Page 622 - Dictionnaire Westphal

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personnage prédestiné pour assumer le rôled'un initiateur à une gnose nouvelle.
Comparable au Dante catholiquedont il est le prototype juif, Hénoch, guidé par les
anges, étaitcensé avoir visité le ciel et l'enfer, tous les lieux où habitent lesdéfunts, et
avoir contemplé le sort qui leur était réservé. Nul mieuxqu'un tel homme n'était à
même d'instruire les mortels sur toutes leschoses cachées, sur le passé et l'avenir.
L'époque de la rédaction d'Hénoch ne peut être établiequ'approximativement, au
moyen de quelques indices plus ou moinssûrs. La vision des 70 pasteurs fait penser
aux Macchabées. La grandecorne, dont il y est question, désigne ou Judas Macchabée
ou Hyrcan.La vision des dix semaines (chap. 91-93) donne un aperçu historique,qui
s'arrête à la même époque. Dans les «Exhortations», il y a desallusions aux Pharisiens
et aux Sadducéens, et aux luttes de cespartis qui caractérisent l'époque des
Hasmonéens. Les Paraboles, lapartie la plus récente du livre, appartiennent au déclin
de ladynastie hasmonéenne. Elles sont écrites avant l'entrée en scène desRomains,
dont l'auteur n'a pas connaissance. L'ancienne théologie,s'appuyant sur les passages
relatifs au Fils de l'Homme, y voyait desinterpolations chrétiennes et plaçait la
rédaction de toute cettepartie du livre après la naissance du christianisme. Cet
ouvrage fut très en faveur, non seulement dans les cerclesapocalyptiques, mais encore
dans l'Église naissante. Un écrit duN.T., l'épître de Jude (v.14
et suivant
) le cite
formellement.Ailleurs dans le N.T. et chez les auteurs ecclésiastiques, lesallusions
indirectes à notre livre sont fréquentes.. L'originald'Hénoch paraît avoir été écrit en
hébreu ou araméen. Il fut traduiten beaucoup de langues. Une version éthiopienne fut
découverte etpubliée dans la première moitié du siècle dernier. Cinquante ans plustard
on retrouva une partie considérable (ch. 1-36) de la versiongrecque. Une nouvelle
traduction française d'après le texte éthiopienet annotée a été faite récemment par
Francis Martin (Paris, 1906). Nous possédons aussi un livre d'Hénoch en langue slave,
composéprimitivement en grec. Il reproduit le texte éthiopien, maisl'empreinte d'une
main chrétienne est très visible en plusieursendroits. Des remarques concernant le
culte du Temple, les sacrificesqui s'y célèbrent et la recommandation de faire un
pèlerinage auxlieux saints, prouvent que cette recension slave fut rédigée encoreavant
la destruction de Jérusalem en l'an 70.
L'Assomption de Moïse.
Un grand nombre de
livresapocryphes, attribués à Moïse, étaient répandus dans l'ancienneÉglise. Celui
dont nous parlons ici était cité sous le nomd'Assomption (ou Ascension) de Moïse,
parce qu'il racontait queMoïse, à la fin de sa carrière, fut emporté au ciel. Cependant,
celivre ne nous est parvenu qu'en un état très fragmentaire, etprécisément la fin de
l'ouvrage, relative à la disparition de Moïse,manque. Nous ne possédons plus que les
premiers chapitres (1-12), quirapportent les recommandations et paroles d'adieu du
grandlégislateur à son successeur Josué. Il lui prédit toute l'histoirefuture d'Israël,
entre autres l'entrée en Canaan, la ruine deJérusalem et de son temple par
Nabuchodonosor, l'exil et le retour,les règnes des Hasmonéens et d'Hérode le Grand.
La durée de cedernier est fixée à trente-quatre ans. Puis c'est la description del'impiété