Chapitre Huit


LE SAINT-ESPRIT

Nous avons parlé du dessein éternel de Dieu, qui est la raison et l'explication de toutes les voies de Dieu à notre égard. Avant de reprendre notre étude sur les phases de l'expérience chrétienne présentées dans les Romains, il nous faut encore considérer un facteur qui se trouve au cœur de toutes nos expériences, et qui est la puissance vitale de la vie et du service chrétiens. Je pense à la présence personnelle et au ministère du Saint-Esprit.

Prenons ici encore, comme point de départ, deux versets des Romains, tirés de chacune de nos deux sections. « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit, qui nous a été donné » (Romains 5.5). « Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il n'est point à lui» (Romains 8.9).

Dieu n'accorde pas ses dons au hasard, et Il ne les distribue pas non plus de façon arbitraire. Ils sont donnés gratuitement à tous, mais sur une base bien définie. Dieu nous a véritablement « comblés en Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes» (Éphésiens 1.3), mais pour que ces bénédictions, qui sont nôtres en Christ, deviennent nôtres dans notre expérience, il faut savoir sur quelle base nous pouvons les posséder.

Lorsque nous étudions le don du Saint-Esprit, il est bon de le considérer sous deux aspects: l'Esprit répandu sur nous, et l'Esprit demeurant en nous. Notre but, maintenant, est de comprendre sur quelle base ce double don du Saint-Esprit peut devenir nôtre. Nous sommes convaincus d'être dans la vérité en distinguant ainsi les manifestations extérieures et intérieures de son action, et à mesure que nous avancerons, nous trouverons cette distinction utile. De plus, si nous les comparons, nous arriverons nécessairement à la conclusion que l'activité intérieure du Saint-Esprit est la plus précieuse. Mais en disant cela, nous ne voulons pas laisser entendre que son activité extérieure ne soit pas précieuse, elle aussi, car Dieu n'a pour ses enfants que des dons excellents. Malheureusement, nous sommes portés à ne pas estimer à toute leur valeur nos privilèges, à cause de leur extrême abondance.

Les saints de l' Ancien Testament, qui étaient moins favorisés que nous, savaient mieux que nous apprécier la valeur de ce don de l'Esprit répandu sur eux. De leur temps, c'était un don accordé uniquement à quelques élus - principalement aux sacrificateurs, aux juges, aux rois et aux prophètes - alors qu'il est aujourd'hui le privilège de chaque enfant de Dieu. Pensons-y ! Nous qui ne sommes que des nullités, nous pouvons avoir, reposant sur nous, le même Esprit que celui qui reposait sur Moïse - l'ami de Dieu, sur David - le roi bien-aimé, et sur Elie - le puissant prophète. En recevant le don du Saint-Esprit, répandu sur nous, nous nous joignons aux rangs des serviteurs choisis de Dieu dans la dispensation de l' Ancien Testament. Dès que nous voyons la valeur de ce don de Dieu, et que nous comprenons aussi l'immense besoin, qui est le nôtre, de le posséder, nous demandons immédiatement: « Comment puis-je recevoir le Saint-Esprit, de manière à être pourvu de dons spirituels, et rempli de puissance pour le service? » Sur quelle base l'Esprit a-t-Il été donné?

l'Esprit répandu

Voyons d'abord au livre des Actes, aux versets 32 à 36 du second chapitre:

32) Ce Jésus, en effet, Dieu l'a ressuscité et nous en sommes tous témoins. 33) Après donc qu'il a été élevé à la droite de Dieu et qu'il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis, il l'a répandu, comme vous le voyez et l'entendez. 34) Car David n'est pas monté au ciel; mais il dit lui-même: « Le Seigneur a dit à mon Seigneur: 35) « Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis sous tes pieds, pour te servir de marchepied. » 36) Que toute la maison d'Israël tienne donc pour certain que Dieu a fait Seigneur et Christ ce jésus que vous avez crucifié. »

Laissons de côté, un instant, les versets 34 et 35 pour considérer ensemble les versets 33 et 36. Les premiers sont une citation du Psaume 110 et constituent réellement une parenthèse, de sorte que nous saisirons mieux la force du raisonnement de Pierre, si nous n'en tenons pas compte pour commencer. Pierre déclare, au verset 33, que le Seigneur Jésus a été « élevé à la droite de Dieu". Quel fut le résultat? « Il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis ". Qu'est-ce qui suivit alors? La Pentecôte! Le résultat de son élévation a été ce que « vous voyez et entendez ».

Quelle fut donc la base sur laquelle le Saint-Esprit a été donné d'abord au Seigneur Jésus, pour qu'Il le répande ensuite sur son peuple? Ce fut son élévation dans les cieux. Ce passage montre tout à fait clairement que le Saint-Esprit a été répandu parce que le Seigneur Jésus a été exalté. L'effusion de l'Esprit n'a aucun rapport avec vos mérites ou les miens, mais uniquement avec les mérites du Seigneur Jésus. La question de ce que nous sommes n'entre ici nullement en considération, mais seulement celle de ce qu'Il est. Il est glorifié; c'est pourquoi l'Esprit est répandu.

Parce que le Seigneur Jésus est mort sur la croix, j'ai reçu le pardon de mes péchés; parce que le Seigneur Jésus est ressuscité d'entre les morts, j'ai reçu la vie nouvelle ; parce que le Seigneur Jésus a été élevé à la droite du Père, j'ai reçu l'Esprit qu'Il a répandu. Tout est à cause de Lui ; rien à cause de moi. La rémission des péchés n'est pas basée sur le mérite humain, mais sur la crucifixion du Seigneur; la régénération n'est pas basée sur le mérite humain, mais sur la résurrection du Seigneur j et le revêtement du Saint- Esprit n'est pas basé sur le mérite humain, mais sur l'élévation du Seigneur. Le Saint-Esprit n'a pas été répandu sur vous ou sur moi pour montrer combien nous sommes grands, mais pour manifester la grandeur du Fils de Dieu.

Prenons maintenant le verset 36. Il y a ici un mot qui doit attirer notre attention: le mot « donc »; Quand emploie-t-on généralement ce mot? Non pas pour introduire une déclaration, mais en conséquence d'une déclaration qui a déjà été faite. Son emploi en réfère toujours à quelque chose qui a été mentionné. Or, qu'est-ce qui a précédé ce « donc» dans notre texte? Avec quoi est-il en relation ? Il ne peut raisonnablement pas être lié au verset 34 ni au verset 35, mais il est clairement lié au verset 33. Pierre vient de faire mention de l'effusion de l'Esprit sur les disciples, « que vous voyez et entendez», et il ajoute: « Que toute la maison d'Israël tienne donc pour certain que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. » Pierre dit en substance à son auditoire : « Cette effusion de l'Esprit, dont vous êtes témoins de vos yeux et de vos oreilles, est la preuve que Jésus de Nazareth, que vous avez crucifié, est mainte- nant Seigneur et Christ. » Le Saint-Esprit a été répandu sur la terre pour démontrer ce qui a eu lieu dans les cieux: l'élévation de Jésus de Nazareth à la droite de Dieu. Le but de la Pentecôte est de prou- ver la souveraineté de Jésus-Christ.

II y avait un jeune homme, appelé Joseph, qui était tendrement aimé de son père. Un jour, la nouvelle parvint au père que son fils était mort, et pendant des années, Jacob pleura la mort de Joseph. Mais Joseph n'était pas dans la tombe; il avait une position de gloire et de puissance. Après que Jacob eut, durant des années, pleuré la mort de son fils, la nouvelle lui arriva soudain que Joseph était vivant et qu'il occupait une position élevée en Egypte. Tout d'abord, Jacob ne put le concevoir. C'était trop beau pour être vrai. Mais il arriva enfin à être persuadé que l'histoire de l'élévation de Joseph était bien un fait. Comment fut-il amené à le croire? Il sortit, et vit les chars que Joseph avait envoyés d'Egypte.

Que représentent ici ces chars ? Ils symbolisent certainement le Saint- Esprit, envoyé comme la preuve que le Fils de Dieu est dans la gloire, et pour nous y transporter. Comment savons-nous que Jésus de Nazareth, qui a été crucifié par des hommes méchants il y a près de deux mille ans, n'est pas simplement mort en martyr, mais qu'Il est à la droite du Père, dans la gloire? Comment pouvons-nous avoir la certitude qu'Il est le Seigneur des Seigneurs et le Roi des rois? Nous pouvons avoir cette certitude incontestable, parce qu'Il a répandu son Esprit sur nous. Alléluia! Jésus est Seigneur! Jésus est Christ! Jésus de Nazareth est à la fois Seigneur et Christ!

L'élévation du Seigneur Jésus est la base sur laquelle le Saint-Esprit a été donné. Est-il alors possible que le Seigneur ait été glorifié, et que vous n'ayez pas reçu l'Esprit ? Sur quelle base avez-vous reçu le pardon de vos péchés? Est-ce parce que vous avez prié avec tant de sérieux, ou parce que vous avez lu la Bible d'un bout à l'autre, ou parce que vous êtes allé régulièrement à l'église? Est-ce à cause de vos mérites? Non! Mille fois non! Sur quelle base vos péchés ont-ils été pardonnés? « Sans effusion de sang, il n'y a pas de pardon» (Hébreux 9.22). La seule base du pardon est l'effusion du sang; et puisque le sang précieux a été versé, vos péchés ont été pardonnés.

Or, le principe sur lequel nous sommes revêtus du Saint-Esprit est exactement le même que celui sur lequel nous recevons le par- don de nos péchés. Le Seigneur a été crucifié, c'est pourquoi nos péchés sont pardonnés; le Seigneur a été glorifié, c'est pourquoi l'Esprit a été répandu sur nous. Serait-il possible que le Fils de Dieu ait versé son sang et que vos péchés, cher enfant de Dieu, n'aient pas été pardonnés? Jamais! Alors, est-il possible que le Fils de Dieu ait été glorifié et que vous n'ayez pas reçu l'Esprit? Jamais!

Mais quelqu'un dira peut-être: « Je suis d'accord avec tout cela, mais je n'en ai jamais fait l'expérience. Dois-je prendre un air serein et déclarer que je possède tout, alors que je sais parfaitement n'avoir rien? » Non, nous ne devons jamais nous contenter d'une connaissance objective des vérités. Nous avons aussi besoin d'une expérience subjective; mais nous ne ferons cette expérience que dans la mesure où nous nous reposons sur les réalités divines. Les faits de Dieu constituent le fondement de notre expérience.

Revenons encore un instant à la question de la justification.

Comment avons-nous été justifiés? Non pas en cherchant à faire quelque chose, mais en acceptant le fait que le Seigneur Jésus a tout accompli. Nous sommes revêtus du Saint-Esprit exactement de la même manière, non pas en comptant sur nos bonnes actions, mais en mettant notre foi en ce que le Seigneur a déjà accompli.

Si nous n'en avons pas fait l'expérience, il nous faut demander à Dieu une révélation du fait éternel du baptême du Saint-Esprit, qui est le don du Seigneur exalté à son Eglise. Dès que nous aurons vu cela, tout effort cessera, et notre prière se changera en louange. Ce fut une révélation de ce que le Seigneur a fait pour le monde qui a mis fin à nos efforts pour trouver le pardon de nos péchés; et c'est une révélation de ce que le Seigneur a fait pour son Eglise qui mettra fin à nos efforts pour obtenir le baptême du Saint-Esprit. Nous nous « efforçons» parce que nous n'avons pas vu l'œuvre de Christ. Mais une fois que nous l'aurons vue, la foi jaillira dans nos cœurs, et à mesure que nous croirons, l'expérience viendra.

Il y a quelque temps, un jeune homme, chrétien depuis cinq semaines seulement, et auparavant violemment opposé à l'évangile, assistait à une série de réunions que je présidais à Shanghaï. Après l'une de ces réunions où j'avais parlé sur le sujet qui nous occupe, il rentra chez lui et se mit à prier sérieusement: « Seigneur, je voudrais la puissance du Saint-Esprit. Puisque Tu as maintenant été glorifié, ne veux-tu pas répandre ton Esprit sur moi? » Puis il se reprit: « Oh ! non, Seigneur, ce n'est pas cela» - et il recommença à prier: «Seigneur Jésus, nous sommes unis par la même vie, Toi et moi, et le Père nous a promis deux choses : la gloire pour Toi, et l'Esprit pour moi. Toi Seigneur, Tu as reçu la gloire; il est donc impossible que je n'aie pas reçu l'Esprit. Seigneur, je Te loue! Tu as déjà reçu la gloire et j'ai déjà reçu l'Esprit. » A partir de ce jour, la puissance de l'Esprit reposa manifestement sur lui.

la foi est encore la clé

De même que pour le pardon, la venue du Saint-Esprit sur nous est entièrement une question de foi. Dès que nous voyons le Seigneur Jésus sur la croix, nous savons que nos péchés sont pardon- nés; et dès que nous voyons le Seigneur Jésus sur le Trône, nous savons que le Saint-Esprit a été répandu sur nous. La base sur laquelle nous sommes revêtus du Saint-Esprit, ce ne sont ni nos prières, ni le jeûne, ni l'attente, mais uniquement l'élévation de Christ sur le Trône. Ceux qui insistent sur l'attente en organisant des « réunions d'attente» ne peuvent que nous égarer, car le don n'est pas réservé à « quelques privilégiés» ; il est pour tous, parce qu'il ne nous est pas accordé sur la base de ce que nous sommes, mais sur la base de ce qu'est Christ. L'Esprit a été répandu pour prouver sa bonté et sa grandeur, et non les nôtres. Nous avons reçu le pardon parce que Christ a été crucifié: nous avons été revêtus de la puissance d'En-Haut, parce qu'Il a été glorifié. C'est grâce à Lui que nous avons tout.

Supposons qu'un incroyant exprime le désir d'être sauvé. Après lui avoir expliqué le chemin du salut, nous avons prié avec lui. Supposons ensuite qu'il prie ainsi: « Seigneur Jésus, je crois que Tu es mort pour moi, et que Tu peux effacer tous mes péchés. Je crois vraiment que Tu me pardonneras. » Aurons-nous l'assurance que cet homme est sauvé ? Quand aurons-nous la certitude qu'il est réellement né de nouveau ? Ce ne sera pas quand il priera: « Seigneur, je crois que Tu veux pardonner mes péchés », mais lorsqu'il dira: « Seigneur, je Te loue parce que Tu as pardonné mes péchés. Tu es mort pour moi; c'est pourquoi mes péchés sont effacés. » Nous croyons qu'une personne est sauvée lorsque sa prière se transforme en louange j lorsqu'elle cesse de demander au Seigneur de lui par- donner, et qu'elle Le loue parce qu'Il l'a déjà fait, puisque le sang de l'Agneau a déjà été versé.

De la même manière, vous pouvez prier et attendre pendant des années, sans jamais faire l'expérience de la puissance du Saint- Esprit ; mais quand vous cessez de supplier le Seigneur de répandre son Esprit sur vous et que vous Le louez avec une entière confiance de ce que l'Esprit a été répandu sur vous, puisque le Seigneur Jésus a été glorifié, vous découvrirez que votre problème est résolu. Que Dieu soit loué! Aucun de ses enfants n'a besoin de languir, ni même d'attendre, pour que l'Esprit soit donné. Jésus ne va pas être fait Seigneur ; Il est Seigneur. Je ne vais pas recevoir l'Esprit; j'ai reçu l'Esprit. Tout est une question de foi, qui nous vient par révélation. Lorsque nos yeux sont ouverts pour voir que l'Esprit a déjà été répandu, parce que Jésus a déjà été glorifié, la prière se change dans nos cœurs en louange.

Toutes les bénédictions spirituelles nous sont données sur une base déterminée. Les dons de Dieu nous sont accordés gratuitement, mais de notre côté, nous avons à répondre à certaines conditions pour recevoir ces dons. Il y a un passage dans la Parole de Dieu qui nous montre clairement les conditions à remplir en ce qui concerne le don de l'Esprit.

Convertissez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour obtenir la rémission de ses péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur, notre Dieu, en appellera. (Actes 2.38-39) Quatre choses sont mentionnées dans ce passage : la repentance, le baptême, le pardon et le Saint-Esprit. Les deux premières sont des conditions, les deux dernières sont des dons. Quelles sont les conditions à remplir pour avoir le pardon des péchés ? Selon la Parole, il y en a deux: la repentance et le baptême.

La première condition est la repentance, qui signifie un changement de pensée. Auparavant, je pensais qu'il était agréable de pécher, mais j'ai maintenant changé d'avis à ce sujet; autrefois, je trouvais le monde attrayant, mais maintenant, je comprends plus clairement ce qu'il est; auparavant, je pensais que c'était une affaire pitoyable que de devenir chrétien, mais maintenant, je pense tout différemment. Il y eut un temps où je trouvais certaines choses délicieuses, je les regarde maintenant avec dégoût j il y en a d'autres que j'estimais n'avoir aucune valeur, je les regarde maintenant comme des plus précieuses. Aucune vie ne peut être réellement transformée, si elle ne passe pas par une telle conversion de pensée et de cœur.

La seconde condition est le baptême. Le baptême est l'expression extérieure de la foi intérieure. Lorsque je crois réellement dans mon cœur que je suis mort avec Christ, que j'ai été enseveli et suis ressuscité avec Lui, alors je demande le baptême. Par là, je déclare publiquement ce que je crois de tout mon cœur. Le baptême est la foi en action.

Le pardon des péchés est donc soumis à deux conditions fixées par Dieu : la repentance et la foi, exprimées publiquement. Vous êtes-vous repenti? Avez-vous rendu publiquement témoignage de votre union avec votre Seigneur? Avez-vous alors reçu la rémission des péchés et le don du Saint-Esprit? Vous dites n'avoir reçu que le premier de ces dons, et non le second. Pourtant, mon ami, Dieu vous a offert deux dons, si vous avez répondu à ces deux conditions. Pourquoi n'en avez-vous saisi qu'un seul ? Que faites-vous du second?

Supposez que j'entre dans une librairie, que j'y choisisse un livre en deux volumes, au prix de trente-cinq euros, que je paie la somme due, et sorte du magasin en laissant l'un des volumes sur le comptoir. En rentrant chez moi, et en m'apercevant de ma distraction, que devrai-je faire, à votre avis ? Je retournerai directement à la librairie pour y trouver l'ouvrage oublié, mais je ne penserai plus à payer quoi que ce soit. J'expliquerai simplement au libraire que les deux volumes ont été payés, et lui demanderai par conséquent de bien vouloir me donner le second, et sans rien payer, je sortirai tout heureux du magasin, mon livre sous le bras. Ne feriez-vous pas de même dans une situation semblable?

Vous êtes dans la même situation. Si vous avez rempli les conditions, vous avez le droit de recevoir les deux dons, et non simple- ment un seul. Vous avez déjà accepté le premier; pourquoi ne pas venir maintenant prendre l'autre? Dites au Seigneur: « Seigneur, je me suis soumis aux conditions nécessaires pour recevoir la rémission des péchés et le don du Saint-Esprit, mais, dans mon ignorance, je n'ai saisi que le pardon des péchés. Je viens maintenant à Toi pour saisir le don du Saint-Esprit, et je Te loue pour cela. »

la diversité de l'expérience

Vous demanderez peut-être : « Comment saurai-je que le Saint-Esprit est venu sur moi? » Je ne puis pas vous dire comment vous le saurez, mais vous le saurez. La Parole de Dieu ne nous décrit pas les sensations et les émotions qu'ont éprouvées les disciples lors de la Pentecôte. Nous ne savons pas exactement ce qu'ils ressentirent, mais nous savons que leurs sentiments et leur comportement furent quelque peu inhabituels, puisque les gens qui les voyaient dirent qu'ils étaient ivres. Quand le Saint-Esprit descend sur les enfants de Dieu, il arrive des choses que le monde ne saurait expliquer. Il peut y avoir certaines manifestations surnaturelles, bien que ce ne soit jamais autre chose qu'un sentiment bouleversant de la présence de Dieu. Nous ne pouvons ni ne devons jamais spécifier les formes particulières des phénomènes qui accompagnent une expérience donnée, mais une chose est certaine: c'est que tous ceux sur qui descend l'Esprit de Dieu le sauront.

Lorsque le Saint-Esprit descendit sur les disciples à la Pentecôte, il y eut quelque chose de tout à fait extraordinaire dans leur conduite, et Pierre en donna, à ceux qui en furent les témoins, une explication tirée de la Parole de Dieu. Voici, en substance, ce qu'il leur dit: « Lorsque le Saint-Esprit descendra sur les croyants, les uns prophétiseront, d'autres auront des songes, et d'autres des visions. C'est ce que Dieu a déclaré par le prophète Joël. » Mais Pierre, a-t-il « prophétisé» ? En réalité, pas dans le sens où l'entendait Joël. Les cent vingt ont-ils prophétisé, ou ont-ils eu des visions ? Cela ne nous est pas dit. Ont-ils eu des songes ? Comment en auraient-ils eu, car n'étaient-ils pas tous éveillés? Que voulait alors dire Pierre en citant un texte qui ne semble guère s'appliquer à cet événement? Le passage cité (joël 2.28-29) dit en effet que l'effusion de l'Esprit sera accompagnée de prophéties, de songes et de visions ; cependant ces preuves firent apparemment défaut à la Pentecôte.

D'un autre côté, la prophétie de Joël ne parle pas d'un « bruit pareil à celui d'un vent qui souffle avec impétuosité», ni de « langues séparées les unes des autres et qui étaient comme de feu», comme des signes accompagnant l'effusion de l'Esprit; et cependant, ces choses se manifestèrent dans cette chambre haute. Et où est-il fait mention, dans Joël, du parler en d'autres langues? C'est pourtant ce que firent les disciples à la Pentecôte.

Que voulait dire Pierre? Il cite la Parole de Dieu pour prouver que l'expérience de la Pentecôte est l'effusion de l'Esprit annoncée par Joël, alors que pas un seul des signes visibles mentionnés par le prophète ne s'est manifesté. Ce que le Livre mentionnait, les disciples ne l'avaient pas, et ce que les disciples expérimentaient, le Livre n'en faisait pas mention! La citation tirée du Livre par Pierre semble contredire sa déclaration plutôt que la confirmer. Quelle est l'explication de ce mystère?

Souvenons-nous que Pierre lui-même parlait sous le contrôle du Saint-Esprit. Le Livre des Actes a été écrit sous l'inspiration de l'Esprit, et pas un seul mot n'a été dit au hasard. Il n'y a aucune erreur, mais une harmonie parfaite. Remarquons bien que Pierre n'a pas dit: « Ce que vous voyez et entendez est l'accomplissement de ce qui a été dit par le prophète Joël ». Ce qu'il a dit, c'est: « Ce qui arrive a été prédit par le prophète Joël» (Actes 2.16). Il ne s'agissait pas d'un accomplissement, mais d'une expérience du même ordre. « Ce qui arrive a été» veut dire: « ce que vous voyez et entendez est du même ordre que ce qui a été prédit »,

S'il s'agit d'un accomplissement, chaque expérience se trouve répétée, et la prophétie est la prophétie, les songes sont des songes, et les visions sont des visions ; mais lorsque Pierre dit : « ce qui arrive a été», il ne veut pas dire que ce qui a été annoncé se répète tel quel maintenant, mais que l'expérience actuelle est du même ordre que la prophétie d'autrefois. « Ceci» revient au même que « cela » j « ceci » est l'équivalent de « cela»; « ceci est cela». Ce que le Saint-Esprit souligne par Pierre, c'est la diversité de l'expérience. Les signes extérieurs peuvent être nombreux et variés, et nous devons admettre qu'ils sont parfois étranges j mais l'Esprit est Un, car Il est Seigneur. Voyez 1 Corinthiens 12.4-6: « Or, il y a diversité de dons, mais il n'y a qu'un même Esprit. Il y a diversité de ministères, mais il n'y a qu'un même Seigneur. Il y a diversité d'opérations, mais il n'y a qu'un même Dieu, qui opère tout en tous. »

Quelle fut l'expérience de R. A. Torrey lorsque le Saint-Esprit vint sur lui, après des années de ministère ? Voici comme il le raconte lui-même:

Je me rappelle exactement la place où j'étais agenouillé pour prier dans mon bureau ... C'était un moment très tranquille, un des moments les plus tranquilles que j'aie jamais connus ... Alors Dieu me dit simplement, non d'une manière audible, mais dans mon cœur: « C'est à toi. Maintenant, va prêcher. » Il me l'avait déjà dit dans , Jean 5.14-15 ; mais je ne connaissais pas alors ma Bible comme je la connais maintenant, et Dieu eut pitié de mon ignorance et parla directement à mon âme ... J'allai prêcher, et depuis ce jour et jusqu'à maintenant, j'ai été un serviteur nouveau ... Quelque temps après cette expérience Ge ne me rappelle pas exacte- ment combien de temps après), alors que j'étais assis dans ma chambre ... soudain ... je me mis à crier Ge n'étais pas habitué à crier, et je n'ai pas un tempérament bruyant, mais je jubilais comme le plus enthousiaste des méthodistes.) « Gloire à Dieu, gloire à Dieu, gloire à Dieu », sans pouvoir m'arrêter ... Mais ce ne fut pas à ce moment-là que j'ai été baptisé du Saint-Esprit. j'ai été baptisé du Saint-Esprit, lorsque je L'ai saisi par une simple foi en la Parole de Dieu. »1

1 Le Saint-Esprit, sa personne et son œuvre, R.A. Torrey.

Les manifestations extérieures, dans le cas de Torrey, ne furent pas les mêmes que celles décrites par Joël ou par Pierre, mais « ceci est cela »; Ce n'est pas un fac-similé, et pourtant c'est la même chose.

Et que ressentit D, L. Moody, et comment se comporta-t-il lorsque le Saint-Esprit vint sur lui?

"Je criais sans cesse à Dieu, pour qu'II me remplisse de son Esprit. Or, un jour, dans la ville de New York - Oh quel jour! - je ne puis pas le décrire, j'en parle rarement; c'est presque une expérience trop sacrée pour en parler. Paul avait eu une expérience dont il ne put faire mention durant quatorze ans. je puis dire seulement que Dieu se révéla Lui-même à moi. et j'ai eu une telle conscience de son amour que je dus Lui demander d'arrêter sa main. je continuai à prêcher. Les sermons n'étaient pas différents; je ne présentai pas de nouvelles vérités, et cependant des centaines de personnes se convertirent. je ne voudrais pas revenir où j'en étais avant d'avoir fait cette expérience bénie, alors même que l'on me donnerait le monde entier - ce ne serait qu'une poussière minuscule dans la balance."2

2 La vie de Dwight L. Moody, par son fils W.R. Moddy.

Les manifestations extérieures qui accompagnèrent l'expérience de Moody ne cadrent pas exactement avec la description de Joël, ou celle de Pierre, ou celle de Torrey, mais qui pourrait douter que « ceci », expérimenté par Moody, ne fut autre que « cela» expérimenté par les disciples à la Pentecôte? Ce ne fut pas la même manifestation, mais l'essence de l'expérience est indubitablement la même.

Et quelle fut l'expérience du grand Charles Finney, lorsque la puissance du Saint-Esprit descendit sur lui?

Je reçus un puissant baptême du Saint-Esprit, sans que je m'y sois attendu, sans avoir eu la moindre idée qu'une telle chose soit pour moi, sans aucun souvenir d'avoir jamais entendu la chose mentionnée par qui que ce soit au monde. Le Saint-Esprit descendit sur moi de telle manière qu'II me semblait pénétrer mon corps et mon âme. Aucune parole ne saurait exprimer l'amour merveilleux qui fut répandu dans mon cœur. Je pleurai de joie et d'amour. 3

3 Autobiographie de Charles Finney.

L'expérience de Finney ne fut pas une reproduction de la Pentecôte, ni de l'expérience de T orrey, ni de celle de Moody ; mais « ceci» a certainement été « cela».

Lorsque le Saint-Esprit est répandu sur les enfants de Dieu, leurs expériences sont très différentes les unes des autres. Les uns reçoivent une nouvelle vision, d'autres connaissent une nouvelle liberté pour gagner les âmes; d'autres proclament la Parole de Dieu avec puissance, et d'autres encore sont remplis d'une joie céleste ou d'une louange débordante. « Ceci ... est ceci ... et ceci ... est cela ! » Louons le Seigneur pour chaque nouvelle expérience qui est en rapport avec l'exaltation de Christ, et dont on peut dire vraiment que « ceci» est une évidence de « cela »,

Il n'y a rien de stéréotypé dans les voies de Dieu à l'égard de ses enfants. Nous ne devons donc pas, par nos préjugés et nos idées préconçues, imposer un cadre à l'œuvre de l'Esprit, soit dans notre propre vie, soit dans la vie des autres. Ceci s'applique également à ceux qui exigent certaines manifestations particulières, comme le «parler en langues », comme preuves de la venue de l'Esprit sur eux, aussi bien qu'à ceux qui nient l'existence de toute manifestation. Nous devons laisser à Dieu la liberté d'agir comme Ille veut et d'appuyer son œuvre par les signes qui Lui plaisent. Il est Seigneur, et ce n'est pas à nous de Lui dicter des lois.

Réjouissons-nous de ce que Jésus est sur le Trône, et louons-Le de ce que, parce qu'Il a été glorifié, l'Esprit a été répandu sur nous tous. Si nous acceptons la réalité divine en toute simplicité de foi, nous Le connaîtrons avec une telle assurance dans notre propre expérience, que nous oserons proclamer avec confiance: « Ceci est cela. »

l'Esprit demeurant en nous

Nous nous arrêterons maintenant sur le second aspect du don du Saint-Esprit qui, comme nous le verrons dans notre chapitre suivant, est plus particulièrement le sujet du huitième chapitre des Romains. C'est ce que nous avons nommé l'Esprit demeurant en nous. « S'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous ... » (Romains 8.9). « Si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous ... » (Romains 8.11).

En ce qui concerne l'Esprit répandu sur nous, comme en ce qui concerne l'Esprit demeurant en nous, si nous voulons connaître en expérience ce qui est nôtre de fait, nous avons besoin avant tout d'une révélation divine. Lorsque nous voyons Christ comme Seigneur objectivement, c'est-à-dire comme élevé sur le Trône dans les cieux, nous expérimentons la puissance de l'Esprit sur nous. Lorsque nous voyons Christ comme Seigneur subjectivement, c'est-à-dire comme Maître réel de notre vie, nous connaissons la puissance de l'Esprit en nous.

Le remède que Paul offrait aux chrétiens de Corinthe contre leur faiblesse spirituelle, c'était la révélation de l'Esprit demeurant en eux. Il est important de remarquer que les chrétiens corinthiens en étaient venus à se préoccuper des signes visibles de l'effusion du Saint-Esprit, et qu'ils faisaient grand cas des « langues» et des miracles, alors que leur vie était en même temps remplie de contradictions, et jetait le discrédit sur le nom du Seigneur. Ils avaient sans aucun doute reçu le Saint-Esprit mais ils n'avaient pas acquis la maturité spirituelle ; et le remède que Dieu leur offrait est le même que celui qu'Il offre à son Eglise aujourd'hui contre ce même mal.

Dans la lettre qu'il leur écrit, Paul leur demande : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous? » (1 Corinthiens 3 .16). Pour d'autres croyants, il demande l'illumination de leur cœur, « afin que vous sachiez» (Éphésiens 1.18). Une connaissance des faits divins était le besoin des chrétiens d'alors, et elle n'est pas moins le besoin des chrétiens d'aujourd'hui. Nous avons besoin que « les yeux de notre intelligence s'ouvrent», afin de savoir que Dieu Lui-même, par le Saint-Esprit, est venu résider dans notre cœur, et que Christ est aussi présent dans la personne de l'Esprit. Si donc le Saint-Esprit habite dans notre cœur, le Père et le Fils y demeurent aussi. Ce n'est pas une simple théorie ou une doctrine, c'est une réalité bénie. Peut-être avons-nous réalisé qu'Il est une Personne ? Avons-nous compris qu'avoir l'Esprit en nous, c'est avoir en nous le Dieu vivant?

Pour beaucoup de chrétiens, le Saint-Esprit est tout à fait irréel. Ils le regardent comme une simple influence ; une influence bonne sans doute, mais rien d'autre qu'une influence. Dans leur pensée, ils confondent plus ou moins la conscience et l'Esprit, comme « quelque chose» en eux qui les reprend lors- qu'ils ont mal agi, et qui s'efforce de leur montrer comment être bons.

La difficulté pour les chrétiens de Corinthe venait, non pas de ce que l'Esprit ne demeurait pas en eux, mais de ce qu'ils n'avaient pas la connaissance de sa présence en eux. Ils ne réalisaient pas la grandeur de Celui qui était venu faire sa demeure dans leurs cœurs; c'est pourquoi Paul leur écrit: « Ne savez vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous? » Oui, là était le remède contre leur manque de spiritualité; simplement de savoir qui était Celui qui demeurait en eux.

le trésor dans le vase

Savez-vous, mes chers amis, que l'Esprit qui demeure en vous est Dieu Lui-même? Oh ! que nos yeux s'ouvrent pour voir la grandeur du don de Dieu! Oh ! que nous réalisions la richesse des ressources cachées dans nos propres cœurs! Je pourrais crier de joie lorsque je pense : « L'Esprit qui demeure en moi n'est pas une simple influence, mais une Personne vivante; c'est Dieu Lui-Même. Le Dieu infini est dans mon cœur! » Je me sens incapable de vous faire comprendre la joie glorieuse de cette découverte, que le Saint-Esprit demeurant en mon cœur est une Personne! Je ne puis que répéter: « Il est une Personne ! » et le répéter toujours à nouveau: «Il est une Personne! » Oh! mes chers amis, je voudrais vous le dire cent fois: L'Esprit de Dieu en moi est une Personne! Je ne suis qu'un vase de terre, mais dans ce vase de terre, je porte un trésor d'une valeur inexprimable: le Seigneur de gloire !

Tous les soucis et les tourments des enfants de Dieu cesseraient si leurs yeux s'ouvraient et voyaient la grandeur du trésor caché dans leur cœur. Savez-vous que dans votre cœur, il y a toutes les ressources nécessaires pour répondre aux exigences de toutes les circonstances dans lesquelles vous pourrez vous trouver? Savez-vous qu'il y a assez de puissance pour remuer la ville où vous vivez ? Savez-vous qu'il y a là assez de puissance pour ébranler l'univers? Laissez-moi vous le dire une fois de plus, et je le dis avec le respect le plus profond: vous qui êtes né de nouveau par l'Esprit de Dieu, vous portez Dieu dans votre cœur !

Toute légèreté tomberait chez les enfants de Dieu, s'ils réalisaient la grandeur du trésor qui est déposé en eux. Si vous n'avez que cinq euros dans votre poche, vous pouvez marcher allégrement dans la rue, bavarder d'un cœur léger, en faisant tournoyer votre canne en l'air. Peu vous importe de perdre votre argent, car il n'a que peu de valeur. Mais si vous avez trois mille euros sur vous, votre position sera totalement différente, et votre conduite changera aussi. Vous aurez dans votre cœur une grande joie, mais vous ne vous promènerez pas distraitement dans la rue ; de temps à autre, vous ralentirez le pas et, glissant votre main dans votre poche, vous tâterez doucement votre trésor, pour poursuivre ensuite votre chemin avec une profonde satisfaction.

Au temps de l'Ancien Testament, il y avait dans le camp d'Israël des centaines de tentes, mais l'une de ces tentes était différente de toutes les autres. Dans les tentes ordinaires, on pouvait faire ce que l'on voulait -manger ou jeûner, être joyeux ou sérieux, bruyant ou silencieux. Mais cette autre tente était un lieu qui commandait le recueillement et la crainte. On pouvait entrer dans les tentes ordinaires, et en sortir, en parlant bruyamment et en riant gaiement, mais dès que l'on s'approchait de cette tente particulière, on marchait instinctivement avec plus de respect, et lorsqu'on se trouvait devant elle, on courbait la tête dans un silence solennel. Personne ne pouvait la toucher impunément. Si un homme ou un animal osait le faire, la mort en était la punition certaine. Qu'y avait-il de particulier dans cette tente? C'était le temple du Dieu vivant. La tente elle-même n'avait rien de bien extraordinaire; elle était faite extérieurement de matériaux ordinaires, mais le grand Dieu l'avait choisie pour en faire sa demeure.

Comprenons-nous ce qui est arrivé à notre conversion? Dieu est entré dans notre cœur pour en faire son temple. Aux jours de l'Ancien Testament, Dieu habitait un temple fait de pierres; Il demeure aujourd'hui dans un temple composé de croyants vivants. Lorsque nous verrons réellement que Dieu a fait de nos cœurs son habitation, quel sentiment de profond respect remplira nos vies ! Toute légèreté, toute frivolité disparaissent, comme aussi toute recherche de soi-même, lorsque nous savons que nous sommes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu demeure en nous. Avons-nous vraiment réalisé que, partout où nous allons, nous portons en nous le Saint-Esprit de Dieu? Nous ne portons pas simplement notre Bible avec nous, ni même un riche enseignement sur Dieu, mais Dieu Lui-même.

La raison pour laquelle beaucoup de chrétiens ne connaissent pas la puissance de l'Esprit dans leur vie, bien qu'Il demeure réelle- ment dans leur cœur, c'est qu'ils manquent de respect. Et ils manquent de respect, parce que leurs yeux n'ont pas été ouverts au fait de sa présence. La réalité est là, mais ils ne l'ont pas vue. Comment se fait-il que certains chrétiens vivent une vie de victoire, tandis que d'autres vivent dans un état de défaite continuelle. La différence ne provient pas de la présence ou l'absence de l'Esprit (car Il habite dans le cœur de chaque enfant de Dieu), mais du fait

que les uns reconnaissent qu'Il demeure en eux, tandis que les autres ne L'ont pas reconnu. Seule la révélation véritable du fait que l'Esprit demeure dans notre cœur, peut révolutionner la vie de chaque chrétien.

la souveraineté absolue de Christ

Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu, et que vous n'êtes point à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps. (1 Corinthiens 6.19- 20)

Ce passage nous a fait faire maintenant un pas en avant, car, lorsque nous avons découvert le fait que nous sommes la demeure de Dieu, alors l'abandon total de nous-mêmes à Dieu devra suivre. Lorsque nous voyons que nous sommes le temple de Dieu, nous reconnaissons immédiatement que nous ne sommes point à nous-mêmes. La consécration suivra la révélation. La différence entre les chrétiens victorieux et ceux qui restent dans la défaite n'est pas due au fait que les uns ont l'Esprit et que les autres ne L'ont pas, mais elle vient de ce que les uns savent qu'Il habite en eux et que les autres ne le savent pas ; et par conséquent, les uns reconnaissent à Dieu le droit de propriété sur leur vie, tandis que les autres sont encore leurs propres maîtres.

La révélation est le premier pas vers la sainteté, et la consécration en est le second. Un jour doit arriver dans notre vie, aussi précis que le jour de notre conversion, où nous abandonnons tout droit sur nous-mêmes pour nous soumettre à la souveraineté absolue de Jésus-Christ. Des conséquences pratiques peuvent être soulevées par Dieu, pour éprouver la réalité de notre consécration, mais qu'il en soit ainsi ou non, il doit y avoir un jour où, sans réserve, nous Lui abandonnons tout - nous-mêmes, nos familles, nos biens, nos intérêts et notre temps. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons est désormais à Lui, pour être entièrement à sa disposition.

A partir de ce jour, nous ne sommes plus nos propres maîtres, mais uniquement des administrateurs. Tant que la souveraineté de Jésus-Christ n'est pas établie dans nos cœurs, l'Esprit ne peut pas agir efficacement en nous. Il ne peut pas réellement diriger nos vies tant que nous n'en avons pas remis le contrôle entre ses mains. Si nous ne Lui donnons pas l'autorité absolue dans nos vies, Il peut y être présent, mais Il ne peut pas y être puissant. La puissance de l'Esprit est paralysée.

Est-ce que nous vivons pour le Seigneur, ou pour nous-mêmes?

Cette question est peut-être trop générale, permettez-moi donc d'être plus précis. Y a-t-il quelque chose que Dieu demande de nous et que nous Lui refusons ? Y a-t-il, entre nous et Lui, un point de contestation ? Ce ne sera pas avant que ces questions soient réglées, et que le Saint-Esprit ait reçu toute liberté, qu'Il pourra reproduire la vie de Christ dans le cœur de chaque croyant.

Un ami d'Amérique que nous nommerons Paul, et qui est maintenant auprès du Seigneur, caressait l'espérance, dès sa prime jeunesse, d'être appelé « Docteur Paul », Tout jeune élève encore, il rêvait du moment où il entrerait à l'université, et il se voyait faire des études pour avoir sa licence en lettres, puis son doctorat en philosophie. Le jour arriverait où tout le monde le saluerait comme « Docteur Paul».

Le Seigneur le sauva et l'appela à prêcher l'évangile, et il devint bientôt le pasteur d'une grande assemblée. A ce moment-là, il avait terminé sa licence et travaillait en vue de son doctorat, mais malgré les progrès magnifiques qu'il faisait dans ses études et le succès qu'il avait dans son ministère, il n'était pas un homme satisfait. Il était chrétien, mais sa vie ne ressemblait pas à celle de Christ; il avait l'Esprit de Dieu en lui, mais il ne jouissait pas de la présence de l'Esprit et n'avait pas l'expérience de sa puissance. Il pensait en lui-même: « Je suis prédicateur de l'évangile et pasteur d'une église. Je recommande à mes auditeurs d'aimer la Parole de Dieu, mais moi-même, je ne l'aime pas réellement. Je les exhorte à prier, mais j'ai moi-même peu de goût pour la prière. Je leur recommande de vivre une vie sainte, mais ma propre vie n'est pas sainte. Je les mets en garde contre l'amour du monde, et, bien qu'extérieurement je l'évite, j'ai cependant, au fond de mon cœur, un amour encore très fort pour lui. »

Dans sa détresse, il demanda au Seigneur de l'amener à connaître la puissance de l'Esprit qui demeurait en lui, mais bien qu'il priât et priât durant des mois, aucune réponse ne lui vint. Alors il jeûna et supplia le Seigneur de lui montrer s'il n'y avait pas quelque obstacle dans sa vie. Cette fois, la réponse ne se fit pas attendre, et ce fut celle-ci: «Je désire que tu connaisses la puissance de mon Esprit, mais ton cœur est attaché à quelque chose que Je n'aimerais pas te voir posséder. Tu m'as tout abandonné, excepté une chose, et cette chose, tu la gardes pour toi: c'est ton doctorat. » Peut-être, vous ou moi, n'attacherions-nous pas beaucoup d'importance à ce que l'on s'adresse à nous simplement par « Mon- sieur Paul» plutôt que par « Docteur Paul », mais pour lui, c'était sa vie même. Il en avait rêvé depuis son enfance et avait travaillé pour cela durant toute sa jeunesse, et maintenant, la chose à laquelle il attachait un si grand prix était presque à sa portée. Dans moins de deux mois elle serait à lui.

Il se mit donc à discuter avec le Seigneur: « Y a-t-il pour moi un inconvénient à être docteur en philosophie ? Est-ce qu'il n'y aura pas plus de gloire pour ton Nom, si Tu as un docteur Paul qui prêche l'Evangile plutôt qu'un simple Monsieur Paul ? » Mais Dieu ne change pas sa pensée, et tous les arguments de Monsieur Paul ne purent modifier la parole que le Seigneur lui avait adressée. Toutes les fois qu'il priait à ce sujet, il recevait la même réponse. Puis, voyant que toute discussion était vaine, il eut recours au marchandage avec le Seigneur. Il promit d'aller ici ou là, de faire ceci ou cela, si seulement le Seigneur lui permettait d'obtenir son doctorat ; mais là encore, le Seigneur ne changea pas sa pensée. Et durant tout ce temps, Monsieur Paul avait une soif toujours grandissante de connaître la plénitude de l'Esprit. Cet état de choses se prolongea jusqu'à l'avant-veille de son dernier examen.

C'était un samedi, et Monsieur Paul se retira afin de préparer sa prédication pour le lendemain. Mais malgré tous ses efforts, il ne put avoir aucun message. L'ambition de toute sa vie allait se réaliser, et pourtant Dieu lui montrait clairement qu'il devait choisir entre la puissance qu'il pourrait exercer grâce à un titre de docteur et la puissance de l'Esprit de Dieu gouvernant sa vie. Ce soir-là, agenouillé, il céda: « Seigneur, dit-il, je suis prêt à être simplement Monsieur Paul pour le reste de mes jours, mais j'ai besoin de connaître la puissance de ton Esprit dans ma vie. »

Il se releva, écrivit une lettre à ses examinateurs, et leur demanda d'être dispensé de l'examen du lundi, en leur donnant ses raisons. Puis il se coucha, très heureux, mais sans être conscient d'avoir fait une expérience particulière. Le lendemain matin, il dit à l'assemblée réunie que, pour la première fois depuis six ans, il

11 n'avait pas de sermon à prêcher, et il en expliqua la cause. Le Seigneur bénit ce témoignage plus abondamment qu'aucun de ses sermons soigneusement préparés, et à partir de ce moment, Dieu le bénit et l'employa d'une manière toute nouvelle. A partir de ce jour, il connut la séparation d'avec le monde, non plus comme une chose extérieure, mais comme une profonde réalité intérieure, et dans son expérience journalière, il connut la joie de la présence et de la puissance de l'Esprit.

Dieu demande que nous réglions toutes les controverses que nous avons avec Lui. Pour Monsieur Paul, c'était la question de son titre de docteur. Pour nous, c'est peut-être quelque chose de tout à fait différent. L'abandon absolu de nous-mêmes au Seigneur dépend souvent d'un seul point particulier, et Dieu nous demande cette seule chose. Il doit l'avoir, car il faut qu'Il nous possède tout entier. J'ai été fortement impressionné par ce qu'écrivait, dans son autobiographie, un grand chef politique: « Je ne désire rien pour moi-même; je désire tout pour mon pays». Si un homme peut arriver à vouloir que tout soit pour son pays, et rien pour lui-même, ne pouvons-nous pas dire à notre Dieu: « Seigneur, je ne veux rien pour moi-même j je veux tout pour Toi. Je veux ce que Tu veux, et ne veux rien en dehors de ta volonté? » Ce n'est que lorsque nous prenons la place d'un serviteur qu'Il peut prendre sa place de Seigneur. Il ne nous appelle pas à nous consacrer à sa cause: il nous demande de nous abandonner à sa volonté. Sommes-nous prêts à vouloir tout ce qu'Il veut?

Un autre de mes amis avait, comme Monsieur Paul, une controverse avec le Seigneur. Avant sa conversion, il s'était épris d'une jeune fille, et dès qu'il fut sauvé, il chercha à amener au Seigneur celle qu'il aimait, mais elle ne voulut rien entendre des choses spirituelles. Le Seigneur lui montra clairement que ses relations avec cette jeune fille devaient être rompues, mais il lui était profondément attaché j il éluda donc la question, et il continua à servir le Seigneur et à gagner des âmes à Lui. Cependant, il devint conscient de son besoin de sainteté et ce sentiment marqua pour lui le commencement de jours sombres. Il demandait la plénitude de l'Esprit pour être capable de vivre une vie sainte, mais le Seigneur semblait continuellement ignorer sa requête.

Il fut appelé un matin à prêcher dans une autre ville, et il parla sur le verset 25 du Psaume 73: « Quel autre que toi ai-je au ciel? Sur la terre aussi, je ne prends plaisir qu'en toi». Après son retour chez lui, il se rendit à une réunion de prières, dans laquelle une sœur lut ce même verset, sans savoir qu'il venait de prêcher sur ce texte même ; et elle termina en posant cette question : Pouvons-nous vraiment dire: Sur la terre, je ne désire que Toi? Il y avait une puissance dans cette parole. Elle lui alla droit au cœur, et il dut s'avouer qu'il ne pouvait pas dire, en toute vérité, ne désirer personne dans les cieux, ni sur la terre, en dehors de son Seigneur. Il comprit aussi- tôt que, pour lui, tout dépendait de son consentement à renoncer à la jeune fille qu'il aimait.

Pour d'autres, peut-être, un tel renoncement n'aurait pas été si dur, mais pour lui, c'était tout. Il se mit donc à discuter avec le Seigneur: « Seigneur, j'irai au Tibet pour travailler pour Toi, si Tu me permets d'épouser cette jeune fille. » Mais le Seigneur semblait se soucier beaucoup plus de ses relations avec cette jeune fille que de son départ au Tibet. La controverse continua durant plusieurs mois, et comme le jeune homme priait de nouveau pour avoir la plénitude de l'Esprit, le Seigneur mit encore son doigt sur cette même chose. Mais ce jour-là, le Seigneur triompha j et le jeune homme leva les yeux vers Lui en disant:« Seigneur, je puis vrai- ment le dire maintenant: Quel autre que toi ai-je au ciel? Sur la terre aussi, je ne prends plaisir qu'en toi. » Et ce fut pour lui le commencement d'une vie nouvelle.

Il y a une grande différence entre un pécheur pardonné et un pécheur ordinaire, et il y a une grande différence entre un chrétien consacré et un chrétien tout court. Que le Seigneur nous amène à une position claire en ce qui concerne la question de sa souveraineté. Si nous nous abandonnons entièrement à Lui et demandons la puissance de l'Esprit qui habite en nous, nous n'avons pas besoin d'attendre des sentiments particuliers ou des manifestations surnaturelles, mais nous pouvons simplement regarder En- Haut et louer le Seigneur pour ce qui est déjà accompli. Nous pouvons Le remercier avec confiance de ce que la gloire de Dieu a déjà rempli son temple. « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous? » « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu?» (1 Corinthiens 3.16 et 6.19).