Le Dr Fisk dit : [p. 8.]
"On prétend cependant que certains actes des agents moraux, même les actes dont ils sont tenus responsables, sont, selon les Écritures, les résultats de la prédétermination de Dieu, et par conséquent, il est raisonnable d’en déduire que tous le sont. Cette conclusion générale, cependant, n’est pas contenue dans les prémisses. »
C’est en effet une façon très sommaire de disposer d’un argument que d’affirmer, sans le prouver, que la conclusion n’est pas contenue dans les prémisses. Le Dr tient pratiquement pour acquis qu’une conclusion générale ne peut être légitimement tirée de cas particuliers. Mais est-ce le cas ? S’il était prouvé que Dieu a créé un seul homme, ne pourrait-on pas en conclure sans risque de se tromper que Dieu a créé tous les hommes ? S’il était prouvé qu’un seul homme est constamment et entièrement dépendant ; Ne pourrait-on pas en déduire que tous les hommes le sont ? Le docteur dira probablement que oui, et qu’il en donnera la raison suivante : que tous les hommes se ressemblent dans les propriétés essentielles de leur existence. Très bien. Les actes moraux des créatures sont tous semblables quant aux propriétés qui sont essentielles à l’existence des exercices moraux. Le fait donc que certains exercices moraux des saints et des pécheurs sont créés, ne prouve-t-il pas que tous le sont ? Le fait que quelques-uns de leurs exercices moraux surgissent sans pouvoir d’agir d’eux-mêmes ne prouve-t-il pas que tous le font ? Le fait que quelques-uns de leurs exercices moraux dépendent pour leur existence de la volonté divine ne prouve-t-il pas que tous sont ainsi dépendants ? Dire que Dieu a décrété, dans certains cas, quels exercices doivent être créés par un pouvoir d’autodétermination est une absurdité palpable. Cela revient à dire que, dans certains cas, Dieu détermine une puissance, qui ne peut être déterminée que par elle-même. Il est évident que la puissance d’agir dans les hommes est nécessaire à chacune de leurs actions. Mais la question est de savoir si cette puissance d’agir dépend, pour ses efforts, de la volonté divine ; ou s’il s’agit d’un pouvoir indépendant et autodéterminé. Si le pouvoir d’agir dans les hommes est un appareil qui se meut de lui-même, il doit naturellement mettre toutes les actions de l’humanité hors de portée des décrets divins. Par conséquent, si Dieu a décrété quelques-uns de leurs exercices, ils n’ont pas, dans ces cas, une puissance d’action qui se détermine d’eux-mêmes. Le pouvoir d’accomplir les actes qui sont prédéterminés doit certainement dépendre, pour ses efforts, de la volonté divine. Et si le pouvoir d’accomplir ces actes est dépendant, alors il n’y a aucune raison de croire que les hommes ont un pouvoir d’agir qui se détermine eux-mêmes. Car il est tout à fait absurde de supposer qu’un homme ait deux facultés d’agir ; dont l’un est mû par lui-même, et l’autre dépendant, dans ses exercices, de la volonté divine. Or, les mêmes arguments qui réfutent que les hommes ont un pouvoir de détermination par eux-mêmes, impliquent qu’ils dépendent de la volonté divine pour tous leurs exercices, et bien sûr, que tous leurs exercices sont prédestinés.
Le Dr F. admet que, [p. 8.]
« S’il peut être prouvé par l’Écriture que Dieu tient ses créatures pour responsables des résultats de ses propres décrets, de telles preuves de l’Écriture seraient de solides arguments pour conjurer les objections qui sont portées contre ce système. »
Le Dr F. pense donc qu’il est nécessaire pour lui d’examiner et d’expliquer ces Écritures. Et il commence par un examen de la déclaration suivante de Joseph à ses frères : « Ce que vous aviez pensé en mal contre moi, Dieu l'a pensé en bien » Sur ce passage, le Dr fait les remarques suivantes.
Maintenant (p. 8, 9.) Sans nous arrêter ici à rechercher si Joseph a été inspiré à exprimer ce sentiment, nous sommes prêts à reconnaître qu’il y a un certain nombre d’Écritures semblables, qui enseignent que, dans les résultats des mauvaises actions des hommes méchants, Dieu avait un dessein et une influence dominante, et les a ainsi rendus subordonnés à ses propres desseins. Il a la sagesse et le pouvoir « de faire louer la colère des hommes et de retenir le reste de la colère ». Mais décèle-t-il donc la colère elle-même ? Et cette colère est-elle nécessaire à l’accomplissement de ses desseins ? On pourrait dire aussi bien que, parce qu’un gouvernement, en réprimant une rébellion, a renfloué son Trésor sur les terres confisquées. Par conséquent, ce gouvernement a décrété la rébellion, et en dépendait, pour la prospérité de la nation. Ainsi soit-il clairement compris alors, que renverser et contrôler les résultats d’un acte est tout à fait différent de faire de l’acte lui-même le résultat de un pouvoir de domination et de contrôle.
Il semble donc que le docteur ait conclu qu’il ne fallait pas s’arrêter ici, pour s’enquérir si Joseph avait été inspiré à exprimer ce sentiment. Ce langage du docteur semble impliquer qu’il considérait qu’il était douteux que Joseph fût réellement inspiré, mais qu’il pensait qu’il n’était pas nécessaire de réfuter l’inspiration de ce saint homme. Je ne m’arrêterai pas ici à rechercher si les calvinistes en général seront suffisamment reconnaissants au Dr F. de sa condescendance ; ou s’ils seront coupables de soupçonner que la condescendance du docteur consistait en son incapacité de poursuivre cette enquête à son propre avantage. Cependant, si mes frères méthodistes désirent que je poursuive l’enquête, que j’ai dit que je ne m’arrêterai pas ici à faire, je m’efforcerai de satisfaire leurs désirs, dès qu’ils les auront fait connaître. Mais je m’arrêterai ici pour m’enquérir brièvement de l’inspiration de Joseph. Et j’observerais en 1er. Que Joseph était au moins, parfois inspiré. Il a été inspiré pour interpréter les rêves du maître d’hôtel en chef et du chef boulanger. Il a été inspiré pour interpréter le songe de Pharaon. Pharaon, convaincu de son inspiration, dit à ses serviteurs qu’ils avaient trouvé en Joseph un homme en qui était l’Esprit de Dieu. Il a été inspiré à dire à ses frères : « Dieu vous visitera certainement, et vous emporterez mes os d’ici. » Encore une fois, deuxièmement. Il a parlé le langage de l’inspiration, lorsqu’il a dit à ses frères combien de temps la famine devait durer dans le pays : et c’est en relation immédiate avec cette déclaration prophétique, qu’il a exprimé pour la première fois la substance du sentiment contenu dans le texte de l’Écriture que le docteur cite. Et il dit : Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu en Égypte. Maintenant donc, ne vous affligez pas, et ne vous irritez pas contre vous-mêmes, de ce que vous m’avez vendu ici ; car Dieu m’a envoyé devant vous pour conserver la vie. Pendant ces deux années, la famine a été dans le pays, et cependant il y a cinq ans, pendant lesquelles il n’y aura ni épi ni moisson. Et Dieu m’a envoyé devant vous, pour vous conserver une postérité sur la terre, et pour vous sauver la vie par une grande délivrance. Ce n’est donc pas toi qui m’as envoyé ici, mais Dieu. Ces passages, ainsi que celui cité par le Dr Fisk, n’ont pas été enregistrés pour tromper, mais pour instruire les générations futures. Je ne vois pas plus de raison de douter de l’inspiration de Joseph en exprimant ces sentiments, que de douter de l’inspiration des prophètes ou des apôtres de Notre-Seigneur en exprimant les sentiments qu’ils ont enseignés publiquement.
Le Dr Fisk voudrait faire dire à Joseph à ses frères rien de plus que ceci : que Dieu a annulé les résultats de leurs méchants Mais si Joseph ne voulait rien dire de plus que cela, pourquoi ne l’a-t-il pas dit ? Pourquoi a-t-il utilisé un langage si étranger à son sens ? Si Dieu n’avait ni dessein ni action en le vendant en Égypte, pourquoi leur a-t-il dit cela ? « ne soyez pas en peine, et n'ayez point de regret de ce que vous m'avez vendu pour être mené ici; car Dieu m'a envoyé devant vous pour la conservation de votre vie. — Mais Dieu m'a envoyé devant vous pour vous faire subsister sur la terre — ce n'est pas vous qui m'avez envoyé ici, mais c'est Dieu." Ici, Joseph affirme trois fois que Dieu l’avait envoyé en Égypte. Et qu’est-ce que cela signifie, sinon que la main et le conseil de Dieu se sont intéressés à ce qu’il y ait été envoyé par ses frères ?
Mais peut-être le Dr F. dira-t-il que Dieu a décrété que Joseph serait envoyé en Égypte, mais qu’il n’a pas décrété qu’il y serait envoyé par ses frères. Cela revient à dire que Dieu a décrété la fin sans décréter les moyens ; c’est-à-dire qu’il a décrété la fin, mais qu’il a laissé au hasard le soin d’accomplir la fin.
Il est écrit : « la fureur de l'homme tourne à ta louange, quand tu te revêts de tout ton courroux." Sur ce passage, le Dr s’enquiert :
"Mais décrète-t-il donc la colère elle-même ? Et cette colère est-elle nécessaire à l’accomplissement de ses desseins ?"
Je réponds : si Dieu retient toute la colère qui ne veut pas le louer ; alors Il a tous les cœurs entre ses mains. Par conséquent, il était abondamment capable de retenir et d’empêcher tous les péchés et la colère qui existent, s’il avait choisi de le faire. S’il empêche toute la colère qui ne veut pas le louer, sans nuire au libre arbitre moral de ses créatures ; alors il aurait pu, s’il l’avait voulu, empêcher tout péché et toute la colère de ses créatures, sans détruire leur libre arbitre moral. Le péché et la colère de ses créatures n’ont donc pas lieu en opposition à son choix, tout bien considéré.
Le passage de l’Ecriture cité en dernier lieu, prouve en premier. Que Dieu n’est pas indifférent à la colère de ses créatures ; ou qu’Il a le choix concernant l’existence ou la non-existence de cette colère dans tous les cas. Il prouve, secondement. Que Dieu est capable d’empêcher leur colère sans nuire à leur libre arbitre, et qu’Il l’empêche, dans la mesure où Il le juge le mieux. Et c’est pourquoi il prouve, troisièmement. Qu’aucune colère ne peut exister ni sans son choix, ni contre son choix ; ou, ce qui est la même chose, qu’il ne peut y avoir plus de colère qu’il ne veut, toutes choses considérées, qu’il n’y en ait. Mais le Dr F. pense qu’on pourrait aussi bien dire qu’un gouvernement, en réprimant une rébellion, a renfloué son Trésor public à partir des biens confisqués des rebelles, par conséquent ce gouvernement a décrété la rébellion et en dépendait pour la prospérité de la nation.
Mais je réponds que les cas ne sont pas parallèles sur les points dont dépend le raisonnement. Faire de l’exemple du docteur une illustration convenable du gouvernement de Dieu ; Il faut qu’il suppose un gouvernement qui a été capable d’empêcher et qui empêche toute rébellion qui ne sera pas en faveur du bien de la nation. S’il en était ainsi, on pourrait en conclure avec raison qu’il n’y avait pas plus de rébellion dans le gouvernement que ce gouvernement n’a choisi de souffrir.
Le passage suivant que le Dr F. entreprend d’expliquer est le suivant : « L’Eternel a fait tout pour soi-même, et même le méchant pour le jour de la calamité". Ici, le Dr F. fait la concession importante suivante :
« Que le Seigneur ait tout fait pour sa propre gloire, c’est une proposition facile à comprendre, et à douter, je n'ai aucune confiance ; et c’est évidemment le sens de l’ancien membre du passage."
Mais dire que le Seigneur a fait toutes choses pour sa propre gloire, c’est la même chose que de dire qu’il a voulu toutes choses pour sa propre gloire, quand il les a faites. C’est-à-dire que toutes choses sont venues à l’existence, conformément aux intentions ou aux desseins divins. Le Dr F. a donc virtuellement admis que les décrets de Dieu s’étendent à toutes les œuvres de ses mains. Mais peut-être le Dr F. veut-il dire que les décrets de Dieu ne s’étendent qu’à l’existence de ses créatures, et non à leurs mouvements et à leurs actions. S’il en est ainsi, pourquoi le Dr F. admet-il que Dieu a fait toutes choses pour sa propre gloire ? La fin pour laquelle toutes choses sont faites se rapporte à l’usage qui doit en être fait. Si Dieu a fait toutes choses pour sa propre gloire, alors il veut que toutes ses créatures servent toujours sa gloire, par tous leurs mouvements et leurs actions, leurs caractères, leurs changements et leurs conditions. Et cela implique que les décrets divins s’étendent à tout ce qui arrive. Tant de choses que le Dr F. a virtuellement admises sont contenues dans le passage : « L’Éternel a fait toutes choses pour lui-même, oui, les méchants pour le jour du mal. » Pourtant, le Dr F. dit :
"Cette dernière clause, si elle aide la cause pour laquelle elle est citée, doit signifier que le Seigneur a prédestiné les hommes à être méchants, afin de les rendre malheureux. Mais il n’est pas nécessaire de faire en sorte que le texte exprime ce sentiment choquant."
Je réponds que les calvinistes ne lui font pas exprimer ce sentiment choquant. Si la misère des méchants était la fin ultime de leur création, il ne serait pas vrai que Dieu les ait faits pour sa propre gloire. La vérité est que Dieu n’a pas créé les méchants ni pour leur méchanceté, ni pour leur misère, comme fin ultime. Il a prédestiné les méchants au péché et à la misère à cause du péché et de la misère, ni à cause de l’un ou de l’autre, mais pour sa propre gloire. Par conséquent, l’interprétation du passage que le Dr F. dit que la cause calviniste exige, n’est pas l’interprétation que les calvinistes adoptent. Cette construction, leur cause ne l’exige pas, mais l’interdit. Si une telle construction est nécessaire, c’est pour aider les arminiens à déformer les sentiments calvinistes. La construction la plus naturelle de ce passage est : " Que Dieu a fait toutes choses pour sa propre gloire ; et les méchants pour le jour du mal », pour accomplir le même but.
« Mais il y a une autre classe de passages, dit le Dr F., comme celui-ci : « il fait ce qui lui plaît, tant dans l’armée des cieux, que parmi les habitants de la terre » — Il « opère toutes choses selon le conseil de sa volonté » — « je mettrai en exécution tout mon bon plaisir » Mais ces passages n’établissent rien qui s’oppose à nos vues, à moins qu’il ne soit d’abord prouvé par d’autres passages, ou d’une autre manière, que c’est la volonté et le plaisir de Dieu d’opérer toutes choses, même la méchanceté chez les méchants."
Mais je demanderais, pourquoi est-il nécessaire de recourir à d’autres passages pour prouver que Dieu opère toutes choses ; quand cela est expressément affirmé dans l’un des passages que le Dr F. cite. « qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté."
Le Dr F. dit :
« Que Dieu aveugle les hommes et endurcisse leurs cœurs judiciairement, comme une juste punition pour l’abus qu’ils ont fait de leur libre arbitre, et pour cet acte qu’il a accompli en les aveuglant et en les endurcissant, il ne les rend pas responsables. »
Mais dire que Dieu endurcit les hommes judiciairement, comme punition du péché, c’est faire consister le châtiment du péché dans le péché lui-même. Personne ne prétend que Dieu tient ses créatures pour responsables de ses propres actes. Mais quand Dieu endurcit et aveugle les hommes, leur dureté et leur aveuglement ne sont pas son acte, mais ses effets. Et pour cette dureté et cet aveuglement, Il les tient pour responsables. Il endurcit Pharaon, afin qu’il ne laisse pas partir Israël. Et à cause de la dureté et de l’obstination de Pharaon, Dieu lui a infligé dix plaies, et l’a détruit dans la mer Rouge. Le Dr F. poursuit : [p. 10.]
« Et puisqu’il y a des hommes méchants et des esprits menteurs, ils deviennent de bons instruments pour se tromper et se tourmenter les uns les autres ; et c’est pourquoi Dieu leur donne le pouvoir et la liberté d’aller à l’étranger en trompant et en étant trompés."
Le libellé en l’espèce implique, je présume, plus qu’il ne veut dire. Car si Dieu donne aux esprits menteurs le pouvoir et la liberté de tromper, il choisit sans doute, tout bien considéré, qu’ils trompent. On ne peut guère supposer que Dieu leur donne plus de pouvoir et de liberté qu’il n’a l’intention qu’ils en exercent. Mais bien que le langage du Dr F. soit trop fort pour lui, il n’est pas aussi fort que l’Écriture : « Maintenant donc, voici, l’Eternel a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tes prophètes »
« Quant au passage des Actes, aucun de nous ne nie, si ce n’est que Jésus-Christ a été livré pour souffrir et mourir par le conseil déterminé et la prescience de Dieu ; mais il est nié avec force que la prise et la mise à mort de Jésus-Christ par des mains méchantes aient été le résultat du conseil et de la prescience de Dieu. Si quelqu’un pense autrement, qu’il le prouve.
Il semble donc que Dieu ait décrété que le Christ fût trahi, mais non que Judas le trahisse. Il a décrété que Christ serait livré à Pilate, mais non pas que les Juifs le feraient livrer. Il a décrété que le Christ serait flagellé ; mais pas que Pilate le flagellerait. Il a décrété que le Christ devait être crucifié ; mais non pas que ses ennemis le crucifient. En un mot, Dieu a décrété que Christ serait trahi, livré, ridiculisé, secoué, craché dessus, couronné d’épines et assassiné : mais pas par des mains méchantes, c’est-à-dire qu’il a été décrété qu’il serait assassiné; Mais le meurtre n’a pas été décrété. C’est en substance la théorie du Dr Fisk. « Si quelqu’un pense le contraire, qu’il le prouve. »