientôt après, l'Église épiscopale ayant été rétablie par le retour de la monarchie, les résolutions du synode furent de nul effet en ce qui la concernait; elles n'en continuèrent pas moins de rester en vigueur chez les presbytériens d'Angl., d'Écosse et d'Amérique. C'est le 28 févr. 1648 que le synode eut achevé sa tâche; il resta cependant en session jusqu'au moment où Cromwell mit fin à l'existence du Long parlement, 25 mars 1652, mais ses dernières années furent languissantes et misérables. La Conf. de foi de Westminster compte 33 articles, franchement et clairement évangéliques, avec une couleur calviniste prononcée en ce qui touche à la prédestination; les anciens symboles n'y sont pas mentionnés; la cène et le baptême y sont représentés comme signes et sceaux de la grâce, sans valeur en dehors de la foi.

 

WESTPHAL, Joachim, né 15(0 à Hambourg, fils d'un charpentier, étudia à Wittenberg sous Luther et Mélanchthon, et dans d'autres universités. Il fut appelé comme pasteur à Hambourg 1541, et il y f 16 janv. 1574, surintendant. D'un esprit entier et d'un caractère difficile, il fut constamment en lutte avec tout le monde. Flacien déclaré, il repoussa l'intérim de Leipzig, il combattit les Adiaphora de Mélanchthon, condamna Major et les sacramentaires, persécuta Lasky, attaqua Calvin, se mit mai avec son surintendant, de Eitzen, et non seulement il guerroya contre tous, mais encore il le fit avec une violence qui le fit traiter de furieux. C'est une figure déplaisante au milieu des grands hommes de la Réforme. Comme pasteur il s'est occupé des pauvres, et il a rendu à son église des services qui ne sont pas encore oubliés; quelques fondations portent son nom.

 

WESTPHALIE, contrée du nord-ouest de l'Allemagne, comprise entre le Weser et le Rhin, mais sans limites fixes et déterminées, comme sans forme de gouvernement bien régulière; elle a été tour à tour duché, cercle de l'empire, royaume pendant la conquête française, province prussienne. Son évangélisation se confond avec celle de la Frise, des Alemani et des Saxons. Les ducs de Clèves et Juliers étaient maîtres absolus dans leurs domaines, et ne relevaient d'aucune juridiction ecclésiastique (Dux Cliviœ est papa in terris suis). La vie religieuse y fut souvent réveillée et entretenue par des chrétiens qui n'appartenaient pas à la hiérarchie, des Vaudois, les Fr. de la vie commune, Tauler, Ruysbrook, Wessel, Thomas a Kempis. Les humanistes, comme Hermann de Busche, et le cfianoine Rodolphe de Langen de Munster, la prédisposèrent à recevoir la Réforme, et plusieurs parties du pays devinrent protestantes, malgré Ernest de Bavière et l'opposition des archev. de Cologne et de plusieurs petits princes. De nombreuses immigrations de Hollande introduisirent l'élément réformé à côté de l'élément luthérien qui prédominait, et jusqu'à ce jour les deux Églises se sont maintenues, soutenant des rapports fraternels, toutes les fois que le gouvernement ne voulait pas leur imposer l'union. — On donne le nom collectif de Traité de Westphalie aux deux traités qui mirent fin à la guerre de Trente ans. Fatigué de tous ses revers, Ferdinand III dut se résigner à à la paix; le 6 août 1648 à OsnabrUck il traita avec la Suède, le 8(17) sept, suivant à Munster avec la France. Les préliminaires en avaient déjà été tracés à Hambourg les 15-25 déc. 1641. Le traité définitif fut signé le 4 oct. 1648. La diète le confirma en 1654. Dès lors et pendant près de 2 siècles il a été la base de l'organisation de l'Allemagne, et avec le traité des Pyrénées 1659 le code de la diplomatie moderne en Europe. Il donna à la Suède une partie de la Poméranie, plusieurs places fortes et une indemnité pécuniaire; à la France il conserva l'Alsace, les Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun), Phi-lisbourg et Pignerol; il proclama la souveraineté des divers États de l'Allemagne dans l'étendue de leur territoire, l'indépendance des Provinces-Unies et celle des cantons suisses. En matière religieuse le Traité confirma les paix de Passau et d'Augsbourg, en étendant aux calvinistes les conditions, droits et privilèges spécifiés en faveur des luthériens. L'égalité civile el politique des catholiques et des protestants fut proclamée; la juridiction ecclésiastique fut suspendue, non seulement entre États protestants, mais aussi d'État catholique à État protestant; enfin sur les 50 assesseurs de la Chambre impériale, il fut décidé que 24 seraient protestants, et qu'il y aurait toujours 6 protestants au Conseil aulique. Quant à la répartition des biens ecclésiastiques, fondations, prébendes, hôpitaux, couvents, elle fut faite sur la base factice de l'état du 1er avril 1624, avant la guerre, et par conséquent au bénéfice des catholiques; beau possidentes.

 

WETSTEIN 1* Jean-Rodolphe 1614-1684, prof, de grec et de théol. à Bâle. — 2o Son fils, de même nom, 1647-1711, aussi prof, de grec et de théol., a publié quelques traités inédits d'Origène. — 3° Jean-Henri, fr. du précédent, 1649-1726, s'établit comme imprimeur à Amsterdam, et publia de nombreux ouvrages, accompagnés de savantes notices. — 4° Son fils Ch.-Antoine 1743-1797, enseigna le grec à Leyde, et traduisit en vers latins Hésiode, Théo-crite, etc. —5o Le plus célèbre de cette famille de savants fut Jean-Jacques, né 5 mars 1693 à Bâle, fils du pasteur de l'église Saint-Léonard. Neveu des 2e et 3* qui précèdent, il étudia %ous Buxtorf jeune, Werenfels, Iselin, fit de nombreux voyages en France et en Angleterre, visita les principales biblioth. de l'Europe, fat nommé en Hollande aumônier d'un régiment suisse, et rentra 1717 à Bâle, où il occupa successivement différents postes de diacre et de pasteur, en même temps qu'il donnait chez lui quelques leçons de théologie. La critique du texte, la recherche des mss., le choix des variantes l'intéressait vivement. Il échoua sur cet écueil; non seulement il ne distinguait pas bien les familles des mss., mais contrairement à Mill, Bentley, Bengel, il préférait la famille grecque. Une discussion sur l'âge du mss. E. de Bâle (Évangiles), l'entraîna avec les prof. Iselin et Frey dans nn conflit qui prit bientôt de plus grandes proportions; on voulut voir dans le choix de ses variantes une tendance arminienne et socinienne, on interrogea les cahiers de ses élèves, on éplucha ses sermons, et finalement il fut destitué 13 mai 1730. Werenfels avait refusé d'intervenir dans la lutte. Wetstein avait mis à l'abri le résultat de ses travaux. Il se retira en Hollande, fut nommé à la place de Le Clerc prof, au collège des Remontrants d'Amsterdam, où il f 22 mars 1754 d'un mal à la hanche. Tous les efforts pour le ramener à Bâle avaient été inutiles. Il était membre des académies de Londres et de Berlin, et de la Soc. anglaise pour la propagation du christianisme. Son principal ouvrage est son édition critique du N. T. avec le texte reçu, et l'indication des variantes de plus de 40 mss. Amst. 1751-1752, 2 vol. fol.; il y avait joint des notes explicatives et des citations des pères et d'autres auteurs anciens. Il avait eu aussi l'idée de publier comme texte le Cod. Alex., le plus ancien connu, ou de rédiger un nouveau Texte reçu, d'après les plus anciens mss., mais les arminiens l'en dissuadèrent, comme d'une imprudence qu'on ne manquerait pas d'exploiter contre lui. C'est seulement en 1763 que le libraire anglais Bowyer publia ce mss. avec les corrections et annotations de Wetstein, qui n'ont d'ailleurs pas une grande importance. On a encore de Wetstein; l'ép. de Barnabas ad virgines, des Prolégomènes à la lecture du N. T., une étude sur les Variantes, et quelques petits écrits (li-belli) sur l'interprétation critique du N. T.

 

WETTE (de), Guill.-Martin-Leberecht, né 14 janv. 1780 à Ulla près Weimar, fils d'un pasteur «.étudia depuis 1796 à Weimar où il connut Herder; en 1799 il vint à Iéna, où il fit sa théol. sous Griessbach et Paulus; docteur en 1805 il commença à donner quelques cours libres et publia ses premières études, sur le Deu-téronome. D'autres ouvrages de critique, sur le Pentateuque, ses Chroniques qu'il retravailla plus tard, parurent les années suivantes. En 1807 il fut nommé prof, à Heidelberg, avec Daub et Marheinecke; en 1810 à Berlin. Une lettre de sympathie, avec toutes réserves, qu'il écrivit à la mère de Sand, exécuté pour avoir assassiné Kotzebue, le fit destituer et exiler 1819. Il se fixa à Weimar, et il était sur le point d'accepter une place de pasteur à Brunswick, lorsque en 1822 il reçut un appel comme prof, de théol. à Bâle, position qui convenait mieux à ses aptitudes et aussi à ses tendances politiques, à la fois conservatrices et libérales. Il s'y rendit, et y resta jusqu'à sa f 16 juin 1849. C'est pendant son séjour à Weimar qu'il publia, sous le nom de Théodore l'histoire de ses doutes et de son développement religieux, espèce de roman auquel Tholuck répondit par son Guido et Jultus. Si De Wette passe à bon droit, non seulement pour un des plus savants théologiens de l'Allemagne, mais encore pour le chef le plus accentué et le plus autorisé du rationalisme critique et exégétique, il est également vrai que par le côté mystique de son esprit et de son caractère, il a toujours eu avec le piétisme et les piétistes d'étranges analogies. Il distinguait d'une manière absolue les deux domaines de la science qui se rapporte au fini et se conquiert par l'intelligence, et de la foi qui embrasse l'infini et ne peut être saisie que par le cœur. 11 n'y avait rien en lui de cette sécheresse qui trop souvent réduit l'étude de la théol. à une espèce d'anatomie, et quaud il analysait, il ne disséquait pas. A Bâle il ne cessa de s'intéresser à l'œuvre des missions, comme à toutes les sociétés religieuses; il fréquentait volontiers les hommes pieux (entre autres Vinet), sans s'effrayer de leurs doctrines, et il redoutait si bien les excès d'un rationalisme irréligieux, qu'il vota contre l'admission de Rupp dans la Soc. de Gustave-Adolphe. Il prêchait volontiers, et a laissé plusieurs volumes de sermons aussi remarquables par la profondeur de la pensée morale que par une grandeur de style qui rappelle les plus belles époques de la littérature. Ses cours de théol. morale étaient de sa part l'objet d'une prédilection particulière. Cependant c'est par J'exégèse et la critique sacrée qu'il a le plus brillé; toute réserve faite quant aux résultats surtout négatifs auxquels il est arrivé, on peut admirer la clarté de son exposition, la limpidité de son style, son étonnante érudition et le talent avec lequel il condense et résume les questions. Le nombre de ses œuvres est considérable. Outre sa traduction de la Bible et une synopse des évangiles, on lui doit des Introductions à l'A. et au N. T., des comment, sur presque tous les livres de la Bible, des manuels de morale, un manuel de dogmatique, des sermons, des études sur une foule de questions religieuses, sur le cathol. et le protestantisme dans leurs rapports avec la Révélation, des Pensées sur la peinture et l'architecture, quelques romans, un drame, une édition des Lettres de Luther, etc.

 

WETZER, Henri Joseph, né 19 mars 1801 à Anzefahr, Hesse-Électorale, étudia la théol. à Marbourg, surtout l'hébreu et l'arabe, se rendit en 1823 à Tubingue, en 1824 à Fribourg où de brillants examens le firent recevoir docteur en théol. et en droit canon. De là il vint à Paris pour y suivre les cours de Sacy et de Quatre-mère, et en mai 1828 il fut reçu à Fribourg comme privat-docent. En 1830 il est nommé prof, ordinaire de philologie orientale; il décline des appels à Giessen et à Marbourg, et se marie en 1831. Il fut nommé successivement doyen, sénateur, député; son zèle à défendre le catholicisme au milieu des troubles qui survinrent plus tard, lui attira des difficultés, mais sans le décourager; le gouvernement le censura pour s'être justifié d'être intervenu dans les débats politiques; il fut privé de sa place de doyen. Outre une trad. de l'A. T. faiteavec van Ess on a de lui la publication d'un mss. arabe, avec trad. lat. d'une Hist. des chrétiens coptes, de Taki-Eddini Makrizii; l'hist. chronologique des faits relatifs aux controverses ariennes entre 325 et 350; uneHist.de l'univ. de Fribourg (anonyme), où il en défend le caractère essentiellement religieux et catholique; enfin un Dictionn. ecclésiastique, entrepris avec Welte, très confessionnel quoique modéré, mais dont il ne vit pas la fin. Il f 5 nov. 1853 à Fribourg, au retour d'un voyage à Vienne, où il avait assisté à une assemblée générale des associations catholiques. C'était un savant paisible et consciencieux.

 

WHATELY, Richard, né févr. 4787 à Londres, élevé à Bristol, fit ses études à Oxford où il fut agrégé 1811. D'un esprit vif et hardi, il se jeta dans le libéralisme politique, et arbora un drapeau théol. indépendant, qui ne lui pré* sageait pas une brillante carrière. Aussi l'éton-nement fut-il général quand, après quelques années de pastorat à Haiesworth, Suffolk, et de présidence à Saint-Alban's Hall, on le vit tout à coup promu à l'archevêché de Dublin 1831. Il déploya une grande activité, avec beaucoup de tact, dans cette nouvelle position, vécut en paix avec l'archev. Murray, fit du bien aux catholiques aussi bien qu'aux protestants, mais ne témoigna pas la moindre sympathie pour l'œuvre de la mission intérieure, qui aurait pu éclairer et moraliser la population. Il se prononça pour la séparation de l'Égl. et de l'État, pour la réduction à 12 des 30 évéchés anglicans d'Irlande, pour le paiement des dîmes par les riches propriétaires protestants, pour le bill de Maynooth, pour un système scolaire intercon-fessionnel. et travailla à combattre le mouvement du Rappel par des concessions intelligentes et par le respect mutuel des droits des partis. Mais il ne se concilia pas les catholiqnes et il mit contre lui les orangistes et les orthodoxes, qu'il froissa en outre par ses idées sur les sacrements. Il vota aussi l'émancipation des juifs, l'abolition de la peine de mort et de la déportation, comme n'atteignant pas leur but, le droit pour un veuf d'épouser sa belle-sœur, etc. En théol. il niait l'inspiration, la prédestination, la nécessité de la mort du Sauveur, la valeur traditionnelle des sacrements, l'évidence de la succession apostolique. Son opposition au puséisme et l'avènement de l'archev. Cullen le rapprochèrent des protestants; ce dernier avait fait enlever des écoles cathol. le recueil de chants et plusieurs ouvrages scolaires sur la religion, composés par Whately. Doué de talents supérieurs il eut une fois à remplacer le lord-lieutenant, et le banc des prélats d'Irlande l'envoya plusieurs fois à la Chambre des lords. Il conserva ses facultés et ses forces jusqu'à sa t 8 oct. 1863. Auteur de: Pensées sur le sabbat, Lettres sur l'Église, Doutes relatifs à l'hist. de Napoléon, Doctrine scripturaire sur les sacrements, Essais, Erreursdu romanisme,Le royaume de Christ, Éléments de logique, etc.

 

WHISTON, William, né 9 déc. 1667 à Norton, Leicester, étudia à Cambridge; maître ès arts en 1690. consacré en 1693. Après quelques années de pastorat, it fut appelé par Newton, son maître, à le suppléer comme prof, de mathématiques 1701; il le remplaça définitivement 1703. Mais il avait passé à l'arianisme, et il s'en fit l'ardent propagateur, continuant de prêcher et de recommander ses nouvelles idées. Il finit par être destitué 1710, et se rendit à Londres, où il vécut de sa plume et de son travail. 11 réunit quelques amis en une société pour le rétablissement du christianisme primitif, mais les vrais ariens refusèrent de se joindre à lui. En 1747 il quitta l'Église établie, fonda une église nouvelle, se posa plus ou moins en prophète, se choisit 12 disciples et tourna à l'anabap-tisme; déjà depuis 1712 il était devenu baptiste. La reine Caroline était au nombre de ses protecteurs. Il f 22 août 1752. Savant distingué, un peu entêté et vaniteux, chiliaste, apocalyptique, arien, passablement excentrique, il ne sut pas se faire la place à laquelle il avait droit, et il resta toujours assez isolé.a de lui une nouvelle théorie de la terre où il prouve que la création en 6 jours, le déluge et la fin du monde par le feu n'ont rien de contraire à la raison; une Chronologie de l'A. T. et eue Harmonie des Évangiles; un Essai sur les Constitutions apostoliques, le christianisme primitif restauré, 5 vol.; une hist. de l'Eucharistie dans les 2 premiers siècles; le N. T. primitif; l'Accomplissement littéral des prophéties, une Autobiographie, une édition des Œuvres de Fl. Josèphe, avec tables, cartes et dissertations, etc.

 

WHITBY, Daniel, né vers 1638 à Rushden, Northampton, docteur en théol., fellowdu collège de la Trinité à Oxford, chapelain de lev. de Salisbury, prébendaire et chantre, enfin r«y teur de Saint-Edmond de Salisbury. f 1726. D'abord fougneux adversaire du catholicisme, et plutôt bien disposé pour les dissidents, qu'il espérait ramener par quelques concessions, il finit par tourner à l'arminianisme et à l'aria -nisme. Ses principaux ouvrages sont: l'Examen des variantes de Mill sur le N. T.; un Traité de la divinité de J.-C. contre les ariens et les sociniens; une Dissertation sur l'interprétation de l'Écriture, d'après les pères; un Comment, sur le N. T., une Paraphrase sur toutes les épitres du N. T.

 

WHITEFIELD, Georges, né 16 déc. 1714, fils d'un aubergiste de Bell-Inn, Glocester, eut une jeunesse un peu sauvage, mais toujours avec le respect de la religion et l'arrière-pensée de devenir prédicateur. En 1732 il put se placer à Oxford comme domestique des étudiants, et il profita de sa position pour étudier aussi. Ses relations avec les fr. Wesley décidèrent de sa vocation. Il se joignit 1735 à leur petit groupe, déjà traité de méthodiste, et ne tarda pas à en devenir un des membres les plus influents. Consacré diacre en 1736 il prêcha son premier sermon dans la cathédrale de sa ville natale, se rendit en 1738 en Géorgie auprès de WesJey qui l'appelait, mais revint en 1739 pour une collecte, et fut ordonné prêtre à Oxford. Il se mit aussitôt à tenir des réunions en plein champ pour les mineurs de Kingswood, aucune église n'étant assez vaste pour contenir les auditeurs qui se pressaient autour de lui; on en comptait parfois 20,000.11 retourna en Amérique, fit une tournée de prédications dans toutes les stations où se trouvaient des Anglais, et fonda en Géorgie un hôpital d'orphelins. De retour en 1741, il refit six fois le même voyage, et chaque année vit s'accroître le nombre de ses adhérents. Depuis 1741 il s'était séparé de Wesley, mais les deux églises poursuivant la même œuvre avec un succès égal, l'une en Angleterre, l'autre, Whitefield, en Amérique, ont continué pour le monde de porter le même nom, v. Méthodiste». Whitefield entreprit en 1769 un nouveau voyage aux États-Unis, mais il f 1770 à Newbury-Port, près de Boston. — Il avait trouvé dès 1748 une disciple fervente dans lady Selina Huntingdon, née 1707, f 1791, qu'on avait surnommée la reine des méthodistes; frappée des prédications de W., elle l'avait nommé son chapelain, et convoquait parfois la noblesse d'Angleterre à venir l'entendre chez elle. En 1768 elle fonda à Trevecca, au sud du pays de Galles, un séminaire qui fut plus tard transféré à Cheshunt. On a de W. des Lettres, des sermons et quelques traités de controverse, v. Jackson; M. Lelièvre qui appelle Whitefield le plus puissant prédicateur du siècle; H. Moore, Tholuck, etc.

 

WICELIUS, ou plutôt Witzel, Georges, né 1501 à Fulde, ou à Vacha, dans la Hesse, prit ses grades à Erfurt, se rendit en 1520 à Wittenberg, où il se décida pour la Réforme, quoiqu'il eût déjà embrassé la vie monastique, puis rentra dans le catholicisme sous l'influence de l'év. de Mersebourg, qui le nomma vicaire à Vacha. Mais W. se mit à prêcher la Réforme et se maria, ce qui lui fit perdre sa place. Pendant la guerre des paysans il essaya de s'interposer, et faillit tomber victime des rebelles. Il rêvait d'une Église pure et ne la voyait réalisée nulle part. Il redevint protestant, fut nommé pasteur à Eisenach, où il connut Lambert. Au colloque de Marbourg il parut pencher vers le zwinglia-nisme, et en 1529 on l'accusa d'unitarisme à cause de ses rapports avec Campanus, ce qui le fit mettre en prison à Wittenberg. L'influence du comte Hoyer de Mansfeld le fit appeler à Eisleben. Balloté dans son esprit, irrité contre Luther, mais touj. désireux d'amener un rapprochement entre les 2 confessions par un concile réformateur, on le vit flotter jusqu'à la fin, allant d'une diète à l'autre, siégeant tour à tour avec Canisius et avec Agricola, écrivant et publiant sans aboutir, f 1573. Ses principaux ouvrages sont: Methodu* concordiœ, De vocando concilio, Via regia, De *acri* nostri temporis controversii*, Typus ecclesiœpriori*; en 1524 il avait aussi écrit contre Luther, et en 1533 une réponse à Jonas.

 

WICHERN, Jean-Henri, né à Hambourg 21 avril 1808, fils d'un notaire traducteur-juré, étudia à Gôttingue et à Berlin la théologie. Il fonda à Hambourg la mission intérieure, ouvrit une école du dimanche pour 500 enfants pauvres, et finit par s'établir avec sa mère, novembre 1833, dans une maison que son ami Ruge mit à sa disposition, qu'on appelait la Ruge-Haus, et bientôt par corruption la Rauhe Hau*, la maison sévère, ou rustique. Il y réunit des jeunes garçons arrachés à de mauvais milieux, et bientôt l'établissement devint une espèce de village, avec boulangerie, buanderie, bibliothèque, chapelle, cimetière, pensionnats, fermes, ateliers de toutes sortes, imprimerie, etc. En sept. 1848 il exerça une immense influence au premier Kirchentag convoqué en partie par son initiative, à Wittenberg, et la mission intérieure fut fondée, avec une quantité de branches et de sous-divisions. En 1850 il fut nommé docteur en théol. de l'univ. de Halle. En 1851 le gouvernement prussien le chargea d'une enquête sur les maisons de correction, et le consulta sur ce qu'il y avait à faire avec les dix mille enfants de laHaute-Silésie, que le typhus avait fait orphelins. En 1858 il fut nommé membre du Consist. supérieur et conseiller adjoint au Ministère de l'Intérieur, ce qui le fixa à Berlin, mais sans restreindre son activité au dehors. Il continua de diriger la Rauhe Haus, lui donna pour succursale aux portes de Berlin le Johannestift, prépara de bons ouvriers laïques par centaines pour la mission intérieure, organisa des Diaconies de campagne pendant les guerres de 1864, 1866 et 1870, et plaça à la prison cellulaire de Moabit, Berlin, des geôliers choisis parmi les frères de la Rauhe-Haus. Il a trop agi pour pouvoir beaucoup écrire; en dehors de ses Feuilles volantes, on ne signale que son Mémoire sur la mission intér. de l'Égl. allemande. D'une noble figure, il avait un cœur d'or et une volonté de fer. Luthérien sans exagération, il aimait toutes les Églises. Sa théologie, comme élève de Schleiermacher et de Nean-der, était sympathique et vivante, mais ne s'accordait pas avec celle de Spener et de Francke, bien qu'on l'ait souvent compjré à ce dernier. Malgré la largeur de ses principes, ses ennemis ont reproché à son œuvre une tendance confessionnelle réactionnaire. Il était artiste, et l'une de ses filles a publié sous le pseudonyme de C. von Horn, des compositions musicales appréciées. Ses forces diminuèrent à partir de 1874, et il f en avril 1881 à la Rauhe-Haus.

 

WICLEFF, Jean (de), dont le nom s'écrit de 20 manières différentes: Wicliff, Wickliffe, Wyclif, etc., est le premier des précurseurs de la Réforme. Ses parents étaient de Wicliffe, près Richmond, mais il naquit dans le nord du comte d'York, probablement en 1324. Il étudia à Oxford avec Bradwardine et d'autres jeunes gens qui se distinguèrent également plus tard. Réaliste et platonicien, il s'occupa surtout d'étudier la Bible et mérita d'être appelé le Docteur évangélique. C'est en 1360, dans une discussion entre l'Université et les moines mendiants, qu'il commença sa lutte avec l'Église, et en 1361 il publia sa Poverty of Christ en l'opposant à « l'opulente indigence » de ces religieux. L'Université reconnaissante le nomma maître ès arts et lui donna le bénéfice de Fil-lingham, 16 mai 1363. Peu après il fut nommé recteur-gardien du collège de Cantorbéry à Oxford. par l'archev. Simon d'Islip, mais le successeur de celui-ci, Simon de Langham, le renvoya et rappela Fleury de Wodehall. Sur le conseil de ses amis il en appela à Urbain Y, mais comme il avait pris le parti d'Édouard III contre la hiérarchie, en soutenant que les papes n'avaient aucune autorité légale sur la couronne d'Angleterre, la sentence du pape lui fut défavorable. Wicleff s'appuyait trop sur le bras humain; ce fut un de ses côtés faibles. La cour lui était favorable et l'avait nommé prof, de théol. à Oxford. Il avait aussi pour lui une partie de la noblesse, les poètes Chaucer et Gower, la bourgeoisie et un fort parti dans le peuple. Le roi lui donna le rectorat de Lutterworth et le confirma dans la prébende d'Auste. Il l'envoya même 1374 en mission à Bruges auprès des commissaires romains, pour traiter des griefs de l'Égl. anglicane; mais la mission échoua et il revint en Angleterre, plus éclairé qu'auparavant sur l'ambition, la cupidité et la corruption de la cour papale. Il en parla dans ses leçons et définit celui qu'il appelait l'Antéchrist « le plus maudit des coupeurs de bourses. » Les moines le dénoncèrent en 1376 et envoyèrent à Grégoire XII 19 propositions hérétiques, soi-disant extraites de ses coure. Sans enquête le pape envoya contre lui cinq bulles. 22 mai 1377; l'une au roi, trois à l'archev. <fc» Cantorbéry, Sudbury, et à l'év. de Londres, Courtney, et une à l'Université d'Oxford, qui n'en tint compte. Les deux prélats citèrent W. à comparaître devant leur tribunal, à Saint-Paul, le 23 fév. 1377, mais Henri de Gaunt. duc de Lancaster, fils d'Édouard III, était là. et il s'engagea entre lui et l'év. de Londres un* si violente altercation sur la question de savoir si W. parlerait assis ou debout, que la séance dut être levée sans que rien fût décidé. Une seconde convocation eut lieu à la chapelle de Lambeth: W. comparut, développa, justifia ses thèses, peut-être avec trop d'art, et sir Louis Clifford ayant signifié au tribunal, peut-être au nom de la reine-mère, qu'ils ne prononçassent aucune sentence contre Wicleff, les juges profitèrent de la modération et des réponses évasi-ves de celui-ci pour se déclarer satisfaits, et se bornèrent à lui enjoindre de ne plus propager des doctrines erronées ou téméraires. En 1378 il publia son traité: De la vérité de l'Écriture Sainte, et s'éleva contre la messe, estimant que le sermon était la partie la plus importante du culte. L'activité parait avoir été un des traits principaux de son caractère, et cela explique en partie son hostilité contre les moines mendiants. Il fonda une Société d'évangélistes chargés de parcourir le pays et d'instruire le peuple. La source de tout le mal, selon lui, était l'absence de la Bible en langue vulgaire; chacun, disait-il avec saint Bernard, peut la comprendre en menant une vie sainte. Aussi, après une maladie grave qui mit sa vie en danger 1379, il reprit avec quelques amis, la traduction des Écritures en anglais, première version complète succédant aux travaux partiels qui avaient été faits précédemment (d'abord pour les Psaumes sous Alfred-le-Grand, puis par Richard Fita-Ralph et Jean de Trévise sous Édouard-le-Con-fesseur). Cette version fut répandue avec abondance el généralement adoptée; on en connût encore 150 exemplaires. Mais elle était loin d'être parfaite, et W. en entreprit lui-même la revision: cette deuxième version ne parut qu'après sa mort. A mesure qu'il étudia davantage l'Écriture, sa doctrine devint plus nette et plus précise, sans arriver cependant à la clarté qu'elle revêtit plus tard. Il oppose la doctrine de la grâce à celle des pénitences et des indulgences qu'il appelle un blasphème. Il enseigne la corruption de l'homme, la justification gra-tuiteet la prédestination. Il attaqua enfin, 1381, et peut-être avec peu de mesure, le dogme de la transsubstantiation, question toujours difficile et pleine d'équivoques, et publia sur ce sujet 16 thèses pour établir que dans la Cène il y a le vrai pain et le vrai vin, mais aussi le vrai corps et le vrai sang, sous condition de la foi du communiant. Quant à l'adoration de l'hostie, il y voyait une idolâtrie. De ce moment ses amis et ses protecteurs l'abandonnèrent. Le duc de Lancaster, dont d'ailleurs le crédit baissait, l'engagea à garder plutôt le silence sur cette question. L'université d'Oxford le condamna, et W. pour éluder la vengeance de ses ennemis publia une confession longue et embrouillée, que ceux-ci appelèrent une rétractation. Courtney, devenu archevêque, mit tout en usage pour écraser WiclefT. Il assembla en mai et juin 1382 dans un couvent de dominicains de Londres, un synode, où furent condamnées 24 propositions de Wicleff, entre autres celle-ci: Si un homme est convenablement contrit, toute confession extérieure est superflue en elle-même et inutile. On lui prêta aussi d'avoir dit que Dieu doit obéir au diable. Un tremblement de terre ayant épouvanté les juges le 17 mai, W. appela cette assemblée, Le concile de YHérydène (du tremblement, en vieux anglais). Le 12 juillet le roi permit à l'Égl. d'arrêter tous ceux qui prêcheraient les propositions condamnées. Wicleff accablé de tant de côtés, résigna ses charges académiques, abandonna Oxford et se retira dans sa cure de Lutterworth, où il continua de prêcher l'Évangile. Sommé par Urbain VI, quoique malade, de comparaître à Rome, il répondit qu'il n'avait de compte à rendre qu'à Dieu, et que le pape devrait s'attacher à suivre l'exemple de Christ et des apôtres. Dès lors on laissa tranquille ce témoin à moitié désarmé par une paralysie; le 29 déc. 1384, il eut une nouvelle attaque, comme il allait monter en chaire, et il + le surlendemain 31; il fut enterre dans le cimetière de la paroisse. En 1410 ses ouvrages furent brûlés à Oxford. En 1415 le conc. de Constance ordonna son exhumation, qui eut lieu en 1428 sous le pontificat de Martin V par les soins de Fleming, év. de Lincoln; ses os furent brûlés et les cendres jetées à la rivière. Il a laissé plus de 200 vol. qui se répandirent promptement dans toute l'Europe, où son action fut immense. Bien qu'ils aient été en partie détruits, on en conserve précieusement des exemplaires dans les principales bibliothèques. Le plus important de ces ouvrages est son Trialogus, dialogue entre trois interlocuteurs symboliques, la vérité, le mensonge et la sagesse, où il flagelle les erreurs et les abus du temps.

C'est comme son legs théologique: il est divisé en 4 livres, et il traite successivement lo de Dieu et des idées, 2o des choses créées, 3o des vertus et des vices, 4° des sacrements (il n'en admet que deux: le baptême et la cène). Achevé en 1382 il fut imprimé en 1525, v. Lewis, Londres 1720; Vaughan. Londres 1829; Lechler, Leipzig 1873; Bonnechose, les Précurseurs de la Réforme. — Les adhérents de Wicleff, ou Wicleffites, reçurent, après beaucoup d'autres, le surnom de Lollards, q. v.

 

WIDUKIND, ou Witikind, ou Wittekind, 1° chef saxon vers 775; v. Saxons. 2o Saxon, moine de Corbie et directeur de l'école de son couvent. Auteur d'un ouvrage capital, écrit vers 967, mais sans doute retravaillé, sur l'hist. des Saxons, leur origine, les règnes d'Henri Ier et Otton 1er; il a pour titre Res gestœ saœonicœ, et passe pour une des meilleures sources à consulter. Son hist. des Othon est malheureusement perdue, f vers 1000.

 

WIGAND, Jean, un des représentants les plus passionnés du flacianisme. Né 1523, à Mansfeld, philologue et musicien, il fit sa théol. à Wittenberg, fut consacré en 1546 par Span-genberg et commença dès lors sa carrière de controversiste contre l'Intérim, les Adiaphora de Mélanchthon, Major, Agricola, Osiander, les moraves, Slancar, Hesshus, et finalement contre Flacius lui-même. Il fut successivement pasteur à Mansfeld, surintendant à Magdebourg, prof, â Iéna, surintendant à Wismar, prof, et docteur Ihéol. à Rostock, pasteur à Brunswick, prof, à Kônigsberg, et en 1575 év. de Poméranie. Il passa sa vie à disputer, et f 21 oct. 1587. Ses nombreux écrits appartiennent tous aux controverses de l'époque.

 

WIGBERT lo un des aides de Willibrod, qui travailla 2 ans dans la Frise, mais sans succès; il sema, ses successeurs récoltèrent. — 2o W. abbé de Fritzlar, né dans le Wessex, élevé au couvent de Winbrun, il était prêtre à Glaston quand Boniface l'appela en 732 à passer en Allemagne comme missionnaire avec quelques autres; il lui confia l'école de Fritzlar qui ne tarda pas, grâce à ses talents et à son attachante personnalité, à attirer de nombreux élèves. Boniface lui donna ensuite le même mandat pour l'école d'Ohrdruff, Thuringe, mais tombé malade, W. revint à Fritzlar où il f 13 août 747. Il avait en même temps travaillé avec zèle à l'évangélisation des païens.

 

WILBERFORCE lo William, né 24 août 1759 à Hull, Angleterre, fils d'un marchand d'une bonne et ancienne famille. Devenu riche et indépendant par la mort d'un oncle, il alla étudier en 1776 à Cambridge, et déjà en 1784 il était envoyé au parlement par sa ville natale. Il y retrouva des amis de l'université, et notamment W. Pitt, avec qui il fit un voyage en France, pendant lequel il apprit à connaître la cour, Franklin, Lafayette, etc. Il avait reçu d'une tante méthodiste une éducation chrétienne, et ces impressions religieuses étaient tombées sur un bon terrain. Quelques voyages avec le doyen Milner 1785 et la connaissance qu'il fit de Lavater ne purent que les fortifier. Wesley lui adressa de son lit de mort une lettre de cordiale affection. Les questions de philanthropie chrétienne et de morale sociale ne cessèrent de le préoccuper. En 1787 il fondait une association pour la lutte contre le vice, et la même année il entreprenait la tâche de combattre la traite des nègres, une idée en faveur de laquelle à 15 ans il avait déjà composé un mémoire. Il gagna Pitt à ses vues et l'aida à préparer le projet qu'il devait présenter au parlement en 1789. La lutte fut longue, dramatique et non sans dangers. Il aida la Société pour Sierra-Leone à fonder des colonies de nègres affranchis, pour prouver que le nègre est susceptible de culture et de développement. Sa vie fut plusieurs fois menacée. En 1792 son bill fut repoussé une première fois. Mais en 1806 il fut appuyé par le gouvernement, et le 23 févr. 1807 il passait à une immense majorité. C'était un commencement. Wilberforce entreprit une seconde campagne: après la suppression de la traite, il demanda l'abolition de l'esclavage. Il eut pour fidèle allié Buxton. L'appui du gouvernement lui fut assuré dès 1823; W. f 27 juill. 1833, le lendemain du jour où le bill d'émancipation avait passé en seconde lecture. Les noirs avaient pour lui un tel respect que Christophe de Haïti, roi sous le nom d'Henri Ier, l'avait prié de venir protestantiser son île. Non content de travailler en Angleterre, il plaida la cause des esclaves en France, en Prusse, en Russie, et c'est grâce à lui que Castlereagh posa la question au congrès de Vienne. Il s'occupa aussi activement du repos dominical, des missions aux Indes, de l'instruction populaire (avec Hannah Moore), de la fondation de la Société biblique, de l'émancipation des catholiques et des dissidents. Une piété fervente, servie par une éloquence entraînante et sympathique, lui assurèrent toujours au parlement une influence incontestée, il fut enterré le 5 août à Westminster. Parmi ses nombreuses publications il faut rappeler son Disc, sur l'abolition de la Traite 1789, son Apologie du dimanche, 1797; et surtout, aussi de 1797, son Christianisme pratique, ou Coup d'œil sur les systèmes religieux des protestants des différentes classes de la société, comparés avec le vrai christianisme, réimpr. plus de 50 fois et trad. en plusieurs langues. De ses 4 fils, tous ecclésiastiques, aucun n'a ajouté à la gloire du nom; le plus connu, Samuel 1805-1873, év. d'Oxford, puis de Winchester, a écrit quelques ouvrages dans le sens ritualiste.

 

WILD, en latin Fews, Jean, né vers 1494 à Mayence, franciscain, théologien que l'on compte parmi les témoins de la vérité, parce que, tout en restant dans son Église, il ne manqua jamais, ni dans ses discours, ni dans ses écrits, d'en censurer les erreurs et les vices, il prêcha surtout la justification par la foi et combattit le côté extérieur et matériel du catholicisme. f 8 sept. 1554. 11 a écrit de nombreux Comment, sur l'A. et le N. T. dans un beau latin, élégant et clair, pratiques et animés d'un véritable souffle religieux, qui presque tous ont été mis à l'index, jusqu'à correction. Accusé d'hétérodoxie, Férus a été défendu par le franciscain espagnol Michel Médina, et utilisé par Salméron. — Ne pas le confondre avec un autre Férus, jésuite, prédicateur de l'université de Prague, f 1655, auteur de plusieurs écrits ascétiques en langue bohème.

 

WILFRIED, né 634 dans le Northumberland, élevé 648 à Lindisfarne; habile, ambitieux, désireux de s'instruire, il se rendit à l'établissement des missions de Cantorbéry, passa le canal à 19 ans avec Bénédict Biscop, s'arrêta un an à Lyon, où l'archev. Delphi n aurait voulu lui faire épouser sa nièce, et arriva à Rome 654 où il visita les tombeaux des saints, étudia la discipline romaine et apprit à calculer le cycle de Pâques. Le pape lui donna sa bénédiction et des reliques. Il repassa par Lyon où Delphin lui accorda la tonsure et manifesta le désir de l'avoir pour successeur; mais Delphin fut assassiné 660 et Wilfried repartit pour l'Angleterre; le roi Oswio lui témoigna beaucoup d'affection et lui donna une grande étendue de terres, où il éleva le couvent de Ripon. Il travailla à introduire dans le pays les usages romains; l'opposition qu'il rencontra décida le vieux roi à convoquer 664 à Whitby un synode; le vénérable Cadd présidait. La dispute fut vive et se termina à l'avantage du parti romain, en ce qui concerne la fixation de la Pâ* que et la forme de la tonsure. Comme récompense il reçut l'évêché d'York; ce fut l'év. Agilbert de Paris qui le consacra. Mais un synode présidé par Théodore de Cantorbéry 677 ayant procédé à une nouvelle division des diocèses, et ayant partagé en 3 celui de York, dont les revenus étaient immenses, Wilfried protesta au nom du pape, ce qui parut ridicule, el partit pour Rome, où le pape lui donna gain de cause. Le roi Egfried regarda la bulle comme nou avenue et condamna Wilfried à mort pour avoir été intriguer à l'étranger contre son pa>s, peine commuée en un an de prison et bannissement perpétuel. Banni du Northumberland, de la

Mercie, du Wessex, il trouva dans le Sussex des populations païennes qu'il évangélisa avec succès, ce qui lui valut un retour de faveur de Théodore et du nouveau roi Aldfried. Mais ayant à plusieurs reprises recommencé ses intrigues romaines, et avoir été banni, il profita d'un séjour dans la Frise pour évangéliser les Frisons 693. A la mort d'Aldfried il crut pouvoir revenir, mais un nouveau concile fut unanime à rejeter ses prétentions 705, tout en lui accordant en mémoire du feu roi l'évêché de Hexham, et l'abbaye de Ripon. f 12 oct. 709 au couvent d'Undal. Il avait aidé Dagobert à remonter sur le trône de Sigebert son père. Canonisé pour ses services rendus à la curie romaine. Son corps enterré à Ripon a été transféré 959 à Cantorbéry. On lui prête des miracles. Auteur de quelques lettres et de divers écrits sur le rituel pascal catholique, les règles du monachisme, etc.

 

WILHELMITES, v. Guillaumites.

 

WILLEBROD, anglais, né vers 658; quel-ques-uns le font de race royale, moine distingué par sa piété, son zèle et ses talents, fut, à la demande de Pépin, envoyé par Egbert chez les Frisons, avec onze autres missionnaires, entre autres Wigbert, 690 ou 692. Recommandé au pape, il se rendit à Rome et revint à Utrecht 697 comme archev. de la Frise. Il évangélisa aussi le Jutland. Radbod, roi de Frise, persécuta longtemps les chrétiens et refusa jusqu'à la fin de se laisser baptiser, mais à sa mort beaucoup de païens se convertirent. Willebrod t 739 eut pour aide Wulfram, archev. de Sens, qui lui fut d'un grand secours; ils virent 53 temples païens changés en églises chrétiennes. Willebrod avait ramené du Jutland 30 jeunes garçons pour en faire des missionnaires; le plus distingué fut Sinwald, qui évangélisa la Bavière et qui + 750. v. Beda et Alcuin. Son nom s'écrit aussi Willibrord.

 

WILLEHAD, ou Wilhead, ou Gaillard, né vers 730 d'une famille saxonne du Northum-berland, élève d'Alcuin à York, évangélisa la Frise à la demande de Grégoire, év. d'Utrecht. Dans le pays d'Over-Yssel, plusieurs de ses compagnons furent mis à mort par les païens irrités; lui-même n'échappa que parce que l'épée porta sur une courroie qui, sous ses vêtements, retenait une* boîte de reliques; on crut que c'était un miracle et il fut épargné, ainsi que ses amis survivants. Charlemagne lui confia les Saxons vaincus des environs de Brème, mais leur révolte en 782 l'obligea de retourner en Frise; de là à Rome où il trouva Luidger, avec qui il revint au diocèse de Trêves, dans l'abbaye d'Echternach. En 785, il retourna à sa mission, et le 13 juillet 787 un synode tenu à Worms le nomma év. de Brème. Il y poursuivit ses travaux avec autant de zèle que de dévouement, fit construire sous le nom de Saint-Pierre une église en bois, que son successeur remplaça par un monument plus solide, et f 8 nov. 789 d'une fièvre prise pendant une de ses tournées missionnaires. Il a laissé une bonne réputation à tous égards, comme homme, évêque et missionnaire. Charlemagne l'appelait un saint. Son corps a été conservé dans une chapelle attenante à la cathédrale. Canonisé. Vie par Anschar.

 

WILLIAMS, John, missionnaire envoyé par la Soc. des missions de Londres, pour évangéliser la Polynésie. Il visita les nombreux archipels de l'Océan Pacifique, et réussit à les classer en groupes distincts, suivant les différentes races auxquelles ils appartenaient. Déjà en 1819 il s'établissait à Tahiti, au milieu d'une population encore idolâtre, et il obtenait des succès remarquables. En 1821 il visita les îles Hervey, qui parlent la même langue que les Tahitiens, et de nombreuses conversions eurent lieu; il en remporta 31 idoles; il arrive en 1823 à Ravo-tonga, qu'il retrouve en 1827 entièrement transformée. Un court et fructueux voyage en Angleterre, lui procure les aides dont il a besoin pour les stations qu'il a fondées dans les îles de Samoa, des Amis, des Navigateurs. Les îles Fidji lui opposent plus de résistance, mais elles cèdent aussi à la parole de vérité, et les cannibales devenus chrétiens sont un des plus beaux fleurons de l'œuvre missionnaire. Enfin Williams se rend aux Nouvelles-Hébrides, mais c'est la fin de sa carrière; il est traîtreusement assassiné par les naturels, 20 nov. 1839, au moment où lui et son ami Harris, qui se rendait aux îles Marquises, venaient d'aborder au rivage. Ce fut un deuil général; le bruit courut que les meurtriers avaient à leur tour été tués par une tribu voisine, jalouse de leur faire expier leur crime. Un simple monument marque la place où furent plus tard enterrés les restes du martyr.

 

WILLIBALD, né vers 700 en Angleterre, d'une famille noble (une légende appelle son père Richard, et le fait roi d'Angleterre, ou duc de Souabe), fut voué par sa mère à l'Église lors d'une grave maladie qu'il fit à 3 ans. A 20 ans il visita la Palestine, et y passa 7 ans. Il revint par Constantinople, en 729. Sa sœur Walpur-gis a raconté ses aventures de voyage. De 729 à 739 il demeura au mont Cassin, puis, avec-quelques prêtres, se rendit à Rome auprès de Grégoire III, à qui il raconta son pèlerinage. Le pape l'envoya comme aide à Boniface dans la Thuringe, vers un comte Suitgar qui possédait un grand territoire. Willibald alla en passant voir son fr. Wunnebaid, qui venait de fonder avec sa sœur le couvent de Heidenheim.

Il accompagna ensuite Boniface, qui le sacra évêque avec le concours des év. de Wlïrzbourg et de Burgberg; mais comme le pape avait décidé qu'il n'y aurait d'évêques que dans des villes fortifiées, on dut en bâtir une exprès; on abattit une forêt de chênes, et l'on y éleva Eichstœdt, dont le nom rappelle l'origine. Il assista au synode franc convoqué en 742 par Carloman, et à celui d'Attigny 765 sous Pépin, f vers 786.

 

WILLIRAM, ou Witleram, ou Waltram, né en Franconie, savant et pieux bénédictin, poète, versé dans la scolastique. Il était parent de l'archev. Héribert de Cologne, et de l'év. Héri-bert d'Eichstaedt; il étudia à Paris, fut nommé chanoine à Bamberg, devint moine à Fulde, et enfin abbé d'Ebersberg 1048 par la protection d'Henri III qui reconnut son mérite, f 5 janv. 1085. Auteur d'une trad. et d'une double paraphrase du Cantique, l'une en hexamètres, l'autre en prose; il admet l'interprétation des pères. Travail souvent copié et réimprimé; il était dans le goût du temps. Édition de Hoffmann, Breslau 1827.

 

WIMPHELING, Jacques, né 26 juill. 1450 à Schelestadt, d'abord élève des fr. de la vie commune, étudia le droit à Fribourg, mais sous l'influence de Wessel, de Dalberg, Geiler, Stnrm, il se tourna vers la théol., étudia à Heidelberg, fut nommé vicaire à Spire où il prêcha avec un grand succès, vint ensuite à Strasbourg où il aida Geiler dans la publication des œuvres de Gerson. Il écrivit aussi quelques ouvrages, étudia les livres saints et se livra à l'enseignement. Il se plaisait à grouper autour de lui en société religieuse ou savante, les hommes distingués qu'il rencontrait. Il était très allemand, et dans un écrit intitulé Germa-nia, il essaya de prouver que la rive gauche du Rhin n'avait jamais appartenu à la France, thèse qu'il ne fut pas difficile de réfuter historiquement et qui trouva en Murner un contradicteur aussi compétent qu'énergique. En 1504 il fut excommunié parce qu'il avait accepté du chapitre de Strasbourg une place que le pape avait destinée à un autre; il eut beau se retirer devant son concurrent, comme le chapitre maintenait son droit, il fut puni de cette opposition et resta en disgrâce. Bientôt après il fut cité k Rome, dénoncé par les augustins pour avoir prétendu dans une de ses leçons qu'Augustin n'avait jamais été moine, pas plus que Moïse, Jésus, les apôtres et les pères, et pour avoir traité de non-sens le proverbe qui met toute la sagesse dans le capuchon. Des attestations portant qu'il était trop âgé pour faire le voyage, lui permirent de se défendre par un mémoire écrit, adressé au public, et Jules II laissa tomber l'affaire. W. écrivit ensuite une Hist. des év. de Strasbourg; il conduisit à Heidelberg quelques jeunes gens pour surveiller leurs études, rédigea par ordre de Maximilien les dix griefs de la nation, destinés à peser sur le pape, mais qui n'eurent pas de suite) et passa quelques années dans un couvent de femmes, que l'év. de Bâle l'avait prié de réformer, ne se lassant pas de prêcher et d'écrire pour demander la réforme* de l'Égl. et du clergé, ce qui lui valut une place d'honneur dans les Épi-tres des hommes obscurs. Souffrant de la goutte il se retira 1515 chez sa sœur à Schelestadt; en 1518 il conseilla k l'empereur de ne pas intervenir dans les affaires de Luther qui se régleraient entre évêques; mais en voyant les événements se précipiter, il prit peur; il écrivit k Luther et à Zwingle pour les modérer, continua d'en appeler k un concile général, et frémit d'horreur en apprenant la sécularisation des biens ecclésiastiques, f 17 nov. 1528. Il a laissé de nombreux écrits, 30 d'après Nicéron, 89 d'après Riegger: plusieurs relatifs à l'enseignement, des hymnes, des traités de controverse et de dogmatique, et des études historiques, v^ Schmidt, Hist. littér. d'Alsace.

 

WIMPINA, ou Wympna, proprement Koeh (cuisinier), Conrad, né 1460 à Buchheim dans l'Odenwald, étudia à Leipzig, et se livra de bonne heure avec succès à renseignement des lettres et de la philosophie. En 1503 il fut reçu docteur en théologie. Accusé d'hérésie par ses ennemis, il se défendit devant l'archev. de Magdebourg et n'eut pas de peine k prouver son orthodoxie, car il prit parti pour la scolastique contre les études philologiques. En 1506 l'électeur de Brandebourg le nomma prof, de théol. et premier recteur de la nouvelle université de Francfort s. l'Oder. Il défendit Tetzel contre Luther dans l'affaire des Indulgences, et soutint énergiquement l'autorité absolue du pape en matière d'interprétation des Écritures et de foi, A la diète d'Augsbourg il fut un des rédacteurs de la Confutation, et dirigea avec Eck et Co-chlœus tes négociations avec Mélanchthon. f 16 juin 1531. On a de lui des Épitres, des Poésies, des Mélanges, des traités de controverse, etc.

 

WINCKLER, Jean, l'ami de Spener, né 13 juill. 1642 k Gôlzern, près Grimma, fils d'an pauvre meunier, n'arriva que péniblement k finir ses études, fut consacré par Spener en 1671, et fut successivement pasteur à Hambourg, Darmstadt, Mannheim, Wertheimet Hambourg, où il f 5 avril 1705. Il eut beaucoup à souffrir k cause de ses rapports avec les piétistes, à cause de son opposition an théâtre et à cause de ses sympathies pour ceux qu'on appelait des enthousiastes; mais sa tenue toujours humble, noble et bienveillante, lui concilia même ses adversaires. Il rendit de grands services aux écoles de Hambourg, exerça sur Francke une influence considérable, travailla à la fondation d'une Société biblique, et mérita les justes honneurs que son Église lui accorda.

 

WINDESHEIM, couvent de chanoines réguliers, fondé 1386 par Radewin et les fr. de la Vie commune, peu après la mort de Gérard Groot. L'institution se développa et s'enrichit. D'autres abbayes se joignirent à la première, et par leur moralité méritèrent d'être appelées à réformer des couvents appartenant à d'autres ordres. Ils avaient un prieur au conc. de Constance; ils en eurent aussi un à Bâle, qui fut particulièrement honoré. D'ailleurs ils ne firent rien pour les lettres et les sciences, se montrèrent plus que froids pour la Réforme, et ne tardèrent pas à disparaître.

 

WINER, Georges-Bénédict, né 13 avril 1789 à Leipzig, fils d'un boulanger, docteur en théol. depuis 1819, fut successivement prof. àRostock, Halle, Erlangen 1823, et depuis 1832 à Leipzig, où il f 12 mai 1858. Sauf la dogmatique et l'hist. ecclésiast. il a travaillé et rendu des services dans toutes les branches de la théologie. Par son érudition, son talent professoral, sa tenue correcte et strictement scientifique, le sérieux de son caractère religieux et moral, il exerçait sur les étudiants une grande influence. Rationaliste, il resta touj. étranger aux mouvements religieux qui se produisaient autour de lui dans l'Eglise, mais son rationalisme n'avait rien de profane ou d'irréligieux. Il appliqua à l'étude du texte les principes de la nouvelle philologie. Ses principaux ouvrages sont son Real-wcerterbuch biblique, une Grammaire chaldaï-que, les éléments de la Gramm. hébr., une Chrestomatie talmudique et rabbinique; une Gramm. grecque du N. T., des études sur les versions syriaques, le Pentateuque samaritain, Onkélos, Justin Martyr, le dernier repas de Jésus, l'Augustana. etc.

 

WINFRIED, v. Boniface.

 

WINKELER, secte peu importante du moyen âge, probablement affiliée aux vaudois, lisant la Bible, ayant des prédicateurs laïques, rejetant le culte des saints et des images, les indulgences et le purgatoire, d'ailleurs pratiquant le catholicisme. Vers 1400 ils furent découverts à Strasbourg; 32 furent arrêtés, dont 16 mis à la torture se reconnurent hérétiques et furent bannis; les autres eurent à payer des amendes. Les dominicains auraient voulu qu'on les brûlât. La secte disparait à ce moment. On leur reproche d'avoir en 1374 fait disparaître un des leurs, devenu apostat, par crainte d'une dénonciation.

 

WINNO, v. Frères 6<>.

 

WINTERTHOUR, Jean (de), Vitoduranus, minorité, né vers 1300; il est à Bâle en 1328, à Schaffhouse en 1331, à Lindau en 1340, passant d'un couvent à l'autre; f 1348 probablement à Zurich. Auteur ou compilateur d'une Chronique de l'empire depuis Frédéric II jusqu'en 1348, commencée à Lindau, qui, malgré son absence d'ordre et de chronologie, est consultée comme une bonne source historique, à cause des nombreuses notices, traditions populaires et renseignements qui y sont réunis. Utilisée par Bullinger, elle a passé depuis 1629 à la biblioth. de la ville de Zurich.

 

WIPPO, bourguignon, nommé chapelain de Conrad II et de Henri III, auteur d'une notice sur Conrad, qui est très appréciée.

 

WISEMAN, Nicolas-Patrick-Étienne, né 2 août 1802 à Séville, où son père, irlandais, de Waterford, était établi comme négociant. Il fit ses premières études au collège d'Ushaw, près Durham, et passa de là au collège anglais de Rome, où il devint prêtre et docteur en théologie. En 1827 il fut chargé dans ce même collège de la chaire de langues orientales et du vice-rectorat. En 1835 il fut appelé comme recteur à Ushaw, et donna des discours et des conférences qui firent sa réputation. A ce moment Grégoire XVI qui songeait à augmenter le nombre de ses vicaires apostoliques en Angleterre, le nomma coadjuteur de l'év. Walsh, vicaire du diocèse de Londres, avec le titre d'év. de Mellipotamos, et président du Mary-College à Oscott. Wiseman prépara un projet pour le rétablissement de la hiérarchie romaine en Angleterre; ce plan fut approuvé par Pie IX en 1847, et valut à son auteur d'être nommé successivement provicaire apostolique de Londres, vicaire apostolique, et après un voyage à Rome en 1850, cardinal, archev. de Westminster et primat de l'Égl. cathol. d'Angleterre, le premier depuis la Réformation. Par sa prudence et par l'aménité de son caractère personnel, il réussit à calmer un peu l'irritation causée par c l'aggression papale i qui avait divisé l'Angleterre en diocèses. Un acte du parlement, interdisant l'usage de titres délivrés par un souverain étranger, n'aboutit pas. fl continua de faire des lectures publiques et des conférences, fit de la propagande, se rendit à Rome 1853 et 1854 pour des négociations financières, et peut être regardé comme le restaurateur du catholicisme en Angleterre, puissamment secondé d'ailleurs par le ritualisme. f 15 févr. 1865. Ses principaux ouvrages sont ses Horœ Syriacœ, études et anecdotes sur l'hist. et la littérature syriaques; les Principales doctrines et pratiques de l'Égl. catholique; la Stérilité des missions protestantes; des Rapports de la Science et de la Révélation; la Présence réelle du corps et du sang de Christ dans l'eucharistie: Souvenirs des 4 derniers papes, 1858; Fabiola, un roman; des sermons, des éloges, des drames religieux, des nouvelles, etc.

 

WISHART, Georges, homme d'une piété et d'un savoir éminents. Né en Écosse, il y fat d'abord professeur. Banni pour avoir enseigné le grec à Montrose, il alla à Cambridge; de là en Allemagne, où il embrassa le protestantisme: il revint en Écosse en 1544, et prit rang parmi les réformateurs les plus zélés. Il attirait des foules immenses sur lesquelles il produisait la plus vive impressiom; Knox se lia avec lui et l'accompagna souvent dans ses tournées d'évan-gélisation. Wishart, à cause de son zèle, ne pouvait longtemps éviter le martyre. Pris par Bothwell à Ormiston, il fut livré au cardinal Beaton, qui jura de ne lui faire aucun mal et qui le fit brûler le 2 mai 1546. Ce premier martyr amena en Écosse une formidable réaction et provoqua la mort de Beaton, qu'il avait annoncée comme prochaine.

 

WISLICENUS, Gustave-Adolphe, né 20 nov. 1803 à Battaune, près d'Eilenbourg, étudia à Halle. Fils de pasteur il se laissa entraîner dans la carrière pastorale, mais s'étant compromis dans des sociétés démagogiques, il fut condamné en 1824 à 12 ans de forteresse. Grâcié en 1829, il continua à Berlin ses études de théologie, et occupa successivement plusieurs postes de pasteur. En 1841 il était à Halle et se joignit au mouvement des Amis des lumières. Dénoncé par Guericke pour un discours tenu à Ktfthen le 29 mai 1844, il se défendit dans un écrit intitulé Ob Schrift, ob Geist (la Lettre, ou l'Esprit) ? et après de longues négociations, il finit par être destitué, en 1846. Il se mit à la tête d'une petite église à Halle, mais menacé d'un nouveau procès, qui devait aboutir à 2 ans de prison, il s'enfuit en Amérique et donna des conférences k Boston et à New-York, 1854. Dans cette dernière ville il essaya d'ouvrir une maison d'éducation, mais repartit en 1856 et vint se fixer à Zurich, où il ouvrit également un pensionnat et s'occupa de littérature religieuse. Il a publié entre autres un Comment, pratique sur la Bible, dans lequel, aidé d'une science superficielle, il ne laisse plus rien substituer du christianisme que le nom.

 

WISSOWATY, latin Wissowatius, André, né 1608 k Philippovie, petit-fils de Fauste So-cin par sa mère, et l'un des principaux chefs sociniens. Après avoir étudié k Racovie et à Leyde, il fit de grands voyages et occupa depuis 1643 divers postes en Ukraine, Volhynie et Petite-Pologne. Banni en 1658 par l'édit contre les sociniens, il revint secrètement en 1661 au péril de sa vie, fut de 1663 à 1666 pasteur des sociniens de Mannheim. De là il passa en Hollande, où il f 1678. On compte de lui 62 ouvrages, dont le plus important est la Religion rationnelle; il a travaillé à l'édition de la Biblioth. des frères polonais, à plusieurs éditions du Catéch. de Racovie, etc. Leibnitz l'a réfuté sur la Trinité.

 

WITEKIND. v. Widukind.

 

WITSCHEL, Jean-Henri-Guill., né 9 mai 1769, près de Nuremberg, pasteur, auteur d'un recueil de prières et de méditations en vers, plein de piété, d'une sentimentalité un peu prétentieuse, qui fut un moment assez populaire: Morgen und Abendapfer, etc. t 24 avril 1847.

 

WITS, Witsin, ou WiUius, Hermann, né 12 févr. 1636 à Enkhuysen, Frise occid., oii son père fut plus tard bourgmestre, étudia à Groningue, Leyde et Utrecht, occupa divers postes de pasteur, fut en 1675 nommé prof, de théol. à Franecker en remplacement de Scho-tan, en 1680 à Utrecht à la place de Burmann (en 1685 il accompagna une députation à la cour de Jacques II), en 1698 à Leyde, comme successeur de Spanheim; en 1699 il fat mis à la tête du collège théologique, donna sa démission 1707 et f 22 oct. 1708. Élève de Leusden pour l'hébreu, il était en dogmatique disciple de Cocceius, et le prédicateur Justas van den Bogaerdt avait exercé sur lui une bonne influence. Ennemi des disputes religieuses, il essaya une transaction entre le fédéralisme et le scolasticisme, mais il maintint avec fermeté la distinction entre l'alliance des œuvres et celle de la grâce. Sans être un penseur profond, il était théologien par le cœur et par la Bible, il avait saisi le vrai sens du christianisme, et son opposition à la théologie courante suffit à soulever contre lui de violentes inimitiés, même parmi ses élèves. Son principal ouvrage: Économie des alliances de Dieu avec les hommes 1685, fut dédié à celui qui devint plus tard Guillaume III. Notons encore le Juif christianisant sur les principes de la foi; la Pratique du christianisme, les sept épîtres de l'Apocalypse; Exercices sur le symbole et l'Oraison dominicale, une trentaine de dissertations, enfin en in-4° une Étude sur FÉgypte, où il prouve contre Spencer et Marsham, que les Hébreux n'ont pas emprunté des Égyptiens leurs lois et leurs institutions; sur les Dix Tribus, où il soutient qu'elles se retrouveront un jour et se réuniront autour de J.-C.; et sur la Légion fulminante, où il défend l'authenticité de la tradition.

 

WITTENBERG (de Weisse Berge, montagnes blanches), petite ville des États prussiens, qui doit toute son importance à son université, fondée 1502, et à la Réformation qui sortit de ses murailles. Bâtie sur la rive droite de l'Elbe, elle compte environ 12,000 habitants, mais n'en comptait guère en 1508, quand Luther y arriva, que 2,000, et en 1513 seulement 356 pauvres maisons. Elle fut fondée par Bernard, fils d'Albert-l'Ours, duc de Brandebourg, vers 1400. Frédéric-le-Sage y fit bâtir une église, «t le château y attenant 1490-1518; on y conservait plus de mille reliques, la plupart collectionnées par Staupitz. Outre cette église, dite de Tous-les-Saints, une nouvelle aile fut en 1502 ajoutée au couvent des augustins, et l'université fut reconnue par l'empereur et par le pape. Ses commencements furent difficiles; malgré Pollich et Staupitz la petite ville, pauvre et mal entretenue, attirait peu les étudiants. Ce n'est qu'avec l'arrivée de Luther et Mélanchthon qu'elle commença à prospérer; de 179 étudiants, le chiffre s'éleva k 500 ou 600, et bientôt à 2000. Après les thèses et la Réformation, Luther habita le couvent, transformé en collège, où il avait été moine et professeur. Parmi les hommes qui illustrèrent la faculté, après les deux Réformateurs, on distingue Carlstadt, Didyme, Jonas, Bugenhagen, Cruciger, Major, Flacius. De longues luttes théologiques eurent lieu, contre le philippisme, le syncrétisme, le piétisme, jusqu'au moment où le rationalisme l'emporta. La ville fut souvent assiégée et prise: par les impériaux 1547, par les Prussiens 1756, par les Français 1806. L'université fut supprimée 1817 et rattachée à Halle, mais remplacée 1er nov. de la même année par un séminaire de prédicateurs, dirigé d'abord par le vieux Nitzsch, puis par Schleusner, Heubner, Stier; le jeune Nitzsch et en 1828 Rothe y furent aussi professeurs. Ce séminaire, installé dans l'anciep couvent des augustins et dans une partie de l'ancienne université, possède une belle bibliothèque et des revenus considérables. Parmi les curiosités de la ville, on montre les maisons de Mélanchthon, Cranach, Luther, avec chambres, sièges, poêle; Fégl. du château contre les portes de laquelle furent affichées les 95 thèses, 1517; ces portes ont été brûlées par les Français; les portes actuelles sont en bronze, faites d'après un dessin de Quast, et reproduisent en latin les 95 thèses; c'est Fréd.-Guill. IV qui les a données à la ville 1858. On trouve dans la même église les tombes de Frédéric-le-Sage, de Jean-le-Con-stant, de Luther et de Mélanchthon. La cathédrale, avec ses deux tours, n'offre rien de remarquable, sinon les souvenirs; Bugenhagen et Luther y ont souvent prêché. Une statue en bronze du Réformateur, due à Schadow, s'élève depuis 1822, sur la place de l'Hôtel de ville; elle est protégée par un dais gothique en fer forgé; de même une statue de Mélanchthon par Drake. Dans l'Hôtel de Ville on montre un portrait et une épée de Gustave-Adolphe, le couvercle d'un calice, un rosaire de Luther, et i beaucoup d'autres souvenirs authentiques.

On appelle Bible de Wittenberg une édition

de la Vulgate, corrigée d'après l'allemand de Luther, et qui parut 1529 k Wittenberg chez Schirlentz; elle ne renferme qu'une partie de l'A. T., le N. T. et quelques préfaces de Luther; d'ailleurs incorrecte. Elle a été souvent réimprimée, mais on n'est pas fixé sur la part que Luther et Mélanchthon ont prise à sa publication.

La Concorde dite de Wittenberg, ou de Bucer, péniblement élaborée par les théol. strasbour-geois, qui désiraient amener un rapprochement entre les Suisses et les luthériens sur la question de la Cène, fut due aux efforts réunis de Bucer et de Mélanchthon. Les négociations commencées en avril 1531, se poursuivirent en juillet 1534 à Stuttgard; puis à Cassel avec moins de succès; en 1535 le pasteur Huber et le médecin Seiler, d'Augsbourg, se rendirent k Wittenberg auprès de Luther et produisirent sur lui une profonde impression. Une nouvelle réunion devait avoir lieu à Eisenach, mais Luther malade demanda qu'elle se tint k Grimma, tout près de Wittenberg, et finalement on se décida pour Wittenberg même. Après une discussion qui dura du 22 au 26 mai 1536 on tomba d'accord sur les termes, et la formule fut signée avec joie de part et d'autre. Mais la controverse recommença en 1543, Luther même reprit la polémique contre les Suisses, et la Concorde de W. fut oubliée.

 

WITTMANN, George-Michel, né 23 janv. 1760 k Finkenhamtner, près Pleistein, Palati-nat supérieur; fit ses études k Amberg et à Heidelberg, et fut depuis 1803 directeur du séminaire épiscopal de Ratisbonne. Il fut en même temps depuis 1821 vicaire général de Sailer, son ami. A la mort de Sailer le roi Louis le nomma son successeur; mais il f 8 mars 1833 avant que sa nomination eût été confirmée par le pape. Pieux, doux et bienveillant, il se distingua par son courage lors du bombardement de Ratisbonne 1809 et lors de l'épidémie ty-phoïque 1813. On a de lui des Notes sur le Pentateuque, et plusieurs ouvrages de piété, de controverse paisible, et d'édification liturgique.

 

WITZEL, v. Vicelius.

 

WITZENMANN, Thomas, né 2 nov. 1759 à Ludwigsburg, d'une famille pieuse de paysans, étudia de 1775 à 1777 à Tubingue, sous Storr et Bengel, se familiarisa par la lecture avec Btfhme, Lavater et Herder; accepta une suffra-gance à Essingen, se consacra avec ardeur à ses fonctions, cherchant à réveiller le sentiment religieux dans cette paroisse où il us?t sa santé. Appelé en 1783 à Barmen comme précepteur dans la famille Siebel, il se lia avec Colien-busch, et en 1785 avec Gallitzin. Il fit aussi k Dusseldorf la connaissance de Jacobi, qui se l'attacha; ils philosophèrent ensemble, sondant les mystères de l'infini, voyant en Dieu le grand tout, mais avec une personnalité distincte, et cherchant la religion dans la conciliation du fini avec l'infini, dont le Christ est l'emblème; c'est par le cœur seul qu'on peut en avoir l'intelligence. Malade de la poitrine il se rendit à Mtlhlheim sur le Rhin ponr s'y faire soigner, mais il y t février 4787. Il a laissé des articles de revues, quelques brochures et de nombreux manuscrits.

 

WOELLNER, Jean-Christophe, né 19 mai 1732 à Dôberitz, près Spandau, théologien un peu amateur, quitta bientôt sa première paroisse pour prendre un préceptorat dans une famille noble, se fit recevoir templier, s'adonna à l'horticulture, chercha des mystères et des prophéties dans les arbres et dans les fleurs, enseigna l'économie politique au prince royal, et finit par devenir ministre des cultes, 3 juill. 1788. On fut fort étonné de le voir mettre sa signature à un édit de Fréd.-Guillaume II contre l'incrédulité, le déisme et le naturalisme; les antécédents du prince et de son ministre n'avaient pas préparé les esprits à une pareille déclaration d'orthodoxie, et l'opposition fut générale. L'édit permettait à chacun de professer librement, mais pas publiquement, ses opinions religieuses, et les pasteurs (comme les instituteurs) ne pouvaient enseigner que celles qui étaient officiellement reçues. Il y a là de la logique, mais que peut la logique contre un courant de l'opinion? Le roi nomma plusieurs commissions d'enquête, mais sauf la destitution de Storck et de Schulz elles n'aboutirent à aucun résultat. Fréd.-Guillaume III 1797 retira l'édit de son prédécesseur, et congédia Wœllner, qui f paisiblement 10 sept. 1800.

 

WOLFENBUTTEL, v. Fragments.

 

WOLFF lo Jean-Chrétien, né 24 janv. 1679 à Breslau, fils d'un brasseur, reçut une bonne éducation et se rendit en 1699 à Iéna pour faire sa théologie, mais les mathématiques et la philosophie le captivèrent davantage, et il s'éprit des travaux de Descartes et de Leibnitz. Dès 1703 il s'établit à Leipzig pour y enseigner ces deux branches. En 1707 l'influence de Leibnitz le fit nommer prof, de mathém. et de physique à Halle où il obtint de grands succès. Malheureusement la jalousie de métier s'en mêla, et comme, par un éloge outré de la philosophie des Chinois et de la morale de Confu-cius, il prêta le flanc à de justes critiques, il souleva contre lui l'opinion publique et l'université. Le roi, sur la dénonciation de Lange et à l'instigation de l'autorité militaire, lui donna l'ordre, 8 nov. 1723, de quitter la Prusse dans les 48 heures; la lecture de ses ouvrages fut défendue sous peine de 100 ducats d'amende. Le landgrave de Hesse-Cassel lui donna asile, le nomma prof, de philos, à Marbourg et lui conféra le titre de conseiller aulique, pendant que ses amis travaillaient à Berlin à le réhabiliter. Ils finirent par réussir, et sous Frédéric H, 6 déc. 1740, Wolff faisait sa rentrée à Halle comme prof, de droit, conseiller aulique et vice-chancelier. En 1743 il fut nommé chancelier, et en 1745 baron de l'Empire par l'électeur de Bavière, mais il ne retrouva plus les succès de ses jeunes années. Il f 9 avril 1754. Sans-être philosophe, il était dogmatique, et s'il a eu l'honneur d'être un fondateur d'école, c'est moins à l'originalité de ses idées qu'il le doit qu'à l'art avec lequel il sut populariser et systématiser les idées de Leibnitz, en même temps qu'il recueillit et groupa les matériaux de la science partout où il les trouva. Il réduisait tout en théorèmes et corollaires, affectant 1» formes mathématiques, ce qui fit la fortune, mais aussi le danger de sa méthode; sa philosophie, qui résista aux naturalistes anglais et aux encyclopédistes français, finit par succomber devant celle de Kant. Son influence sur la théol. fut fâcheuse par la sécheresse des formes et la raideur des axiômes, mais il n'eut jamais l'idée d'attaqner le christianisme, et sur son lit de mort il mettait toute sa confiance < dans la miséricorde de Dieu par le sang de Jésus-Christ. » Dans sa Theologia generalis il admet une révélation et en prouve la possibilité en soutenant que Dieu peut tout ce qu'il veut. U distingue les vérités nécessaires, celles dont le contraire est impossible, et les vérités accidentelles, celles dont le contraire n'est impossible que dans certaines conditions. Son Corpus philosophtœ, en latin, dédié au roi, est une revendication des droits de la raison.

2® Jean-Christophe, hébraïsant. né 1683 1 Wernigerode, prof, à Wittenberg, f 1739 à Hambourg, où il avait été nommé prof, et pasteur. Auteur de: Le Manichéisme avant les manichéens, la Chaîne (Catena) des pères grecs, une Notice sur les écrivains hébreux de tous les temps (il en compte 2231), des Anecdotes grecques et latines et des Études philol. et critiques sur le N. T.

 

WOLFGANG 1® né en Souabe, d'une famille noble, fut confié dès l'âge de 7 ans à un moine, et placé plus tard dans l'abbaye de Reichenau. Il se lia avec un jeune seigneur nommé Henri,, avec lequel il visita l'école de "Wurzbourg, et Henri étant devenu archev. de Trêves 956, l'emmena avec lui et le nomma doyen d'un chapitre de chanoines. Henri étant f 964 en Italie, Wolfgang retourna dans son pays, donna une partie de ses biens aux pauvres et se retira dans le couvent d'Einsiedein où il fut ordonné prêtre par l'év. Ulrich d'Augsbourg.

En 972 il partit avec quelques compagnons pour une mission en Esclavonie et en Autriche, et fit la connaissance de l'év. Piligrim de Passau, qui le recommanda à Othon II pour le siège vacant de Ratisbonne, C'est là qu'il f 31 oct. 994 après un épiscopat de 20 ans, consacré aux bonnes œuvres, à la réforme des couvents et à l'amélioration du clergé.

2° Prince d'Anhalt, un des plus fidèles partisans de la Réforme. Né 1492, il succéda à son père en 1508, se lia avec Luther d'une affection que rien ne troubla; il assista même à son lit de mort. Il signa en 1521 la prolestation de Worms, «t en 1530 la Confession d'Augsbourg. En 1547, après la bataille de Mtihlberg, il perdit son duché et ne le recouvra qu'en 1552. f 23 mars 1566.

3° et 4° v. Musculus, et Schuch.

 

WOLFRAM, d'Eschenbach, le plus célèbre des poètes troubadours de l'Allemagne au moyen âge; d'une famille de Bavière ayant des attaches parmi la noblesse. Il se donne comme étant au service d'un comte de Wertheim. Plus tard il est à la cour du landgrave Hermann de Thuringe, v. Wartbourg, et marié, f après 1216. On montre son tombeau à Eschenbach.

 

WOLLEB, Jean, né 30 nov. 1586 à Bâle, où son père était conseiller. II y étudia* la philos, et la théologie, fut consacré en 1606, et successivement nommé diacre, pasteur de Sainte-Éli-sabeth, pasteur de la cathédrale, docteur en théol. et prof, d'exégèse à l'université, f 21 nov. 1629 de la peste, laissant deux fils. Outre quelques sermons de deuil, on a de lui sa thèse doctorale sur la prédestination, qu'il entend, comme presque tous les théol. réformés, dans le sens infralapsaire. Le plus estimé de ses ouvrages est son Abrégé (Compendium) de théologie, qui fut trad. aussitôt en anglais et qui fut adopté comme manuel par plusieurs universités. Ce travail, que Parisot appelle son chef-d'œuvre, se distingue par la clarté du plan et par un style concis et plein de goût. L'auteur a groupé son sujet sous deux chefs: la connaissance de Dieu, ou dogmatique, et le culte qu'il faut lui rendre, ou la morale.

 

WOLSEY, Thomas, né 1471 à Ipswich, fils d'un riche boucher, étudia à Oxford où il devint bachelier, puis prof, de grammaire, et où Î1 fit la connaissance d'Érasme avec qui il resta longtemps en correspondance. Recteur de Ly-mington en 1500, il fut en 1505 nommé chapelain et aumônier d'Henri VIH, dont il ne tarda pas à gagner la faveur par sa souplesse et par son caractère enjoué. Il entra bientôt au conseil du roi, et reçut coup sur coup plusieurs importants bénéfices, rectorats, décanats, évêchés, d'un grand rapport. Aimable, instruit, bien doué, intrigant, orgueilleux, il sut se faire une nombreuse clientèle d'amis et de créatures. Enfin il fut nommé archev. d'York, lord-grand-chancelier, et avec l'appui de François 1er, cardinal 1515, et l'année suivante, légat du pape, ce qui lui soumettait tout le clergé d'Angleterre, et même les couvents. Pour s'assurer la faveur de son roi, il portait une amulette, mais surtout, avec ses immenses revenus, il avait organisé à la cour un système d'espionnage qui lui permettait de savoir toujours de quel côté soufflait le vent. Il exploitait en outre la rivalité de Charles-Quint et de François I*', qui le comblaient de biens et d'honneurs pour l'avoir dans leurs intérêts, ce qui ne l'empêchait pas en même temps de défendre avec énergie les droits de son Église. Dans la lutte de compétition pour l'empire, Charles et François étant en présence, et aussi Henri quoique à l'arrière-plan, Wolsey, voyant que son roi n'avait pas de chances, favorisa celui des deux concurrents qui parut lui offrir à lui-même le plus de chances pour devenir pape; mais il échoua-, d'abord contre Adrien, puis en 1523 contre Clément VH, le peuple de Rome ne voulant pas d'un pape étranger. L'écrit d'Henri VIII contre Luther est en bonne partie l'œuvre de Wolsey lui-même, qui le 14 mai 1521 lança et fit lire en chaire une espèce de bulle contre le réformateur. Après avoir été pour l'empereur, il se prononça pour la France. Après s'être prononcé contre le divorce du roi, il y donna les mains, quand il vit qu'il ne pouvait pas l'empêcher. Sa fortune égalait presque celle de la couronne. Il créa un tribunal ecclésiastique, sorte d'inquisition dirigée contre la Réforme, et il se montra injuste et cruel envers ses ennemis. Il supprima plusieurs couvents et en confisqua les biens, avec le consentement du roi à qui il avait promis de le faire son héritier. Il fonda aussi à Oxford le collège de Christ-Church, qu'il dota de sept chaires. Mais la question du divorce royal devait lui être fatale, quelque parti qu'il prit, et Anne de Boleyn réussit à le perdre dans l'esprit du roi. Wolsey traînait l'affaire en ion • gueur, sous prétexte de négocier avec Rome, mais en réalité parce qu'il ne pouvait se prononcer contre le roi, ni contre le cardinal-légat Campeggio, venu exprès de Rome pour s'opposer au divorce. Accusé d'avoir dépassé ses pouvoirs, il fut dépouillé de ses sceaux, de ses charges, de tous ses bénéfices, sauf l'archevêché d'York; ses biens furent confisqués, et il fut banni de la cour. Un second procès vint le chercher dans sa retraite d'Asher et dans son diocèse; il ne s'agissait de rien moins que d'une accusation de haute trahison formulée par Anne de Boleyn. Sommé de se rendre à la Tour de Londres, il se mit en route, mais il eut le bonheur de mourir en chemin, dans l'abbaye de Leicester, 29 nov. 1530. Il avait sur la conscience la mort de nombreux martyrs.

 

WOLTERSDORF, Ernest-Gottlieb, né 31 mai 1725 à Friederichsfeld près Berlin, où son père était pastenr. Il voulait d'abord devenir pharmacien, mais il finit par se décider pour la théologie et étudia à Halle. Après quelques années de préceptorat et de vicariat, il fut en 1748 nommé pasteur à Bunzlau, où il fonda en 1754 une maison d'orphelins sur le modèle de celle de Halle. Après un ministère fidèle et béni, il succomba à la peine, et f 17 déc. 1761. Plein d'amour et de feu il exhalait sa vie religieuse en cantiques; il en a laissé 212, dont quelques-uns sont devenus populaires, mais on leur reproche en général trop de longueurs.

 

WOOLSTON, Thomas, déiste anglais, né 1669 à Northampton, étudia à Cambridge, fut membre du Sidney-College, s'attacha à Origène et ne voulut connaître que l'explication allégorique de la Bible. Dès 1705 il déclara que l'histoire de Moïse n'était que le récit typique de la vie de Jésus; il regardait les quakers comme la secte qui se rapprochait le plus du christianisme primitif. Exclu du collège de Sidney 1721, il vint à Londres, où, entretenu par son frère, il commença ses attaques contre le clergé par son livre: Médiateur entre un incrédule et un apostat, qui préluda à son grand ouvrage: Si* discours sur les miracles du Sauveur. Vivement réfuté par un grand nombre d'évêques, il publia 1729 à 1730, la Défense de ses discours, cherchant à prouver que les miracles du N. T. pleins d'invraisemblances et de contradictions, ne peuvent s'expliquer que d'une manière allégorique. Condamné en mai 1728 à 100 livres d'amende, il fut le 28 nov. 1729 condamné à un an de prison, 25 livres d'amende pour chaque discours, et 2,000 livres de caution. Il f en paix dans sa prison, 21 janv. 1731, n'ayant pu déposer sa caution. Voltaire l'a exploité contre le christianisme.

 

WORMS, l'ancienne Vangiones, ou Barbeto-magus, ville du duché de Hesse-Darmstadt, située sur la rive gauche du Rhin, à peu près à moitié chemin entre Manheim et Mayence, était déjà Sous les Romains le siège d'un préfet militaire. D'après la légende elle aurait été évan-gélisée par Enchère, Valère et Materne que Pierre aurait envoyés à Trêves, et l'on nomme un évêque Victor comme assistant en 346 à l'hypothétique concile de Cologne. Mais l'histoire proprement dite ne commence véritablement qu'au 6»n« siècle avec l'év. Chrotold, et son successeur Rupertqui combattit l'arianisme. En 753 le pape Zacharie rattacha Worms à l'archev. de Mayence. Dagobert I«r dota richement l'Église, Charlemagne y épousa Fastrade, èt plusieurs rois carlovingiens en firent une de leurs résidences. Il s'y est tenu plusieurs conciles, entre autres celui de 1122 où la querelle des investitures fut enfin liquidée entre Henri V et Calixte II par le concordat de Worms. La diète de 1495 établit la paix en Allemagne, une paix « éternelle, i qui fut déjà troublée en 1502, puis rétablie en 1517. Mais la diète la plus célèbre fut celle de 1521 où Luther eut à comparaître les 17 et 18 avril devant l'empereur, six rois ou électeurs, 24 ducs et 204 princes ecclés. ou temporels, parce que le 12 déc. précédent il avait brûlé la bulle du pape. Il refusa toute rétractation de ses écrits, même celle qu'on lui demanda sous la forme la plus adoucie; il craignait avec raison qu'on n'exploitât contre la Réforme la moindre apparence de concession qu'il aurait faite à la diète, et il déclara à la haute assemblée, qu'il ne se laisserait convaincre que par des témoignages de l'Écriture. Les scènes épiques, presque légendaires de cette comparution de Luther à Worms, sont un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire de la Réforme. La diète condamna Luther par un édit du 25 mai rédigé par le légat Aléan-dre, mais on le fit dater du 8 mai pour faire croire qu'il avait été prononcé par tous les princes réunis, alors que plusieurs étaient déjà partis. Luther avait quitté Worms le 26 avril. Un splendide monument a été érigé à W. pour rappeler ces souvenirs, et a été inauguré le 25 juin 1868; c'est un ensemble de onze statues de bronze, groupées autour de celle de Luther, avec les armes des princes et des villes qui, le 25 juin 1530, remirent à l'empereur la Confession d'Augsbourg. Deux importants colloques, conférences ou discussions, eurent encore lieu à W. entre protestants et catholiques, pour essayer de maintenir l'unité de l'empire en dépit des diversités religieuses. Quand Charles eut vu presque tout le nord de l'Allemagne embrasser la Réforme, et qu'il eut compris enfin qu'il n'était plus possible de revenir en arrière, il sentit la nécessité de céder sur la question religieuse et d'empêcher que cette division ne s'étendit aussi à la politique. De là un certain nombre d'essais pour arriver à une sorte d'entente entre les princes. Le premier et le dernier eurent lieu à Worms. Le premier colloque, d'abord convoqué à Spire, puis à Haguenau, s'ouvrit finalement à Worms le 25 nov. 1540, sous la présidence de Granvelle; Mélanchthon et Calvin d'un côté, Eck de l'autre, représentaient leurs Églises. Les protestants déposèrent sur le bureau la Conf. d'Augsbourg, édition de 1540; les catholiques refusèrent de la recevoir, en déclarant que ce n'était pas la même que celle de 1530; les protestants répondirent qu'il n'y avait que des différences de rédaction qui ne touchaient pas à la doctrine, et l'on se mit à discuter sur la doctrine du péché originel. Mais Charles coupa court en transférant le colloque 18 janv. 1542, à Ratisbonne où la diète était réunie. Le dernier colloque eut lieu en 1557, mais comme la question politique avait été réglée en 1555, il ne présente aucun intérêt sous ce rapport, et servit surtout à mettre en relief la division qui existait entre les luthériens modérés du parti de Mélanchthon et les intolérants flaciens. Les catholiques exploitèrent ces dissensions, mais sans en retirer d'ailleurs aucun avantage. L'assemblée était nombreuse et imposante; elle était présidée par l'év. de Naumbourg, le savant et pieux prélat Jules de Pflug. Les débats, ouverts le 11 sept., ne tardèrent pas à s'envenimer, grâce à un discours du jésuite Canisius qui trouva moyen d'irriter même le doux Mélanchthon, et les flaciens ayant cru devoir se retirer, parce que les luthériens ne s'entendaient pas avec eux, les catholiques prétendirent à leur tour ne plus pouvoir continuer la discussion avec une partie seulement des protestants. L'assemblée fut ainsi dissoute de fait, mais le président rendit cette justice aux luthériens que ce n'était pas par leur faute.

 

WOSDYCHATALI, secte russe toute moderne, fondée par un cordonnier intelligent et versé dès sa jeunesse dans la connaissance des Écritures. Spiritualistes sans exaltation, à la manière des quakers, ils rejettent toute forme extérieure de culte, sacrements, clergé, cérémonies, et font consister la dévotion dans les soupirs de l'âme. De là leur nom, qui signifie les soupirants.

 

WULFRAM, le saint; né 650 àMilly, Gati-nois, chapelain à la cour des fils de Clovis, év. de Sens vers 685, donna sa démission pour aller évangéliser la Frise, et obtint quelques succès; il baptisa entre autres un fils du prince Radbod, quand à Radbod, qui avait eu un moment l'idée de se faire baptiser, il y renonça lorsqu'il apprit de Wulfram que ses ancêtres étaient probablement en enfer; il tenait à ne pas se séparer d'eux. Après un ministère de cinq ans environ, émaillé de plusieurs* miracles, notamment d'enfants ressuscités après avoir été offerts en sacrifice, Wulfram revint en France 692 et se retira dans l'abbaye de Fontenelle, ou Saint-Vandrille, Normandie, f entre 695, 700, 720 et 740. Patron d'Àbbeville.

 

WUNNEBALD, frère de Willibald q. v. D'un an plus jeune que lui, il partit avec lui et son père vers 720 pour Jérusalem. Leur père étant mort en route, à Lucques, il poussa jusqu'à Rome, où il passa l'hiver, et retourna en Angleterre 721. Plus tard il alla rejoindre son oncle Boniface, et il retrouva son frère. Prêtre et directeur de 7 couvents thuringiens, il évangélisa la Bavière sous la protection d'Odilon; il déploya une grande activité pour la conversion des païens, f 18 déc. 761, laissant à sa sœur Walpurgis la direction du cou-v.ent de Heidenheim, qu'ils avaient fondé; 16 ans après, son corps parfaitement conservé était déposé dans l'église de ce couvent.

 

WURSING, chef d'une famille considérable de la Frise, intervint en faveur des chrétiens auprès du cruel roi Radbod 710-720, et dut s'enfuir au pays des Francs. Il se convertit, ainsi que sa femme et ses enfants, puis retourna dans son pays sous la protection de Charles Martel. Sa maison devint un centre missionnaire. Son second fils, Thiatgrimm, épousa Liafburch, qui avait déjà deux frères missionnaires chez les Frisons, Wallibrad et Thyat-brad, et elle lui donna deux fils, Hildegrimm et Liudger, qui furent aussi missionnaires, puis évêques chez les Saxons, v. Liudger.

 

WURTEMBERG, ancien comté, puis duché, auj. royaume faisant partie de la confédération d'Allemagne; centre de l'ancienne Souabe. L'Évangile y fut apporté de bonne heure, probablement par des colons, des soldats ou des prisonniers romains; Irénée dit déjà en 177 que le christianisme avait des racines dans l'Alemanie, ce qui est d'autant moins étonnant que plusieurs de ces peuplades, au milieu de leur paganisme, avaient conservé la foi en un Dieu unique. Après la bataille de Tolbiac 496, les vaincus se firent baptiser comme les vainqueurs, et au 6m« siècle on voit un évêque à Constance, et des hommes tels que Pirminius à Reichenau et Kilian à Wurzbourg, se consacrer à l'enseignement et à la prédication de l'Évangile. Une veuve de Calw en 645 fonde le couvent de Hirschau, et une autre veuve charge le moine Otfried de traduire en rimes allemandes des parties de l'A. et du N. T. pour les populariser. Charlemagne fait compléter ce travail, et il y ajoute des fragments de sermons qui devront être lus dans les églises. Les établissements d'éducation se multiplient. Liutbert, qui a affilié le cloître d'Hirschau à l'ordre des bénédictins, s'applique surtout à faire connaître la Bible à ses disciples. Avec le temps le besoin d'une réforme se fait naturellement sentir, et c'est l'abbé Guillaume qui en prend l'initiative, vers 1060, au point que son abbaye devient l'idéal et le modèle des couvents du sud de l'Allemagne. La Souabe relevait du siège de Rome, mais dans les luttes des Hohenstauffen contre le pape, elle prit franchement le parti de ses empereurs. La science, l'intelligence, la poésie, la spiritualité dans le culte caractérisaient cette petite contrée où on lisait la Bible. Ulm avait restreint le culte des images et des reliques; l'excommunication n'entraînait point dfeffets civils; on prêchait contre les prétentions dn pape et contre les ordres mendiants; les vaudois étaient accueillis avec faveur. Les Amis de Dieu, notamment Nordlingen etSuson fondèrent des écoles supérieures, et entreprirent avec énergie la réforme des couvents. En 1477 l'univ. de Tubingue est fondée par Eberhard V, qui en 1482 s'occupe également de réformer le cloître des augustins où Staupitz viendra plus tard trouver la lumière et la vie; une partie de la journée est consacrée à des travaux manuels, l'autre à des exercices religieux, à la lecture et à la copie de la Bible. Le terrain est tout préparé pour la Réformation. Les noms de Reu-chlin, Mélanchthon, Brenz et Schnepf illustrent à cette époque l'université et les principales villes du duché. Les troubles qui surviennent à l'occasion de la Réforme chassent Ulric V qui est mis au ban de l'empire, mais à la suite de la bataille de Laufen, et avec l'appui du landgrave Philippe, il est remis en possession de ses États. Il fait acheter une Bible pour chaque église; la Réforme est définitivement proclamée; il n'y a d'opposition que dans quelques couvents, et ceux qui résistent sont autorisés à se retirer avec des pensions convenables. Pour les couvents de femmes on procède par voie d'extinction. L'intérim, que le duc Ulric refuse d'admettre, fait aux Églises une position difficile et les pasteurs ont beaucoup à souffrir, mais le traité de Passau ramène l'ordre et la paix, surtout pour les luthériens, car les autres dénominations ne sont pas reçues. Le traité de Westphalie affermit ces conquêtes paisibles, et les petites assemblées de Spener, qui se multiplient partout, donnent satisfaction à des besoins religieux divers, en empêchant la formation de sectes hostiles à l'Église. Le chant sacré prend alors un remarquable développement. La foi se traduit en œuvres de bienfaisance; en 4710 un orphelinat se fonde à Stuttgard sur le plan de la maison de Halle; au 19™* siècle on en compte une trentaine dans le pays. Puis viennent les amis des pauvres, la Société biblique, la Soc. de Gustave-Adolphe, sans parler de la mission bâloise qui trouve dans le Wurtemberg son collaborateur et son ami le plus dévoué. Il faut mentionner aussi les œuvres de librairie religieuse de Calw, et la colonie de Kornthal, q. v.

 

WURZBOURG, Wirceburgum, ou Herbipolis, ancien évêché fondé par Boniface dans le champ de travail de Kilian; plus tard État d'empire, puis grand-duché, donné 1805 à la Bavière. Diète en 1138, où Henri-le-Superbe fut dépouillé de ses États par l'empereur Conrad. Luther y visita 1518 l'abbé Tri thème, la Réforme s'y introduisit en 1519, Speratus prêcha dans la cathédrale, plusieurs prêtres se marièrent. Mais l'opposition catholique fut vigoureuse, et la lutte se prolongea avec des alternatives diverses jusque vers le milieu du 17*e siècle. La retraite des Suédois fit pencher la balance en faveur des catholiques. L'université, un moment célèbre, fut peu à peu remplacée par un séminaire épiscopal, mais des princes éclairés travaillèrent à lui rendre son ancien lustre. En 1803 les protestants obtinrent l'égl. de Saint-Étienne, en 1804 un Consistoire et une faculté de théologie.

 

WUTTKE, Ch. - Fréd. - Adolphe, né 10 nov. 1819 à Breslau, où il étudia la philos, et la théol.; prof, extraord. à Berlin 1854, titulaire à Halle 1861; journaliste et député conservateur, 1866 et 1867, ennemi du libéralisme (on lui doit cette célèbre maxime: Un démocrate ne peut être chrétien, un chrétien ne peut être démocrate), éditeur des œuvres de Schelling, en collaboration avec le fils du philosophe, f 12 avril 1870. Auteur d'une Hist. du Paganisme, d'un Manuel de morale, d'un traité sur les Superstitions de l'Allemagne contemporaine, une étude sur les Cosmogonies païennes avant Jésus. Homme pieux, mais très luthérien, il a publié aussi quelques brochures de circonstance, sur les vieux-catholiques, la Séparation de l'Égl. et de l'État, etc.

 

WYTTENBACH lo Thomas, né vers 1482 à Bienne, étudia à Tubingue, et devenu maître ès arts, il donna à Bâle, pour vivre, des conférences très remarquées. Il eut pour élèves et amis Léon Juda et Zwingle; ce dernier rapporte qu'il combattait les indulgences et qu'il apprenait à ses auditeurs à ne pas bâtir sur la puissance des clés de l'Église, mais de voir dans la mort de J.-C., la seule rançon pour les péchés. Chanoine à Bienne en 1507, il fut nommé à Berne en la même qualité, et docteur en théol. à Bâle en 1515. Il se fixa de nouveau à Bienne en 1520, se prononça ouvertement pour la Réforme, se maria en 1524, ainsi que plusieurs prêtres, et perdit sa place, f 1526. Deux ans plus tard Bienne acceptait la Réforme.

2o Daniel, né 26 juin 1706 à Worb, près Berne, fit de bonnes études à Marbourg, en Hollande, à Paris, fut un moment pasteur à Berne, puis prof, de polémique, et enfin professeur, docteur, inspecteur ecclésiastique et conseiller ecclés. à Marbourg, où cependant il ne répondit pas à ce qu'on avait attendu de lui. Très instruit, il ne savait pas se faire valoir, et l'on abusait de sa bonté. Il le sentait, devint sombre, méfiant, peu sociable, et f 29 juin 1779. II a laissé plusieurs ouvrages latins de dogmatique; sa théol. est évangélique réformée, mais l'influence wolfienne se reconnaît dans sa Théol. naturelle. — 3o Son fils Daniel, 1746-1820, prof, en Hollande, était un humaniste distingué.