Chapitre Douze

LA CROIX ET LA VIE DE L'AME

Dieu a pleinement pourvu à notre rédemption par la croix de Christ, mais Il ne s'est pas arrêté à cela. Dans cette croix, Il a aussi assuré, contre toute possibilité d'échec, ce dessein éternel dont Paul nous dit qu'il a été « caché de toute éternité en Dieu, le créateur de toutes choses». Ce dessein, Il l'a maintenant proclamé, afin que « la sagesse de Dieu, infiniment diverse, soit manifestée par l'Église aux dominations et aux puissances dans les lieux célestes, suivant son dessein éternel, qu'il a réalisé en Jésus-Christ, notre Seigneur» (Ephésiens 3.9-11).

Nous avons dit que de l'œuvre de la croix, résultent deux conséquences liées directement à l'accomplissement de ce dessein en nous. D'un côté, par cette œuvre, la vie de Christ a été libérée pour être répandue et trouver son expression en nous, par le moyen du Saint-Esprit qui demeure en nous. De l'autre côté, elle a rendu possible ce que nous appelons «porter sa croix », c'est-à-dire notre coopération à l'action profonde et continue de sa mort, pour que cette vie nouvelle soit manifestée en nous, à mesure que «l'homme naturel » est amené à la soumission au Saint Esprit qui est sa juste place.

Ces deux conséquences sont clairement les deux aspects, l'un positif et l'autre négatif, d'une seule et même œuvre. Jusqu'ici, en étudiant la vie chrétienne, nous nous sommes arrêtés principale- ment sur la crise qui marque son commencement. Nous nous occuperons maintenant de la marche du disciple, en ayant plus spécialement en vue son éducation de serviteur de Dieu. C'est de lui que le Seigneur Jésus a dit: « Quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas ne peut être mon disciple» (Luc 14.27).

Il nous faut donc examiner ce qu'est l'homme naturel et ce que signifie « porter sa croix». Pour le comprendre, il nous faut, une fois de plus, revenir à la Genèse et voir ce que Dieu cherchait à avoir dans l'homme au commencement, et comment son dessein a été entravé. Nous pourrons de cette manière saisir les principes qui nous ramèneront à une vie en harmonie avec ce dessein.

la vraie nature de la Chute

Alors même que nous n'aurions qu'une petite révélation du plan de Dieu, nous ne pouvons qu'être frappés par l'importance attachée au mot « homme », Nous dirons avec le Psalmiste: « Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui» (Psaumes 8.5). La Bible nous montre clairement que ce que Dieu désire par-dessus tout, c'est un homme - un homme selon son cœur.

Dieu créa donc un homme. Nous apprenons dans Genèse 2.7 qu'Adam fut créé une âme vivante, qu'il avait en lui un esprit par lequel il pouvait être en communion avec Dieu, et qu'il avait un corps, pour être en contact extérieurement avec le monde matériel. Certains passages du Nouveau Testament confirment ce triple caractère de l'être humain; ceux-ci par exemple:

Que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible pour l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. (1 Thessaloniciens 5.23) La Parole de Dieu ... atteint jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles. (Hébreux 4.12)

Par son esprit, Adam était en contact avec le monde spirituel de Dieu; par son corps, il était en contact avec le monde physique des choses matérielles. Il réunissait en lui-même ces deux aspects de l'acte créateur de Dieu, pour devenir une personnalité, une entité vivant dans le monde, agissant par elle-même, et ayant la faculté du libre choix. Considéré dans son ensemble, il est ainsi un être conscient et capable de s'exprimer, « une âme vivante ».

Nous avons déjà vu qu'Adam avait été créé parfait - nous voulons dire par cela qu'il était sans imperfections, parce que créé par Dieu - mais qu'il n'avait pas encore été rendu parfait dans l'expérience. Il avait encore besoin d'une dernière retouche. Dieu n'avait pas encore accompli tout ce qu'Il avait le dessein de faire en Adam. Il avait quelque chose de plus en vue, mais cela demeurait encore en suspens. Dieu avait progressé dans l'accomplissement de son dessein en créant l'homme, un dessein qui allait au-delà de l'homme lui-même, qui devait assurer à Dieu tous ses droits dans l'univers, grâce à un instrument - l'homme lui-même.

Mais comment l'homme pourrait-il être l'instrument de ce dessein ? Uniquement par une coopération découlant d'une union vivante avec Dieu. Dieu cherchait à avoir sur la terre, non seule- ment une race d'hommes d'un seul sang, mais une race où dans cha- cun de ses membres résiderait, en plus, sa vie. Une telle race devait finalement triompher de la chute de Satan et contribuer à l'accomplissement de tout ce qui était cher au cœur de Dieu. C'était là ce que Dieu avait en vue dans la création de l'homme.

Nous avons vu ensuite qu'Adam avait été créé neutre. Il avait un esprit qui le rendait capable d'être en communion avec Dieu; mais en tant qu'homme, il n'avait pas encore été, pour ainsi dire, définitivement orienté; il avait le pouvoir de choisir et il pouvait, s'il le désirait, se tourner du côté opposé. Le but de Dieu pour l'homme, c'était- l'état de fils» ou, en d'autres termes, l'expression de sa vie dans des êtres humains. Cette vie divine était représentée dans le jardin par l'arbre de vie, qui portait un fruit que l'homme pouvait recevoir, accepter et manger.

Si Adam, créé neutre, s'engageait volontairement sur ce chemin, en choisissant librement d'être dépendant de Dieu, s'il acceptait le fruit de l'arbre de vie qui représentait la vie même de Dieu, alors Dieu partagerait sa vie avec les hommes ; Il aurait « des fils », Mais si, par contre, Adam se tournait vers l'arbre de la connaissance du bien et du mal, il serait « libre» de se développer selon ses propres penchants, en dehors de Dieu. Cependant, parce que ce dernier choix entraînait la complicité avec Satan, Adam se trouverait ainsi dans l'impossibilité d'atteindre le but auquel Dieu l'avait destiné.

la racine du problème: l'âme humaine

Nous connaissons maintenant la voie que choisit Adam. Se trouvant entre les deux arbres, il céda à Satan et prit du fruit de l'arbre de la connaissance. Cela détermina l'orientation de son développement. Dès lors, il disposa d'une connaissance ; il « connut». Mais ici nous arrivons au fond du problème; le fruit de l'arbre de la connaissance fit du premier homme un être « surdéveloppé dans son âme ». L'émotion fut touchée, parce que le fruit était agréable à la vue et provoqua en lui le « désir». La pensée, avec sa force de raisonnement, se développa car il fut «rendu intelligent». La volonté se fortifia, de sorte que, dans l'avenir, il pourrait toujours décider du chemin à suivre. Le fruit servit à l'épanouissement et au plein développement de l'âme, de sorte que l'homme ne fut plus seulement une âme vivante, mais allait désormais vivre par son âme. L'homme ne possède pas seulement une âme, mais, à partir de ce jour, cette âme, avec sa faculté de libre choix, prend la place de l'esprit comme puissance animatrice de l'homme.

Il nous faut ici faire une distinction entre deux choses, la différence étant très importante. Dieu n'est pas opposé au fait que nous ayons une âme, comme celle qu'Il a donnée à Adam, au contraire Il le désire. Mais la tâche que Dieu a maintenant entreprise, c'est de renverser quelque chose. Il y a aujourd'hui quelque chose dans l'homme qui ne provient pas simplement de l'existence de son âme, mais du fait qu'il vit par son âme. C'est ce que Satan a produit par la Chute. Il a poussé l'homme à s'engager dans une voie où son âme se développerait à un tel point qu'elle deviendrait la source même de sa vie.

Il nous faut cependant faire attention. Pour remédier à cet état, nous n'allons pas essayer d'anéantir tout ce qui est de l'âme. Si, aujourd'hui, la croix agit véritablement en nous, cela ne veut pas dire que nous devenons inertes, insensibles, sans caractère. Non, nous possédons encore une âme, et toutes les fois que nous recevons quelque chose de Dieu, elle nous sera toujours utile, mais comme un instrument, une faculté, qui Lui sont véritablement sou-

mis. La question reste donc celle-ci: En ce qui concerne l'âme, restons-nous dans les limites fixées par Dieu, à l'intérieur des limites qu'Il a établies au commencement dans le Jardin, ou sortons-nous de ces limites?

Ce que Dieu fait maintenant, c'est le travail d'émondage du vigneron. Il y a dans nos âmes un développement indiscipliné, une croissance déréglée, qui doivent être contrôlés et arrêtés. Il faut que Dieu tranche cela. Il faut que nos yeux soient ouverts sur ces deux aspects de l'action de Dieu en nous. D'un côté, Dieu cherche à nous amener à la place où nous vivons par la vie de son Fils. De l'autre côté, Il poursuit une action directe dans nos cœurs, pour détruire cette autre source naturelle, qui est le résultat du fruit de la connaissance. Nous apprenons chaque jour ces deux leçons: un accroisse- ment de la vie de son Fils, et un arrêt et une mise à mort de cette vie de l'âme. Ces deux actions se poursuivent sans cesse, car Dieu cherche le développement parfait de la vie de son Fils en nous, afin de pouvoir se manifester Lui-même j et dans ce but, Il nous ramène, en ce qui concerne notre âme, au point de départ d'Adam. Paul dit à ce sujet:

Nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. (2 Corinthiens 4.1 1)

Qu'est-ce que cela signifie? Cela veut dire tout simplement que je n'entreprendrai rien sans me confier à Dieu. Je ne trouverai aucune capacité en moi-même. Je ne ferai aucun pas, simplement parce que j'ai le pouvoir de le faire. Alors même que j'aurais hérité d'un tel pouvoir, je ne m'en servirai pas j je ne mettrai aucune confiance en moi-même. En prenant le fruit, Adam devint possesseur d'un pouvoir d'action inhérent, mais d'un pouvoir qui le livra directement entre les mains de Satan. Nous perdons ce pouvoir d'action, lorsque nous en arrivons à connaître le Seigneur. Le Seigneur nous l'enlève, et nous découvrons qu'il nous est désormais impossible d'agir de notre propre initiative. Nous devons vivre par la vie d'Un Autre; nous devons tout recevoir de Lui.

Mes chers amis, je crois que nous tous, nous nous connaissons nous-mêmes dans une certaine mesure, mais trop souvent nous ne tremblons pas à cause de ce que nous sommes! Nous pouvons dire, avec une sorte de courtoisie envers Dieu: « Si le Seigneur ne veut pas cela, je ne puis pas le faire» - mais en réalité, nous avons inconsciemment le sentiment que nous pouvons très bien agir par nous-mêmes, alors même que Dieu ne nous le demande pas et ne nous en donne pas la force.

Nous sommes trop souvent poussés à agir, à penser, à décider, à manifester notre force, indépendamment de Lui. Beaucoup d'entre nous, chrétiens d'aujourd'hui, nous sommes des êtres dont l'âme est surdéveloppée. Nous sommes devenus trop grands en nous-mêmes; nous sommes «dominés par notre âme». Lorsque nous sommes dans cet état, la vie du Fils de Dieu en nous est limitée, et presque entravée dans son action.

l'énergie naturelle dans l'œuvre de Dieu

La puissance, l'énergie de l'âme, se trouvent en nous tous. Ceux qui ont été à l'école du Seigneur refusent ce principe en tant que principe de vie; ils refusent de vivre par leur âme; ils ne veulent pas qu'elle domine, et ne lui permettent pas d'être leur source de force dans l'œuvre de Dieu. Mais ceux qui n'ont pas été instruits par Dieu se reposent sur elle; ils l'emploient; Ils pensent qu'en elle est la puissance.

Prenons un exemple évident. Nombreux sont ceux d'entre nous qui, dans le passé, ont raisonné de la manière suivante : Voici un homme d'un naturel aimable et bon, doué d'une intelligence vive, d'un jugement sûr, et possédant une grande aptitude à l'organisation. Nous disons en nous-mêmes: « Si cet homme était chrétien, quel enrichissement ce serait pour l'Église! Si seulement il appartenait au Seigneur, quelle valeur cela signifierait pour sa cause! »

Mais réfléchissons un instant. D'où cet homme a-t-il tiré son naturel bon ? D'où lui viennent ses aptitudes à diriger, et sa sûreté de jugement? Non pas de la nouvelle naissance, puisqu'il n'est pas encore né de nouveau. Nous savons que, tous, nous sommes nés de la chair; c'est pourquoi il nous faut naître de nouveau. Mais le Seigneur Jésus nous dit dans Jean 3.6 : « Ce qui est né de la chair est chair» . Tout ce que je n'ai pas reçu par la nouvelle naissance, mais dont j'ai hérité par ma naissance naturelle, est chair, et ne peut apporter de gloire qu'à l'homme, jamais à Dieu. Cette déclaration peut nous paraître amère, mais elle est vraie.

Nous avons parlé de la puissance de l'âme, ou de l'énergie naturelle. Qu'est-ce que cette énergie naturelle? C'est simplement ce que je puis faire, ce que je suis par moi-même, ce que j'ai hérité de dons et de ressources naturelles. Aucun d'entre nous n'est dépourvu de cette puissance de l'âme, et notre premier grand besoin est de reconnaître sa nature réelle.

Prenons par exemple l'intelligence humaine. Je puis avoir, par nature, un esprit vif. Avant ma nouvelle naissance, je le possédais naturellement, comme quelque chose qui s'était développé norma- lement depuis ma naissance naturelle. Mais c'est ici que la difficulté surgit. Je me suis converti j je suis né de nouveau, une œuvre pro- fonde s'est faite dans mon esprit; une union essentielle s'est établie avec le Père de notre esprit. Il y a maintenant deux choses en moi: je suis uni à Dieu par un lien qui a été établi dans mon esprit, mais en même temps, je porte encore en moi quelque chose qui me vient de ma naissance naturelle. Que dois-je faire à cet égard?

La tendance naturelle est celle-ci: j'exerçais auparavant mon intelligence pour m'intéresser à l'histoire, aux affaires, à la chimie, aux questions de ce monde, à la littérature, à la poésie. J'employais mon intelligence à puiser ce qu'il y avait de meilleur dans ces études. Maintenant, mes désirs ont changé, j'emploierai donc désormais cette même intelligence dans les choses de Dieu. J'ai donc changé l'objet de mon intérêt mais je n'ai pas changé ma méthode de travail.

Voilà tout le problème. Mes intérêts ont été entièrement changés -Que Dieu en soit loué ! - mais j'utilise maintenant la même énergie pour étudier les « Corinthiens » et les « Éphésiens » que celle que j'employais autrefois pour étudier l'histoire et la géographie. Mais ceci n'est pas de Dieu, et Dieu ne le permettra pas. La difficulté, pour beaucoup d'entre nous, c'est que nous avons changé le canal qui véhicule nos énergies, sans avoir changé la source de ces énergies.

Nous verrons qu'il y a une quantité de choses semblables que nous transportons du domaine naturel dans le domaine du service de Dieu. Considérons la question de l'éloquence. Il y a des hommes qui sont des orateurs nés; ils peuvent présenter un sujet de manière très convaincante. Ils se convertissent, et sans nous préoccuper de leur position spirituelle, nous les poussons sur une estrade pour en faire des prédicateurs.

Nous les encourageons à employer leurs talents naturels pour la prédication de l'évangile; seul le sujet a changé, mais la source de l'énergie est restée la même. Nous oublions que, lorsqu'il s'agit des ressources nécessaires pour s'occuper des choses de Dieu, ce n'est plus une question de valeur comparative, mais d'origine. Il ne s'agit pas tellement de ce que nous faisons, mais plutôt de l'origine de l'énergie que nous employons. Nous ne pensons pas assez à la source de notre énergie, et trop au but vers lequel elle est dirigée, oubliant que pour Dieu, la fin ne justifie jamais les moyens.

L'exemple fictif suivant confirmera notre pensée. Monsieur A est un excellent orateur j il peut parler avec aisance et de manière convaincante sur n'importe quel sujet, mais pour les choses pratiques, il n'a aucun don naturel. Monsieur B, d'un autre côté, est un piètre orateur; il n'arrive pas à s'exprimer clairement; il tourne autour de son sujet sans jamais parvenir à une conclusion; mais il est un organisateur plein de ressources, compétent dans toutes les affaires pratiques. Ces deux hommes se convertissent et deviennent des chrétiens vivants. Supposons maintenant que je leur demande à tous les deux de prendre la parole lors d'une convention, et qu'ils acceptent tous les deux.

Que va-t-il se passer? J'ai demandé la même chose à ces deux hommes, mais lequel des deux, à votre avis, se préparera-t-il le plus sérieusement par la prière ? Certainement Monsieur B. Pourquoi? Parce qu'il n'est pas orateur. En ce qui concerne l'éloquence, il n'a aucune capacité naturelle sur laquelle il pourrait s'appuyer. Il priera: « Seigneur, si Tu ne me donnes pas le pouvoir de le faire, je ne le pourrai pas. » Sans doute, Monsieur A priera-t-il aussi, mais peut-être pas de la même manière que Monsieur B, parce qu'il a des capacités naturelles sur lesquelles il peut compter.

Mais supposons que je leur demande, non pas de prendre la parole, mais de se charger de toutes les questions pratiques de la convention. Qu'arrivera-t-il maintenant? Leur position sera exactement opposée. Ce sera maintenant Monsieur A qui priera avec le sentiment de son besoin, car il sait très bien qu'il n'a aucune capacité d'organisation. Monsieur B priera sûrement aussi, mais peut-être pas avec la même ardeur, car tout en reconnaissant son besoin du Seigneur, il n'est pas aussi conscient que Monsieur A de son incapacité dans les questions pratiques.

Voyons-nous la différence entre les dons naturels et les dons spirituels ? Tout ce que nous pouvons faire sans prière et sans une dépendance totale de Dieu vient de la vie naturelle, et nous devons nous en méfier. Nous devons le comprendre très clairement. Cela ne veut évidemment pas dire que seuls soient qualifiés pour un travail particulier ceux qui sont privés du don naturel nécessaire pour l'accomplir. Le point à souligner, c'est celui-ci: que nous possédions des dons naturels ou non, il nous faut connaître le toucher de la croix, qui signifie la mort de tout ce qui est de la nature, et notre dépendance entière du Dieu de la résurrection. Nous envions trop facilement notre voisin qui a quelque don naturel remarquable, et nous ne réalisons pas que, si nous possédions nous-mêmes ce don en dehors de cette action de la croix, il pourrait facilement être un obstacle à ce que Dieu cherche à manifester en nous.

Peu de temps après ma conversion, j'allais prêcher l'Évangile dans les villages. J'avais reçu une bonne éducation et je connaissais bien les Écritures ; je me considérais donc tout à fait capable d'enseigner les gens de la campagne, parmi lesquels il y avait beau- coup de femmes illettrées. Mais après quelques visites, je découvris que malgré leur ignorance, ces femmes avaient une connaissance intime du Seigneur. Je connaissais le Livre qu'elles lisaient avec difficulté ; mais elles connaissaient Celui dont parle le Livre. J'avais une richesse dans la chair; elles avaient une richesse dans l'Esprit. Combien de chrétiens aujourd'hui cherchent à enseigner les autres, comme je le faisais alors, en grande partie en s'appuyant sur leurs capacités charnelles!

Je rencontrai un jour un jeune frère. Jeune, il l'était en années, mais il avait une connaissance intime du Seigneur. Le Seigneur l'avait amené, par beaucoup d'épreuves, à cette connaissance de Lui-même. Au cours de notre entretien, je lui demandai:

« Frère, qu'est-ce que le Seigneur t'a enseigné ces derniers jours? - Une seule chose: c'est que je ne puis rien faire en dehors de Lui, me répondit-il.

- Veux-tu vraiment dire que tu ne peux rien faire? lui demandai-je alors.

- Oh ! non, répliqua-t-il. Je puis faire beaucoup de choses! Mais c'est précisément mon problème. J'ai toujours eu une telle confiance en moi. Je sais bien que je suis capable de faire des quantités de choses.

- Qu'entends-tu alors en disant que tu ne peux rien faire en dehors de Lui? l'arrêtai-je.

- Le Seigneur m'a montré que, moi, je puis faire n'importe quoi, mais qu'Il a déclaré, Lui: "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire. " Il en résulte donc que tout ce que j'ai fait, et tout ce que je puis faire, sans Lui, n'est rien! » me répondit-il.

Il nous faut arriver à cette appréciation des choses. Je ne veux pas dire que nous ne pouvons pas faire beaucoup de choses, car nous le pouvons. Nous pouvons organiser des réunions et édifier des églises j nous pouvons aller jusqu'aux extrémités de la terre et fonder des missions, et nous pouvons paraître porter du fruit j mais souvenons-nous de la Parole du Seigneur: « Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée sera déracinée.» (Matthieu 15.13)

Dieu est le seul Créateur légitime dans cet univers. « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre» (Genèse 1.1) . Tout ce que vous projetez et mettez sur pied a son origine dans la chair, et n'atteindra jamais le domaine de l'Esprit, malgré tout le sérieux avec lequel vous invoquerez la bénédiction de Dieu sur votre effort. Cela peut se prolonger durant des années, et vous penserez alors qu'une mise au point ici, une amélioration là, pourront élever votre œuvre à un niveau supérieur; mais cela est impossible.

L'origine d'une chose détermine sa destination et ce qui est « de la chair» à l'origine ne pourra jamais devenir spirituel par aucun « perfectionnement». Ce qui est né de la chair est chair, et ne sera jamais autre chose. Tout ce que nous pouvons accomplir par nous-mêmes n'est . rien» aux yeux de Dieu, et il nous faut accepter l'appréciation de Dieu, et reconnaître que ce n'est rien! « La chair ne sert de rien» (jean 6.63). Seul ce qui vient d'En-Haut peut demeurer.

Nous ne pouvons pas voir cette vérité simplement parce que nous l'entendons. Il faut que Dieu nous enseigne ce qu'elle signifie, en mettant le doigt sur une chose qu'Il voit en nous, et qu'Il nous dise : « Ceci est de la nature j ceci a sa source dans la vieille création ; ceci ne saurait subsister. » Jusqu'au moment où Dieu interviendra de cette manière, nous pourrons être d'accord en prin- cipe, mais nous ne pourrons pas voir réellement. Nous pourrons approuver cet enseignement, et même en jouir, mais nous n'aurons jamais vraiment horreur de nous-mêmes.

Mais un jour viendra où Dieu ouvrira nos yeux. Face à une situation particulière, nous devrons dire, comme par révélation: « Cela est souillé; c'est impur j Seigneur, je le vois! » Ce mot «pureté» est un mot précieux. Je l'associe toujours à l'Esprit. La pureté représente quelque chose qui est totalement de l'Esprit. L'impureté signifie mélange. Lorsque Dieu ouvre nos yeux et nous fait voir que la vie naturelle est quelque chose qu'Il ne pourra jamais employer dans son œuvre, nous découvrons que nous cessons de jouir de cette doctrine. Nous nous prenons plutôt en horreur à cause de l'impureté qui est en nous : mais quand nous en sommes là, Dieu commence son œuvre de délivrance. Nous considérerons dans un instant comment Dieu a pourvu à cette délivrance, mais il nous faut encore nous arrêter un peu sur cette question de la révélation.

la lumière de Dieu et la connaissance

Il est évident que, si l'on n'est pas décidé à servir le Seigneur de tout son cœur, on n'éprouvera pas le besoin de lumière. Ce n'est que lorsqu'on a été saisi par Dieu et que l'on cherche à avancer avec Lui que l'on sent combien la lumière est nécessaire. Il y a en nous un besoin fondamental de lumière pour connaître la pensée de Dieu j pour savoir ce qui est de l'esprit et ce qui est de l'âme j pour connaître ce qui est divin et ce qui est simplement de l'homme j pour discerner ce qui est vraiment céleste et ce qui n'est que terrestre. Pour saisir la différence entre les choses qui sont spirituelles et les choses qui sont charnelles, pour savoir si c'est réellement Dieu qui nous dirige, ou si nous marchons par nos sentiments, nos impressions et notre imagination. Lorsque nous sommes arrivés au point où nous voulons suivre Dieu en toutes choses, nous découvrons que la lumière est la chose la plus nécessaire dans la vie chrétienne.

Lors de mes entretiens avec des frères et sœurs plus jeunes, une question revient toujours à nouveau: Comment puis-je savoir si je marche dans l'Esprit? Comment puis-je discerner si telle impulsion vient du Saint-Esprit ou de moi-même? Il semble que ce problème les préoccupe tous, mais quelques-uns sont allés plus loin. Ils essaient de s'analyser, de faire de l'introspection, et en le faisant, ils sont entraînés dans un esclavage plus profond. Cette attitude est réellement dangereuse pour la vie chrétienne, car on ne parviendra jamais à la connaissance intérieure par ce chemin aride de l'analyse de soi-même. Il ne nous est dit nulle part, dans la Parole de Dieu, d'examiner notre propre état intérieur 1. Cela ne nous amène- rait qu'à l'incertitude, au déséquilibre et au désespoir. Il est vrai que nous devons nous connaître. Il faut que nous sachions ce qui se passe en nous. Nous n'avons pas le droit de nous reposer sur un oreiller de paresse, de faire fausse route et d'en être complètement inconscients, ou d'avoir une volonté de fer tout en pensant être dans la volonté de Dieu. Mais cette connaissance de soi ne nous vient pas en nous regardant nous-mêmes, en analysant nos sentiments et nos mobiles, et tout ce qui se passe en nous, pour essayer ensuite de comprendre si nous marchons dans la chair ou dans l'Esprit.

1 Il semble y avoir deux exceptions: l'une se trouve dans 1 Corinthiens 11.28 et 31 et l'autre dans 2 Corinthiens 13.5. Mais le premier passage nous exhorte à nous examiner nous-mêmes, afin de voir si nous reconnaissons le Corps du Seigneur ou non, et ceci est en relation avec la Table du Seigneur, et non avec une connaissance de soi-même. Dans le second de ces passages, Paul nous donne l'ordre sévère de nous examiner, pour comprendre si, oui ou non, nous sommes « dans 10 foi ». Il s'agit de savoir si une foi fondamentale existe en nous, de savoir si, effectivement, nous sommes chrétiens. Cela n'a aucun rapport avec notre marche journalière dans l'Esprit, ni avec notre connaissance de nous-mêmes. - W. N.

Nous avons, dans les Psaumes, plusieurs passages qui illuminent cette question. Le premier se trouve dans le Psaume 36.10 : « C'est par ta lumière que nous voyons la lumière». Je pense que c'est l'un des plus beaux versets de l'Ancien Testament. Il y a là deux lumières. Il y a « ta lumière » ; et lorsque nous sommes entrés dans cette lumière-là, nous « voyons la lumière ».

Il y a une différence entre ces deux lumières. Nous pourrions dire que la première est objective, et la seconde subjective. La première lumière est celle qui appartient à Dieu et qui est répandue sur nous; la seconde est la connaissance qui nous est donnée par cette lumière. « C'est par ta lumière que nous voyons la lumière » ; nous connaîtrons quelque chose; nous en aurons une certitude j nous verrons. Ce n'est pas en nous tournant sur nous-mêmes, ni en nous obligeant à un examen introspectif, que nous serons amenés à cette clarté. Non, c'est lorsque la lumière nous vient de Dieu, que nous voyons.

Cela me paraît si simple. Si nous voulons être assurés que notre visage est propre, que ferons-nous ? Est-ce que nous le tâterons soigneusement avec nos mains? Non, sûrement pas! Nous prendrons un miroir, et nous nous approcherons de la lumière. A cette lumière, tout deviendra clair. Nous ne verrons jamais rien, ni en touchant, ni en analysant. La vision ne nous vient que par la lumière de Dieu, qui pénètre en nous. Et lorsqu'elle est entrée en nous, il ne nous est plus nécessaire de demander si une chose est bonne ou mauvaise. Nous savons. Nous nous souvenons aussi de ce que dit l'auteur du Psaume 139.23 : «Sonde-moi, ô Dieu fort, et connais mon cœur. »

Nous nous rendons bien compte, n'est-ce pas, de ce que signifie cette demande: « Sonde-moi» ? Elle ne signifie certainement pas que je me sonde moi-même. « Sonde-moi» signifie « Toi, sonde-moi! » C'est de cette manière que nous vient la lumière. Il faut que Dieu entre en moi pour me sonder; ce n'est pas à moi à le faire. Mais cela ne veut pas dire que je doive avancer aveuglément, sans me soucier de mon état véritable. Certainement pas. Ce que nous désirons sou- ligner, c'est ceci: tous mes examens de conscience, malgré tout ce qu'ils me révéleront de choses qui ont besoin d'être mises en ordre, n'iront jamais au-dessous de la surface. Une vraie connaissance de moi-même ne me viendra jamais par mes propres efforts, mais uniquement lorsque je laisserai à Dieu le soin de me sonder.

Mais nous demanderons peut-être ce que veut dire, en pra- tique, se placer dans la lumière? Comment réaliser cela? Comment pouvons-nous voir la lumière par Sa lumière ? Ici encore, le Psalmiste vient à notre aide : « Tes paroles sont une révélation qui éclaire; elles donnent de l'intelligence aux simples. » (Psaume 119.130)

Dans les choses spirituelles, nous sommes tous «simples». Nous dépendons de Dieu, qui nous donne l'intelligence, et nous en avons besoin, particulièrement en ce qui concerne notre véritable nature. Dans le Nouveau Testament, le passage qui établit cela le plus clairement se trouve dans l'épître aux Hébreux:

La Parole de Dieu est vivante et efficace, plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants; elle atteint jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles; elle est le juge des intentions et des pensées du cœur. Aucune créature n'est cachée devant lui, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte. (Hébreux 4.12 - 13)

Oui, c'est la Parole de Dieu, la parole pénétrante de la Vérité, qui donne la réponse à nos questions. C'est elle qui discerne nos mobiles, et définit pour nous leur vraie source: l'âme ou l'esprit.

Je pense que, maintenant, nous pouvons passer de l'aspect doctrinal du problème à son aspect pratique. La plupart d'entre nous, j'en suis certain, nous désirons avoir une vie intègre devant Dieu. Nous avons fait des progrès et nous ne discernons rien qui soit très mauvais en nous. Et soudain, à mesure que nous avançons nous faisons l'expérience pratique de cette parole: « Tes paroles sont une révélation qui nous éclaire ». Dieu s'est servi de l'un de ses serviteurs pour nous mettre en face de sa parole, et cette Parole a pénétré dans notre cœur. Ou peut-être, tandis que nous étions devant Dieu, en nous attendant à Lui, une Parole revenue à notre mémoire, ou bien lue à cet instant dans les Saintes Écritures, est entrée en nous avec puissance.

Nous voyons alors quelque chose que nous n'avions jamais remarqué auparavant. Nous sommes convaincus. Nous savons exactement ce qui est mal, et nous élevons nos yeux au Seigneur pour le Lui confesser: « Seigneur, je le vois. Il y a là de l'impureté. Il y a du mélange. Combien j'étais aveugle! Et dire que durant tant d'années, j'ai été dans cette erreur, sans jamais m'en rendre compte! » La lumière entre en nous, et nous voyons la lumière. La lumière de Dieu nous donne la lumière sur nous-mêmes, et c'est un principe fondamental; toute connaissance de soi nous vient de cette manière.

Il se peut que cette révélation ne nous vienne pas toujours par les Écritures. Nous pouvons avoir été en contact avec des enfants de Dieu qui avaient une réelle connaissance du Seigneur et, en priant ou en parlant avec eux, nous avons vu, à la lumière de Dieu qui rayon- nait d'eux, quelque chose que nous n'avions jamais imaginé auparavant. J'ai connu une de ces personnes, qui est maintenant auprès du Seigneur, mais le souvenir que j'ai gardé d'elle est celui d'une chrétienne « de lumière».

Dès que j'entrais dans sa chambre, j'étais immédiatement conscient de la présence de Dieu. A cette époque, j'étais très jeune, et il n'y avait que deux ans que j'étais converti; j'avais une foule de projets, une foule de belles pensées, une foule de plans que je désirais soumettre au Seigneur, une centaine de choses qui me paraissaient devoir être merveilleuses, si elles pouvaient être réalisées. Je venais à elle avec toutes ces choses pour essayer de la persuader, pour lui expliquer qu'il faudrait faire ceci ou cela.

Avant que j'aie pu ouvrir la bouche, elle me disait simplement quelques paroles, d'une façon très naturelle. La lumière se faisait! Je me sentais tout confus. Tout mon besoin de « faire » venait tellement de « moi », était si charnel! Quelque chose se passait alors en moi. J'étais amené à la place où je pouvais dire : « Seigneur ! ma pensée ne s'attache qu'aux activités de la créature, mais il y a ici quelqu'un qui ne s'en soucie pas du tout. » Elle n'avait qu'une seule raison d'être, un seul désir, et c'était Dieu. Sur la première page de sa Bible étaient écrits ces mots: « Seigneur, je ne veux rien pour moi-même. » Oui, elle vivait pour Dieu seul; et lorsqu'il en est ainsi, vous trouverez toujours qu'une telle personne est baignée de lumière, et que cette lumière illumine les autres. C'est le véritable témoignage.

La lumière obéit à une seule loi: elle éclaire partout où elle est admise. C'est la seule condition qu'elle pose. Nous pouvons nous fermer à elle; c'est la seule chose qu'elle craigne. Mais si nous nous ouvrons et nous abandonnons à Dieu, Il se révélera. Les difficultés viennent de ce que nous gardons des coins réservés, des réduits fermés et verrouillés dans nos cœurs, où nous pensons avec orgueil avoir raison. Notre défaite consiste alors, non seulement dans le fait que nous avons tort, mais dans le fait que nous ne savons pas que nous avons tort.

L'erreur peut être une question de force naturelle; l'ignorance est une question de lumière. Nous pouvons voir cette force naturelle chez les autres, mais ne pas la voir en nous-mêmes. Oh ! nous avons besoin d'être sincères et humbles devant Dieu, et de nous ouvrir à Lui ! Ceux qui sont ouverts peuvent voir. Dieu est lumière; et nous ne pouvons pas vivre dans sa lumière et rester dans l'ignorance. Répétons encore avec le Psalmiste: « Envoie ta lumière et ta vérité: qu'elles me guident» (Psaume 43.3).

Nous rendons grâce à Dieu de ce que, aujourd'hui plus que jamais, les chrétiens sont conscients du péché. En bien des lieux, les yeux des chrétiens ont été ouverts sur le fait que la victoire sur les péchés, sur chaque péché, est importante dans la vie chrétienne; et il en résulte que beaucoup marchent plus près du Seigneur, pour chercher la délivrance et la victoire sur ces péchés. Nous louons notre Seigneur pour chaque mouvement qui rapproche de Lui, pour tout mouvement qui ramène à une vraie sainteté devant Dieu. Et pourtant, cela ne suffit pas.

Il y a une chose qui doit être touchée, c'est la vie même de l'homme et non seulement ses péchés. La question de la personnalité de l'homme, de l'énergie de son âme, voilà le cœur du problème. En ramenant tout à la question des péchés, on reste encore à la sur- face du problème. Tant que la sainteté n'est considérée que sous l'angle du péché, elle demeure quelque chose d'extérieur, de superficiel. On n'a pas encore atteint la racine du mal.

Adam n'a pas fait entrer le péché dans le monde en commettant un meurtre. Cela arriva plus tard. Adam fit entrer le péché en choisissant le chemin par lequel se développerait son âme, afin de pouvoir marcher seul, indépendamment de Dieu. C'est pourquoi, quand Dieu s'assure une race d'hommes qui servira à sa gloire, et qui sera son instrument pour l'accomplissement de son dessein dans l'univers, la vie de chacun de ces hommes - oui, leur respiration même - sera dépendante de Lui. Il sera pour eux « l'arbre de vie »,

Le besoin que je ressens de plus en plus pour moi-même, et pour nous tous, enfants de Dieu, c'est de rechercher devant Dieu une véritable révélation de nous-mêmes. Je le répète, je n'entends pas par là que nous devions continuellement nous examiner nous-mêmes, en nous demandant: « Voyons, ceci est-il de l'âme ou de l'esprit? » Cela ne nous amènerait à rien; ce n'est qu'obscurité. Non, les Écritures nous montrent comment les hommes de Dieu sont arrivés à une connaissance d'eux-mêmes.

C'est toujours par une lumière venue de Dieu, et cette lumière est Dieu lui-même. Ésaïe, Ézéchiel, Daniel, Pierre, Paul, Jean, tous sont arrivés à une connaissance d'eux-mêmes, parce que le Seigneur s'était Lui-même manifesté à eux avec éclat, et cette lumière avait fait jaillir la révélation et la conviction.

Alors je dis: « Malheur à moi! Car je suis un homme dont les lèvres sont impures et je demeure au milieu d'un peuple dont les lèvres sont souillées ; et mes yeux ont vu le Roi, l'Eternel des armées! » (Esaïe 6.5)

La splendeur qui se voyait autour de lui était pareille à celle de l'arc qui est dans la nuée en un jour de pluie. Cette vision représentait l'image de la gloire de l'Eternel.

A sa vue, je tombai sur ma face et j'entendis une voix qui parlait (Ezéchiel 1.28)

Je restai donc seul. et à la vue de cette grande apparition, je demeurai sans force. Mon visage changea de couleur; il devint livide et je perdis toutes mes forces. (Daniel 10.8)

Le Seigneur, s'étant retourné, regarda Pierre. Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : Avant que le coq chante aujourd'hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amère- ment. (Luc 22.61-62)

Comme il était en chemin, et qu'il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. Il tomba à terre et il entendit une voix qui lui disait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? Il répondit: Qui es-tu Seigneur?

Le Seigneur dit: Je suis jésus que tu persécutes! (Actes 9.3-5)

En le voyant, je tombai à ses pieds comme mort; mais il posa sa main droite sur moi, et il me dit: « Ne crains point! » (Apocalypse 1.17)

Nous ne connaîtrons jamais combien le péché est haïssable, et combien nous le sommes en nous-mêmes, tant que cette lumière éclatante de Dieu n'a pas jailli sur nous. Je ne parle pas d'une sensation, mais d'une révélation intérieure du Seigneur Lui-même par sa Parole. Elle fait pour nous ce que la doctrine seule ne saurait jamais faire.

Christ est notre lumière. Il est la Parole vivante, et lorsque nous lisons les Écritures, cette vie qui est en Lui nous apporte la révélation. « La vie était la lumière des hommes» (jean 1,4). Une telle illumination peut ne pas se faire pour tous de façon soudaine, mais

19 graduellement; cependant, elle sera de plus en plus claire et pénétrante, jusqu'à ce que nous soyons dans la lumière de Dieu et que disparaisse toute notre confiance en nous-mêmes. Car la lumière est ce qu'il y a de plus pur au monde. Elle purifie. Elle stérilise. Elle tue ce qui ne doit pas exister.

Dans son éclat,« la division des jointures et des moelles » devient pour nous un fait et cesse de n'être qu'un enseignement. Nous connaissons la crainte et le tremblement, à mesure que nous comprenons la corruption de la nature humaine, la laideur de notre « moi» et la réelle menace qu'est, pour l'œuvre de Dieu, notre vie propre et l'énergie sans freins de notre âme. Comme jamais auparavant, nous voyons désormais combien Dieu doit agir sévèrement à l'égard de beaucoup de choses en nous, s'Il doit se servir de nous, et nous savons que, sans Lui, nous sommes des serviteurs inutiles.

Mais ici, la croix, dans sa signification la plus large, vient encore à notre secours, et nous chercherons maintenant à comprendre un aspect de son œuvre qui touche et résout le problème de notre âme. Car seule une compréhension entière de la croix peut nous amener à cette place de dépendance qu'a volontairement acceptée le Seigneur Jésus, lorsqu'Il a dit: « Je ne puis rien faire de moi-même; je juge d'après ce que j'entends: et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé. » (jean 5.30)